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Aell passa deux bonnes heures au téléphone avec le jeune patron de la boîte, un certain Orlann. Il lui proposa de l'héberger dans un premier temps, pour qu'elle puisse venir travailler directement sans être bloquée par la recherche d'un logement. Elle s'empressa d'accepter, non sans préciser qu'Archie serait avec elle. Orlann lui assura que ce n'était pas un problème – bien au contraire – et que le chien serait le bienvenue au même titre qu'elle.
Elle raccrocha émerveillée, des rêves plein la tête. Elle croisa son regard dans son reflet de la fenêtre et poussa un petit soupir nostalgique en remarquant que ses yeux brillaient comme ceux de Roy autrefois. Ce temps-là lui paraissaient bien lointain à présent.
— Si tu savais où j'en suis aujourd'hui... murmura Aell pour elle-même.
L'idée de l'appeler lui effleura l'esprit, mais elle la balaya bien vite : pour quoi faire ? À quoi bon ressasser le passé ?
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Un mois plus tard, elle atterrissait à Stockholm, pour la deuxième fois de sa vie seulement ; pourtant elle y venait pour s'y installer. Elle croulait sous les cartons et se remerciait intérieurement d'avoir si bien éduqué Archie : elle n'avait pas besoin de tenir la laisse et l'avait simplement accrochée à sa ceinture à l'aide d'un mousqueton. Un jeune homme qu'elle prit d'abord pour une jeune fille vint la délester de quelques cartons.
— Bonjour Aell, je suis Orlann !
Il avait des cheveux bouclés coupés aux épaules, à demi levés en un chignon négligé qui dégageait son visage rond. Un vert éclatant faisait ressortir ses yeux et de discrètes taches de rousseur constellaient sa figure. Son sourire l'illumina tout entier lorsqu'il posa les yeux sur Archie.
— Bonjour Orlann ! J'ai l'air si française que cela ? Comment m'as-tu reconnue ?
— Ce n'est pas tous les jours qu'une jeune femme débarque à l'aéroport avec une pile de carton et un caniche roux comme chien d'assistance ! Voilà donc le fameux Archie ?
— Tout à fait, c'est lui, le héros qui me sauve tous les jours. C'est aussi, accessoirement, le plus gentil et intelligent de tous les chiens.
— Je n'en doute pas, rit Orlann. On va prendre le train jusqu'à ma ville, qui sera bientôt la tienne également. Il y en a pour deux heures, puis on aura cinq petites minutes de marche pour retrouver ma maison.
Ils s'installèrent donc dans le train, Orlann s'occupant de tout pour leurs billets et se chargeant de guider Aell à travers la cohue. Ils se retrouvèrent enfin au calme, dans un coin peu peuplé du train.
— Tu m'as dit que tu avais deux chiens ?
— Deux chiennes, pour être précis. Oui. Il y a Lumi, une samoyède, qui est adorable, une vraie boule d'amour, et Arya qui est une malamute, comme un grand husky. Arya est super gentille aussi, mais elle sait monter la garde.
— C'est pas mal d'avoir un chien de garde. Mon ami Finn avait deux malinois qui gardaient drôlement bien sa maison. Mais dis-moi, ce sont des races sportives que tu as ! Comment tu les dépenses ?
— Je les emmène à la pension, et elles viennent en balade avec tous les chiens de nos clients aussi. Elles passent la journée à être actives, au final.
— Je vois. Mon pauvre Archie va être épuisé, c'est presque un papy maintenant !
— Tu as envisagé de le mettre à la retraite ?
— J'y pense un petit peu. J'attends d'avoir une situation suffisamment stable pour éduquer un chiot et en faire un chien d'assistance aussi... Ça demande une énergie et un temps considérables, quand même.
— Oui, je comprends. En tout cas ton chien a l'air d'aimer travailler avec toi.
— Ça, c'est sûr, il a toujours aimé bosser, et particulièrement avec moi. On a quelque chose de spécial.
— Je crois que les relations qu'on a avec nos animaux sont les plus précieuses au monde.
— Je le crois aussi... Tout ce que ses yeux me disent, ça n'a pas de prix.
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