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Chapitre 2

Lorsque j'arrive dans ce qui s'apparenterait le plus à une cantine, un fort brouhaha règne déjà. Les dizaines de jeunes au service de Dorian sont attablés, et dévorent leur petit-déjeuner, prêts à aller se crever la paillasse sous un soleil de plomb. C'est incroyable comme les âges diffèrent. Les plus jeunes sont à peine capables de marcher, tandis que les plus âgés ont pratiquement atteint l'âge adulte. Discrètement, je me faufile entre les rangées de bancs et de tables alignés.

-C'est pas trop tôt ! me chuchote Matt, l'un des garçons les plus insupportables que je connaisse, lorsque je passe à côté de lui.

Je lève les yeux au ciel et esquisse un léger mouvement d'épaules, traçant mon chemin sans même lui adresser un regard. Pourtant, malgré mes fanfaronnades, je sais que Dorian pourrait me faire passer un très sale quart d'heure, pour avoir été une énième fois en retard. Il déteste qu'on le fasse attendre. Surtout lorsqu'il s'agit de commencer sa journée de boulot. Je le repère au fond de la salle, attablé. Il ne m'a pas remarquée, alors je me dépêche de traverser la pièce pour rejoindre la place qui m'est attribuée, avec mon groupe d'intervention. Avec un peu de chance...

-Tu nous fais enfin l'honneur de ta présence ? grince-t-il en levant soudainement lève les yeux de son assiette.

Et merde. Immédiatement, je m'immobilise. Je n'en montre rien, mais mon cœur se tord dans ma poitrine, et l'angoisse monte peu à peu en moi. Dorian est un homme d'une trentaine d'années, maigre, mais aux muscles suffisamment saillants pour être dissuasifs. Ses yeux bleu glacés, aussi froids que la banquise devait l'être lorsqu'elle existait encore, me scannent d'un air mauvais, et je m'empresse de faire amende honorable en baissant les miens.

-Désolée, m'excusé-je, élevant la voix dans le silence qui règne à présent. Je dors mal en ce moment, et j'ai du mal à émerger.

Il gronde quelque chose entre ses dents, et désigne mon siège d'un mouvement impérieux. Je m'exécute précipitamment, avant qu'il ne se ravise, et décide, pour me punir, que j'affronterai la chaleur torride sans rien dans le ventre.

-Tu prends tes somnifères ? me demande-t-il encore, lorsque je suis assise.

J'acquiesce, même si c'est faux. Mieux vaut proférer un petit mensonge qu'essuyer la colère sans borne de cet homme-là. Il peut devenir vraiment violent lorsqu'il s'y met. Sous la table, Ian, mon voisin de droite, me balance un violent coup de pied dans le tibia. Je retiens, in extremis, un couinement de douleur disgracieux. Je tourne brusquement la tête vers lui, et le gratifie d'un regard meurtrier. Il ne perd rien pour attendre, celui-là.

Ian est de ceux que je pourrais appeler mes « amis », si tenté que j'en possède vraiment. Comme tous les autres membres du groupe avec lequel je passe mes journées, au fin fond des cales des bateaux. Je sais qu'il déteste que je mente à Dorian, car nous aurions tous de sérieux ennuis si ce-dernier apprenait la vérité. Mais, bien qu'en conservant mon secret, tout le petit groupe se voit placé en très mauvaise posture, je sais qu'aucun d'entre eux ne lui dira que c'est faux.

A ma gauche, Maëva me sourit d'un air encourageant. Je peux toujours compter sur elle pour me soutenir. J'ignore pourquoi, car je n'ai jamais rien fait de particulier à son égard, mais elle est toujours de mon côté. Solidarité féminine, je suppose. Par conséquent, je m'applique à faire de même. On pourrait dire qu'il s'agit d'un accord tacite entre nous.

Par principe, je décide d'ignorer les autres visages autour de moi, et plonge le nez dans ma maigre pitance. Un bout de pain rassis, un verre d'eau et un quart de bol de porridge. On a déjà vu mieux, mais c'est toujours ça de pris. J'engloutis mon repas, et attends patiemment que Dorian nous donne l'autorisation de partir récupérer notre matériel de travail. C'est toujours comme ça avec lui. Il décide, et nous exécutons.

En bon maître de cérémonie, celui-ci nous contemple d'un air satisfait, se délectant de voir tous ces visages tournés vers lui, prêts à accéder au moindre de ses désirs.

-Et alors ?! tonitrue-t-il tout à coup, faisant sursauter la moitié d'entre nous. Qu'est-ce que vous faites encore là ?! Vous avez suffisamment traîné pour aujourd'hui ! Il est temps que vous remuiez vos fesses, et que vous alliez bosser. Débarrassez-moi le plancher, et ne revenez pas si les objectifs ne sont pas remplis.

Il se tourne vers moi, et me darde de son regard lourd de sens. Un sourire mesquin étire ses lèvres fines, et je sens l'inquiétude m'envahir.

-Vous pouvez remercier une certaine personne, déclare-t-il finalement, car ceux-ci sont doublés pour aujourd'hui !

Une bile amère me remonte aux lèvres face à son expression puant la toute-puissance. Il sait très bien que personne n'aime se faire remonter les bretelles à cause de l'un d'entre nous. Et, parmi mes camarades, je repère déjà quelques visages figés en une expression de fureur froide, qui me promettent une vengeance salée. Il ne m'a pas punie lui-même. Il attend que les autres le fasse à sa place. Je me mordille la lèvre inférieure. Je vais devoir la jouer serrée si je ne veux pas revenir le visage et le corps couvert d'ecchymoses...

A ma droite, Ian me lance un petit coup de coude discret entre les côtes.

-Tu ferais mieux d'y aller, si tu veux rester en vie, marmonne-t-il si bas que je suis la seule à pouvoir l'entendre.

D'un mouvement de la tête, il désigne la porte de service qui se trouve derrière moi, et je lui souris légèrement, afin de lui signifier que j'ai bien reçu le message. J'attends que les autres se désintéressent de moi, et, alors qu'ils se jettent tous sur la sortie, se piétinant les uns les autres, je me lève à mon tour.

-Je vous laisse, soufflé-je entre mes dents à mes compagnons de tablée. On se retrouve dans la galerie Sud.

Je n'écoute pas leur réponse, et détale discrètement, avant de me faire repérer.

Le corridor que je remonte presque en courant est si sombre que je ne vois même pas le bout de mes chaussures. Mais je n'y prête pas attention, car je le connais par cœur. Dorian me considère comme une « rebelle », dans son petit groupe, et je suis souvent punie pour l'exemple. Cette voie, je l'emprunte donc souvent, afin de lui échapper. Il le sait, mais il ne fait rien pour m'en empêcher. Au fond, je sais qu'il me respecte un peu. Je suis la plus efficace, la plus rapide et la plus agile de ses subordonnés. Et, pour ça, bon nombre de mes congénères me jalousent et me haïssent. Pour cela, je dois être constamment sur mes gardes. Il m'est déjà arrivé de me retrouver seule, prise au piège face à quatre ou cinq adolescents enragés, et de ressortir de la rixe avec quelques côtes cassées et le corps perclus de contusions. Autant dire que j'aime autant éviter ce genre de mauvaise rencontre, et que certains d'entre eux payeraient cher pour me faire la peau en ce moment-même.

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