Chapitre 15
Chan vérifia une dernière fois le contenu de son sac de sport, regardant s'il avait bien toutes ses affaires. Même s'il l'avait préparé la veille, il ne pouvait s'empêcher de craindre d'oublier quelque chose d'important. Aujourd'hui, Chan allait se lancer dans sa quatrième et dernière mission. Il avait lu et relu toutes les informations qu'il possédait et ça ne lui disait rien qui vaille.
En effet, cette mission se déroulait dans la partie de la ville qui était complètement en ruine et abandonnée. Il ignorait d'ailleurs pourquoi. Il ne connaissait rien de cette mission, ne l'ayant jamais effectuée avant. Il savait seulement qu'il devait intercepter une livraison d'armes que l'entreprise adverse allait vendre à des tueurs à gages. En clair, il allait risquer sa vie pour cette mission.
Chan n'avait pas envie d'y aller, mais il n'avait pas le choix. Il lui restait une semaine avant la fin du Timer et il ne pouvait pas se permettre de perdre son avance. Une fois prêt, Chan hissa son sac sur son épaule et souffla un coup avant de sortir de chez lui. Il n'était pas question de faire marche arrière.
Le loft verrouillé, Chan se retrouva dans la rue à appeler un taxi. Les limites de la ville se trouvaient assez loin et s'y rendre à pied lui prendrait au moins une demi-journée, il ne voulait pas s'épuiser inutilement. Il trouva rapidement une voiture et y monta, le cœur battant contre sa poitrine. Ne pas savoir ce qu'il allait trouver le stressait un peu, mais il ressentait surtout un frisson d'adrénaline lui parcourir le corps. Qu'importent ses choix, Chan allait s'exposer à des risques dont les conséquences pourraient s'avérer très lourdes à supporter.
La ville défilait de l'autre côté de la vitre de la voiture, il était assez tôt dans la matinée et pourtant il y avait quand même pas mal de personnes dans les rues. Chan regardait le monde se réveiller tranquillement, eux qui n'avaient pas à se préoccuper de grand-chose. Il enviait parfois ce calme et cette tranquillité qu'ils pouvaient ressentir, lui qui semblait mener un combat intérieur à chaque instant.
Il n'avait pas indiqué d'adresse précise au chauffeur, lui donnant simplement les limites de la ville pour destination. Chan avait l'impression de se rendre au bout du monde. Plus les minutes passaient, plus les habitations se raréfiaient et perdaient en prestance. Les lieux semblaient de plus en plus insalubres, il n'y avait que peu de personnes dans les rues et beaucoup semblaient être des sans-abri. Chan se ratatina au fond de son siège, étant saisi d'une soudaine envie de se cacher aux yeux de tous.
Le taxi finit par s'arrêter au niveau d'un gros panneau indiquant l'entrée dans une zone dangereuse. Chan paya grassement le chauffeur avant de descendre et à peine eut-il quitté le véhicule, que celui-ci démarra en trombe, le laissant seul. Il faisait maintenant face à de nombreux panneaux indiquant un danger de mort si on osait aller de l'autre côté. Ils étaient rongés par la rouille, déformés par le temps et certains jonchaient même le sol. Des vestiges de barbelés traînaient à certains endroits, mais rien d'infranchissable.
Chan sentait les regards curieux des gens dans son dos, le plongeant dans un profond mal-être. Il ne connaissait pas leurs intentions et il doutait qu'elles soient bonnes. Il ne pouvait plus faire demi-tour, il devait franchir la limite avec l'autre monde sans regarder derrière lui.
Devant lui s'étendait une cité délabrée, elle semblait avoir connu la guerre. Les bâtiments étaient en ruine, la végétation avait repris ses droits et il ne semblait pas y avoir âme qui vive. Pourtant, derrière cet aspect désertique, Chan savait qu'en réalité la cité grouillait de partout. Telle une véritable fourmilière, elle abritait tout un monde quasiment inconnu et difficile d'accès.
Expirant longuement, la lanière de son sac serrée entre ses doigts, Chan fit un premier pas. Puis un second. Ses pieds franchir la limite, il se trouvait maintenant de l'autre côté avec le risque de ne jamais revenir. Sans réfléchir, il s'avança sur la route au goudron abîmé par le temps. Il s'éloignait du quartier défavorisé, errant entre les immeubles qui semblaient sur le point de s'écrouler.
La route était jonchée de débris en tout genre, le bitume était déformé par des trous et la végétation, Chan devait bien regarder où il mettait les pieds au risque de se tordre la cheville. Plus il s'éloignait, plus le silence régnait autour de lui, le mettant sur le qui-vive. Il n'y avait personne, mais il se sentait épier de toute part, comme une proie encerclée de prédateurs.
Le soleil se levait progressivement, projetant les ombres inquiétantes des immeubles sur le sol. Il était difficile d'y discerner quelque chose ou quelqu'un qui pourrait s'y cacher. Rester au milieu de la route n'était pas judicieux, et même s'il ignorait ce qui pouvait se cacher dans les bâtiments, Chan préféra les longer, se cachant dans l'ombre. Il avait rabattu la capuche de son sweat noir sur sa tête et enfilé rapidement un masque en tissus de la même couleur.
Il n'avait pas d'arme sur lui, si ce n'était un couteau suisse au fond de la poche de son jeans. Alors il restait constamment sur ses gardes, prêt à se cacher ou à fuir à tout instant. Il quitta la grande avenue qu'il suivait depuis de longues minutes pour s'engouffrer dans les rues en parallèle. Il ne savait pas exactement quoi chercher mais espérait trouver des indices.
Soudain, il se prit les pieds dans un panneau métallique qui était à moitié caché dans des buissons, provoquant un grand fracas qui résonna entre les ruines. Chan pesta contre la plaque d'acier avant de se figer. Il était certain d'avoir entendu un bruit derrière lui. C'était furtif et très rapide et pourtant il l'avait entendu. Cette fois c'était sûr, il était observé, peut-être même depuis le début. Il remonta son sac sur son épaule en avalant difficilement sa salive avant de continuer sa route, n'osant pas regarder derrière lui.
Chan se sentait de plus en plus oppressé, il accéléra le pas ayant l'impression d'être suivi. Il marchait de plus en plus vite, se mettant presque à courir alors qu'un frisson de peur et d'angoisse le traversait douloureusement. Il ne regardait même plus où il allait, il ne faisait plus attention au bruit qu'il pouvait faire, son instinct lui criait simplement de fuir.
Mais une main se cramponna à son épaule, le plaquant brusquement contre le mur d'une bâtisse. Chan sentit une vive douleur dans son dos, lui faisant fermer les yeux sous le choc. L'individu l'avait complètement immobilisé contre le mur, il ne pouvait plus rien faire. Alors, n'ayant d'autre choix, Chan ouvrit les yeux, se retrouvant nez à nez avec un regard noir perçant. Il ne voyait rien d'autre, le reste de son visage étant masqué par une capuche et un tissu.
Il le dépassait d'une bonne tête et avait une carrure bien plus développée que lui. Il n'avait aucune chance de s'en sortir. La gorge nouée, Chan n'arrivait pas à prononcer un mot, il craignait le pire. Mais l'homme ne bougeait pas, semblant attendre quelque chose. C'est alors que tout autour d'eux, Chan vit d'autres personnes sortir de leur cachette, venant dans leur direction. Ils devaient être une petite dizaine et ils fixaient tous Chan comme une bête de foire.
Se détachant du lot, un homme plus petit et un peu plus frêle se dirigea vers lui, faisant signe à l'agresseur de Chan de se décaler légèrement. Comme les autres, son visage était masqué mais un détail attira son attention, un détail qui le fit presque frissonner. Le nouveau venu avait des taches de rousseur autour de ses yeux. Felix était donc ici ? Était-ce vraiment lui ?
L'inconnu baissa le masque de Chan d'une main vêtue d'une mitaine en cuir. Il le prit par la mâchoire pour lui faire tourner la tête, semblant l'observer sous toutes les coutures, peut-être à la recherche d'un détail important. L'homme tira même presque l'oreille de Chan pour en regarder l'arrière avant de regarder l'armoire à glace, qui tenait toujours le pauvre garçon, et secoua négativement la tête.
Chan sentit enfin la pression sur ses poignets se desserrer mais il savait qu'il n'était pas tiré d'affaire pour autant. L'homme qui l'avait détaillé sous tous les angles était planté devant lui, prêt à agir au moindre geste. Chan se préparait au pire quand l'autre prit la parole.
- Qui es-tu et qu'est-ce que tu fous là ?
Surpris par la voix grave qui s'adressait soudainement à lui, Chan ne réussit pas à répondre tout de suite. Mais face aux regards inquisiteurs qu'on lui adressait, il se sentit obligé de dire quelque chose.
- Je fais pas partie d'un gang, j'ai quelque chose à récupérer.
L'homme aux taches de rousseur haussa un sourcil, ne semblant pas très satisfait, mais il semblait comprendre qu'il n'obtiendrait rien de plus en l'état. Il fit signe à une femme du groupe qui lui apporta des menottes, venant du sac qu'elle portrait. L'homme retira le sac de Chan de son épaule et lui passa les menottes aux poignets, prenant soin de les serrer. Il attrapa Chan par la capuche pour le décoller du mur et assigna deux hommes à sa surveillance.
- On l'embarque. Nous verrons s'il est plus bavard tout à l'heure...
Tous les autres hochèrent la tête dans une synchronie presque militaire et Chan se fit tirer sans ménagement vers les ruines d'un bâtiment presque complètement effondré. Il ne savait pas ce qu'ils allaient faire de lui, il avait peur. Il n'osait rien faire, de crainte de se faire descendre sur le champ. Il ne savait pas s'il s'agissait du gang affilié à l'entreprise ennemie alors il avait préféré rester vague dans ses propos.
L'homme qui lui avait adressé la parole l'intriguait beaucoup, il n'arrivait pas à déterminer s'il s'agissait bien de Felix ou non. Mais pour l'heure, il s'inquiétait surtout pour son sort. Le groupe l'avait traîné dans un souterrain caché par les ruines, il avait perdu tous ses repères et toutes notions du temps. Il n'avait aucune idée de comment se sortir de là et il priait autant qu'il pouvait pour trouver une quelconque issue à cette situation.
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Désolée pour mon absence de la semaine dernière, j'ai perdu mon avance sur les chapitres et avec les fêtes et la fin de semestre de fac c'était un peu compliqué 🥲
Maintenant que je suis en vacances je vais essayer de retrouver un peu d'avance pour éviter ce genre de situation !
En tout cas j'espère que ce chapitre vous a plu, une nouvelle zone, un nouveau personnage et une ambiance un peu différente~
Comment Chan va-t-il réussir à se sortir de se pétrin ? 👀
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