Vide
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Il se sentait seul, horriblement et affreusement seul. Il n'avait jamais remarqué cela. Avant, l'autre était là et lui tenait compagnie. Ils passaient leurs journées ensemble, se couchaient dans le canapé, entremêlés, attendant que leurs paupières se ferment d'elles-mêmes. Il se souvenait de soirées entières à gratter les cordes de sa guitare, pour seule compagnie la voix douce et mélodieuse de son ami. Il aimait entendre sa voix suave, lui susurrer à l'oreilles de mielleuses paroles avant de tomber dans les bras de Morphée.
Dorénavant, il le voyait partout et à tout instant. Assis sur le lit en train de lire. Debout dans la salle de bain à dompter sa chevelure d'or mèches par mèches. Allongé sur un fauteuil de la terrasse, observant le couché de Soleil et ses couleurs rosées. En tailleur sur le divan, à noircir son carnet d'encres et de mots dont lui seul avait le secret. Il rejoignait souvent son ami blond, l'entourait de ses bras marqués à l'indélébile et le regardait faire. Ils se souriaient, l'un plongeant son regard dans l'océan qui s'étendait devant, l'autre admirant la forêt qui les entourait.
Mais aujourd'hui, il ne regardait plus rien. La maison était froide, glaciale, sombre. Il ne voulait plus poser les yeux sur n'importe quel endroit, tant l'image du blond le hantait. N'importe quel meuble, tissu, objet, odeur et bruit faisait resurgir les fantômes du passé. Il ne pouvait pas non plus fermer les yeux sans voir son visage imprimé dans sa rétine, lui souriant doucement. Et lorsqu'il les rouvrait, il ne voyait que du noir, une épaisse obscurité, cachant le trou béant qu'avait laissé sa mort. Une plaie, une blessure, une crevasse pourrissait à l'intérieur de sa poitrine. La colère et la tristesse noircissaient son esprit, ombré par la fatigue et les souvenirs. Ses gestes étaient tremblants, parfois abrupts, ses jambes peu sûres flanchaient sans cesse, et des perles salées franchissaient souvent la barrière de ses yeux.
Il ne sortait plus, n'osait pas mettre un pied dehors par peur d'être vu. Il ne mangeait plus, la nourriture ayant un goût de cendre dans son palais, son estomac se dépêchait de le recracher. La bile lui brûlait la gorge, ne cessait ses aller et retour morbides. Il passait ses journées seul, incapable de supporter la compagnie des autres, tant celle de son ami était encore présent. Il était là, dans une bulle froide, opaque et coupante. Une douleur sourde courrait le long de son dos, s'amusait à lui retourner l'intestin, à frapper son crâne de l'intérieur, lui arrachant parfois sanglots et hurlements désespérés. Chaque parcelle, chaque centimètre de sa peau semblait geler, quémandant cette douce chaleur disparut. Il avait froid, mourrait à petit feu sur un tapis d'épines que lui seul pouvait voir et sentir. Une aiguille pour un souvenir. Une goutte de sang pour une larme. Une rose pour un sommeil sans réveil.
Vide
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Un texte relativement triste, je l'avoue.
Il symbolise, comme son nom l'indique, le vide selon mon point de vue. La perte d'un être cher, tout ce qu'elle représentait, la place qu'elle prenait dans notre vie. C'est un ressenti que je ne souhaite à personne de vivre, et bien-sûr, ce texte n'en fait pas la célébration. c'est plutôt comme une façon d'extérioriser , de mettre des mots sur ce genre de souffrance, ce qui peut être d'ailleurs d'une grande aide.
Voilà voilà, n'hésitez pas à me dire ce que vous pensez, si vous avez des avis particulier, des choses que vous voulez partager, je les lirais avec joie :)
Elanore.
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