
Chapitre 43: Triple oh!
De douces caresses me tirent de mes songes. Les mains de Gadriel parcourent mon bras et ma nuque tandis que son corps chaud est pressé contre le mien. Je gémis, mes paupières toujours fermées.
— Tu peux continuer à dormir, me souffle-t-il à l'oreille. J'ai des choses importantes à régler. Je reviens quand tout sera enfin terminé.
Il dépose une série de baisers sur mon épaule avant de me quitter. Le sourire aux lèvres, je replonge dans mes rêves dont il est l'acteur principal.
***
Ce sont les bruits d'un téléviseur qui me tire de mon sommeil un peu plus tard. Sans ouvrir les yeux, je tâte la place à mes côtés puis me rappelle que Gadriel s'est éclipsé au cours de la nuit après m'avoir promis de revenir.
Les muscles délicieusement alanguis par nos ébats, je m'extirpe du lit et enfile mes sous-vêtements et son chandail qui m'enveloppe de son odeur de caramel brûlé.
En sortant de la chambre, je constate que Mickaël est déjà levé. Mon cœur se réchauffe lorsque je le vois dans le canapé du salon, emmitouflé dans une couverte à écouter son dessin animé préféré. Je n'ai pas souvenir d'avoir vu une télévision hier ce qui me laisse croire que Gadriel l'a fait apparaître juste pour lui. Je suis touchée par son attention et ce geste qui nous permet de retrouver un peu de notre chez nous ici.
Comme la veille, Meridoc m'accueille dès que je pénètre dans l'espace partagé entre la cuisine et le salon. Un déjeuner nous attend sur l'îlot et une délicieuse odeur de café flotte dans l'air.
Dès qu'il m'aperçoit, ses yeux surpris parcourent rapidement ma silhouette et un sourire étire ses lèvres.
— Bonjour, j'espère que vous avez bien dormi.
— Oui, merci, bafouillé-je le rouge aux joues.
Ma tenue minimaliste et la pagaille dans mes cheveux doivent en dire long sur le genre de nuit que j'ai passé.
— Lord Gadriel m'a demandé de veiller à votre bien-être. Comme hier, il a laissé des vêtements pour vous dans la salle de bain. S'il vous manque quelque chose, n'hésitez pas à me le faire savoir, je serais dans le couloir.
— Merci, Meridoc.
L'homme chat me sourit gentiment.
— Lord Satanaël a aussi un message pour vous. Il aimerait votre accord pour passer un peu de temps en compagnie de Mickaël. Il m'a fait savoir que, si vous acceptez, vous seriez également la bienvenue.
J'apprécie le fait qu'il me demande la permission ; c'est pourquoi j'acquiesce sans me poser de questions.
— Parfait, je vous y conduirais lorsque vous serez prêt. Prenez votre temps.
Je le remercie encore une fois puis le laisse reprendre son poste dans le couloir. Une tasse de café dans une main et un croissant dans l'autre, je rejoins Mickaël sur le canapé.
Blottie contre lui, je savoure ce petit moment avec mon fils en dehors du temps et des tracas.
Après une vingtaine de minutes, je bois ma dernière gorgée de café et abandonne Mickaël à son émission pour sauter dans la douche. Je découvre ensuite les vêtements que Gadriel a laissés pour moi dans la salle de bain. Cette fois, en plus d'un jean ample, il a choisi un chandail rose à col échancré rehaussé d'une bordure de dentelle. Il m'a aussi laissé le choix entre deux types de sous-vêtements : des fuchsias en coton simple ou une lingerie un peu plus sexy de couleur pourpre et légèrement transparente.
Lorsque j'opte pour la deuxième option, un papier s'échappe de la petite culotte.
« Passe une belle journée. Pour ma part, une vraie torture m'attend en sachant que tu as choisi celle-ci et que je ne peux en profiter avant mon retour. »
Je souris et caresse des doigts sa calligraphie élégante, semblable à celle que l'on retrouve dans les vieux grimoires exposés dans les musées.
Curieuse, je soulève l'autre pile de sous-vêtements et y trouve un deuxième message.
« Passe une belle journée. Je reviens dès que possible pour t'arracher ces sous-vêtements. »
Un gloussement s'échappe de mes lèvres alors que je découvre cette nouvelle facette joueuse de Gadriel. Ses messages apposent un baume sur son absence lors de mon réveil. C'est donc avec un sourire sur les lèvres que j'enfile mes vêtements et rejoins Mickaël pour amorcer un semblant de routine malgré le fait que nous soyons à cent mille lieux de la maison.
Je décolle mon fils de la télévision, m'assure qu'il déjeune puis s'habille avant de faire savoir à Méridoc que nous sommes prêts pour aller voir Satanaël.
Ce dernier nous attend dans une grande salle complètement vide. Vêtu d'un pantalon beige et d'une chemise de lin vert forêt dont les trois premiers boutons sont détachés, Satanaël accueille Mickaël d'un sourire chaleureux qui se transforme en un sourire malicieux lorsqu'il me parcourt des yeux.
— Je vois que Gadriel a finalement cédé à tes charmes, lâche-t-il.
— Je.. Pardon ?
Mes joues s'enflamment aussitôt.
Il balaie mon corps d'un geste de la main.
— Son aura est partout sur toi.
Quoi ?!
J'écarquille les yeux et parcours mes bras et mon ventre à la recherche de cette foutue aura.
— Gadriel t'a fait un câlin réconfort comme les miens, maman ?
Cette fois, mes yeux manquent sortir de mes orbites. J'ouvre la bouche, puis la referme, plus rouge que jamais.
Et soudain, une évidence troublante me frappe ; je m'approche de Mickaël et m'accroupis à sa hauteur.
— Que veux-tu dire par « comme les miens » ?
— Ce sont des câlins magiques, pour te rendre heureuse.
Des câlins magiques...
— Tu as déjà utilisé ta magie sur ta mère, demande Satanaël qui s'est approché.
— Oui. Et sur mon professeur aussi, mais il s'est retrouvé à l'hôpital après. C'est de ma faute.
Il abaisse le regard devant ses aveux, comme s'il craignait d'être puni.
— Ce n'est pas ta faute, me dépêché-je de rectifier. Tu n'as rien à voir avec ce qui lui est arrivé.
Du moins, j'espère.
— C'est ce que Gadriel m'a dit aussi.
Je souris sans trop savoir pourquoi.
— D'ailleurs, il n'est pas avec vous ? demande Satanaël lorsque je me redresse.
— Non, je ne l'ai pas croisé ce matin.
— Mais cette nuit oui, apparemment ! plaisante-t-il.
Je lève les yeux au ciel puis croise mes bras sur ma poitrine en l'affrontant du regard.
— Je crois qu'on a déjà abordé ce point. Maintenant, je peux savoir pourquoi tu voulais nous voir?
Satanaël sourit, ses yeux encore rieurs puis reviens à la raison de notre présence ici :
— Je voulais passer un peu de temps avec Mickaël, avoue-t-il tout en passant une main sur sa nuque. Tu sais... apprendre à la connaître et tout ça. Et j'espérais aussi tester l'étendue de ses pouvoirs.
Mes sourcils se froncent puis il ajoute en vitesse :
— Si tu es d'accord, bien sûr.
— Est-ce sécuritaire ? Je... je ne veux pas qu'il se blesse.
— T'inquiète, maman. J'ai brûlé une maison complète et pas une seule égratignure !
Mon cœur manque sortir de ma poitrine.
— Pardon ?! T'as fait quoi ?
Satanaël pose une main sur mon épaule pour me calmer puis se penche sur Mickaël.
— Qu'est-ce que tu dirais si l'on commençait avec quelque chose de plus tranquille ? Question de ne pas faire mourir ta mère d'une crise de cardiaque.
Il murmure sa dernière phrase, mais je l'entends très bien.
— D'accord ! accepte Mickaël.
Le coin des lèvres de Satanaël s'étire puis il s'écarte pour faire apparaître une table et deux chaises devant nos yeux. Je tressaute. Je crois que je ne m'habituerais jamais à cette magie.
— Viens t'asseoir, dit-il à mon fils tout en désignant une des deux chaises.
Stan s'installe sur la deuxième juste en face.
— Alors ! Déjà, sais-tu faire apparaître des choses ? demande-t-il alors que je m'approche d'eux.
Mickaël mordille sa lèvre inférieure puis secoue la tête.
— Pas de problème, la plupart d'entre nous avons pris des années à y réussir.
Le roi de Shéol claque des doigts et une pomme se matérialise sur la table.
— Serais-tu capable de faire bouger cette pomme sans la toucher ?
— Je... je crois que oui. Je l'ai déjà fait avec mes jouets.
Je cligne des paupières, sidérée. Pourquoi ne m'en a-t-il jamais parlé ?
— Essaie, propose Satanaël.
Mon fils me regarde un instant. Malgré ma surprise, j'essaie de lui démontrer mon soutien d'un signe de tête.
Il ramène son regard sur la pomme et plisse des yeux sous l'effet d'une intense concentration. Stan et moi nous nous penchons de concert vers le fruit et l'observons avec attention.
— Stan !
Un cri suraigu s'échappe de ma gorge lorsqu'un homme d'au moins deux mètres se matérialise juste à côté de moi. Torse nu et en pantalon de cuir brun, il arbore la même chevelure que Gadriel sauf qu'elle est plaquée sur le dessus de sa tête par un liquide poisseux.
Du sang !
Son corps et sa peau en sont couverts en plus de la boue et la sueur. Sa poitrine se soulève rapidement comme s'il venait de courir un marathon.
— Sapristi, Baraquiel ! D'où tu sors comme ça et que veux-tu ?
— C'est Gadriel.
— Gadriel ? m'exclamé-je.
L'homme se tourne alors vers moi comme s'il ne m'avait pas encore remarqué. Il hausse un sourcil après avoir balayé rapidement mon corps du regard. Un sourire en coin apparaît sur ses lèvres.
— Oh... émet-il.
— Effectivement, ajoute Stan, les yeux rieurs.
— « Oh » quoi ? demandé-je, excédée.
— Ça explique beaucoup de choses, répond le nouveau venu tout en balayant mon corps de sa main.
Je me fige lorsque je réalise qu'ils parlent encore de cette foutue aura sur moi.
— Non mais vous n'en avez pas marre de vous foutre de ma gueule ? C'est bon, on l'a fait. Ce n'est surement pas la première fois que Gadriel couche avec quelqu'un !
Puis je me rappelle que Mickaël est juste à côté. Heureusement, un coup d'œil m'assure qu'il est toujours concentré sur la pomme et ne semble pas écouter.
— Non. Mais c'est la première fois qu'il marque son territoire, précise Stan.
— Pardon ?!
C'est quoi cette merde de marquage de territoire ?
Stan rigole comme s'il lisait dans mes pensées.
— Pour que son aura soit aussi brillante sur toi, c'est signe que des sentiments très profonds étaient en jeu.
— Très très profonds, ajoute Baraquiel.
— Très très très profonds, renchérit Stan.
— Oh...
C'est tout ce que je trouve à dire alors qu'une chaleur indescriptible réchauffe ma poitrine.
Est-ce qu'ils parlent d'amour ?
— Bon sinon tu voulais quoi, Baraquiel ? demande à nouveau Stan.
— Je venais tout simplement t'avertir que ton bras droit a décidé d'en finir avec les assauts de Lilith. Ses troupes assiègent la forteresse Nord et viennent de franchir les portes. Gadriel est présentement avec ton ex et je t'annonce que ce n'est pas pour discuter.
— Quoi ?!
Stan saute de sa chaise qui se renverse.
— Mais je ne lui en ai pas donné l'ordre ! s'écrit-il.
Son interlocuteur hausse les épaules :
— Depuis quand a-t-il besoin de tes ordres pour agir.
— S'il touche ne serait-ce qu'à un cheveu de Lilith je te jure que...
Son ami l'arrête.
— Dis-lui toi-même, je dois y retourner.
Puis l'homme disparaît d'un claquement de doigts tandis que mon cerveau tente de remettre en ordre toutes ces informations. Gadriel n'est pas ici, car il est sur un champ de bataille. Est-il en danger ? Peut-il seulement être blessé dans cette dimension ?
— MERIDOC !
Stan s'éloigne de nous d'un pas rapide pour aller chercher le valet qui apparaît aussitôt sommé.
— Veille sur Mickaël et Émilie !
Puis il disparaît lui aussi dans un claquement de doigts.
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