Départ
Laisser partir est aussi difficile que de laisser entrer.
C'est si étrange de rencontrer un inconnu, et pourtant, tous nos amis l'étaient. Mais nous n'arrivons pratiquement jamais à nous souvenir de ce moment, peut-être fugace, durant lequel ils étaient des étrangers, extérieur à notre monde et notre conscience.
Comment savoir à qui montrer son moi ? A qui exprimer ses pensées ? A qui parler ? A qui des fois, ouvrir son cœur ?
Etait-ce le sourire. Ou bien la douceur des mots, des paroles et des gestes. Peut-être que le regard a charmé, ou bien la voix s'est faite agréable à écouter. Il n'empêche que cette raison mystérieuse a rapproché, entortillé deux êtres ensembles. Le temps a joué lui aussi. Plus il avançait, plus le fils se resserrait. Sans doute trop, car au final, plus rien d'autre ne passait. C'était le danger, mais à l'époque, il ressemblait à un privilège, à un remède contre la solitude.
Les cœurs de pierre s'attachent peu, mais intensément. Ils ne veulent pas forcément l'admettre, et ce probablement parce qu'ils ne s'en rendent pas compte. Il ne bat que pour eux, comment pourrait-il battre pour d'autres ? Quand il le fait, c'est imperceptible au début. Il arrive que son tambourinement se rende aux oreilles du concerné. Je crois qu'il ne l'a pas entendu.
Des fois, le fil est si serré qu'il se rompt. Ici je pense qu'il s'est desserré lentement, silencieusement, mais assez pour que je le remarque. Mais lui non, il ne l'a pas vu.
De quelle couleur était-il ? Sûrement pas rose, car les sentiments n'avaient pas nature à être volatiles. Ni rouge, la passion n'était pas celle d'un couple fougueux. Pas noir, la toxicité n'y avait pas sa place, nous la tenions éloignée coûte que coûte. Peut-être était-il blanc ? Car ils étaient purs et vrais, sans faux-semblants, ou en tous cas, j'espère que ça n'en était pas.
Plus j'y pense et plus je me dis que le fils me semblait très serré. Il ne m'étouffait pas, contrairement à ce que l'autre moitié croyait. Non c'était plus comme une corde à laquelle je m'agrippais pour ne pas tomber car au final, tout était à propos de lui. Mais pas à propos de moi on dirait.
Toi qui avait si peur de me voir partir, l'inverse s'est produit. Tu t'es glissé hors des fils, sans que je le remarque vraiment, pour te t'engouffrer dans un autre, tout aussi hermétique. J'étais toujours emberlificotée dedans lorsque tu t'es largement entourée dans un autre. Mais je ne pouvais pas t'en vouloir après tout, notre fil n'était pas noué, il pouvait se défaire à tout moment.
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Clairement un texte qui finit brutalement si je peux dire, car en toute honnêteté, je n'ai jamais réussi à le finir. En effet, c'est un sentiment que je n'avais jamais ressenti auparavant, celui de l'abandon. Mais lorsqu'il s'est installé, c'était comme un ouragan, vraiment la pire chose. Puis pleins d'autres choses sont arrivées avec lui, et ont démoli un par un mes croyances, projections, et bonheur.
C'est difficile, surtout quand il n'a pas l'air légitime, quand on le comprend pas et qu'on se sent impuissant face à ses raisons inconnues ou injustes. Je pense que seul le temps et les amis peuvent remédier à cette blessure ouverte.
J'espère que vous en tout cas ça va bien, que toute cette situation mondiale ne vous pèse pas trop. Occupez vous l'esprit, créez, appelez vos amis si vous ne pouvez pas les voir, essayez de briser un peu la routine que la distanciation finit par installer. Sur ce, je vous fais de gros bisous à tous (de loin toujours),
Elanore.
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