𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐃𝐈𝐗
𝖊̂𝖙𝖗𝖊 𝖚𝖙𝖎𝖑𝖊
¹⁰
═ ═ ═ ╰☆╮ ═ ═ ═
08/04/2020 - Mexique
— Jacob ! Jacob ! Houhou ! Ici la Terre !
Jacob sursaute et revient à la réalité tandis que Rob agite sa main devant son visage.
— T'étais encore en train de penser à Amélia et Mike ? T'inquiète pas, j'suis sûr que ça va bien se passer. Enfin, si aucun des deux n'ouvre la bouche. Et s'ils se croisent le moins souvent possible...
— Tu me rassures pas du tout là...
Rob pince les lèvres, lui collant une tape dans le dos.
— Les jeunes, aidez-nous avec les valises, les interrompt Patrick.
John et Patrick ont les bras chargés. Sam, quant à lui, s'amuse à transporter une valise en la faisant planer à quelques centimètres du sol avec son élément.
— Sammy, quelqu'un pourrait te voir, le réprimande Pat'.
Ce dernier pénètre l'hôtel et réserve une suite familiale afin de dépenser le moins d'argent possible. Il sort des billets de sa poche, puis, les dépose devant l'hôtesse d'accueil. Elle donne les clés à John.
Lorsqu'ils arrivent à la suite, Rob déclare qu'il prendra la chambre parentale avec Sam.
— Je prendrai le canapé, ajoute le plus âgé.
Jacob et John se retrouvent alors dans la chambre avec les deux lits simples.
— On est les plus grands et on se tape les plus petits lits, soupire le brun.
— T'as qu'à demander à Rob d'échanger, répond le blond.
— Non, c'est bon, il avait l'air content d'avoir un grand lit...
Si les autres sont heureux, Jacob l'est aussi, ça a toujours été comme ça.
꧁꧂
— Voici comment on va s'y prendre, commence Patrick.
Tous debout autour d'une table, leur attention est fixée sur la carte de la ville disposée en son milieu.
— Notre informateur a perçu Marc traîner autour du cinéma de la ville. Comme d'habitude, ils vont observer la possible Dealementa durant deux semaines afin de voir quelles sont les personnes le plus proche d'elle, les personnes qu'elle aime le plus au monde.
— C'est qui cet informateur au juste ? s'enquiert Rob. Parce qu'à chaque fois tes informateurs sont vraiment nazes et on arrive trop tard.
— Il a pas tort, ajoute John. Tu nous l'as jamais dit.
Patrick soupire et passe la main dans ses cheveux.
— Mes informateurs, mh ? Juste un réseau de personnes dans le monde entier que j'ai connu au fil de ma longue vie. Et parfois... Cyrius les contacte avant et les menace. Ce qui nous vaut ces retards.
Jacob le scrute en silence, peu convaincu par son explication. Patrick ne dit pas tout. À dire vrai, il ne dit jamais tout.
— Cette fois, reprend le plus âgé, nous ne resterons pas dans l'ombre. Nous contacterons la jeune fille avant lui.
— Comment on saura laquelle c'est ? s'enquiert Jacob.
— Tout reposera sur Rob.
Le châtain se fige, les sourcils levés de surprise. Que tout repose sur lui a toujours été la dernière des idées.
— Comment ça moi ?
— Si la Dealementa a été adoptée en France, il y a de fortes chances qu'elle parle français, comme Amélia. Étant donné que tu es le seul ici à te débrouiller en français, tu vas interroger toutes les filles travaillant au cinéma, qui ont l'air d'avoir dix sept ans, en leur parlant français.
— Donc, si j'ai bien compris. Le plan repose sur Rob qui doit parler à des filles ? questionne Jacob.
— C'est foireux, conclut John d'un ton plat.
Les yeux de Sam naviguent de l'un à l'autre, écoutant attentivement, le cœur battant à grande vitesse. Il n'est jamais parti en mission. Cela le rend nerveux. Il espère se rendre utile.
꧁꧂
Dans les toilettes du cinéma, les garçons préparent Rob dont l'impatience les angoisse. Rob et les filles, c'est comme l'huile et l'eau.
— Vous inquiétez pas, je gère la fougère.
Les quatre autres le fixent avec confusion, ne comprenant pas le français.
— Ça sonnait comme une phrase débile, suppose John.
— Allez, on compte sur toi, déclare Pat'.
— Fais pas tout foirer, dit Jacob, un sourire d'encouragement planté sur le visage.
— Bonne chance ! s'écrie le plus jeune.
Robbert prend une grande inspiration et sort des toilettes. Il observe les alentours à la recherche d'une jeune femme. Il fait quelques pas pour s'adresser à la caissière, la saluant en français. Aux sourcils froncés qui arborent ses traits, elle n'a pas compris un mot.
Il change de cible, décorant son expression d'un sourire qu'il veut charmeur et recevant à chaque tentative un vent monumental.
Il commence à perdre espoir, l'envie de rejoindre ses amis aux toilettes ne fait que s'agrandir.
— Vous avez besoin d'aide ?
Ces mots français, prononcés avec un léger accent mexicain lui fait tourner les yeux vers son interlocutrice. Une brune au regard pétillant et à l'air gentil.
Pris au dépourvu, il hésite une seconde avant de reprendre cet air ringard qui lui a valu des râteaux depuis le début de son adolescence.
— Tu es française ?
— De naissance, oui, pourquoi ? Mais je peux parler anglais si tu préfères.
Il passe une main derrière son dos et lève le pouce en l'air afin d'indiquer à ses camarades qu'il a retrouvé la fille en question. Réalisant que sa mission est terminée, il décide d'entretenir ses intérêts personnels.
— C'est quoi ton nom ?
—Mathilda... Et toi ? demande-t-elle avec un brin de suspicion.
John, étant appuyé nonchalamment contre un mur, remarque le signe de Rob. Le blond retourne alors dans les toilettes pour prévenir les autres.
Tandis qu'ils s'avancent vers eux, Rob répond avec une pointe de malice à la jeune femme.
— Je m'appelle Rob mais tu peux m'appeler ce soir.
— Il peut pas s'en empêcher, soupire une voix stoïque.
Rob sursaute à l'entente de John, ayant presque oublié qu'ils comptaient le rejoindre.
— Excuse-le, ma jolie, déclare Patrick.
Mathilda, confuse, s'apprête à fuir. Un groupe d'hommes vient après tout de l'approcher. C'est terrifiant.
— N'aie pas peur, on aimerait seulement savoir si tu as eu l'impression d'être suivie ces derniers jours, tente de la rassurer Jacob.
— Suivie...
Le temps que les paroles en langue étrangère lui deviennent compréhensibles, elle observe autour d'elle pour soupeser ses options. Elle est sur son lieu de travail, ses collègues ne sont pas loin. Si ces individus s'avèrent menaçant, elle n'aura qu'à crier.
— Je ne crois pas non...
— Personne n'est venu t'interroger ? Un jeune homme asiatique, ajoute Patrick.
Elle écarquille les yeux. Les paroles du plus âgé provoquent l'arrivée d'un souvenir. Un homme asiatique... Oui. En effet, le comportement de l'homme lui avait paru étrange. Il posait beaucoup trop de questions personnelles qui la rendaient mal à l'aise.
Mathilda acquiesce avec nervosité.
Les garçons se lancent alors des regards entendus. Elle est sans aucun doute une candidate sur la liste de Cyrius. Et il n'est pas trop tard pour la sauver elle et sa famille.
— Cet homme va chercher à s'en prendre à ta famille, déclare Rob avec plus de sérieux.
꧁꧂
Il n'a pas été aisé de la convaincre, mais les explications un peu trop directes de Pat' accompagnées des mots rassurants de Jacob ont fini par porter leurs fruits.
Mathilda les conduit jusqu'à chez elle tandis que John cache leur présence grâce à son élément lié à la vue. Cet étrange phénomène qui les a rendus invisibles a participé à leur argumentation. Cette histoire de Furys n'est à l'évidence pas une invention.
Cependant, la jeune femme a toujours un doute. Ces hommes pourraient en vérité être ces ennemis.
Elle pousse la porte de son immeuble, tape le code et monte quelques marches. Derrière elle, elle ne voit personne mais est capable d'entendre leur pas contre les escaliers.
Quand elle débarque dans son appartement, elle se demande bien comment faire entendre raison à ses parents. Ce sont des gens méfiants, qui font rarement confiance aux inconnus.
Son père est assis sur le canapé, les yeux ancrés à la télévision. Il marmonne une salutation et lui demande si sa journée s'est bien passée.
Mathilda déglutit et balbutie quelques phrases en espagnol que les garçons ne comprennent pas.
Lorsque l'adolescente se tournent vers eux, John comprend qu'il est temps de désactiver son pouvoir. Il les rend de nouveau visible aux yeux du monde.
Le père sursaute, jurant dans sa langue natale. Mathilda tente de le calmer, débitant des explications qu'elle veut le plus clair possible. À son grand étonnement, il comprend rapidement.
— La Dealementa, dit-il simplement.
Les garçons le regardent, éberlués. Il connaît l'existence de la Dealementa.
— Mon père dit que... La femme qui m'a amené quand j'étais petite les avait prévenus qu'on viendrait me chercher. Qu'un être malveillant chercherait à prendre mes pouvoirs de Dealementa, traduit-elle.
Elle semble pensive, se demandant comment ses parents ont pu être au courant d'une telle chose sans lui en piper mot.
Patrick, lui-même, réfléchit. Si cette famille a été prévenue, cela veut-il dire que cette Mathilda est la Dealementa. L'auraient-ils trouvé avant Cyrius ?
Plus tard, lorsque la mère rentre du travail, elle a le droit au même discours. Et sa réaction ne se fait pas attendre, paniquée à l'idée de perdre son enfant.
— Nous sommes ici pour vous sauver. Ne vous inquiétez pas, prononce Pat'.
꧁꧂
Le plan repose sur les pouvoirs de John. La famille de Mathilda ne doit rien laisser paraître et ne pas chambouler son quotidien. En revanche, Jacob et John surveillent Mathilda à longueur de journée, invisibles.
De plus, chaque fois qu'un membre de la famille rentre le soir, John crée une illusion afin de faire croire à quiconque qu'ils pénètrent leur appartement, alors qu'en réalité, ils font demi-tour et se dirigent dans le bâtiment voisin, squattant dans un appartement vide.
Le blond est épuisé. Il n'a jamais tant utilisé son élément. Les autres s'inquiètent pour lui mais il affirme être capable de tenir le temps qu'il faudra.
A priori, Cyrius ne semble pas avoir remarqué leur présence puisque Marc continue à observer Mathilda de loin.
Celle-ci fait preuve d'effort surhumain pour cacher son angoisse. Selon les dires des garçons, l'attaque de Cyrius sera menée dans quelques jours. Or, ils ne seront pas dans leur appartement, il n'y aura que Patrick, Rob et Jacob. John et Sam demeureront, eux, avec la famille.
La jeune femme soupire et s'assoit sur le matelas de fortune dans lequel elle dort depuis une semaine.
Elle observe les alentours, ses yeux tombant sur Sam qui regarde par la fenêtre, l'air ennuyé, assis sur une chaise.
— Ils ne te laissent pas les aider.
L'adolescent jette un œil vers elle.
— Non. J'aimerais bien mais ils disent que c'est trop dangereux pour moi. Je suis plutôt là en observateur.
— Ça veut dire qu'ils tiennent à toi.
— Je sais, mais...
Il soupire, la mine boudeuse.
— J'aimerais leur être utile. Je suis plus un gamin.
La remarque fait sourire Mathilda. Sam ressemble sans aucun doute à un gamin.
— Dis-toi que tu nous tiens compagnie dans cet appart vide. C'est aussi utile.
Il hausse les épaules tandis que John s'avance vers lui. Le blond lui ébouriffe les cheveux et s'assoit à ses côtés.
— Patience Sam.
— On patiente pour quoi exactement ? Une fois que Cyrius aura mordu à l'hameçon et qu'il attaquera Pat' et les autres, il va se passer quoi ?
— Cyrius vient rarement en personne donc il y aura probablement que ses acolytes. On les mettra hors d'état de nuire et on s'enfuira avec Mathilda et sa famille.
— Ça paraît trop simple.
— Peut-être mais on a pas d'autres plans.
Mathilda les écoute en silence. La situation semble plus désespérée que ce que Patrick leur avait laissé entendre.
꧁꧂
Le temps passe atrocement lentement pour Sam. Il est le seul qui n'a pas le droit de sortir, passant ses journées et ses nuits dans l'appartement qu'ils squattent clandestinement. Quant à John, sa tête lui fait un mal de chien. Créer des illusions autour de cibles mouvantes est d'autant plus complexes que sur des objets immobiles comme il a l'habitude de le faire.
Il fait nuit noire dehors. La famille de Mathilda dort sur le grand matelas installé au centre de la pièce à vivre. Mais ce n'est qu'un sommeil léger. Ils attendent avec anxiété que l'épée de Damoclès vienne tomber juste à côté de leur tête ou bien vienne la trancher nette.
Un énorme bruit, presque comme une explosion, fige Sam, et réveille la famille ainsi que John. Cela vient du bâtiment voisin, leur maison.
— Il faut aller les aider ! s'exclame Sam.
— Pas question, on doit rester pour les protéger au cas où.
Sam sait qu'il a raison, ils ne peuvent pas laisser Mathilda et ses parents seuls. Tout de même, savoir que ses camarades se battent contre leur ennemis, non loin d'eux, lui enserre la gorge.
Le père de Mathilda attrape les trois revolvers cachés sous le matelas. Il en garde un pour lui et donne les deux autres aux femmes de sa vie.
Le silence qui suit le boucan est lourd d'angoisse. Ils ne peuvent qu'attendre, le cœur tambourinant dans leur poitrine. Sam n'a qu'une envie, tirer le rideau pour observer dehors mais s'y abstient. On pourrait les voir.
Soudain, des voix se font entendre dans le couloir. John pose son index sur ses lèvres et place un mirage tout autour d'eux.
— Ça doit être cet appartement Zach, fait une voix fluette.
Ils se retiennent de pousser un cri lorsque la porte se casse à la suite d'un énorme coup de pied venant d'un homme à la peau noire.
Sam est figé tandis que l'homme fronce les sourcils, balayant du regard la pièce mais n'y voyant que du vide, ni le matelas, ni les chaises, ni les personnes paniquées qui s'y trouvent. Seul John garde un semblant de calme. Il n'a pas le choix, leur survie repose sur eux.
— Alors, c'est là ? demande une blonde derrière lui.
— Y a personne.
— Pourtant, je t'assure que j'ai entendu des voix quand je suis passée à côté de la porte hier.
Zach soupire, il lève son bras gauche à la perpendiculaire, la paume tournée vers le sol. Le parquet craque et un morceau s'en détache.
Sam plaque sa main contre sa bouche pour ne pas respirer trop fort. Il tremble de tout son long.
C'est alors que le morceau de bois est envoyé à pleine vitesse dans leur direction. Sam observe sa course, il se dirige tout droit vers le père de Mathilda. L'adolescent ne bouge pas d'un iota et le père de famille est poignardé en pleine poitrine.
Les hurlements qui accompagnent les évènements dévoilent leur position. Leurs deux ennemis rentrent plus en avant dans la pièce, derrière l'illusion de John, la rendant inutile.
La victime gesticule au sol de douleur, du sang lui échappant de sa bouche tandis que sa femme et sa fille hurlent.
La blonde ricane et fait un pas vers elles. Cependant, la mère de famille lève son revolver et tire dans la tête de la femme qui meurt sur le coup.
Peu affecté, Zach soupire. Le voilà à devoir faire le sale boulot tout seul. Il fait voler de grosses échardes pour désarmer la mère et la fille.
John est trop épuisé par l'utilisation excessive de son élément, s'écroulant parterre. Quant à Sam, il est tout simplement glacé d'effroi.
Du sang. Du sang. Il y en a partout. Qu'est-il censé faire ?
Il lève des yeux larmoyants vers Zach qui ne lui accorde pas un seul regard. L'homme s'avance vers Mathilda.
Sa mère se précipite vers lui, mais d'un simple geste du bras, il l'envoie valser comme un insecte. Elle finit sa chute le crâne brisé contre le coin de la table sur laquelle ils avaient pris l'habitude de manger ces derniers jours. Son crâne est ouvert, sa cervelle visible, dégoulinante de sang. Sam a envie de vomir.
— C'est pas elle, marmonne Zach en remarquant qu'aucun pouvoir n'émane de Mathilda malgré la mort de ses parents.
Il s'abaisse pour ramasser l'un des revolvers et tire dans la tête de Mathilda. Les yeux de l'adolescente se révulsent et son corps s'écroule à côté de celui de son père.
Sammy tremble de peur et n'esquisse aucun mouvement lorsque Zach lève son arme à feu vers lui.
Publié le 11/08/2024
J'ai détesté écrire ce chapitre. J'arrivais même plus à faire des phrases correctes et j'arrivais pas à me motiver 😶. Je sais pas quoi dire, comment expliquer les choses. J'ai l'impression que rien n'est clair 😭. A la réécriture il va me donner du boulot celui-là.
Vous connaissez enfin la nature des pouvoirs de John.
Mathilda et ses parents ont pas tenu longtemps. Mais je suppose que vous vous y attendiez.
Sam va-t-il mourir ? Réponse au prochain chap.
Sinon, vous en avez pensé quoi du chapitre ?
Si vous êtes un peu perdus au niveau des persos, je vous rappelle qu'il y a une fiche personnages tout à la fin.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro