Pdv Alexandre :

On est en semaine, mais mon esprit est entièrement tourné vers ce garçon. Il est comme tout le monde à première vue, mais il a un truc. Peut-être est-ce le fait qu'il soit bisexuel, ou qu'il essaie de me répondre tout de suite. Mais ce petit quelque chose chez lui me hante. Il me hante tellement que je rêve de notre potentielle rencontre. Il doit être dans les environs d'une heure moins le quart. Je devrais commencer mes devoirs pour demain. Je prépare donc toutes mes affaires et m'installe sur le bureau. Enfin, je commence par les matières les moins utiles : Les maths. Bien évidemment, toute ma concentration est tournée vers mon téléphone qui commence à vibrer. Je décroche et la voix qui résonne me glace le sang ! Comment avait-il eu mon numéro de téléphone ?

Ma respiration s'accélère, mes membres tremblent énormément me faisant vaciller. Les seules personnes à la maison sont mes parents. Ils ne doivent pas avoir vent de cela. Comment réagirait-il s'ils apprenaient que leur fils est de nouveau en contact avec son ex toxique qui l'a brisé durant près de deux ans. Ils ne savent déjà pas que je suis gay. En tout cas je ne leur ai pas encore dit, mais je ne serai pas étonné s'ils m'annoncent qu'ils le savaient déjà durant mon coming out. J'ai souvent ramené mon ex durant des après-midi. Depuis notre rupture je n'ai plus invité personne sauf quelques amies pour des petites soirées Netflix.

La voix a l'autre bout du combiné répétant les mêmes choses : « Allo ? » « Alexandre ? » Répond putain ». Je m'échoue sur mon lit, sanglotant silencieusement, impossible de décrocher, la peur s'empare entièrement de moi. Ce qui réussit à me calmer un tant soit peu, c'est le bruit unique de ma porte qui grince. Mes parents entrent en trombe et me retrouvent recroqueviller sur le sol avec une forte crise de spasmes et une tremblade inarrêtable. Ils paniquent bien sûr et je me sens encore plus mal, car à cause de mes idioties d'antan.

Bien sûr qu'ils me poseront beaucoup de questions sur les événements et je devrais évidemment leur parler de lui. Je suis toujours bien affecté par cette relation bien trop douloureuse et trop handicapante. Je sais que mes sœurs m'ont beaucoup aidée et soutenue et je ne supporte pas la personne que je suis, celle qui replonge dès que j'entends quelque chose en rapport avec cette aventure désastreuse.

L'heure des explications est vite arrivée. Ma mère m'a gentillement laissé ma journée pour me remettre les idées en place, mais il ne faut pas compter sur ma chère sœur qui m'a gentiment insulté. Pour contextualiser, je sortais tout juste de la douche, qu'elle m'agresse, se plaignant que je monopolise trop les espaces communs et que je devrais sortir parfois. Je me suis immédiatement précipité dans ma chambre, alertant ma mère qui est venue une quinzaine de minutes plus tard.

"- Mon cœur ? Tu te sens prêt à parler ? On peut en reparler plus tard aussi. Ne te force surtout pas."

Sa bienveillance me touche énormément. Oui, une mère est attentionnée et douce envers ses enfants, mais sa douceur amène à une confiance pure et sincère. Ce qui me fait me sentir encore plus mal. Je me dégoûte un peu, je l'avoue.

"- Maman, je suis désolé. Je voulais vous en parler plus tôt, mais je n'ai jamais réussi."

Je ne la regarde même pas, j'ai juste honte de moi. J'aurais dû lui en parler directement. J'ai une forte envie de vomir, mais si je ne lui en parle pas maintenant jamais elle ne le saura et je ne peux retarder de nouveau cette annonce.

"- Je sais pas comment le dire, mais d'abord sache que je suis homosexuelle et il y a un an j'ai commencé une relation que je regrette profondément. Je pensais vraiment que c'était un mec génial et il cachait très bien ses intentions et il s'avère qu'il m'a beaucoup changé. Notamment en brisant ma confiance, ma façon de penser et depuis je doute continuellement. Mais il y a quelques semaines j'ai commencé à parler à une connaissance à Kelly, il est gentil et drôle, mais on ne s'est jamais vu. On parle juste par message. » débitais-je à toute vitesse, essayant de garder un minimum de

Son expression est mitigée. Je peux comprendre, c'est forcément troublant d'apprendre que son fils avait une relation toxique ou il a perdu dès qualité essentielle. De plus que ce même fils fréquente à l'écrit un autre homme plus âgé.

« -Je n'ai aucun droit de t'imposer des choix de vie, mais tu aurais pu nous parler, jamais on aurait jugé sur tes choix. Encore moins s'il concerne ton bonheur. Mais savoir que tu souffres d'une relation et qui t'a fait du mal. Je suis heureuse que tu arrives quand même à fréquenter d'autres personnes. Si tu as besoin de quelque chose, demande-moi, je t'aiderai volontiers. Et cette personne apparaît, on fera tout pour ta sécurité. Mais s'il te plait, ne doute plus de nous, on est là pour toi !

Je relève la tête vers elle et lui offre mon plus beau sourire. Nous avons discuté quelques minutes encore, je lui ai raconté presque toutes nos discussions et mes pensées face à ses idioties. Elle a beaucoup insisté pour que j'explique en détail mes ressentis. Lui parler m'a fait énormément de bien. Quand elle est sortie de la pièce pour commencer la préparation du repas de ce soir, j'avais une forte envie d'appeler Joshua pour lui en parler. J'ai réussi à faire mon coming out à ma mère et ce soir , je l'annoncerai devant tout le monde. Même si mes sœurs savent que je suis déjà sorti avec un homme, je ne leur ai jamais vraiment avoué mes attirances.

De Alex >///< :

J'ai enfin fait mon coming out à ma mère, je te tiendrai au courant ce soir après le dîner. Je compte le dévoiler à l'entièreté de ma famille.

De Joshua :

ok, super !

De Joshua :

Tu l'as fait sous contrainte ou de plein gré ?

De Alex >///< :

Sous contrainte ? Ils m'ont retrouvé dans un moment de faiblesse donc j'ai dû expliquer ma crise de panique.

Vu

J'avoue que ce "Vu" me blesse énormément, mais le pauvre doit être occupé ou en cours. Je pose mon téléphone déçu et essaie de me motiver à travailler. Peine perdue, mes pensées se tournent vers le repas de ce soir et mon cher photographe. J'ai envie de l'entendre, je ne connais de lui que sa plume et se qu'il me laisse savoir. Je n'arrive plus du tout à concentrer mes pensées, tellement que j'imagine déjà notre rencontre. Pas quelque chose de romantique, mais quelque chose de beau, de vrai. Juste, nous. Assis, debout, allongé, dans l'eau, sur terre, dans les airs, peu importe juste nous

À bien y penser, ce serait trop, trop romantique. J'avais promis de ne plus faire cette même erreur, mais j'ai encore sombré. Je peux l'affirmer maintenant. Je l'aime. Je ne le connais presque pas, mais je l'aime. C'est effrayant, c'est n'importe quoi, mais pourtant c'est vrai.