HÔTEL Interpol, matin

Sophie et Sébastien se regardent dans l'ascenseur. Sophie est nerveuse. Il lui prend la main et sourit pour la rassurer. La porte de l'ascenseur s'ouvre au 4ème sous-sol. Un garde les attend.

GARDE
Suivez-moi.

Sophie regarde les n° de bureaux défiler, pendant que Sébastien marche en s'appuyant sur ses béquille. Le garde se stoppe vers le local 51. Le coeur de Sophie bat la chamade.

GARDE
Attendez-moi ici.

SEBASTIEN
Bien.

L'homme s'éloigne. Sébastien s'approche doucement de Sophie et lui chuchote à l'oreille.

SEBASTIEN (chuchotant)
Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu as l'air effrayée...

SOPHIE (faisant semblant de l'embrasser)
Je ne peux rien te dire, mais ça ne sent pas bon du tout.

Le garde réapparaît dans le couloir.

GARDE (les interpellant)
Suivez-moi !

Sophie pousse un soupir de soulagement en regardant furtivement le local 51. Sébastien le remarque. Ils arrivent en silence devant la porte 45.

GARDE
Entrez.

Ils pénètrent dans une grande salle de réunion, plongée dans une lumière bleue métallique. Tom et Mickaël sont assis au fond de la salle. Des hommes haut-gradés et d'autres en costumes tirés à quatre épingles, les détaillent de la tête au pied.

LAETITIA
Sébastien a réchappé à l'attaque survenue tôt, ce matin. Mais il a pris une balle dans la jambe, d'où ces béquilles. Bien, prenez place.

Sébastien et Sophie s'assoient en bout de table.

LAETITIA
Voici les Chefs des États Majors, un représentant du Mi:6 et plusieurs responsables de différentes agences de renseignements.

SEBASTIEN
Le ton est donné. Bien le bonjour messieurs.

Un homme, la cinquantaine, cheveux grisonnant, prend la parole.

EDGARD
Je m'appelle Edgard Crew et je suis en charge de la coopération entre l'agence Interpole et le Mi6. Comme vous le savez j'imagine, le terroriste Adolph s'est échappé, et nous mettons tous les moyens en place, nécessaires à son arrestation. Nous avons déjà entendu notre collaborateur Mickaël, et Tom ici présent, au sujet des évènements de cette nuit. Cependant, nous aimerions connaître votre version des faits, afin de nous éclairer sur ce nouveau type de menace.

Sophie raconte son évasion depuis le yacht d'Adolf. Tom cligne des yeux, pour lui signifier qu'elle a bien parlé. Allistair entre dans la salle.

SOPHIE
Ensuite, j'ai repris connaissance sur le rivage.

SEBASTIEN
Comment d'ailleurs ?

SOPHIE
Euh... Je ne m'en souviens plus.

EDGARD
Quelque chose ne va pas ?

TOM (narguant Sébastien)
Je lui ai fait du bouche à bouche, si c'est ce que tu veux savoir...

Sébastien lui lance un regard noir. Allistair observe discrètement la scène, n'en perdant pas une miette.

EDGAR
Continuez, je vous prie.

SOPHIE (balbutiant)
Je ne pouvais pas marcher. Tom est parti chercher de l'aide et les secours sont vite arrivés. Nous avons été pris en charge par un hôpital tout proche et nous sommes rentrés à Interpol, avec Allistair et Laetitia.

EDGARD
Et ensuite ?

SOPHIE
Euh... Ensuite ?? (pâlissant) Et bien, quand nous sommes arrivés à Interpol il était déjà très tard. J'ai gagné ma chambre et tenté de dormir.

EDGARD
Et vous vous êtes réveillés le lendemain...

Le coeur de Sophie cogne de plus en plus fort sur sa poitrine. Elle lance un oeil sur Mickaël, la regardant le plus naturellement possible. Allistair fixe Mickaël. Sophie reste silencieuse, perdue dans ses pensées et complètement paniquée intérieurement.

EDGARD
Vous avez appris ce qu'il s'est passé j'imagine ?

SOPHIE
Euh oui... Ce matin Lætitia nous a dit que quelqu'un avait localisé la cachette du terroriste.

Mickaël cligne discrètement les yeux pour l'encourager sur ce terrain.

EDGARD
En effet. Nous aimerions contacter cette personne.

Sophie avale discrètement sa salive et regarde Mickaël qui fait toujours semblant de rien.

SOPHIE
Et bien, je n'en ai aucune idée.

EDGAR
Vous ignorez son origine ?

SOPHIE
Euh.... Oui... Pourquoi je le devrais ?

EDGAR
Parce que cette personne a dit vous connaître.

SOPHIE
Quoi ?!

EDGAR
C'est pour cette raison que nous vous avons convoqués. Avez-vous la moindre idée de qui cela peut être ?

Dans le cerveau de Sophie, la salle de réunion se met à trembler de toute part. Toutes les personnes de la pièce, la fixe à présent, tentant de percer son mystère.

SOPHIE
Et... bien... Non... Je... Pas la moindre idée, en fait.

EDGAR
Savez-vous que cette personne était plus informée qu'aucune autre agence ici ?

SOPHIE
Euh... non je l'ignorais.

SEBASTIEN
Ça a peut-être un rapport avec moi...

Tout le monde dévisage Sébastien, étonné.

ALLISTAIR
Qu'est-ce qui vous faire dire cela ?

SEBASTIEN
Et bien je travaille dans la finance... Il y a aurait plus un intérêt de me trouver moi que Sophie. Ma vie a... je suppose, plus de valeur.

Sophie lui lance un regard mêlé de surprise, de soulagement et de mécontentement. Allistair garde toujours les yeux rivés sur Sophie.

SEBASTIEN
Je travaille depuis quelques mois sur des dossiers épineux. Et je connais suffisamment bien l'entourage de Sophie pour dire que personne n'est capable d'une telle prouesse. Mais dans le mien, je n'en suis moins certains. Nous vivons ensemble, donc il y a de grandes chances que ça ait un rapport avec moi.

Allistair plisse les yeux en regardant Sébastien, mécontent de son intervention.

EDGAR
Vous avez une liste de noms ?

SEBASTIEN
Oui, je peux vous la communiquer.

EDGAR
Très bien, nous allons étudier cette éventualité. (A Sophie) Si jamais quelque chose vous revenait en tête, n'attendez pas. Dites-le nous. C'est très important, car nous pourrions mettre définitivement hors circuit ce terroriste.

SOPHIE
Euh, oui très bien.

EDGAR
Bien, nous en avons terminé.

ALLISTAIR (intervenant)
J'aimerais, si vous le permettez, que Sébastien nous raconte sa version des faits.

Le coeur de Sophie s'arrête de battre. Sébastien, lui, maîtrise à merveille son calme.

SEBASTIEN
Bien entendu. Enfin si ces messieurs ont le temps. J'imagine que votre temps est précieux.

EDGAR
Allez-y.

SEBASTIEN
Ce ne sera pas long, pour la simple et unique raison, c'est que dès que je suis monté dans le yacht, les gardes nous ont fait descendre dans le salon, et un garde m'a assommé dans les escaliers, parce que je n'avançais pas assez vite.

Allistair fulmine.

EDGAR (lorgnant sur Mickaël)
Mon agent ne l'a pas mentionné dans son rapport !

Sébastien regarde lui-aussi Mickaël, toujours impassible, se demandant bien quelle a pu être sa version des faits. Il garde son calme et continue de parler, placide.

SEBASTIEN
A priori, j'étais l'invité surprise de cette prise d'otages.

EDGAR (n'en démordant pas)
Comment se fait-il que personne ne l'ait mentionnée dans son discours ?

SEBASTIEN
Parce que j'ai repris connaissance tout de suite et que je les ai rejoins dans le salon.

EDGAR
Et donc ? Que s'est-il passé ensuite ?

SEBASTIEN
Adolf est arrivé et m'a menacé. Mais... (faisant semblant de se remémorer) je n'arrive plus à me rappeler. Je crois bien que j'ai eu une absence suite à ce coup.

EDGAR
Donc vous étiez là... sans y être, c'est ça ?

SEBASTIEN
Oui, c'est exactement ça.

LAETITIA
Trouble mnésique, ça peut se produire suite à un choc crânien.

SEBASTIEN
Tout ce dont je me souviens ensuite, c'est un vague souvenir de notre transfert du yacht dans un camion. Ensuite on nous a mis une cagoule sur la tête et ils nous ont descendus dans la cave du manoir. Nous y avons passé la nuit, jusqu'à l'intervention du RAID.

EDGAR
Très bien. Merci pour ces détails. Nous comptons sur votre aide, pour identifier cette personne.

SEBASTIEN
Bien entendu.

Allistair le fusille du regard.

ALLISTAIR
Permettez que je m'en occupe personnellement ?

EDGAR
Oui, faites.

Sébastien lance un coup d'œil furtif à Sophie, qui commence à pâlir. Allistair la fixe. Tom s'en aperçoit et fait tomber le verre d'eau de son voisin pour faire diversion.

TOM
Que je suis maladroit. Mille excuses.

LAETITIA
Bien messieurs, nous en avons terminés.

Les hommes se lèvent. Allistair attrape alors les béquilles de Sébastien posées contre le mur.

ALLISTAIR (les lui tendant)
Si vous voulez bien me suivre, nous allons étudier "cette liste"...