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Prologue

Mali — Plateforme opérationnelle désert (PfOD) de Gao.

Une main puissante m'agrippe le bras puis aussitôt me secoue.

— Caporal-chef ! Debout !

— Hein ! Quoi ?

Passé le sentiment d'hébétude, je reprends contact avec mon environnement. Autour de moi, des murs de caisses et divers matériels formant des remparts hauts de plusieurs mètres. Dans l'armée française, on empile et range au cordeau et c'est tant mieux quand on se trouve sous ce bazar. Je plisse le nez. La chaleur exacerbe les odeurs, l'âcreté de la graisse, l'acidité du métal, et les effluves de vieux plastiques presque fondus m'agressent. En lieu et place de la voûte céleste, l'épaisse toile du barnum des services techniques laisse transparaître une lueur blafarde. Le lit picot, guère plus confortable qu'un brancard, émet quelques couinements lorsque je me redresse. Je dors habillée, en tenue et bottes aux pieds, le fusil posé sur le ventre et le gilet tactique en guise d'oreiller. Ce n'est pas cosy, mais les circonstances l'exigent.

Encore embrumée et malgré l'obscurité, je reconnais le commandant penché sur moi. Ami. Je m'apaise aussitôt. Pas lui.

— Ils sont morts. On décroche.

— Que... comment ?

— Conditions mal définies.

J'ai beau être sonnée, je trouve son explication foireuse. Mais je n'ai pas le temps d'insister, il me secoue à nouveau.

— La situation change, vous quittez le camp.

Inutile d'en dire plus, je bondis sur mes pieds. De toute évidence, nous avons mis les mains où il ne fallait pas, en plein dans le seau de purin. Je m'active immédiatement et pars à la pêche aux informations pendant que je roule mon duvet à toute vitesse.

— Je vais où ?

— Je n'ai pas eu le temps de tout organiser, mais j'ai un plan. Je vous dégage d'ici d'abord.

Mon duvet sanglé, j'attrape mon sac pour l'y ranger, mais le commandant stoppe mon geste.

— Étalez vos affaires sur le lit. Je dois contrôler que vous n'emportez rien de compromettant.

— On en est là ?

— Je le crains.

J'obéis en renversant mon sac et en vidant toutes mes poches. Il fait le tri aussitôt. Mon portefeuille est écarté en premier, ensuite mon carnet avec les photos de mes proches, puis les rares vêtements civils que je possède, ainsi que ma trousse de toilette. Devant mon air dubitatif, il se justifie :

— Le poids. Je ne sais pas encore ce qui vous attend, alors on fait le vide.

Sur ce, il attrape mon téléphone, le jette au sol et l'explose d'un violent coup de talon. Il récupère quand même les débris qu'il fourre dans sa poche.

— Je le mettrai au feu tout à l'heure. La liseuse est liée à un compte ?

— Non et achetée en supermarché sans facture.

— Vous pouvez la garder, mais pas la montre.

Là, je ne suis pas d'accord !

— Non, c'est la sienne, je la garde. Il me l'a confiée avec ses lunettes.

— Ce n'est plus le moment d'être sentimentale. Il y a son nom derrière ?

— Non, juste une gravure anonyme. Elle n'est pas identifiable, je la garde avec les lunettes.

Il soupire, puis d'un signe de la main m'autorise à les conserver. Il glisse dans ses poches ce qu'il élimine pendant que je remballe mes affaires.

— Mes armes et mon équipement ?

— Ça reste ici. J'irai les planquer dans les malles de mon équipe.

Mon sac fermé, je le jette sur mon dos. Quand je déplie mon béret pour l'enfiler, il me le prend des mains.

— Non, aucun signe. À compter de maintenant, vous n'existez plus.

Aussi sec, il arrache ma bande patronymique, mon grade sur la poitrine et mes écussons. Je grimace à chaque plainte de scratch. La symbolique est terrible pour moi. Cette affaire vire au désastre.

Maintenant, le voilà qui se plante devant moi en brandissant un stick de camouflage.

— Ne bougez pas.

Rapide et précis, il me grime entièrement le visage, les oreilles et le cou, et me tend ensuite mon chapeau de brousse.

— Rentrez vos cheveux dessous, pas une mèche qui dépasse.

Je m'exécute pendant qu'il s'empare de mes armes, les range dans une caisse, puis la dissimule sous le lit.

Une fois prête, je reste atone. Les évènements s'enchaînent trop vite et la tournure qu'ils prennent me fait tourner la tête, ce qui n'échappe pas au commandant.

— Je suis désolé pour l'enfer que vous allez vivre, mais nous n'avons pas d'autre solution. Tenez bon et comptez sur moi.

N'ayant pas le choix, je hoche la tête.

— Bien, on y va. Suivez-moi en silence, ordonne-t-il en tournant les talons.

Dehors, c'est la nuit, juste de rares et faibles éclairages épars. Ruche en journée, cette partie du camp est actuellement déserte. Nous n'avons que quelques mètres de visibilité, alors je me cale derrière lui. Comme si nous nous apprêtions à lancer un assaut, penchés en avant et le pas léger, nous rasons les bâtiments, nous faufilons entre les tentes et zigzaguons entre les véhicules. Nous évitons les allées même si elles sont vides. Ou presque, car nous repérons tout à coup un planton qui effectue sa ronde.

Le commandant s'immobilise derrière un camion en me faisant signe de m'accroupir. Nous suivons le soldat des yeux et dès qu'il nous a dépassés d'une vingtaine de mètres, nous reprenons notre progression jusqu'à un atelier de mécanique dans lequel nous entrons.

Devant un 4x4 à la peinture camouflage, il m'intime d'un geste de grimper dans le coffre. Je n'ai aucune idée de son plan, mais je m'exécute sans réfléchir. À peine allongée avec mon sac dans les bras, il me recouvre d'une bâche en toile épaisse encore pliée, dont le poids m'écrase contre la tôle. Il m'enferme puis s'installe derrière le volant. Après quelques minutes de trajet à faible allure, au cours duquel il me résume ce qu'il sait de la situation, le véhicule stoppe. Un planton s'adresse à lui, nous devons être devant le poste de garde. Le commandant décline son identité et sa destination, l'aéroport, puis nous redémarrons.

Secouée, dans le noir et à deux doigts d'étouffer, je ne m'interroge même plus. Je connais à peine ce commandant et lui voue pourtant une confiance totale.

La voiture ralentit, effectue un dernier virage puis s'immobilise. Le moteur se coupe. Lorsqu'il me libère, je suis sur le tarmac de l'aéroport. Plus loin, sur la piste éclairée, se trouve un Transall que l'on prépare au décollage.

— Attendez là ! dit-il en courant vers l'appareil.

La soute est ouverte et la rampe posée au sol. Le commandant s'adresse à l'équipage qui s'affaire à charger des palettes. Il leur tend un papier, ils palabrent ensemble, puis me fait signe d'embarquer.

Je les rejoins au pas de course. Alors que je m'apprête à gravir la rampe, il me communique ses ultimes consignes à voix basse :

— Vous ne savez rien. Vous ne dites rien. À personne, jamais. C'est moi qui vous recontacte.

— Merci pour tout.

Il me serre l'épaule.

— Suivez les ordres. Vous serez ballotée avant d'arriver à bon port. Bonne chance !

Je le regarde s'éloigner en courant, puis j'escalade la rampe. La soute est aménagée pour le transport de fret, les lignes de sièges centrales sont retirées et celles contre les parois sont relevées. Je ne sais où me poser pour ne pas déranger. Devant mon hésitation, un des hommes de l'équipage pointe du doigt l'avant de l'appareil :

— Tout au fond, il y a des strapontins. Prenez-en un, n'importe lequel, vous serez le seul passager.

Je navigue au milieu du chargement arrimé par des sangles et trébuche deux fois tant c'est encombré. J'abaisse un des sièges en toile, celui collé à la paroi pour me fondre dans le décor. Une fois assise, mon sac entre les jambes, je soupire.

Puis je repense aux derniers mots du commandant que jene trouve pas franchement rassurants. J'espère qu'il ne mise pas tout son plan surla chance.

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