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΅ V ΅

« AH ! »

Pierrot se redressa, en sueur, épouvanté. Il regarda vivement autour de lui, mais plus personne. Plus de vieux en toges, plus de gens penchés sur le groupe des vieux, plus de Marie, plus de Joseph, plus de Temple.

Plus de Jésus.

À l'évocation mentale de ce nom, tout son corps se tendit, et il ne put réprimer le puissant frisson qui le secoua de la tête aux pieds, si fort que la tête lui en tourna. Le regard que cet enfant lui avait adressé n'avait rien été de plus qu'une observation brève du gars qui se tenait à côté de ses parents, mais lui l'avait ressenti comme un coup de massue.

Ce petit Jésus était enfant, mais ses yeux étaient déjà si... si...

Apprends à penser, moi-même, tu ne me sers à rien , soupira Pierrot en lui-même en balançant ses pieds hors du lit, apercevant sur son téléphone qu'il était bientôt sept heures — soit l'heure idéale pour se réveiller.

Il fit son rituel du matin, comme tous les matins, en s'habillant, mangeant et faisant un brin de toilette, mais il fit toutes ces actions comme ralenti, mis en veille. Il ne s'aperçut même pas, en sortant, qu'il avait oublié ses clefs, par exemple. Et pour cause : sa tête était entièrement tournée vers ce qu'il avait ressenti en croisant le regard de l'enfant.

C'était indescriptible. Pas sa réaction physique, mais bien ce qui s'était passé dans son cerveau. Il avait depuis l'impression d'être complètement vide, un vide qu'il n'avait que faiblement ressenti auparavant, et qu'il avait essayé de combler avec cette histoire de speed dating, mais qui lui apparaissait maintenant comme... un gouffre sans fond. Impossible à combler.

Il se sentait avoir un trou dans le cœur.

Et il sentait au fond de lui que c'était ce regard-là, ce qu'il y avait dedans qui l'avait autant bouleversé, qui lui avait fait voir ce trou, mais aussi qui lui avait montré cette... présence, ce truc immense débordant de sagesse.

Mais écoute-toi penser, imbécile, on dirait un reportage ennuyeux sur comment j'ai fait ma conversion, se morigéna Pierrot en passant le seuil de sa boutique. C'est un RÊVE. Jésus Christ est MORT, il y a DEUX MILLE ANS, et c'était un PROPHÈTE qui a marqué son temps. C'EST TOUT.

Il choisit d'ignorer son cerveau en train de lui hurler qu'il se trompait — ses poils s'étaient hérissés sur ses bras rien qu'en pensant cette phrase — et saisit le carton contenant le cadran solaire qu'il devait apporter à son client. Il vérifia d'abord qu'il n'avait aucun message sur sa boîte mail lui demandant d'annuler, ou que malencontreusement ce client serait mort pendant la nuit et n'aurait plus besoin d'être livré, mais non, rien — il n'avait envie de voir personne, pourrait-on le lui reprocher ?

Comme le carton était tellement lourd qu'il allait se défoncer le dos en tentant de le soulever sans le déchirer, il choisit de le placer dans une caisse un peu plus tangible, qu'il allait pouvoir poser dans le coffre de sa camionette de service — il prit soin de l'attacher pour ne pas qu'elle valse à travers toute la surface du véhicule —, en espérant que le client arrête de changer d'avis sur la disposition des joyaux qu'il désirait sur son objet de collection.

Une fois arrivé, il se fit une joie de revêtir son plus beau masque de faux-sourire, face à un client catastrophé de ce qui était arrivé à sa possession — en même temps, mettre autant de pierres brillantes c'était moche, mais Pierrot avait tenté de faire au mieux avec le cahier des charges qu'il lui avait donné. Le client renvoya une fois de plus l'objet pour le modifier, en avertissant Pierrot qu'il finirait par changer de commerçant s'il n'arrivait pas au résultat qu'il voulait, et celui-ci se mordit vivement la langue pour se retenir de l'insulter — en même temps, huit fois qu'il allait le voir, huit fois qu'il se faisait rembarrer, parce que le bonhomme ne savait même pas ce qu'il voulait et se contredisait un peu plus chaque fois qu'il recommençait sa commande.

En bref, quand Pierrot revint chez lui avec un cahier des charges long comme le bras, et un cadran solaire de merde à recommençer dans le coffre, il était d'une humeur massacrante. En plus il y était resté des heures, parce que le bonhomme l'avait retenu pour lui montrer ce qu'il voulait VRAIMENT — et désolé de vous le dire, monsieur, mais vous me cassez les couilles.

Pierrot déchargea donc son véhicule en posant le cadran solaire un peu plus brusquement que prévu sur sa table, mais il s'en fichait parce qu'il en avait marre, de toute façon. Il saisit son calepin pour tenter de se distraire en recopiant toutes les parures qu'il avait imaginées pendant la nuit, mais là encore, impossible de se changer les idées, il gribouillait n'importe quoi et s'énervait contre son crayon, qui souffrait de sa mauvaise humeur en faisant des traits moches.

Finalement, il donna un gros coup sur sa table — qui fit vibrer tout ce qui se trouvait dessus — en soufflant, soufflant ensuite activement sur sa main qui avait souffert de ce petit accès de rage. Simultanément, la clochette du comptoir sonna, et il dut se diriger vers le côté boutique pour recevoir ses clients, tout en secouant sa main endolorie.

« Oui bonjour, que puis-je faire pour vous ? Demanda-t-il poliment en voyant une damoiselle devant la caisse. »

Il rangea sa main écarlate derrière son dos pour rester digne, et se concentra sur la cliente.

« Euh, bonjour, bafouilla la jeune dame en rougissant, je- euh- enfin, je suis là pour- euh- vous faites bien des réparations ? »

Pierrot haussa discrètement un sourcil face à autant de gêne, puis sourit plus, essayant de la mettre en confiance — curieusement, ça eut l'effet inverse.

« Oui, vous avez quelque chose à restaurer ? S'enquit-il gentiment en essayant de comprendre pourquoi elle était aussi rouge — aussi rouge que sa main tiens donc ; oui, il avait mal. »

Elle bégaya à plusieurs reprises, ne sachant pas comment s'exprimer, puis finit par se taire complètement, écarlate, ses mains se tordant nerveusement, ne sachant même pas où se mettre tellement elle semblait embarrassée.

« Excusez-moi, il y a un problème ? Demanda l'orfèvre en s'inquiétant un peu de cette réaction. Vous avez besoin de quelque chose ?

— Euh, oui, je... réfléchit la jeune dame en perdant ses yeux noirs dans ceux, apparemment sublimes si elle y resta longtemps, de Pierrot. J'ai un bijou, qui appartenait à ma grand-mère, à faire restaurer. Et je me demandais si vous pourriez le faire. »

Elle souffla du nez d'un air victorieux en constatant qu'elle avait réussi à s'exprimer sans bégayer, et Pierrot lui sourit encore plus de voir qu'elle ne venait pas que pour des renseignements — son salaire était en jeu.

« Vous l'avez avec vous ? L'encouragea-t-il à continuer.

— Oui, c'est dans mon... euh... »

Elle se sentit observée d'un air intéressé — forcément, Pierrot venait d'apprendre qu'il allait pouvoir restaurer un bijou, et il ADORE les bijoux — et perdit ses mots.

« Voilà, murmura-t-elle en sortant un long collier de sa poche, avec une grosse pierre brillante au milieu. »

Sans le toucher, l'orfèvre voyait déjà que les pattes censées tenir le joyau étaient abimées et qu'il en manquait plusieurs ; également, la dentelle métallique qui l'entourait était tordue et un peu rouillée, la chaîne qui supportait l'ensemble étant elle aussi un peu sale.

« Vous demandez beaucoup pour une réparation ? Demanda la jeune femme, un peu plus assurée maintenant qu'elle voyait l'attention de Pierrot complètement sur autre chose. Je suis étudiante...

— Honnêtement, c'est vous qui choisissez le prix, dans le sens où c'est vous qui me dites quoi réparer, lui répondit l'orfèvre sans quitter le bijou des yeux. Si en revanche je vous dis moi tout ce qu'il faut refaire pour qu'il soit comme neuf, ça peut monter assez vite. Qu'est-ce que vous n'aimez pas dessus ? »

Elle regarda le pendentif — malgré sa maîtrise, Pierrot ne pouvait s'assurer que le diamant central était vrai avec la distance qui le séparait du bijou — puis redirigea son regard dans celui de son interlocuteur, avant de le rebaisser sur ce qu'elle avait dans la main, rougissant une fois de plus.

« Je n'y connais rien, mais... le contour, là, il est tordu, expliqua-t-elle en montrant la dentelle. Et la pierre, elle bouge quand je la touche, mais je ne veux pas qu'elle tombe, donc il faudrait... solidifier ? Et puis la chaîne n'est pas très belle, je crois qu'elle est rouillée. Vous pourriez refaire tout ça pour pas trop cher ?

— Je ne sais pas ce que vous appelez cher, mais d'une manière générale je fais en sorte de rendre les réparations accessibles, je suis le premier à me plaindre des réparations excessivement chères par rapport à l'achat de base quand il s'agit d'un appareil électronique, pouffa-t-il doucement, tout en analysant le bijou qui se balançait doucement au bout de la main de la jeune femme. Pour ce que vous me dites de faire, j'en aurais pour une vingtaine d'euros, mais si je m'écoutais, on en aurait pour une cinquantaine. Après tout, il est en bon état par rapport à ce que j'ai déjà dû remettre à neuf, frissonna-t-il involontairement en repensant à son cadran solaire de ghrjfkfndzjkfbsdkjfb. Qu'est-ce que vous préféreriez ? »

La jeune femme rougit à nouveau — dommage, elle avait retrouvé un teint normal — quand le regard de Pierrot retrouva le sien, pour la première fois depuis qu'il avait le bijou sous les yeux.

« Je- Qu'est-ce que vous pensez qu'il faille refaire d'autre, pour monter jusqu'à cinquante ? Demanda-t-elle, intriguée. Ça reste abordable, alors je vous paierai sans doute pour tout refaire, mais... je ne vois pas ce qu'il y a d'autre.

— Puis-je ? Quémanda l'orfèvre avec un geste doux, recevant le bijou dans sa main. »

Il l'examina une petite seconde puis sortit sa lunette pour observer le diamant.

« Alors, maintenant je que le vois de plus près... marmonna-t-il en examinant attentivement la pierre peut-être précieuse. Vous voulez que je vous liste tout ce qu'il faudrait arranger ?

— S'il vous plaît, oui, ça m'intéresse, avoua la jeune femme en s'approchant un peu du comptoir pour le regarder, penché sur le collier. »

Pierrot ricana intérieurement quand il se dit que cette formulation ressemblait à 'cause toujours, tu m'intéresses', mais ne dit rien de déplacé, soulagé de voir la cliente se détendre.

« Alors déjà, cette dentelle, elle m'a l'air d'être en métal pas ouf, on peut voir qu'il s'est oxydé, montra-t-il en mettant son ongle sur une partie piquetée d'orange de ladite dentelle. Dans le cadre d'une restauration, je ne peux pas y faire grand-chose, si ce n'est purifier le métal au maximum et le barder de produits inoxydants, qu'il faudrait remettre régulièrement. La chaîne qui accompagne le bijou est rouillée, vous avez raison, et c'est pourquoi je lui ferais subir un traitement similaire, pour lui redonner du lustre, un petit peu. La pierre... est vraie, analysa-t-il avec une technique qui n'appartenait qu'à lui, mais elle n'est pas si précieuse que ça, dans le sens qu'elle a beaucoup de valeur, s'entend. Ce doit être du Quartz blanc. Je vois qu'il a été peint à l'arrière, et c'est moche, donc personnellement je l'enlèverais, même si c'est vous qui me dites quoi faire, et il faut aussi, comme vous l'avez vu, changer les pattes qui sont démises. Ah, j'oubliais : la dentelle est à redresser, aussi. Des questions ? S'amusa-t-il en constatant que la jeune femme en face de lui avait totalement bu ses paroles.

« Euh- N-non non, bafouilla-t-elle en manquant visiblement défaillir en voyant le sourire du jeune homme. Du coup ça ferait une cinquantaine d'euros ?

— Oui, c'est ça.

— Vous en auriez pour combien de temps ?

— Votre créneau sera le mien, je n'ai pas beaucoup de commandes en ce moment, sourit Pierrot en éclipsant le cadran solaire de sa pensée. Quand pourrez-vous revenir ?

— La semaine prochaine ? Hasarda-t-elle sans vraiment savoir elle-même quand est-ce qu'elle repasserait. Le mardi. Je viendrai dans le début de l'après-midi.

— C'est noté, acquiesça l'orfèvre en inscrivant ça dans son agenda. Votre nombre favori ? »

La jeune femme le regarda, un peu dépassée.

« Pardon ?

— J'ai un système d'identification de commandes par nombres, et je ne les choisis pas moi-même, sinon je me mélangerais moi-même mes commandes, s'expliqua-t-il sous son regard désabusé. Donc je demande à mes clients leur nombre fétiche, et leur objet à faire ou à réparer est désigné avec le nombre qu'ils ont choisi. Si vous n'avez pas de nombre particulièrement apprécié, vous pouvez m'en dire un au hasard.

— Vous n'avez pas peur que j'en dise un déjà pris par quelqu'un d'autre ? Hésita la demoiselle en baissant les yeux.

— Pas de risque, les nombres sont infinis, lui sourit Pierrot, espiègle. Alors, un nombre ?

— Disons... le trente ?

— C'est noté, voici donc notre commande numéro trente, conclut Pierrot en refermant l'agenda du comptoir. Vous pouvez sortir, si vous voulez.

— Merci, rougit la cliente en se dirigeant effectivement vers la porte. À la semaine prochaine... »

Elle n'attendit pas que le jeune homme lui réponde et sortit, le laissant rasséréné et dans un état d'esprit bien plus calme qu'avant sa venue. Il balada son regard dans sa boutique quelques instants, puis partit dans l'atelier en faisant des bruits de bouche bizarres — piou piou piou piou piou.

Il s'assit devant son calepin, toujours sur la grande table, à côté de son crayon injustement calomnié tout à l'heure — en même temps il n'écrivait pas bien le bougre —, puis décida de reprendre son activité, se perdant dans une longue séance de dessins exubérants et détaillés, traçant des tiares, et des parures toutes plus riches les unes que les autres.

« PIERROOOOOOOT, hurla soudain une voix joueuse dans la boutique. »

L'artisan sursauta violemment et en lâcha son crayon — que de violence envers ce truc en bois aujourd'hui.

« Oui, que puis-je faire pour vous ? Répondit-il en passant côté boutique. »

Il ne fut qu'à moitié surpris de voir Dorémi, penchée sur ses créations exposées un peu partout dans la pièce.

« C'est toi qui as fait tout ça ? C'est super beau, on dirait un vrai, le complimenta-t-elle en observant une caravelle toute faite de bronze, et ornée de quelques pierres précieuses discrètes, les détails qu'elle comportait la faisant presque loucher tant ils étaient minuscules — il s'était amusé à reproduire les marins et l'intérieur des pièces du navire, qui étaient visibles seulement si on prenait la peine de s'y pencher.

— Disons que j'ai du temps à perdre, sourit le jeune homme en la rejoignant. »

Elle ne répondit pas, absorbée dans sa contemplation. Puis elle passa à l'œuvre d'à côté, ou plutôt production, beaucoup plus imposante, qui se trouvait être une vallée des Alpes — elle lui avait été inspirée par le film Belle et Sébastien, mais chut —, dont les détails s'enfonçaient jusque dans un décor montagneux comportant quelques rivières.

« Mais ça t'a pris combien de temps cette... balbutia Dorémi qui n'avait juste plus les mots.

— Je... ne sais plus, mentit le jeune homme pour ne pas lui faire peur. »

Un mois.

« Mais si, tu t'en souviens forcément, c'est le plus gros truc ici ! S'entêta la jeune femme en remarquant le regard fuyant de son vis-à-vis. Combien ?

— Quelques mois, avoua l'orfèvre en jouant avec ses pieds. »

Elle en resta ébaubie.

« Est-ce que tu es une machine ? Le regarda-t-elle bizarrement. Tu as réussi à faire en quelques mois un décor entier, avec des pierres, des broussailles, des maisons, leur intérieur, des gens dedans et dehors qui se baladent, qui font, pardon de te le rappeler hein, mais pas plus d'un centimètre de hauteur, avec des rivières au milieu et des montagnes derrière, tout ça dans une grande coque où on peut voir un ciel étoilé au plafond ? Ce truc prend une place folle, et doit être super cher, et toi tu l'as fait en quelques mois ?

— Oui ben ça va, j'avais envie, marmonna le jeune homme, qui se sentait comme un petit garçon. Quand je suis motivé je compte pas les heures, c'est tout. Je dormais pas la nuit.

— Et tu es toujours vivant, ironisa l'étudiante en haussant un sourcil.

— C'est vrai ! S'exclama Pierrot, vexé qu'elle ne le croie pas. J'avais trop l'envie de l'avancer pour aller dormir, alors je l'avançais et je ne dormais pas. Par contre, il m'arrivait de faire des siestes.

— Sans blague, murmura Dorémi pour elle-même en se penchant encore une fois sur l'œuvre. Oh, c'est un chien que tu as fait, là ? »

Il se rapprocha d'elle pour voir ce dont elle parlait. Et c'était les figures miniatures de Belle et Sébastien.

« Ouais. Tu viens ? Lança-t-il pour qu'elle ne lui pose pas plus de questions sur le chien — la fin de l'histoire lui restait en travers de la gorge. Ce sera plus confortable pour parler si on va dans l'atelier.

— Je te suis, sifflota-t-elle en reculant de l'amas de métal précieux, jetant un dernier regard autour d'elle pour capter un maximum de choses avant de passer la porte du fond. Oh, c'est moins orné ici, remarqua-t-elle en soulevant ainsi la triste allure de son atelier — même si lui l'aimait bien comme ça, il s'y sentait bien.

— Les clients n'entrent en général jamais ici, dit simplement l'artisan en allant s'asseoir à sa place habituelle. Ici, on bosse.

— Ça je veux bien le croire. C'est quoi, ça ? S'intéressa Dorémi dès que son regard eut croisé la carton posé sur la table.

— Ouvre et tu verras, fit Pierrot en haussant les épaules. »

Il en profita pour reprendre le cahier des charges, qu'il avait posé sur son bureau, commençant à l'éplucher pour essayer d'en faire des croquis.

« Oh, mais tu m'en avais parlé de ce cadran solaire, se souvint la jeune femme en regardant dans le carton. C'est vrai qu'il est moche comme ça. Beaucoup trop de trucs.

— C'est drôle, le gars qui me l'a demandé m'a dit la même chose en me le renvoyant, soupira Pierrot en lisant la liste de choses qu'il voulait à présent sur sa pièce de collection.

— Ouch. Tu y avais passé combien de temps ?

— Au total, ça doit faire deux mois, étant donné que c'est la huitième fois que je le refais, râla le jeune homme en froissant un peu ses papiers. Et si je me rate encore une fois, il passe le travail à quelqu'un d'autre. Sans me payer, bien sûr.

— Mais c'est du vol ! Protesta Dorémi. Il doit te payer !

— Oui, mais s'il décide de nommer quelqu'un d'autre en tête de file, moi je risque de ne rien avoir du tout, exposa le brun à son amie. Quelqu'un d'honnête le ferait, mais lui ne l'est sans doute pas assez pour daigner s'en souvenir.

— Il te doit combien, pour l'instant ?

— Bah, cher, soupira Pierrot en haussant les épaules. J'ai même pas envie de regarder.

— Je te comprends, tu veux que j'aille lui mettre une patate ? Proposa l'étudiante avec une bonté si honnête que son vis-à-vis eut du mal à le lui refuser.

— T'inquiète. »

Il reprit sa lecture et commença quelques ébauches indécises, son inspiration commençant sérieusement à être à sec avec ce même foutu cadran solaire. Il avait tout essayé, et puis non, encore un mur. Le pire, c'est qu'à chaque fois, il avait envoyé un mail, et même plusieurs, de vérification, que ce soit en dessin, en 3D ou avec des mots. Le gars avait toujours approuvé.

« Ça me fait quand même penser à Sainte Faustine ton histoire, lança Dorémi au bout de quelques minutes de silence à visiter l'atelier et à le regarder dessiner.

— J'ai une tête à m'appeler Faustine ? Râla Pierrot, maussade.

— Non, mais, l'histoire, c'est que Jésus est venu la voir et lui a demandé un tableau de lui. Le problème, c'est qu'elle, elle était religieuse, et pas peintre, et elle savait à quoi ressemblait Jésus du coup, mais elle ne savait pas comment se débrouiller pour le représenter fidèlement et parfaitement pour le montrer au monde. Du coup, elle a fait appel à un peintre, mais à chaque fois qu'il lui montrait la toile elle avait envie de pleurer tellement ça ne ressemblait pas du tout à Jésus. Au final, elle est restée à côté de lui pour le voir peindre et le corriger quand il faisait une bêtise, parce qu'il avait menacé de se barrer à force de devoir recommencer le même tableau à chaque fois.

— Jamais de la vie je revois ce mec en-dehors de chez lui, s'opposa directement Pierrot en comprenant ce que voulait lui dire la jeune femme. Il est super riche et tout le temps en voyages d'affaires en plus, les huit fois où je l'ai vu c'était les huit seules fois où il est rentré chez lui à cause de la commande.

— Mais tu ne peux pas risquer de rester impayé ! S'entêta la jeune femme en s'approchant de lui. Je suis sûre qu'un ouvrage comme ça, ça prend longtemps à faire. »

Il ne put la contredire et haussa les épaules, décidé à ne pas revoir ce type.

« Tu es vraiment têtu, souffla-t-elle en constatant son silence boudeur. Tu veux qu'on aille faire un truc, pour te distraire ? Tu n'arriveras pas à faire quelque chose qui te plaise si tu l'abordes avec cette tête.

— Quelle tête ? Releva le jeune homme en la relevant à peine, croisant son regard amusé.

— La tête du 'si tu l'ouvres je t'en fous une'.

— Bon d'accord, on sort, soupira-t-il en lâchant son crayon dans la seconde. Tu as une idée d'où aller ?

— Prendre le goûter me parait être une bonne idée, proposa Dorémi en s'accrochant à son bras. »

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