Gi-hun n'était parvenu qu'à s'endormir aux petites heures du matin. Et encore... il ne dormait pas vraiment. Le moindre bruit suspect le réveillait, le moindre mouvement. Il ne parvenait pas à oublier la présence d'In-ho de l'autre côté du lit. Il n'osait pas non plus le regarder...

Bien sûr, il avait pensé à le tuer dans son sommeil. Jamais il n'aurait une opportunité si bonne d'y parvenir. Il pouvait l'étrangler ou l'étouffer avec un oreiller. In-ho se débattrait – et il le savait fort – mais il pouvait y arriver s'il le prenait par surprise.

Mais Gi-hun renonça à l'idée. Sa satisfaction de s'être vengé en tuant In-ho ne durerait que quelques secondes avant que l'alerte soit donnée et qu'il soit abattu à son tour.

Mourir ne le dérangeait pas. Il avait risqué sa vie à plus d'une reprise depuis les premiers jeux. Mais il mourait sans avoir la certitude que son geste ait servi à quoique ce soit... S'il mourait, qui pourrait sauver ses amis encore dans le jeu ? Si In-ho disait vrai – et il avait de moins en moins de mal à le croire –, un nouveau Front Man surgirait des ombres très rapidement pour le remplacer. Sa mort n'aurait aucun impact sur la poursuite ou non du jeu. Et rien ne garantissait que le nouveau Front Man ne serait pas pire... Si In-ho n'était pas mu par le sadisme –, mais plutôt par un devoir de justice et d'équité –, d'autres pourraient l'être.

Alors... paralysé par ces réflexions, Gi-hun n'avait pas bougé.

Cette ordure d'In-ho le savait bien. Il avait fermé l'œil sans la moindre inquiétude.

Et au matin, après un sommeil très incomplet, il fut à nouveau réveiller par les mouvements d'In-ho. Quand il ouvrit les yeux, il vit l'homme assis sur le bord du lit en train de troquer sa tenue de nuit pour ses vêtements de jour.

In-ho se tourna vers lui et lui offrit un mince sourire.

— Bon matin, Gi-hun.

In-ho se leva et contourna le lit pour poser une main sur sa tête.

— Rendors-toi, Gi-hun, tu peux encore dormir quelques heures. Je serai de retour bientôt.

Malgré la froideur d'In-ho, sa main était chaude. Aussitôt, Gi-hun attrapa le bras de l'homme à deux mains pour le repousser.

— Ne me touche pas, dit-il sèchement.

In-ho recula alors lentement sa main.

— Pardonne-moi, Gi-hun... je me suis laissé emporter.

L'interpellé le regarda avec confusion. « Laissé emporter » ? Qu'est-ce qu'il racontait.

— Rendors-toi, lui répéta In-ho, tu sembles fatigué.

Gi-hun se demanda à quel point ses yeux étaient cernés. Il fallait dire que, hier non plus, il n'avait pas beaucoup dormi.

In-ho s'éloigna et termina de se rhabiller. Du loin de l'œil, Gi-hun ne pouvait pas s'empêcher de le regarder discrètement comme il retirait son haut pour enfiler le nouveau.

Quelques minutes plus tard, In-ho quitta la chambre.

C'était sans doute idiot... Gi-hun attendit un peu, puis il se leva et fonça sur la porte. Il tenta de l'ouvrir, mais... elle était verrouillée. Il y avait bien un code pour ouvrir la porte de son côté, mais il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait être... et il ne voulait pas risquer le déclenchement d'une alarme en entrant n'importe quoi sur le pad tactile.

En soupirant, il retourna se mettre au lit. Il devait être en forme quand viendrait le moment d'affronter In-ho à nouveau.

Il se sentait plus détendu maintenant qu'il était seul, mais le sommeil ne venait pas plus facilement.

Le parfum d'In-ho sur les draps l'étouffait.