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΅ XXXIV ΅

"Oui, Dorémi ?"

Pierrot, téléphone dans une main et brins de fil de cuivre dans l'autre, s'appliqua à rester dans une immobilité parfaite le temps de répondre à son appel.

Son portable avait sonné alors qu'il arrangeait des morceaux de fil dans un équilibre précaire sur le prototype du cadre qu'il vendrait au père de Sharika, et il avait enfin trouvé une disposition qui lui convenait, mais qui impliquait d'avoir les mains prises — et pour utiliser son téléphone, il faut assurément se servir de ses mains, ce qui faisait que Pierrot était bloqué.

Dans un élan de désespoir, à cause de sa sonnerie de merde, sinon un élan tout court, il avait substitué sa main droite par son nez sur l'ouvrage, le temps de choper son téléphone dans sa poche arrière — position très cheloue à imaginer, et très cheloue de toute façon —, puis son nez par son avant-bras quand il eut posé son portable sur la table et qu'il fallut le déverrouiller — il a un téléphone vieux comme la reine Élisabeth, donc non équipé de Face ID ; d'ailleurs, il ne sait même pas que Face ID existe.

Et le voilà, penché n'importe comment, le nez pratiquement sur son écran, louchant sur les lettres du nom de son interlocutrice, en essayant discrètement de maintenir ces foutus fils en place, tout en cherchant une position plus confortable.

Un mercredi soir pendant les vacances, quoi.

"Coucou Pierrot, je ne te dérange pas ? Entendit-il très très fort, parce que son visage était assurément trop trop près de son visage."

Il leva les yeux au ciel devant cette question.

Si tu dérangeais, je n'aurais pas décroché.

Remarque que tu déranges quand même, mais au pire mes fils n'ont pas bougé alors tout va bien.

"Euh, bah, oui- enfin, non, non tu ne déranges pas, bégaya Pierrot, son cerveau ayant cessé de fonctionner dans cet instant crucial pour la suite de la conversation. Tu as besoin de quelque chose ?

— Oui, je voulais qu'on voie quelques détails pour la veillée de miséricorde dont on a parlé la dernière fois, expliqua la jeune femme, sa voix indiquant qu'elle souriait. Tu as un peu de temps ? "

... Vous connaissez Pierrot.

Et vous savez maintenant que même s'il n'a aucune foutre idée de ce qu'est une veillée de miséricorde, comme il ne veut pas passer pour le dernier des demeurés, il va faire genre qu'il a compris.

Parce que c'est Pierrot.

Et qu'il est bête.

"Ah, euh, bien sûr oui. Quels détails ?

— J'ai pensé à l'organiser pour le mercredi de la semaine prochaine, tu serais disponible ?"

Pierrot regarda — se tordit le cou pour regarder — son calendrier pas trop loin, et il vit que son mercredi était libre. En dehors du boulot qu'il reprendrait ENFIN, bien sûr.

"Oui, ce sera à quelle heure ? Répondit-il à Dorémi, d'une voix un peu bizarre à cause de la position de sa tête.

— On va la faire de dix-huit à vingt-trois heures, comme ça des gens pourront venir. Ça te paraît cool à toi ?"

Étant donné qu'il n'avait pas demandé et que par conséquent il ne savait pas ce que c'était, il émit un hmhmhhmmhmmhm équivoque, qui sembla contenter Dorémi.

"Tu penses pouvoir venir de quand à quand ?"

Jouons-la fine. Disons une heure, parce que je ne suis pas initié. Leur truc dure quand même cinq heures !

"Une heure, ce serait assez ? Je peux venir de dix-neuf à vingt. "

Il serra les dents, s'attendant à ce que sa réponse soit complètement à côté de la plaque, mais en fait pas du tout. Dorémi le félicita même de venir essayer aussi longtemps.

Inutile de préciser que Pierrot ne savait pas du tout dans quoi il s'engageait.

אבא

"Comment s'est passée ta semaine ?

— Bien, bien..."

Pierrot rejoignait tout juste Dorémi devant l'église Saint Cyprien, le mercredi d'après, et il ne s'était pas attendu à voir une file de gens attendre pour pouvoir entrer dans l'église.

"Mon cher Pierrot, que je suis heureuse que tu sois venu, lui sourit Dorémi avec sa fossette qui lui creusait la joue, lui créant une expression de joie terriblement communicative."

Ça veut dire que Pierrot sourit aussi, même s'il ne savait pas pourquoi et qu'il commençait à stresser.

"Eh bien chère Dorémi, pour l'instant je survis à l'expérience, sourit-il donc en retour, un peu nerveux. Quel est le concept de la veillée, déjà ?

— Tu verras, ce sera beaucoup d'informations au début, mais tu vas comprendre, lui assura Dorémi, l'entrainant dans la queue. À l'intérieur, on a deux activités de disponibles. J'ai demandé trois, mais l'église était trop petite alors on se contentera de deux ce soir."

Rien que ça c'était déjà trop d'informations, et le jeune homme était pourtant convaincu qu'elle n'avait pas commencé à expliquer.

"Tu vois, à l'intérieur, il y a une adoration en cours, lui dit-elle plus bas. Une adoration, c'est quand on se réserve un temps pour parler à Dieu, on lui confie ses problèmes, on le remercie pour ce qu'il fait pour nous au quotidien, tout ça. Tu lui parles, quoi. Pour si tu veux être assis, debout ou à genoux, c'est comme tu le sens, ne te force pas à t'agenouiller si tout le monde est à genoux. "

Tropd'infostropd'infos-

"La seconde activité proposée ce soir est une confession, continuait Dorémi sans s'apercevoir du malaise grandissant du jeune homme. Ça consiste en s'excuser pour tous les péchés qu'on a faits depuis la dernière confession en les prononçant à voix haute, pour montrer qu'on sait qu'on les a faits, et on fait ça pour pouvoir laver son âme, en quelque sorte.

— Mais je ne me suis jamais confessé, donc je dois faire ça depuis quand ? S'inquiéta Pierrot, qui avait une vague idée des merdes qu'il lui arrivait de faire mais qui doutait de pouvoir remonter aussi loin.

— Tant que tu dis tout ce qui te traverse la tête, considère que le reste est pardonné, lui sourit Dorémi. Mais si tu retiens volontairement quelque chose parce que tu en as honte, tu fous tout en l'air."

Pierrot blanchit. Mais alors il devait dire tellement de trucs gênants !

"Et je vais devoir dire toute ma vie à quelqu'un, ou c'est en solo ? Grimaça-t-il de désespoir.

— Tu dis tout à un prêtre. Il y en a quatre de disponibles, des queues ont été organisées pour que tout le monde puisse y aller. Quand tu as fini ton adoration, ou avant si ça te tente plus de commencer par la confession, tu va dans l'une d'elles et tu attends ton tour. Pour une confession, reprit-elle alors que Pierrot commençait vraiment à saturer, il faut prendre un petit temps de préparation avant, pour prendre le temps de se remémorer les péchés qu'on a fait. Si il t'en vient peu, ou que tu n'as pas envie d'y aller, sache que tu n'es pas obligé, rappela-t-elle en semblant cette fois remarquer que le délire ne le tentait pas du tout.

— Je vais pas y aller, et me garder la conversation, acquiesça-t-il, soulagé.

— On dit l'adoration.

— C'est pareil."

Ils se regardèrent une seconde et pouffèrent de rire. Quelle soirée. Pierrot était déjà fatigué d'être catho.

"Allez-y, vous pouvez entrer, leur annonça soudain la vieille dame qui servait de vigile à l'entrée.

— Merci, chuchota Dorémi en entrant dans l'église, suivie de Pierrot, qui se rendit compte d'à quel point une église pouvait être remplie."

Il y avait des gens partout. À genoux devant la zone de la table à prêtre, à genoux dans les chaises, debout dans les endroits où on est censé marcher... Il apercevait les fameuses queues à confessions dont Dorémi lui avait parlé et où il n'irait pas — décision rationnelle qui lui allait très bien —, et se rendit compte, en baissant le nez, qu'il ne savait pas du tout où son amie était allée. Elle avait tout bonnement disparu.

Il pensa un instant à l'appeler à mi-voix ou en chuchotant, mais il régnait un tel silence religieux — lol — dans l'édifice, pourtant rempli de gens, qu'il n'osa pas faire un bruit plus haut que l'autre. Et silence religieux, c'était peu dire. Pierrot avait rarement été exposé à un calme comme celui-là, c'était apaisant.

Il se rendit compte que tous les gens étaient tournés vers la table à prêtre, et ils lui faisaient vaguement penser à un tableau, tous concentrés comme ça sur un même truc. Ou à ses rêves, quand les gens suivaient Jésus comme une belle bande de moutons.

Éventuellement parce que ces gens sont littéralement en train de faire la même chose, railla Pierrot intérieurement en réfléchissant rapidement à un lieu où aller dans ce bâtiment.

Il avait tendance à oublier qu'il faisait des rêves encore plus cathos que ceux du pape.

Mais ni une ni deux, sa gêne d'être planté au milieu du passage le percuta, et il se dépêcha de partir vers quelque part avant que la vieille ne commence à le pousser parce qu'il prenait de la place.

Ce faisant, il regarda rapidement où étaient les gens, et il repéra un petit espace vide au bout d'une rangée de chaises — en fait, assez peu de chaises étaient occupées, mais comme il y avait cinq chaises vides entre chaque personne, il restait assez peu de place pour les nouveaux arrivants. Ça devait être pour ça qu'autant de gens étaient debout, d'ailleurs.

Il se faufila entre deux colonnes et s'assit sur la chaise qu'il avait repérée, tendu. Il avait peur que quelqu'un lui dise qu'en fait la place était occupée, mais comme au bout d'une minute personne n'était encore venu le mettre sur un bûcher, il se permit de se détendre un peu et d'observer son environnement.

Sur la même rangée que lui, il y avait une dame à genoux, en train de prier — comme tout le monde, mais Pierrot la détailla elle parce qu'elle était la plus proche — et cette activité avait l'air tellement profonde qu'un souffle calme avait l'air de se diffuser autour d'elle. Il se sentait réellement apaisé en la regardant.

Il arrêta quand même de la fixer, elle pourrait relever les yeux vers lui et ce serait gênant. Mais il avait eu le temps de voir que même si elle avait les yeux fermés, ses lèvres qui murmuraient des mots montraient qu'elle ne dormait pas, et lui se décida à l'imiter — quand on ne connaît pas, on se laisse guider —, mais avant de faire comme elle, il choisit plutôt de finir son inspection des lieux, et par inspection des lieux il entendait regarder ce vers quoi les gens avaient la tête tournée.

Sans surprise, c'était la table, mais Pierrot repéra un soleil en or dessus qui attira tout de suite son œil — il se faisait parfois la réflexion que son attrait pour les bijoux le faisait passablement ressembler à une grosse pie. Le soleil avait un rond pâle en son centre, et pour le coup, Pierrot ne sut pas trop déterminer si ça faisait partie du soleil ou pas, mais il trouvait la création jolie.

Pour adorer Dieu ils adorent un soleil, alors ? Et il est où, Jésus ?

Il choisit de ne pas trop se poser de questions et de commencer à prier, alors il ferma les yeux et chercha à faire le vide dans sa tête.

Il n'avait jamais prié de sa vie mais il se dit que ça pourrait être une bonne première étape.

Seulement garder les yeux fermés le perturba un peu beaucoup, et il se sentit rapidement observé de tous côtés, comme au centre d'une arène. Son cœur se mit à courir dans ses côtes, et il dut relever la tête, vraiment trop mal à l'aise comme ça.

Je vais regarder le soleil, ce sera mieux.

Il se sentit en effet beaucoup mieux comme ça. Mais il se demanda si c'était vraiment respectueux de rester assis. Alors il s'agenouilla. Mais il eut mal aux genoux alors il se rassit. Alors il se dit qu'il pourrait rester debout, s'il ne pouvait pas être à genoux. Mais un souvenir encore frais de lui debout toute la journée dans sa boutique lui vint en tête, et au final, il resta assis.

Que de choses, que de choses. Et toujours aucune prière.

Mais il ne savait pas prier ; il ne le faisait jamais que dans ses rêves, et encore, puisqu'il avait parfois plus l'impression d'être dans une colonie de vacances qu'avec des apôtres.

C'est pas le moment de penser à ça. Il fait quoi, Jésus, quand il prie ?

Il chercha brièvement dans sa mémoire, et il s'avéra que prier était une activité apparemment si facile que Jésus était systématiquement immobile et simple quand il le faisait, et avait la même allure que la dame pas loin de Pierrot.

Je suis donc fort nul. Il va me falloir bien plus d'une heure, ma pauvre Dorémi.

Il réessaya quand même de faire le vide dans sa tête, et y parvint à grand peine mais y parvint quand même, se calmant progressivement, en venant à ne plus rien percevoir autour de lui tellement il était plongé dans ses pensées.

De soudaines notes de musiques le firent brusquement sursauter, brisant le silence environnant. Pierrot sembla se réveiller, et se rendit compte qu'il était toujours sur sa chaise, dans une église froide, entouré de gens eux aussi surpris par les notes du piano électrique qui avait fait irruption au milieu d'eux.

"Excusez-nous, dit une dame dans un micro d'une voix douce, mais nous avons reçu quelques messages, et nous souhaitions vous les partager, même si cela n'était pas vraiment prévu."

Hein ? Des messages ?

Les gens autour de Pierrot cherchaient eux aussi à apercevoir la dame pour lui poser la question, mais elle reprit :

"Parmi nous se trouve une personne qui a subi beaucoup de violences conjugales ces derniers temps. Elle se reconnaîtra, car elle a hésité à emporter un sac avant de venir ici, et l'a regretté en passant devant un magasin qu'elle apprécie. Nous voulions lui faire savoir que son couple va s'arranger, et"

Qu'est-ce qu'il se passe ? Paniqua Pierrot en regardant autour de lui aussi nerveusement qu'un pigeon sur une place. Ils parlent de quoi ? Ils ont des oracles ? Ça existe, les oracles ?

"Une autre personne, continuait la voix douce de la dame sans savoir que Pierrot se demandait s'il était en fait arrivé dans une secte, s'est disputée avec ses parents dernièrement. Elle se reconnaîtra, car l'une de ses pinces à cheveux préférées s'est cassée ce matin. Sa relation avec ses parents va changer prochainement. "

Mais. Pardon. Comment elle sait tout ça ?

Savoir que des gens étaient ciblés par ces annonces le mit en état de stress. Il ne comprenait pas d'où venaient ces messages, vraiment trop précis pour que ce soit rassurant. Plusieurs autres annonces de situations qui s'arrangeraient passèrent dans le micro, toujours avec de doux accords de piano en fond, et toujours dans cette atmosphère mystique qui plaisait auparavant au jeune homme, mais qui l'angoissait maintenant plus qu'autre chose.

Enfin, les messages finirent par se taire, le piano aussi, et le silence retomba. Pierrot se calma progressivement, mais son esprit était toujours tourné vers ces messages, pondus par il ne savait qui. Il ne se sentait plus capable de prier.

Alors il se leva et enjamba deux-trois personnes qui étaient à genoux dans le passage, projetant de rejoindre sa boutique pour finaliser l'œil de Jésus. Au moment où il atteignait la porte de l'église, la voix de la dame se fit entendre à nouveau. Pierrot était poli, alors il écouta avant de sortir, histoire de ne pas passer à côté de quelque chose d'important.

"Excusez-moi pour ce message retardé, dit la dame d'un ton un peu plus pressé, pour ne pas empêcher les gens de prier plus longtemps sans doute. Une personne qui dort assez mal en ce moment, et dont le père est hospitalisé, recevra un appel de l'hôpital très prochainement. Bonne soirée à vous."

Et les enceintes se turent, les gens recommencèrent à prier, et Pierrot se demanda s'il pouvait s'agir de lui. Le"dort assez mal en ce moment" pouvait lui être accordé, mais en même temps, ses nuits n'étaient pas non plus épuisantes.

Bah. Salut, Dieu, songea-t-il en sortant, mettant ses mains dans ses poches.

Aussitôt dehors, son téléphone sonna.

Et c'était l'hôpital.

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