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΅ XVI ΅

Cette journée commençait bien.

Il s'était levé une demi-heure plus tôt à peu près, et il avait décidé d'aller laver son linge, qui s'entassait un peu trop à son goût dans son appartement — et son armoire était désespérément vide et le lui reprochait à chaque fois qu'il essayait de s'y servir. D'où sa décision d'aller laver son linge. Mais, en personne pas très fortunée — si, encore une fois, il avait l'héritage de sa mère, mais il préférait le garder pour plus tard —, il ne possédait pas de machine à laver. De lave-linge. Bref, de quoi laver ses fringues.

Alors, comme chaque mois, il ramassa toutes ses affaires sales qui traînaient partout dans l'appartement dans un grand sac qui pourrait passer inaperçu en ville, et descendit les escaliers de son immeuble, content d'aller au lavomatic au bas de sa rue.

En effet, c'était d'aller là-bas qui lui faisait sa journée. Pourquoi ? Parce qu'en tant qu'enfant de cinq ans et demi, il adorait regarder le linge tourner au milieu de bulles de savon pendant des heures.

Une cause perdue, oui. Il était si heureux qu'il sifflotait. Qui sifflote dans son immeuble à six heures et demie du matin en allant au lavomatic ? Lui.

Il s'était levé aussi tôt dans un but bien précis : commencer l'œil de Jésus dans son atelier, et déterminer comment il allait le faire, surtout. Dans la journée, quelques clients passeraient, mais Joseph, le stagiaire, s'en occuperait comme un chef — du moins Pierrot l'espérait ; perdre sa maigre clientèle ne lui assurerait pas un revenu financier très stable.

Cinq minutes de marche plus tard, il sortait son matériel de nettoyage — le petit pod de lessive qu'il expédia dans le tambour comme dans la pub, son linge, et son téléphone pour attendre — quand Joseph, justement, l'appela.

« Allô oui ? Répondit Pierrot d'une voix qu'on pourrait qualifier comme appartenant à un fumeur engagé ; il toussa discrètement pour faire partir ce son fort laid de sa gorge. Joseph ? »

Du bruit se fit entendre à l'autre bout du combiné, puis la voix fluette du jeune garçon se fit entendre.

« Allô, monsieur ? Demanda-t-il comme si Pierrot ne venait pas de lui signifier qu'il l'écoutait. Je ne sais plus à quelle heure je dois venir travailler et je n'arrive pas à retrouver ma fiche de stage... »

Pierrot retint un sourire. Joseph n'était pas méchant, plutôt terriblement naïf et juvénile ; il obéissait aux professeurs comme un mouton suivrait un berger, était toujours en avance de quelques minutes et se croyait en retard s'il dérogeait à cette habitude, faisait ses devoirs plusieurs semaines à l'avance, avait des excellentes notes et défaillait quand ce n'était pas le cas, tenait à ce que tout soit toujours parfait — un gramme de trop dans une recette de cuisine et c'était foutu —, et ne voulait jamais blesser personne, car il culpabilisait très vite.

Dit rapidement, Joseph était l'inverse complet du glandeur, et devait à l'instant se retenir de pleurer à cause de sa demande, qui le ferait assurément passer pour le pire des fainéants, déjà qu'il avait été absent une semaine... la preuve qu'il se préparait activement pour ce stage d'ailleurs : il était six heures quarante-cinq, et il cherchait déjà l'horaire auquel il devrait se déplacer.

« Tu dois venir pour huit heures trente, Joseph, le rassura Pierrot d'une voix douce. Ne stresse pas, on sera encore entre nous, et tu pourras m'assister sur l'un de mes projets aujourd'hui.

— C'est vrai ? S'extasia le jeune garçon dans le téléphone. »

Autre détail à propos de Joseph : il était passionné de bijouterie et des pièces d'orfèvrerie les plus compliquées et délicates. Il avait d'ailleurs confié à Pierrot que ce qui lui plairait énormément pendant son stage serait de l'aider, au-delà de le regarder travailler.

« Oui ! C'est une idée que j'ai eue il n'y a pas longtemps, j'en ai fait des croquis mais j'aurais besoin d'un avis extérieur pour me faire une idée de ce que ça rend, et je vais sélectionner mes matériaux, tout ça... Si à un moment tu t'ennuies, tu pourras aller au comptoir guetter l'arrivée des clients ou réorganiser la boutique, j'ai de nouveaux arrivages de pièces et de montages qui attireraient de la clientèle... »

Bon d'accord : c'était une journée chargée. Mais Pierrot adorait son métier, et savait que Joseph aussi ; sinon, jamais il ne l'ennuirait au téléphone comme ça.

« Trop bien ! Je ne peux pas venir plus tôt ? Se plaignit le garçon, faisant sans doute une tête de chien battu — ça faisait sa troisième semaine de stage, Pierrot commençait à le connaître.

— Je trouve que venir une demi-heure avant l'ouverture c'est déjà pas si mal, sauf si tu tiens à passer l'aspi, ricana le jeune homme, puisque c'était ce qu'il devait faire d'ici l'arrivée de son stagiaire.

— Ça pourrait être amusant, tenta de négocier le garçon.

— Non, Joseph, tu n'as pas le droit de venir plus tôt, déclara Pierrot, qui connaissait les horaires à partir desquels il avait le droit d'accueillir son stagiaire. Huit heures trente c'est déjà une fleur que t'a fait ton établissement, alors ne pousse pas plus.

— D'accord, alors à tout à l'heure, soupira le garçon dans le téléphone avant de raccrocher. »

Pierrot se laissa aller à sourire. Il aimait bien ce petit bonhomme. Quinze ans, toujours préservé de la puberté, innocent et volontaire. Un gentil jeune garçon.

Le recevoir en stage pendant la période scolaire était assez particulier, mais Joseph était de toute façon dans un collège et lycée professionnel, où les stages étaient longs et fréquents. Pierrot avait accepté de prendre Joseph chez lui pour tous ses stages de l'année après une réflexion plutôt longue, et s'était dirigé vers un oui d'une part parce que le garçon avait des étoiles dans les yeux tout le long de l'entrevue qu'ils avaient eue ensemble avec ses parents, et aussi parce que c'était son tout premier stagiaire, et que l'établissement s'était offert de le recommander plus tard à de futurs élèves, et qu'on ne dit pas non à un peu de notoriété.

Il jeta un œil à la machine à laver pour savoir combien de temps encore elle allait tourner, puis s'aperçut que pris dans son appel, il ne l'avait même pas lancée. Il marmonna un juron dans sa barbe inexistante et programma l'engin, qui lui annonça un nettoyage d'une durée de quarante-cinq minutes, ce qui était complètement négociable par rapport aux quatre heures qu'une autre lui avait proposé une fois — il avait été estomaqué.

Il se posa donc devant la machine à laver, et la regarda commencer à tourner en faisant un bruit d'enfer — il l'aimait bien cependant, ça calmait au moins le hurlement de ses pensées et le faisait réfléchir un peu.

La mousse envahit peu à peu l'habitacle, et le spectacle devint satisfaisant. Pierrot posa l'arrière de sa tête contre le mur derrière lui et planta son regard sur la vitre, ses pensées s'ouvrant tout de suite sur ses rêves. Mais comme il songeait sans le faire, ce furent juste des souvenirs et non pas des questionnements qui remontèrent en lui.

Il pouffa en se souvenant d'André se prenant les pieds dans un filet — et surtout du juron surpuissant qu'il avait poussé à ce moment-là, Jésus lui faisant les gros yeux —, et sourit en ressentant encore la fierté qu'il avait eue en étant le premier choisi par Jésus pour être l'un de ses apôtres.

Ces rêves lui apportaient en fin de compte de bons moments. Dommage qu'il ne puisse pas les partager.

Je pourrais le dire à Dorémi, mais c'est bizarre comme récit, et même, si ça ressemble à ce qu'elle étudie dans les églises, elle pourrait me questionner à l'infini sur mes rêves et au final ça me soûlerait de devoir lui faire des rapports...

Dans un sens, il voulait que ça reste son petit secret à lui, et que personne ne le sache. Égoïsme ou préservation personnelle, difficile de savoir.

La machine à laver bipa, et il se leva paresseusement, ouvrant le tambour pour prendre ses vêtements mouillés et les remettre dans son sac. Il les étendrait partout chez lui pour les faire sécher, le sèche-linge les abimerait alors non merci.

Les vêtements c'est cher, autant que ça dure longtemps.

Une fois fait, et une fois que son sac eut gagné cinq kilos de flotte par rapport à avant de passer à la machine, il tituba jusqu'à la porte du lavomatic, et manqua se ramasser quand quelqu'un l'ouvrit de l'extérieur, et que du coup il tomba à moitié dans le vide — non, cette merde n'avait pas de vitre pour voir ce qui se passait derrière.

« Oh pardon ! S'exclama l'orfèvre en sautant sur un pied pour essayer de récupérer son équilibre, son sac partant dans un sens et son corps dans l'autre.

— Est-ce que tout va bien ? »

L'inconnu avait un ton qui exprimait son désarroi et sa gêne de voir cette scène — Pierrot n'était pas viril et prompt à faire peur à cet instant, non non.

« Euh, oui, tout baigne, balbutia le brun en posant sa charge à terre après l'avoir stabilisée, essoufflé. Désolé, j'ai pas anticipé le fait que la porte s'ouvrirait.

— Ah bah désolé, pouffa l'autre. Bonne journée ?

— Merci, vous aussi, lui lança Pierrot avant de reprendre son sac et de recommencer la manœuvre pour ouvrir la porte, concluante cette fois, vu que personne ne jouait avec depuis l'extérieur. »

Il usa d'une technique de balancier avec le sac pour faire passer son corps dehors sans trop souffrir de son poids, et sentit dans le même temps son nez perdre vingt degrés en une seconde, ce qui le fit grimacer. Il faisait froid le matin, mais la chose regrettable était le vent qui transportait l'air gelé. Sans vent, une température négative est très supportable.

Comme sa rue de meeeeeerde était en pente, il dut la remonter avec sa charge, la tirant d'une manière très peu élégante mais efficace. Il fut rapidement en haut, épuisé mais content d'avoir fait une lessive.

« Oh, Monsieur Pierrot ! »

Il tourna la tête et rencontra le regard de l'une de ses jeunes voisines, Naomi, douze ans, qui venait chez son papa une semaine sur deux. Elle aussi avait une charge à monter — sa valise rouge un peu lourde pour ses petits bras —, et ils échangèrent un regard complice face à l'escalier sans ascenseur qu'ils devraient monter. Sans qu'ils n'échangent mille paroles, Pierrot prit la valise, et Noémie prit son sac de linge, et ils montèrent l'escalier l'un derrière l'autre, la petite devant et Pierrot derrière, histoire de la sécuriser si elle tombait.

Ils se rencontraient régulièrement devant l'immeuble lorsque Naomi venait ou partait, et comme elle habitait l'étage d'au-dessus de celui de Pierrot, il l'aidait régulièrement à porter sa valise, qui pesait une tonne parce que sa mère était trop prévoyante et avait peur que son enfant manque de quelque chose.

Les parents étaient au courant : il arrivait au jeune homme d'aller chez le père pour emmener Naomi à l'école ou l'en faire revenir quand le paternel était trop pris — il était chirurgien dans le CHU qui servait aussi de refuge aux étudiants de CUHA —, et il avait déjà rencontré la mère quand elle venait chez le père pour emmener sa fille.

« Tu vas bien ? Lui demanda-t-il quand ils furent à son étage à lui, et qu'elle posa le sac de linge à terre.

— Oui, et vous ? Votre travail est bien ? »

Naomi était gentille, pas comme certains éléments de la France de nos jours. Elle s'intéressait au travail de Pierrot, posait souvent des questions intéressantes, et voulait tout savoir sur tout. Elle n'avait pas vraiment de bonnes notes à l'école, car elle devait encore trouver la motivation pour les choses scolaires, qui ne l'intéressaient toujours pas malgré les supplications et tentatives de Pierrot pour la faire travailler.

« Ça va, oui, mon stagiaire va revenir travailler avec moi aujourd'hui, tu te souviens de lui ? Il s'appelle Joseph.

— Oui, il était parti ? Demanda la petite en fronçant les sourcils. »

C'est vrai qu'il y a deux semaines il était là, réfléchit Pierrot.

« Il était malade la semaine dernière, expliqua-t-il à l'enfant en reprenant sa marche vers l'étage du dessus après avoir enfermé son sac de linge chez lui. Tu viens ? Ton papa avait hâte de te voir ces derniers temps. »

Elle courut pour le dépasser avant qu'il ne s'engage dans l'escalier, et cette réaction le fit sourire. Il avait de la peine quand il pensait à cette séparation entre les parents, car il savait que Naomi adorait son papa et qu'elle aimerait y vivre toujours, mais que sa mère était incapable de le supporter lui, et qu'elle ne supporterait surtout pas la perte de sa fille.

Les couples c'est trop compliqué.

« Oh, merci Pierrot, lui sourit Xavier en le voyant arriver dans l'escalier, les bras autour de sa fille qui l'emprisonnait contre elle. Tu n'étais pas obligé de porter ses affaires jusqu'ici...

— C'est lourd pour elle, se défendit le jeune homme, et mon sac à moi était moins lourd, alors on a échangé. Et je porte sa valise jusqu'au bout.

— C'est gentil à toi. Qu'est-ce qu'on dit Naomi ?

— Merci Monsieur Pierrot ! »

Le sourire de l'enfant provoqua celui de Pierrot, qui lui fit un signe de main avant de redescendre à son étage pour étendre son linge.

Le vouvoiement était assez naturel chez Naomi, vu qu'elle était beaucoup plus jeune que lui, mais le 'Monsieur' n'était là que pour l'embêter parce qu'elle savait qu'il n'aimait pas qu'on l'appelle comme ça.

Chipie.

Alors, se dit-il en ouvrant sa porte et tombant sur son sac de fringues trempées. On va étendre ça.

Il se dirigea vers un placard pour en sortir un tancarville plié, qu'il essaya de déployer, mais sans grand succès — cet enchevêtrement de barres blanches était incompréhensible. Il n'en voyait même pas les pieds, merde. Il essaya un côté, se rendit compte que c'était l'autre, finit par le poser au pif et ça fonctionna.

Perfect. Du premier coup.

Ne restait plus qu'à poser le linge dessus.

אבא

« Monsieur ? »

Pierrot était en train de ranger l'aspirateur quand la voix de Joseph traversa l'air, un peu ténue car il ne la poussait jamais fort, de peur de se faire gronder peut-être. Lui, il vouvoyait Pierrot et l'appelait Monsieur parce qu'à ses yeux, Pierrot était professeur. Et qui tutoie ou appelle ses professeurs par leur prénom au collège ?

« Je suis dans l'atelier Joseph, viens, lui lança le jeune homme. »

Les petits pas timides du garçon vinrent à lui, et bientôt il enlevait son attirail d'hiver sur le porte-manteau, souriant de se retrouver dans cet atelier qu'il aimait tant.

« Ça m'avait manqué d'être ici, souffla-t-il, heureux. »

Pierrot sourit. Les ateliers lui avaient toujours fait ça, à lui aussi. L'odeur, les objets, tout était fascinant.

« Tu te souviens de ce qu'on doit faire, aujourd'hui ? Lui demanda-t-il gentiment. »

Le garçon pâlit.

« T'inquiète, t'inquiète, pouffa le jeune homme en voyant que le stagiaire s'apprêtait à bafouiller mille excuses. J'en ai oublié la moitié, moi aussi. Y'a pas de mal. »

Il se dirigea vers le carnet du comptoir, où tout était noté.

« Dans une heure on a le livreur qui passe pour déposer de la marchandise exposable, lut-il sur la feuille barbouillée de son écriture en pattes de mouche codée — elle était si moche que personne d'autre que lui ne pouvait la lire —, tu pourras t'amuser à placer des trucs dans la boutique du coup, il y a des petits objets et des meubles alors je t'aiderai, mais sinon tu feras à ton envie, et comme projet, je dois te montrer mon croquis pour que tu le corriges, et on choisira les matériaux ensemble. Ça te va ? »

L'air autour de Joseph pétilla tant il était content.

« Oui !

— Et tu iras dans la boutique une heure ou deux après manger pour recevoir des clients, j'ai des ouvrages à rendre, c'est toi qui les accueilleras, ça te va aussi ? »

Un peu moins d'enthousiasme — il n'avait rien contre les clients, mais il était timide.

« Euh, oui...

— Je serai à côté. N'oublie pas, c'est quand même moi qui ai fait les trucs, mais c'est toi qui dis bonjour et qui m'appelle. Au besoin, si la personne donne son numéro d'emblée, tu me le donnes à moi et je prends sa commande en passant. Okay ?

— Okay, murmura le garçon, terrorisé à l'avance.

— Tout va bien se passer, le rassura Pierrot en se mettant à sa hauteur — Joseph était assis, et en plus il était tout petit. Ce sera cet après-midi, tu as le temps de ne plus y penser. D'ici là on a mon projet à regarder. Ça te va toujours ?

— Oui ! »

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