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Aell lança la balle couverte de bave dans le lac et regarda le chien s'y jeter joyeusement. Roy soufflait sur ses mains rougies par le froid, ne tenant pas en place. Quelque part, Aell se sentait coupable de lui imposer le froid dévorant. Elle écourta alors la séance de jeu et ils terminèrent la balade d'un pas vif pour activer la circulation de leur sang.

C'était la seconde fois qu'ils se voyaient seul à seul. Deux semaines plus tôt, ils avaient passé un premier moment ensemble, le temps de sortir le chien de la voisine d'Aell ; et ce jour-là, en sortant de la répétition, Aell avait pris les devants en proposant à Roy de l'accompagner à nouveau pour promener le chien.

— Viens te réchauffer à la maison, si tu veux, proposa-t-elle avec une douce angoisse au ventre.

Elle avait peur de l'inconnu dans lequel elle plongeait avec Roy. Elle n'avait jamais flirté, jamais eu de date ni d'amoureux ; cela ne l'intéressait pas et elle avait toujours considéré qu'elle avait suffisamment de travail à faire sur elle-même pour vouloir s'encombrer d'une seconde personne.

— Je ne veux pas m'imposer, répondit Roy. Et puis, je dois rentrer, mon colocataire va s'inquiéter de ne pas me voir revenir. Merci quand même, Aell.

— Pas de problème, Roy. Prends le bus, tu profiteras du chauffage sur la route.

Il lui sourit en retour. Ils étaient arrivés devant chez Aell, qui n'osait lui dire au revoir.

— À dans deux semaines, alors. Ça sera la dernière répète avant le concert. Tu n'es pas trop stressée ?

— Un peu quand même, mais ça va aller. Il faut surtout que je me fasse confiance. Je sais que je connais mes partitions, et on a une bonne cohésion de groupe alors même si je me perds, je saurai me raccrocher à vous.

— C'est le but.

Il lui sourit. Ses yeux pétillaient en permanence, il semblait briller en lui un immuable soleil.

— À bientôt, Aell.

— À bientôt !

Elle le regarda partir. Il ne se retourna pas. Elle rentra dans la chaleur de son immeuble et s'enroula dans une couverture avec un livre – mais elle ne parvint pas à se concentrer sur le récit compliqué de l'histoire des femmes artistes au XVIIIe siècle. Elle était hantée par la vision du nez et des joues de Roy, rouges de froid, et son demi-sourire creusant de légères fossettes dans ses joues dévorées par sa barbe fine. Il émanait de lui une joie de vivre, un entrain contagieux, qui secouaient incessamment le cœur d'Aell.

Elle décida de sortir à nouveau avec le chien de sa voisine, et l'emmena cette fois en centre-ville pour prendre un chocolat chaud en terrasse. Elle passa une vingtaine de minute frigorifiée sur sa chaise mais la gorge et l'estomac brûlés par sa boisson. Elle observait le chien, un labrador aux babines grisonnantes. Comme Roy, il était jeune mais ses poils blanchissaient déjà... Aell se prit à réfléchir aux projets d'avenir qu'elle entretenait à seize ans, son désir ardent de devenir quelqu'un, de travailler d'arrache-pied pour le bien-être des animaux, de faire une différence. Elle était bien loin de ces espoirs de jeunesse. Elle commençait d'ailleurs à croire que sa jeunesse touchait à sa fin et qu'elle n'aurait peut-être bientôt plus la force mentale de changer complètement de domaine professionnel. Une bouffée d'angoisse la prit à la pensée qu'elle avait raté sa vie, et elle se précipita pour régler son chocolat chaud et changer d'air en se mettant en mouvement.

En rentrant chez elle, elle composa le numéro de la ferme de ses parents et attendit patiemment que sa mère décroche. À cette période de l'année, elle passait ses journées à la maison à tricoter pendant que son père organisait la rentrée à l'étable des vaches durant l'hiver.

— Allô ?

— Bonjour maman, c'est moi, Aell.

— Ma petite fille ! Comment vas-tu ma chérie ? Ça fait un moment qu'on n'a pas eu de tes nouvelles.

— Je vais bien, merci, et vous ? Quoi de neuf ?

— Tout va bien, tout va bien. Ton père est aux champs avec la nouvelle chienne, il lui apprend à guider les vaches. L'hiver va être rude, je t'enverrai des lainages. Tu as bien une cheminée dans ta piaule, oui ?

— J'ai le chauffage, maman, ne t'inquiète pas. Et si tu veux me tricoter des vêtements, choisis des couleurs plus neutres que l'année dernière, s'il te plaît.

À vrai dire, Aell avait beau être équipée de chauffages, elle n'avait pas les moyens de s'en servir. Son salaire de prof de piano ne lui permettait pas ce luxe.

— Mais oui, mais oui, ne t'en fais pas, ma fille. Dis-moi, tu viendras nous voir pour les fêtes ?

— Certainement, oui. Je ne pense pas prévoir grand chose alors je viendrai vous tenir compagnie. Et Enio, il sera là aussi ?

— Je crains que non. Il est occupé avec l'arrivée de son quatrième enfant, et puis il enverra sans doute les petits chez leurs grands-parents maternels pour profiter d'un peu de calme avec sa compagne.

— Je comprends.

Enio était le frère aîné d'Aell. Ils avaient une dizaine d'années d'écart, gouffre insurmontable qui les avait empêchés de construire une relation durant leur enfance. Et puis, au moment où Enio aurait voulu renouer avec sa sœur, celle-ci avait le nez dans ses cafouillages professionnels et sa relation avec Enio était le dernier de ses soucis. Les situations s'inversaient à présent : Enio, en fondant sa propre famille avec sa femme Caroline, se détachait de plus en plus de ses parents et, par association, d'Aell.

— Comment ça se passe, ton travail ? demanda doucement la mère d'Aell.

— Ça se passe moyennement bien. Je ne sais pas où je vais. C'est très précaire et je voudrais m'offrir un job et un salaire plus stables, mais je ne sais pas où aller, comment faire. Je regrette un peu d'avoir fait mon bac pro, j'aurais dû continuer en voie générale, au moins j'aurais aujourd'hui la possibilité de faire des études.

— Tu sais bien que les regrets ne sont que la manifestation d'un oubli. Souviens-toi de la situation dans laquelle tu as pris cette décision, Aell. Tu étais tellement déterminée. Tu savais que c'était là ta voie, que tu devais prendre ce chemin. Et puis tu as beaucoup aimé tes années de lycée ! Souviens-t-en.

Un petit silence plana entre mère et fille.

— J'ai rencontré un garçon, murmura Aell.

Elle put presque entendre le sourire de sa mère à travers le téléphone.

— Si je peux te donner un conseil, Aell, c'est de prendre ton temps. Et de ne pas oublier que ton bonheur doit venir de toi, pas de quelqu'un d'autre. Les relations sont délicieuses mais souvent éphémères.

Aell ne répondit pas. Elle s'était perdue dans ses pensées.

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