MOI
Ma boîte prend la poussière. Elle reste couverte de vêtements, de papiers, mais surtout de poussière.
Le manque se creuse. Je l'ignore mais il est bien là. Noir, sombre, d'une couleur que je porte si souvent. Le trou devient un abysse, et cet abysse devient les ténèbres, une pénombre absolue dans laquelle je me perds souvent.
Ma boîte ne se remplie plus, elle me paraît vide. Il y a si peu, et pourtant, je pensais avoir du mal à la fermer.
Les regrets brûlent. Ils ne sont pas bon à ressasser, et pourtant, ils tournent en boucle comme un vieux disque rayé. Si j'avais su. Si j'avais fait. Si j'avais dit. J'en viens à haïr mon esprit si complexe, tordu, timide et trop raisonné.
Ma boîte ne prend plus le Soleil, pourtant elle trône bien sur mon étagère. Enfin, plus maintenant, dorénavant elle ère dans un placard.
La colère me domine trop souvent. Elle suit pratiquement tous mes raisonnements. Elle dévore, insatiable. Elle est la conclusion de tout mes maux, envers moi-même ou la terre entière.
Ma boîte est d'un rose pâle, que je trouve fané. Je l'ouvre plus et pourtant sa couleur est marquée au fer rouge dans mon esprit. Il y a tant de souvenirs pour si peu de papiers. C'est peut-être ça qui me ronge, c'est que c'était sans doute peu.
La tristesse était absente, mais en ce moment, elle revient la nuit. Elle fait battre mon cœur plus vite, me donne des idées noires terrées depuis trop longtemps dans mes pensées. Ce sont toujours les mêmes, je les salue de loin, comme des vieilles connaissances.
L'encre des lettres ne s'est pas effacée, après tout, je les conserve comme des feuilles d'or. Elles ne sont pas toutes datées, mais je me souviens du jour où les ouvertes. Ce que je ressentais en parcourant les lignes, en rencontrant cette écriture familière. Et je regrette. Je regrette de ne pas avoir réalisé, de pas avoir pris le temps, de ne pas m'y être intéressé.
Je hais mes émotions. Je les déteste. Elles sont pourtant source de joie, par moment de rire et de bons souvenirs. Mais celles-là, je les regarde avec nostalgie. Avec des pleurs au beau milieu de la nuit parce que les larmes me viennent plus facilement que les sourires. Ceux que je fais la journée, ils ont l'air d'une façade. N'ai-je jamais réellement souris ? Peut-être, peut-être avec une personne. Mais maintenant je les regrette et les hais.
Ma boîte n'a pas pris la poussière. Ou en tout cas, elle vient d'en être débarrassée. Parce que je l'ai ouverte, comme je le fais de temps en temps, quand l'envie m'en prend.
Ma bouche est cousue. C'est l'impression que j'ai. Je ne parle pas, ou en tout cas si je le fais, c'est rarement avec honnêtement. Je mens, car j'ai peur de la vérité. De la mienne, de celle qui régit mes sentiments. J'ai peur de dire ce que je ressens. J'ai tout le temps peur, alors je le cache. Je cache tout. Et donc au final, je mens.
Mon cœur ne bat que pour moi, car dès qu'il bat pour un autre je reprends peur. La paranoïa sert ma gorge. Alors je deviens bizarre, étrange, et je perds tout. J'ai cru tout perdre. Quelque chose restait, mais je m'en suis éloignée. J'ai éteint la lumière moi-même, j'ai cousu le rideau moi-même, j'ai mis fin à ce rayon moi-même. Et je crois que je me hais pour ça.
Je me sens égoïste. Egoïste d'être nostalgique de tout, alors que ce tout se porte bien. Egoïste de vouloir certaines choses qui portent sans doute mieux sans moi. Egoïste de vouloir retrouver des moments passés, qui, bien évidemment, sont et doivent rester passés. Car nous grandissons, les sentiments aussi, les gens aussi, alors je me sens égoïste.
Ma boîte a disparu de mon champ de vision. Je ne la vois plus, j'ai décidé de plus la voir. Je ne sais pas si c'est un pas en avant ou en arrière. Peut-être que je finirai par y penser encore plus, ou moins, et en réalité, je ne sais pas lequel je préfère. Je ne sais pas si je veux guérir ou mourir. Je ne sais pas si je veux parler ou me taire. Je ne sais pas si je veux avancer ou reculer. Et je ne sais pas si j'ai envie de savoir tout ça.
Box, 2020
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