Chapitre 14
Je m'appelle Émilia. Et elle, c'est Nefeli. Nefeli Vélum. Elle était connue pour sa gentillesse et sa bonté envers les autres. Peu importe qui lui adressait la parole, elle donnait toujours le sourire. Elle disait même que nous étions "amies" toutes les deux. Et ce, jusqu'à son accident au lac de Safi.
Depuis ce jour, la demoiselle n'est plus la même. Il y a une sorte de malaise entre nous. Enfin le malaise est plus de mon côté que le sien.
À de nombreuses reprises, elle m'a répété qu'elle n'était pas amnésique mais je savais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. J'ai grandi à ses côtés et j'ai su faire la différence.
Mademoiselle s'est tout de même perdue plus d'une fois dans son propre palais...
Cependant il y a une chose qui est bel et bien resté pareil : son amour pour la lecture.
Elle aimait tellement les livres que, quand elle n'était pas dans son bureau à trier les lettres qu'elle recevait, elle passait son temps à la bibliothèque.
Malheureusement, il n'y avait plus rien pour l'interesser dans cette bibliothèque. Elle avait déjà tout revu, de fond en comble.
– Émilia, m'a-t-elle appelée.
Je me suis empressée de répondre à sa question pour ne pas la faire attendre. Si j'étais trop lente ou trop molle elle risquait de me hurler dessus comme elle l'avait fait avec la chambrière en cheffe. Je connaissais ma sensibilité et je ne voulais pas pleurer devant elle. De plus, elle avait déjà l'air de très mauvaise humeur, alors pas la peine d'en rajouter une couche.
– Oui mademoiselle ?
– Où sont rangées les archives du pays ?
Nous étions assises, l'une en face de l'autre, dans le carrosse, quand elle me posa la question. Nous venions à peine de quitter la reine et ses invitées que la demoiselle pensait déjà à s'instruire.
– Il y a plusieurs archives publiques exposées à la bibliothèque de Vivitic. Peut être que vous pouvez même en emprunter.
La bibliothèque des Vélum regorgeait de savoir mais elle était placée juste derrière Vivitic. C'était l'une des nombreuses raisons pour laquelle cette famille était aussi appréciée auprès de la famille royale depuis des générations : son savoir.
– Vivitic tu dis... Changeons de cap. Allons à cette bibliothèque.
Elle se leva presque pour sortir sa tête par la fenêtre. Elle voulait sans doute prevenir le chauffeur de nous emmener là-bas avant que je ne l'arrête dans sa lancée. Je n'ai pas refléchi et lui ai attrapé le bras subitement. Elle a tourné la tête dans ma direction, plongeant son regard noir dans le mien. C'est à ce moment que je me suis rendu compte de ma bêtise. J'ai alors rapidement lacher mon emprise, abaissant le regard.
– Je suis désolée... Mais y aller maintenant serait une mauvaise idée.
– Et pourquoi ça ?
– Et bien... Tout d'abord vous n'êtes pas habillée pour une telle sortie. Vous risquerez de trop attirez l'attention sur vous. Ensuite vous n'avez pas vérifié les horaires d'ouverture. Nous sommes bientôt en fin d'après-midi... Au mieux, vous aurez une demi-heure pour tout vérifier. Et enfin, vous ne vous êtes pas reposé une seule fois depuis le bal des frontières.
J'ai relevé les yeux en prononçant cette dernière phrase, espérant y apercevoir une lueur de compréhension.
La dame s'est alors rassise, sans rien rajouter. Nous avons continué le chemin dans le silence le plus profond.
En arrivant au palais ducal, une petite bête à corne nous a barré la route. Celle ci ressemblait à un chat de gouttière ordinaire mais ses yeux fluorescents et son diamant orange encré sur le front faisaient de lui une toute autre espèce.
– Coucou toi, Prononça-t-elle en s'accroupissant. Qu'est ce que tu fais là ?
J'avais l'impression de redécouvrir la demoiselle. Cela faisait des jours et des jours qu'elle n'avait pas montrer une si douce expression. Il y a quelque minutes elle était encore irritée par le comportement des dames de compagnie de la reine. Grâce à ce chat, toutes mauvaises ondes s'en étaient allées.
Même s'il était léger, je pouvais apercevoir un sourire sur ses lèvres. Et pas l'un de ses sourires malicieux, mais bien un sourire candeur et tendre.
Elle caressait toujours la bête quand elle m'interpela.
– Émilia, tu sais à quoi sert cette pierre sur son front ?
– C'est pour éloigner les prédateurs. Malgré le fait que ce soit lui même un chasseur, il y a encore beaucoup d'espèces plus menaçantes que lui. Cette corne peut aussi servir de réceptacle à la magie des sorcières.
– Tu en sais, des choses.
C'est vous qui me l'avez apprit...
En réalité, c'était elle qui m'avait tout apprit : la lecture, les maths et même l'astronomie.
J'aimais quand elle me racontait tout ce qu'elle savait sur un sujet en particulier. On pouvait presque voir des étoiles dans ses yeux tellement elle était passionée. Malheureusement, cette étincelle s'est envolée.
Je l'ai vu observer et écouter attentivement l'homme aux cheveux blanc, et je pense que ce regard est celui qui se rapproche le plus de ce que j'avais connu.
Maintenant que j'y pense, cet homme était peut-être la cause des comportement étrange de mademoiselle. C'était sans doute de sa faute si je ne la reconnaissais pas. Il pouvait être un mage noir lui ayant jeté un maléfice !
Avec un tel physique, je ne serai même pas surprise.
La femme se décida enfin à se redresser et à reprendre sa marche.
– Demain, on ira toutes les deux à cette bibliothèque. Sois prête.
– Oui mademoiselle.
Elle a profité du reste de la journée pour se reposer dans sa chambre et je n'ai pas eu à faire grand chose pour elle.J'avais du temps pour me reposer, moi aussi.
C'est dernier temps, je ne soufflais plus. Toujours sous la pression et le stresse de ne pas faire une seule erreur. Les seuls moments où je pouvais réellement avoir du temps pour moi étaient en fin de soirée, quand la demoiselle dormait.
--
5 heure du matin, le soleil n'était pas encore levé mais ma journée commençait déjà.
Je ne voulais pas travailler. Mais mademoiselle serait surement fâchée si je ne me montre pas.
"En soit... je pourrais demander à quelqu'un de me remplacer, non ?" Ai-je pensé.
C'est avec cette idée dans la tête et le visage bien rincé que je sortis de cette chambre miteuse qu'est la mienne pour rejoindre la chambrière en cheffe.
– Émilia, qu'est ce qu'il t'amène ? Tu devrais déjà être à ton post.
– Je sais bien mais... J'aurai voulu faire une demande de changement.
– Pourquoi donc ? Je pensais que vous vous entendiez bien toutes les deux ?
– C'est toujours le cas ! Seulement je pense avoir besoin... de repos ?
– Donc tu demandes un jour de congé ?
– Non ! Seulement à échanger de place avec quelqu'un.
– Je vais voir ce que je peux faire pour toi.
– Merci beaucoup madame !
Avec un sourire satisfait aux lèvres, je suis montée au premier étage du manoir pour commencer mon ménage.
——
11 heure et toujours aucune nouvelle de mademoiselle Nefeli. La chambrière avait sûrement trouvé quelqu'un pour être avec elle, mais je ne l'avais toujours pas vu sortir de la demeure.
Elle qui était si pressée la veille n'avait toujours pas bougé d'ici.
Alors que je nettoyais les vitres qui avait vue sur le jardin, j'entendis mon nom à l'autre bout du couloir.
– Émilia ! Je t'en supplie, va voir la jeune demoiselle.
La demande était si soudaine que je faillis tomber de mon escabeau.
C'était Juliette, une autre femme de chambre de la famille. Elle ne cachait même pas son exaspération face à cette situation, alors que je ne savais pas quoi lui répondre.
Elle était plus âgé et avait beaucoup plus d'expérience que moi et pourtant, la voici, devant moi, pour me demander de l'aide.
– J-je ne comprend pas... Que s'est il passé avec elle ?
– Elle ne veut ni m'écouter ni sortir de sa chambre.
– Quoi ? Mais pourquoi ?
– Je ne sais pas. Elle ne cesse de me dire qu'elle veut te voir. Elle nous fait des caprices d'enfant !
Mon repos n'aura duré que quelques heures.
– Des caprices ? Mais je ne suis moi même qu'une enfant, je ne pourrais pas gérer des caprices...
– Plus que des caprices, ce sont des manières. Tu as passé plus de temps avec elle. s'il te plait vas la voir.
Ses yeux criaient à l'aide. Je n'ai rien pu faire d'autre qu'accepter.
C'est à contre coeur que je me dirigeai vers la chambre de la demoiselle. Juliette m'avait accompagnée jusque devant mais elle n'osait pas toquer à la porte. Il avait dû se passer quelque chose pour qu'elle soit si mal à l'aise, autre que des caprices d'enfant.
J'inspirai un bon coup avant de finalement toquer moi même. J'attendis mais aucune réponse. Je frappai la porte une nouvelle fois. Toujours pas de réponse.
Juliette se décida finalement à me laisser seule devant la porte, sous prétexte qu'elle ne voulait plus déranger la jeune maitresse avec sa présence.
– Mademoiselle, je me permet d'entrer.
En ouvrant la porte j'ai pu la voir, vêtue d'une robe à volants verts, assise paisiblement autour de la table à gouter, aux côtés du mage noir.
Je ne pu empêcher mon étonnement d'apparaitre sur mon visage.
Que faisait il ici, dans la chambre de la demoiselle ? Et surtout comment avait il fait pour venir jusqu'ici ? Jamais le maitre de maison n'aurait laisser passer ça.
Seul l'homme aux cheveux blancs avait remarqué ma présence. Il me regardait avec un doux sourire hypocrite, alors que la femme regardait par la fenêtre. Son visage calme, éclairé par les rayons du soleil, la rendait encore plus belle. Tout les deux mangeaient des petits gâteaux posés joliment sur la table. c'était loin d'être la scène que j'attendais lorsque Juliette m'a parlé de "caprices".
– Mademoiselle, vous ne devriez pas manger ce genre de sucrerie. C'est bientôt l'heure du déjeuner.
– Ce matin, une inconnue est venue me réveiller, a-t-elle dit sans se donner la peine de tourner la tête vers moi. Elle m'a ramené le petit déjeuner, choisi mes vêtements, expliqué les plans de la journée et même proposé une rencontre avec le duc.
Je n'ai rien dit. Je n'étais pas en position de parler et surtout je ne voyais pas où elle voulait en venir. Ces choses là sont parfaitement normal pour une femme de chambre. C'est la routine qu'on apprend en premier avant d'être assigné à la charge d'un noble.
– Tu ne vois pas le problème ?
– ... A-t-elle changé vos plans ?
– Non Émilia.
Elle tourna enfin la tête vers moi.
– Ce n'étais pas toi.
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