Chapitre 12
Le lendemain, nous repartîmes comme prévu. Je n'avais pas beaucoup dormi, mais cela m'avait permis de réfléchir. Il fallait que je sache au fond de moi sur qui j'étais sûr de compter, sur qui j'espérais compter, et en qui je n'avais pas confiance. J'avais confiance en tous, mais après entre sûreté des appuis, pour quelques-uns les doutes étaient permis. Néanmoins, je pus aussi me mettre en accord avec moi-même sur Zoé. A la prochaine auberge, je m'arrange pour qu'elle y reste. Je ne veux pas qu'elle perde l'enfant. L'un de nous restera avec elle, évidemment. Mais je vais devoir avoir des arguments de poids, je ne suis pas sûre du tout du tout qu'elle approuve mon idée. C'est même sûr que non. Pas grave elle y restera quand même.
Sur le chemin, Nalla fit exactement ce que je lui avais demandé mentalement de distraire Zoé, pour que je discute avec Mayla etGaëtan de mon plan.
Nous sommes donc partis à nouveau. Et oui, c'est un peu ad vitam aeternam comme action. Néanmoins comme prévu je pus discuter avec Mayla et Gaëtan et comme prévu également ils approuvèrent mon idée, elle leur semblait ... disons... nécessaire. Gaëtan se proposa pour rester avec elle ce qui était aussi évident. J'avais vu avec l'aubergiste et j'avais donc pu estimer que nous arriverions dans la prochaine auberge, dans une demi-journée. J'avais donc cette demi-journée devant moi pour prouver à Zoé que rester dans cette auberge, dont le propriétaire est un ami proche de Amy, qui, lorsque nous étions passés chez elle, nous l'avait conseillée en premier.
C'est Gaëtan qui lui parlera en premier. Il essayera d'insinuer le fait qu'elle stoppe la quête ici. Je suis consciente qu'elle n'acceptera pas tout de suite.
Mais il le faut, il faut qu'elle se raisonne.
Je chevauchais à côté d'Ewen, il regardait dans le vide.
-J'ai peur, dis-je
-Moui, moi aussi, répondit-il simplement.
-Tu vas bientôt regretter d'être venu, lançai-je ironique.
-Jamais, tu m'entends, jamais.
-Petite question, tu fais tout cela pour qui ?
-Pour toi en premier lieu, commença-t-il en plongeant ses yeux dans les miens, pour ma sœur que j'espère trouver au bout du chemin, et enfin par esprit de rébellion face à mon père. Mia... si je le fais c'est avant tout pour toi.
Je lui souris en guise de réponse avant de lui murmurer que l'on retrouvera sa sœur. Une vague de nostalgie mêlée à de la tristesse passa dans son regard. Je pris sa main. Je serai avec lui dans tous les cas et je prie de toutes mes forces pour que sa sœur soit encore de ce monde... car le doute était malheureusement permis.
« Vouéeà la tâche propre à la femme »
Jeme souviens parfaitement de ces mots. Pleins de sens et de haine envers la femme. Seul objet de sexe, simplement faite pour faire des enfants. Je ne souhaiterais à aucune femme de ce monde de tomber aux mains perverses des partisans de Guyan. Je me demande tout de même comment ils ont fait pour lui faire faire des choses qu'elle ne devait surement pas vouloir faire... sombre pensée.
Zoé venait de m'accoster visiblement excédée :
-Quoi ?! Je vais rester comme une larve à la prochaine auberge ?! Tu n'es pas sérieuse j'espère ?!
-Zoé... soupirai-je la partie de négociations venait de commencer, tu sais que c'est nécessaire ! Fais preuve de bon sens et de clairvoyance s'il te plaît !
-Prétexte.
-Tu sais bien que non ! Je ne veux pas avoir ta mort et celle de ton petit sur la conscience ! Tu vas prendre du ventre, avoir du mal à marcher, monter à cheval va devenir compliqué, et en cas de problème : tu ne pourras plus courir, donc tu ne pourras fuir !Je ne veux pas te perdre Zoé !
-Je sais mais je n'ai pas non plus envie de ne plus servir à rien !
-Tu ne serviras pas à rien puisque tu seras là ! (Après réflexion, je trouve cette phrase particulièrement débile, prière de m'en excuser)
-Hum, c'est un peu ce que tu viens de dire Mia, ça confirme ce que je pensais !
-Pour autant, tu dois y aller !
-Ben oui, mais je déteste le fait que tu me dises que je dois aller là-bas pour ne rien faire.
Elle partit. Elle savait que c'était nécessaire. Mais ça ne lui faisait pas plaisir.
Je m'en veux de lui imposer ça mais pour autant c'est un passage obligatoire. Je ne sais plus quoi faire. C'est vraiment bizarre. J'espère qu'elle comprendra...
Vers midi, une pause déjeuner s'imposa. Le menu n'était pas beaucoup plus ragoûtant qu'au début mais bon on fait avec ce qu'on a. C'était donc : lentilles (desséchées), une carotte (sensationnel) et un bout de pain rassis.
*****
La nuit venue, nous montâmes les tentes dans un coin boisé. Nous décidâmes à l'unisson que nous nous détendrions ici et que nous y passerions quelques jours. Je partageai ma tente avec Ewen.
Après le diner, nous rentrâmes tous dans nos tentes respectives afin de recharger les batteries.
-Ça va mieux toi ? Me demanda Ewen
-On fait aller...
-Pourquoi ?
-Parce que ma réalité n'est pas très joyeuse...
-Tu peux l'égayer mais le fond restera le même, tu le sais.
-Oui. Je vois mes amies heureuses c'est cool mais je me bas toujours contre la même peur.
(Dans la tête d'Ewen :
Ellea toujours peur de ne pas être heureuse de ne pas avoir de mari, une famille.... il faudrait que je lui prouve que je serai à ses côtés. Je n'aime pas trop me dévoiler, cela ne fait pas partie de mon caractère mais là je suis obligé)
Il m'embrassa après quelques secondes de réflexion. C'était vraiment magique. Ses lèvres chaudes et sûres d'elles contre les miennes hésitantes. A travers ce baiser il inscrit dans ma mémoire qu'il serait toujours là, et que quand tout sera fini, il sera toujours là aussi. Cela scella notre « pacte » : nous serons toujours là l'un pour l'autre.
Quand il se détacha de moi, il planta ses yeux si puissants dans les miens et se coucha. Je me couchai mais je ne pouvais dormir. Ce qu'il venait de se passer au premier plan de mes pensées occupait mon esprit, si je voulais pouvoir réfléchir et puis oh zut après tout j'en ai marre de réfléchir, je demandai donc à Nalla :
« -Nalla ?...
-Oui mon amie ?
-S'il te plaît ce soir j'ai envie de dormir, est-ce que tu peux demander à Mayla et Léana de réfléchir sur comment je pourrais faire pour que Zoé accepte de rester à l'auberge.
-Ok, mon amie dors bien on gère. »
Je me couchai donc sereine, je faisais une entière confiance en mes amies.
*****
Le lendemain, quand je me levai, Nalla me contacta et me dit qu'elles en avaient longuement parlé mais que la seule solution qui leur était apparue fut de lui exposer les risques qu'elle prenait dans l'espoir que ça la raisonne. Pas ouf ouf mais mieux que rien. Je les remerciai mentalement toutes les trois et les regards entendus qu'elles me lancèrent au petit-déjeuner me confirmèrent qu'elles m'avaient entendue. Après avoir mangé (grignoter serait le terme exact), je me posais dans ma tente avec Ewen et Mayla, je sortis les cartes que j'avais emmenées et j'entrepris de définir avec eux où nous étions et où nous devions aller.
Jerepris les notes que j'avais prises après « l'entretien »avec Nayug :
Montagne de scale, 50 personnes, une vingtaine d'armes.
Nous définîmes donc quel chemin nous devions prendre et décidâmes également nos potentiels point d'arrêt. Notre voyage était donc tout calculé. Cela nous évitera le stress de : oulalala on dort où ce soir ??? Ce sera mieux. De nouveau excitée par l'aventure, nous repartîmes sans avoir attendu ne serait-ce que 24 heures sur place. Il était donc à peu près 15 heures quand nous repartîmes après tout avoir rangé. Nous galopâmes jusque l'auberge où devait rester Zoé. Elle avait fini par accepter de rester à l'auberge. Mais elle m'annonça cela avec une lueur de malice dans le regard, j'espère sincèrement qu'elle y restera. Quand nous arrivâmes, l'aubergiste nous prit à part dans une salle vide et nous dit :
-J'ai de bien tristes nouvelles pour vous... deux lettres. Elles ne sont ni joyeuses ni légères, je le sais pour avoir lu celle qui m'était adressée.
« Chers amis,
Je ne suis pas heureux de vous annoncer cela mais je m'en fais un devoir. Le conseil a hier reçu une lettre anonyme, chargée de menace. Cela ne me fit aucun doute qu'elle nous venait tout droit des partisans de Guyan, tous au Conseil pensent qu'il s'agit d'un ou deux rigolos qui nous ferait un canular, aussi elle ne fut prise au sérieux. Néanmoins vous devez vous méfier, vous étiez nommés sous le nom de « gang morbide et sanguinaire »... ils ne vous veulent pas du bien.
Avec tout mon courage
PS :je m'inquiète, mon fils a disparu...
Salienti »
« Bande de débiles,
Si vous dépasser la crête du Titan, nous lancerons sous trois jours une attaque à Gaëlia, nous prendrons toutes les femmes de cette Terre. Et aussi ce saugrenu de Salienti qui, nous le savons, vous soutient.
Vous, Mia, vous nous paierez la mort de Nayug. Vous êtes une belle femme, mes hommes seront ravis. »
Bon. Pas géniales géniales les nouvelles... Néanmoins il faudra faire avec et nous dépêcher de passer la fameuse crête et après l'avoir dépassée, nous devrons foncer et mener une offensive directement au sein de leur camp. La tactique à suivre nous la définirons ensemble. Nous devions passer à la vitesse supérieure. D'un regard entendu de mes compagnons je sortis les cartes. La crête du Titan n'est vraiment pas loin de leur campement, mais ils ne doivent pas savoir que nous savons où ils vivent. Nous devrions pouvoir effectuer le trajet entre ces deux points, en une journée. Par contre de notre position actuelle à la crête il va nous falloir deux jours au minimum. Nous discutâmes brièvement entre nous et nous décidâmes de repartir ce soir même. Zoé et Gaëtan restent ici. Ils doivent avoir un plan de prévu ça se voit à leurs regards complices. J'espère qu'ils ne se mettront pas en danger. Nous remerciâmes l'aubergiste, saluâmes nos deux amis et montâmes à cheval le visage fermé et préoccupé.
Nous étions désormais 5.
Nous avalions la distance à une vitesse vertigineuse. Notre objectif était d'atteindre la crête avant que le soleil, lui, atteigne son zénith. J'étais très inquiète. Je ne voulais pas qu'ils lancent une attaque contre le peuple. Il fallait que je fasse en sorte d'arriver à eux avant qu'ils ne rejoignent la ville. Je me mis donc à réfléchir rapidement. Ils étaient selon Nayug, une vingtaine, nous, nous sommes 5. Entraînés et mentalement prêts mais 5 quand même. Je pouvais capturer 5 ou 6 hommes à la fois grâce à ma magie élémentaire. Au combat nous pourrions nous contenter d'être 4. Les deux autres pourraient localiser leurs prisonnières. Ils sortiraient alors celles aptes à se battre, afin de rattraper le nombre de soldats adverse. Il faudrait réussir à faire en sorte qu'aucun d'entre-eux ne s'en aille. Pour cela............................................................
Ok j'ai trouvé :
1-Monter une barrière terreuse (je ne sais pas si je peux y arriver, ce sera à voir) autour de leur campement
2-Immobiliserun maximum de personnes ennemies à 3 pendant que 2 d'entre-nous vont chercher leurs hôtes
3-Immobiliser tout le monde
4-Trouver le/les chefs
5-On verra quand on en sera là
Je fais un plan, mais comme dans toute situation, le plan ne sera pas respecté dès la première seconde. Mais bon, au moins si on ne sait plus quoi faire. De plus, mon épaule était toujours très douloureuse...
Je vais leur exposer, il ne nous reste que 24 heures pour tout parfaire...
-Les gars, j'ai un plan. Rien n'est sûr mais au moins on saura à peu près comment s'y prendre. Alors j'isolerai leur campement via une barrière terreuse, si j'y arrive. Ensuite, ben, il faudra qu'on immobilise tout le monde, afin qu'on puisse leur poser quelques questions, sachant que pendant que 3 d'entre nous, à définir, feront cela, deux autres libéreront les prisonniers aptes à immobiliser nos rivaux. Ensuite, on verra.
-Pas mal du tout, je me propose pour aller directement au corps à corps, dit Mayla
-Bonne idée, tu te bats très bien, je pense qu'il est évident que Mia est de ceux qui se battent, approuva Ewen
-Oui, c'était évident, après je pense qu'il serait intéressant que ce soit Ewen qui complète le trio. Avança Léana, j'irai donc avec Nalla au niveau des prisonniers.
-Yes, bonne idée, ça fait donc pour la première vague Mia, Mayla etEwen, et en seconde vague, Nalla et moi, conclut Léana
-OK, c'est réglé, finit Mayla
La prévision de l'attaque était devenue oppressante. Maintenant, nous craignions pour nos vies, pour la vie de ceux que nous aimons. Le silence était retombé. Plus lourd qu'il ne l'avait encore jamais été. Mon cerveau fonctionnait à 10 000 à l'heure pour essayer de prévoir tous les obstacles toutes les entraves que nous pouvions rencontrer. Ainsi je ne vis pas le temps passer et quand je m'ouvris à nouveau au monde extérieur, je constatai que nous étions arrivés à la-dite crête du Titan.
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