΅ ΧΧΙV ΅
Pierrot ouvrit les yeux en sentant un truc froid comme la mort lui tomber sur le front.
« Ah ! Tu m'as fait peur ! »
Sa vision se précisa assez pour distinguer sa chambre, mais son cerveau avait déjà reconnu la voix de Niall, et cette information était franchement déroutante.
« Niall ? Grogna-t-il avec une gorge partie faire la guerre. Qu'est-ce que tu fais là ? »
Il se redressa dans son lit, vérifia que c'était bien son lit, et se rendit à l'évidence que Niall était chez lui, alors qu'il ne lui avait jamais permis d'entrer et que même, pourquoi il dormait ?
« Tu t'es endormi à l'hôpital hier, et depuis tu as beaucoup de fièvre, raconta l'irlandais en s'asseyant sur une chaise qui trainait pas loin du lit. C'est en train de baisser. J'ai appelé un docteur de l'hôpital pour qu'il vienne te voir ce matin, et il m'a dit que tu as une très très grosse grippe, et une fatigue sans doute due au surmenage. Tu te surmènes ? »
Alors. Attends. Trop d'infos.
« Tu as appelé un médecin ? Mais comment il est entré ? »
Niall sourit. Pierrot ne sut pas trop s'expliquer pourquoi ; peut-être se moquait-il de sa tronche au réveil — et il aurait raison, Pierrot lui-même faisait régulièrement la même chose.
« J'avais tes clefs, que j'ai confiées à tes voisins le temps de mon absence, et ils ont fait des rondes pour s'occuper de toi. Leur petite fille était très enthousiaste, mais ils ne l'ont pas laissée descendre je crois, enfin, tu verras ça avec elle. Je t'ai ramené ici vers dix-huit heures hier, et depuis tu as eu des semi-consciences, mais pas de réel réveil. Ce matin, j'étais chez moi, mais j'ai chargé un ami à l'hôpital qui a toutes les qualifications qu'il faut pour diagnostiquer une maladie courante de venir te voir, et il a conclu que tu as une grippe carabinée causée par du surmenage ou une fatigue émotionnelle. »
Niall parlait très lentement, et c'était tant mieux ; entre son accent et le mal de tête de Pierrot, détecter des mots sensés devenait compliqué.
« Je suis revenu il y a une heure, pour apporter un cadeau de Noël à tes voisins et venir te voir, prendre des nouvelles... et tu es réveillé. Je peux prendre ta température ? »
Pierrot acquiesça mollement en se laissant retomber sur son oreiller. Mais après deux secondes, il réinstalla son oreiller de manière à ce qu'il soit face à Niall. Assis, quoi. Niall, de son côté, avait eu le temps de se saisir d'un thermomètre et le lui plaça sous l'aisselle, qui évidemment dégagea une puanteur pas possible aussitôt soulevée.
« Je suis désolé, toussa Pierrot de gêne, tout en rougissant parce que c'est un gars viril. Il est quelle heure ?
— Seize heures. Je suis venu ici aussitôt qu'Harry est parti en expédition avec un pote, et que j'avais mis mon pain d'épices au four. Tu as dormi une journée en tout. »
Trop d'infos cheloues pour le plus jeune — il lui semblait qu'il était plus jeune — ; il ne rebondit donc pas du tout et laissa un petit silence s'installer. Flemme de faire un 'hmmhm' de convenance, aussi.
« Tu as moins de fièvre qu'hier ! S'extasia l'irlandais après une minute. On est à 39° !
— Trente-neuf ? Mais j'étais à quarante-cinq ou quoi ? Hallucina Pierrot.
— Quarante-et-un au début, puis tu es monté jusqu'à quarante-trois cette nuit. »
Est-ce que c'est humainement possible de monter jusqu'à quarante-trois sans mourir ?
« Quelle est ta température corporelle habituelle ?
— Trente-six quatre... »
Pierrot avait un corps froid, ouais. Et se prendre autant de degrés dans la face n'avait rien de normal.
« Mais je reviens à ma question : tu te surmènes au travail ? Tu as une vie émotionnelle stable ? »
Oui bah demande-moi si j'ai une vie sociale aussi, pas comme si elle existait celle-là.
« Ma vie émotionnelle est... compliquée, réfléchit le jeune homme en songeant à ses rêves destructeurs de paix intérieure. Et je ne sais pas si je me surmène, je bosse juste... »
Le regard de Niall était... wtf. Voilà. Il avait pitié mais il était moqueur, il se demandait comment on ne pouvait pas faire la différence entre le bien et le trop, et il prenait Pierrot pour un débile.
« Oui bah ça va, me regarde pas comme ça, râla le brun en retournant sous sa couverture pour bouder.
— Hein ? Non non non non non, le rattrapa Niall en le chopant par les aisselles pour le rasseoir — Pierrot se sentit comme un chaton râleur. Je pensais à Harry qui avait eu les mêmes symptômes que toi il y a quelques mois, et il délirait, aussi, mais... je me demandais juste combien de temps tu devrais rester au lit, et donc combien de jours au travail tu devrais rater. Rien de plus. »
Il avait l'air sincère, alors Pierrot choisit de le croire. Et ce rappel du fait qu'il devrait se reposer lui fit prendre conscience des appels par milliers qu'il allait devoir passer, à ses clients et ses fournisseurs qui auraient dû passer pendant la semaine.
« Tu aimerais fêter Noël où ? S'enquit l'irlandais, sans savoir le PUTAIIIIIIIIIN d'énervement qui sonnait déjà dans la conscience du plus jeune. Je pensais venir le fêter avec toi, vu que je ne peux pas rentrer chez moi cette année et que je ne me sens pas de le fêter seul... »
Pierrot arrêta sa complainte au monde entier et le regarda comme s'il s'était mis à vomir des limaces.
On ne se connaît pas, Niall.
« Tu avais déjà quelque chose de prévu, c'est ça ? Comprit le jeune homme à tort en voyant sa tête. Désolé, je ne veux pas casser tes plans. Je fêterai avec mon coloc', t'inquiète pas.
— Hein ? Non non non, ça ne me dérange pas, je comptais le fêter seul moi aussi... enfin, je n'ai personne avec qui fêter Noël. »
Niall avait des étoiles dans les yeux. Et c'était peu dire.
« Oh, merci ! Lui sauta-t-il au cou avant de se lever. Je reviens tout à l'heure, les garçons vont être de retour à l'appartement, et je vais proposer ça à Harry, il ne devrait pas refuser, lui non plus ne peut pas rentrer chez lui. À tout à l'heure, je t'enverrai un message ! Et ton ordonnance est sur ta table de chevet, tu n'oublieras pas de la lire ! »
Et la porte était claquée. Pierrot eut un moment de latence si long qu'il crut que le temps s'était arrêté. Puis il cligna des yeux lentement et prit le papier plié qui dormait sur sa table de nuit, obéissant à l'injonction de l'irlandais parce que, de toute façon, il avait bien trop chaud pour faire quoi que ce soit d'autre, et puis trop la flemme de rouler à l'autre bout du lit pour aller chercher son téléphone.
Ses yeux glissèrent rapidement sur les gribouillis de l'ami de Niall avant qu'il ne se rendre compte qu'il n'avait rien compris ; il relut plus lentement, et se fit la réflexion que même si cet ami n'était pas encore médecin, son écriture était parfaite pour le job.
Il ne put pas penser plus longtemps que sa tête dodelina sur ses épaules et qu'il se rendormit, le papier toujours dans la main.
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