Falilou accueillit la nouvelle comme un malade mental. Il n'arrivait à y croire ; une bise , deux bises sur les deux joues de la sage-femme , il courut entrer dans la salle où était internée sa femme . Falilou la trouva en train de pleurer , ses deux gosses entre les mains des hommes en tenues blanches .

Il s'approcha de sa fiancée et se mit à pleurer lui aussi puis l'embrassa ; le premier baiser  depuis qu'ils étaient ensemble . Ce fut spécial , tous deux le ressentirent et comprirent qu'ils s'aimaient fort en dehors du contrat qui les liait.  Falilou mit sa tête entre son cou et son épaule comme un bébé et se remit à pleurer de joie , Amina entreprit de la calmer en la chatouillant et lui fit des papouilles , ils s'esclaffèrent de rire.  Les deux bébés leur furent donnés et chacun prit un , Falilou la fille et Amina le garçon. Ils étaient magnifiques, chacun émit des commentaires et ils s'échangèrent le bébé et Amina prit le garçon et se mit à se larmoyer impitoyablement et tristement , le bébé se mit à pleurer comme pris de peur .  Falilou récupéra le bébé et confia les jumeaux aux médecins et revint calmer sa fiancée.

- Bébé s'il-te-plait , je te comprends mais arrête de pleurer .

- Sérieux , me comprends-tu ? Sniff Ou tu le dis juste comme ça.

- Princesse , je comprends .

- Alors dis moi

- Notre garçon est la copie conforme du traître qu'est ton ancien copain .

  Amina ouvrit les yeux et se remit à pleurer.

- Il faut que tu saches que ce bébé est une bénédiction et s'il-te-plait oublie moi Souleymane Sall , il ne sert à rien de ressasser ces vieux souvenirs .

- Comment l'oublier ? Il a un fils qui lui ressemble comme sa copie identique .

Falilou réprima son dégoût à ses mots et reprit son sourire

- Écoute , c'est pas son enfant c'est le mien. Dis-toi juste que la ressemblance est fortuite . Écoute .. on en reparlera , nous vivons un grand moment de joie en ce moment , je te jure , je n'ai jamais été heureux à ce point de ma vie Amina . Tu es une bénédiction dans ma vie.

- Si tu dis cela , je sais pas ce que je dois sortir comme discours moi... Mais dis, tu m'avais embrassée là tout à l'heure ? Tu sais que c'est pas dans le contrat et ...

  Avant de terminer sa phrase , Falilou saisit à nouveau ses lèvres et l'embrassa passionnément et retira les siennes avant qu'Amina y répondit .

- Mais qu'est ce que tu me fais là ?

- Oops , c'est pas du contrat j'avais oublié.

   Amina se mordit les lèvres et lui fit un sourire malicieux .

- Tu traines sur un terrain dangereux , mon cher ...
      Le médecin les interrompit et lui demanda de libérer la salle

- Monsieur , vous interrompez un moment important ! Yaw mane ngay menacer ? Yaw bagn égg keur gueu.

Amina éclata et se tordit de rire , le médecin blanc les regarda sans comprendre .

- Allez bisous , j'arrive tout à l'heure vous prendre

  Elle la regarda sortir en gardant toujours son sourire . Quel homme ! Se disait-elle . Elle regrettait de l'avoir connu très tardivement , de l'avoir connu dans ce malheur . Elle se disait qu'elle n'avait pas assez de choses à donner à ce merveilleux homme si ce ne fut de grosses charges et des jumeaux qui s'en ajoutaient ; elle appréhendait beaucoup l'avenir, quel homme pouvait supporter une femme engrossée hors mariage , sans virginité avec des jumeaux pondus et le père qui l'avait abandonnée comme une vulgaire chaussette . Elle haïssait Souleymane, du plus profond de son coeur , elle le détestait autant qu'elle l'adorait et autant qu'elle aima dorénavant son tendre Lilou . Elle gardait dans son tréfonds que jamais cet homme n'allait le décevoir, elle non plus ; elle sourit à cette idée et emprunta le médecin un papier et un stylo . L'envie d'extérioriser ses pensées l'avait excitée mais n'avait personne à qui en parler et d'ailleurs , elle ne rêvait plus d'un être humain comme confident , elle préférait les oiseaux ou un vulgaire papier ... Le médecin lui en passa un et elle se lança

  Falilou Ndiaye, yaw dé xawma si Adouna koulay rousslo wayé dou mane Bâ. Falilou ,danga ma fék si leundeum criss yobbouma si leer bou leer nagn ! Ma petite personne ne peut te rétribuer tout ce que tout mérite, je juge trop insuffisant l'amour que j'ai à donner , Falilou . Xamal ni dinala diokh beu douma désséti Dara , nala diokh louma yoor ak louma yoroul ! Je te donnerai corps et âme . Falilou , je ne sais à quel moment l'amour est entré dans moi , mais je sais que c'est réel, je t'aime ! En ces quelques moments , tu représentes plus dans ma vie que tout autre  être. Fété ngama fou yaye wara fété dom, fété ngama fou baye wara fété domame . Dessélatoma dara ; nala tarbiyou beu fou tarbiyou Yam beu nga ték ni yaw kessey buur si adouna , nala seuyeul beu fou seuy Yam banga ték yaw kessé yay goor si adouna nakh yaw goor gueunouleu , té nite doula gueune

Ses larmes perlerent ses joues, elle serra le papier sur sa poitrine et s'endormit. Elle fut réveillée par quelqu'un qui lui faisait une bise sur son front tendrement ; elle n'eut besoin d'ouvrir les yeux , elle sourit et inhala le paradisiaque parfum qui agressait ses narrines.
    Elle ouvrit ses yeux et fit face à Falilou  habillé d'un polo qui lui serrait le corps , les larmes aux yeux .

- Bébé pourquoi pleures-tu ? Demanda Amina toute intriguée.

    Il essaya de cacher le papier mais trop tard , Amina l'avait déjà aperçu.

- Oh non !! Lilou , loutakh nga sopp ? Comment ça tu entres dans la vie privée des gens ? Wa dioyal, ya kham sakh .

- Wa balma princesse , c'est trop beau tout ça , dit-elle en enlevant ses larmes .

   Le médecin les interrompit pour leur annoncer que les jumeaux étaient  prêts. On aida Amina à se préparer et ils embarquèrent dans la voiture tout heureux . Dans la voiture , Amina tenait les deux bébés et les contempla d'une joie mélangée de mélancolie .

- Que tu es belle , Amina ! Sourit Falilou

- Haha merci Falilou . Tu sais ... Wa foy déme ni ? Tu prends l'opposé du chemin

- J'ai une surprise

Ils arrivèrent devant un grand immeuble et Falilou descendit et lui prit les deux jumeaux et lui demanda de rester dans la voiture .

- Eh tu amènes où mes enfants ? Dit-elle toute angoissée ?

- Tes enfants ? Nos enfants plutôt, yaw reste rek ! J'arrive.

    Il entra et revint ensuite sans les enfants puis aida Amina à descendre qui gardait un silence nerveux .
    Ils montèrent au premier étage et Falilou ouvrit une porte et lui souhaita la bienvenue dans sa nouvelle demeure.

- Quoi ????

- J'ai acheté l'appartement pour nous bébé, il est à nous pour notre nouveau foyer .

   Amina demeura bouche-bée, Falilou lui prit la main et l'amena dans la chambre des enfants . Une pièce plus que belle avec un décor animé et coloré.  Ils parcoururent le salon et Amina devint plus qu'ebahie la bouche béate.

- Viens, lui dit-il en prenant sa main.

   Falilou l'amena dans une grande chambre avec un lit majestueux , au dessus du lit , une des grandes photos d'Amina , une de ses préférées où elle portait une magnifique robe à l'occasion de la cérémonie de Haddji de son papa .

- Bienvenu dans notre chambre , princesse .

   Elle contourna les yeux et visita les lieux , la surprise était grande plus qu'ahurissante , cet homme allait la tuer.

- Notre chambre , comment ça ?

Elle se retourna et vit Falilou qui s'était agenouillé , le bras tendu avec une boîte sur sa main qui contenait une magnifique bague qui brillait de toute élégance .

- Comme les blancs , excuse-moi d'emprunter leur culture  haha .. Bon soyons sérieux , tu préfères la demande en wolof ou en français , je sais pas en toucouleur si tu veux ?

     Amina voulait parler mais sa voix était bercée de larmes , toute muselée et dépouillée de paroles .

- Amina , nékal sama diante , ma nék seu weer , nga nék sama soukeur , ma nék sa leem , nga nék sama Mbourou ma nék sa beurre ... Faténa sakh do lék beurre , wa nga nék sama chocolat ... Sokhnassi beug nala beu fou beug yam, fonk nala comme peul noum fonké Ay naggam , ni lébbou ak guéthie nougn mél beug n'a niou mél nonou . Diaroul ngamay topato , nala topato Di guiss ngay contane , Di bék lolou moy nék sama banékh. Nala seuyyeul beu fou seuyy yamm sokhnassi si guinaw nga nangoul ma li  : voudrais-tu être madame Ndiaye ??