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Chapitre 37 : Lavande

Une pièce sombre aux rideaux tirés s'ouvrit devant Eira. Une odeur de renfermé et de vieux bois flottait dans l'air. Disposés deux à deux, quatre divans de velours vert sapin se faisaient face. Un fauteuil assorti trônait à côté. Assise devant son bureau, une femme d'âge moyen aux cheveux noirs parsemés de mèches grises écrivait. Elle avait des ridules autour de ses joues rebondies et de fines pattes d'oies autour des yeux. Un joyeux bazar qui ne semblait pas de son fort l'entourait : des livres, des armes, des objets de toilette et diverses babioles traînaient sur les tables et les meubles. Dans un angle de mur, deux manteaux étaient accrochés à un anneau. Posant sa plume, la femme repoussa sa chaise et se leva.

‒ Ah, c'est vous, présidente Alverna, s'écria-t-elle en lui faisant le salut militaire.

‒ Repos. Générale, je vous présente la reine Eira Hjordis de Bylur, notre invitée. Votre Majesté, voici Lady Nakoma Imana, générale de l'armée de Trivok et commandante du Kanaloa, un escadron spécial sous le sceau du secret.

‒ Enchantée, fit Eira.

La militaire la salua d'un bref hochement de tête.

‒ J'aimerais que vous essayiez de convaincre Sa Majesté de l'utilité d'une formation sous votre commandement, expliqua Lady Alverna.

‒ Bien sûr.

Elle esquissa un geste en direction des divans.

‒ Mais avant, asseyons-nous.

Elle prit place dans le fauteuil tandis que Eira et la présidente s'installaient dans un des moelleux canapés.

‒ Alors, par où commencer... Le Kanaloa a été créé il y a de cela quelques mois, afin de contrer la menace grandissante de l'empire d'Aranya. Il s'agit d'une unité spéciale fondée pour épauler nos troupes et composée uniquement de mages, tels que moi. Le Kanaloa est aussi voué à donner une chance et une fonction aux détenteurs de pouvoirs. J'ai pour cela rassemblé des Fey en provenance de toute la Confédération d'Izaro et les ai ramenés à l'Ailani. Lorsque la présidente a reçu votre lettre et a eu vent de ce qui se tramait dans le royaume de Bylur, elle m'a convoquée afin de me parler de vous. Son plan consistait à vous entraîner avec les autres Fey afin de vous envoyer reconquérir votre trône.

‒ Je vois, souffla la reine. Mais est-ce que rassembler ainsi des... détenteurs de pouvoirs ne risquerait pas de constituer une menace encore plus grande ? Je veux dire par là que la magie est imprévisible, et...

‒ A moins que vous appreniez à la contrôler, la coupa la générale. Regardez bien.

Elle leva la paume de sa main droite vers le haut. Une étincelle en jaillit, et une flammèche d'un beau rouge orangé se mit à danser sur sa peau. On aurait dit un feu follet, une incandescente salamandre des légendes.

‒ Je pourrais brûler cette pièce tout entière jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que des cendres, déclara-t-elle. Je pourrais vous blesser, faire fondre votre chair et vos os jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que la poussière. Mais je maîtrise mon pouvoir. Si j'ai appris à le dompter, vous le pouvez aussi.

A cet instant, la porte s'ouvrit en claquant, soulevant un courant d'air. Trois personnes s'engouffrèrent dans l'ouverture dans un brouhaha de voix. Ils s'interrompirent brusquement en apercevant la reine et son amie.

‒ Ah, voilà mes élèves, s'exclama Lady Nakoma. Ils s'entraineront à vos côtés, si vous le voulez bien.

Eira détailla les nouveaux venus. Il y avait un homme à la peau brune et au crâne rasé, sans doute âgé d'une vingtaine d'années en âge Fey, et une jeune fille menue aux cheveux blonds presque blancs. Derrière eux, une femme se tenait en retrait. Elle avait un corps tout en formes, et arborait sa longue chevelure en deux longues tresses relevées et retenues par des rubans. Des boucles châtaines lui retombaient sur le front.

Ils étaient comme elle. Des mages.

‒ J'accepte votre proposition, dit-elle prudemment.

***

Eira fit quelques pas dans le couloir. Elle sortait d'un conseil de ministres afin de discuter des échanges qui auraient lieu entre son pays et celui de la présidente. En ce moment-même, les conseillers délibéraient encore sur quelques points en petit comité. Elle avisa le jardin miniature cloîtré dans l'Ailani et s'y dirigea. Faisant claquer ses talons sur le chemin pavé, la jeune femme se dirigea vers un banc aux spirales dorées et s'y assit en lissant les plis de sa jupe à volants. Elle songea que cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas porté des vêtements aussi élégants. A présent, cela lui paraissait presque étrange comme sensation.

Pendant de longues minutes, elle observa les fleurs aux sublimes corolles chamarrées dont les fins pétales s'ouvraient en direction du soleil. Les larges feuilles veinées de jaune des arbres et palmiers dansaient au rythme d'une petite brise tiède, conférant de l'ombre à la reine. Un petit bassin qui chantait et clapotait rafraichissait l'air chaud et humide.

La reine entendit des pas résonner sur le marbre du dallage du château. Un jeune homme de grande taille jeta un coup d'œil en direction du petit enclos et l'aperçut. Son visage s'éclaira et il se dirigea vers elle.

Il avait les cheveux d'un blond doré coupés court qui étaient semblables à des fils d'or au soleil, et de grands yeux bleus. Il avait revêtu un petit veston azur par-dessus une toge de la même couleur.

Le jeune homme s'inclina légèrement devant elle.

‒ Votre Majesté, s'écria-t-il en se saisissant de sa main pour l'embrasser.

Il riva ses yeux dans les siens. Un instant, Eira crut voir un fantôme. L'homme était semblable à son ami défunt lorsqu'il a prétendu être le vicomte de Sigrun. Mais non, il s'agissait de Lord Reuel Lysander, le frère aîné de la présidente et conseiller en politique étrangère.

‒ Vous semblez beaucoup aimer ce cloître, fit-il remarquer.

‒ Oh, vous savez, répondit Eira, je n'ai guère eu la chance d'admirer des plantes autres que des conifères et des perce-neiges. Ce spectacle est tout simplement ravissant.

‒ Vous permettez ?

‒ Bien sûr.

Il s'assit à côté d'elle.

‒ Je ne me laisserais jamais de cet endroit, murmura Lord Reuel. La nature est l'un des plus beaux cadeaux que les dieux ont bien voulus nous donner.

La jeune femme songea à sa petite plage désolée, aux rochers et à la mer qui s'écrasait dessus avec fougue. Elle en était bien loin désormais.

‒ Je vous rejoins sur ce point, souffla-t-elle.

Le conseiller désigna un arbuste aux énormes feuilles d'un beau rouge vif.

‒ Vous voyez cet arbre ? Il s'agit d'un Korlya. Son feuillage est en forme de cœur, aussi on raconte que ses infusions ont les mêmes propriétés qu'un filtre d'amour.

‒ Oh ! s'exclama Eira, émerveillée.                        

Elle désigna un parterre de fleurs aussi brunes que ses cheveux, qui exhalaient une senteur aussi douce qu'enivrante. Les effluves lui faisaient remonter des souvenirs de sa vie au Palais de glace.

‒ Connaissez-vous le nom de ces fleurs ?

‒ Oui. Il s'agit d'une espèce rare d'Ambrosia chocolat, affirma le noble, dont on se sert pour élaborer la friandise du même nom.

La reine se souvint alors avoir déjà goûté ce met délicat lors d'un banquet, où la nourriture servie avait été importée de Trivok. Le dessert fondait sur sa langue, libérant une saveur à la fois sucrée et boisée.

‒ Comment se fait-il que vous connaissiez aussi bien la flore de ce pays ? Je pensais que vous étiez un simple conseiller en politique étrangère.

‒ Eh bien, Votre Majesté, je suis bien un conseiller. Mais je m'intéresse depuis toujours aux plantes et à leurs propriétés. Je rêvais de devenir un botaniste ou encore un guérisseur. Malheureusement, quand j'étais encore enfant, mon pays sortait tout juste de la Guerre des Sept Îles et en portait encore les stigmates. C'est pourquoi j'ai décidé de m'instruire en politique, afin qu'une telle tragédie ne se reproduise plus jamais.

‒ Je vois, murmura Eira.

‒ Au fait, si je suis venu vous trouver, c'est pour vous annoncer que nous partirons pour l'île de Jayla dans deux semaines environ, quand votre amie serait entièrement rétablie.

‒ Nous... ? s'étonna la reine.

‒ En effet, ma sœur m'a chargé de vous accompagner dans votre aventure, expliqua le jeune homme. D'ici là, profitez bien de votre séjour en Trivok.

Elle hocha la tête avec animation. Elle comptait bien passer le reste de son temps à explorer Thalassa.

***

Eira courrait à en perdre haleine. Des pas lourds résonnaient dans l'obscurité du conduit derrière elle. L'air se raréfiait. Les murs semblaient se resserrer petit à petit, l'étouffant dans une étreinte mortelle.

Une ombre fila sous ses pieds et elle trébucha. La reine atterrit violemment sur le sol et poussa un cri strident. Une main l'agrippa par-derrière et elle se débattit. Elle se tordit le cou pour apercevoir son agresseur, mais son faciès n'était qu'une masse de ténèbres floues.

D'un geste, des pics de glace jaillirent de ses doigts et s'enfoncèrent dans le cou de son ennemi. L'inconnu s'effondra, peinant à respirer et crachant du sang.

Soudain, ce brouillard noir se mut et ondula étrangement comme si des serpents se tordaient à la surface. Il disparut lentement, révélant le visage pâle d'Aspen.

‒ Non ! s'égosilla-t-elle en se jetant sur son ami.

Elle tenta de le secouer, d'endiguer le flot de sang qui coulait de sa blessure, mais rien n'y faisait. Il perdait peu à peu ses couleurs. Le jeune homme agrippa sa manche, tenta de dire quelque chose, mais il n'y parvint pas. La reine dut lire sur ses lèvres sanguinolentes.

« Tout est de votre faute. »

Elle plaqua ses mains devant sa bouche, horrifiée. De ses yeux écarquillés naquirent des perles d'eau qui ruisselèrent le long de ses joues en un flot incontrôlable.

C'était de sa faute, entièrement de sa faute. Elle avait encore utilisé sa maudite magie.

Des sanglots hystériques la secouèrent tandis que des spasmes traversaient son corps. Elle laissa échapper une plainte déchirante.

Eira ouvrit les yeux. Le plafond était orné de moulures de plâtre peintes de couleurs claires. Elle se redressa sur sa couche, et scruta la chambre du regard sans la reconnaître. Le mobilier teinté de bleus et verts pastel égayait la pièce, et les rideaux piquetés de motifs floraux où filtrait un rayon de soleil attirèrent son regard. Le lit à baldaquin était rehaussé d'or ; deux têtes de Skuaar, la gueule ouverte et les crocs saillants, rugissaient sur les colonnes du lit. Tout lui revint : elle se trouvait à Thalassa, dans une des suites d'honneur de l'Ailani.

La jeune femme passa ses mains sur son visage. Tout cela n'avait donc été qu'un mauvais rêve.

Pourtant, des traces de larmes séchées marquaient sa peau. Cela lui avait paru si réel.

Elle se demanda si accepter de se faire entraîner au sein du Kanaloa était vraiment une bonne idée. Enfin, il était trop tard pour reculer à présent.

Afin de se changer les idées, Eira se leva et se dirigea vers la fenêtre. Elle écarta les rideaux, et déverrouilla la sécurité de la fenêtre, avant de l'ouvrir en grand. Elle savoura la caresse du soleil matinal sur sa peau.

Située au deuxième étage, la vue depuis la fenêtre de sa suite était à couper le souffle. Elle offrait une vue plongeante sur les maisons colorées de la capitale.

Tout à coup, un détail l'intrigua. Un morceau de tissu était roulé en boule sur l'appui de sa fenêtre. Il semblait glissé entre les barreaux.

Curieuse, Eira s'en saisit avec précaution. Il s'agissait d'une cape de laine brune. Elle la déplia, la lissa du bout des doigts, et un petit bouquet de brins de lavande noué avec une cordelette en tomba, rebondissant sur le petit muret.

Est-ce qu'une servante avait voulu sortir un insecte de la chambre et avait oublié le vêtement ?

La reine ne voyait pas d'autre explication. Mais alors pourquoi y avoir glissé un bouquet ?

Elle se mit à trembler.

Il ne pouvait pas avoir escaladé la montagne pour déposer ce bouquet devant sa chambre.

C'était impossible. Personne n'en était capable.

Il ne pouvait pas être vivant.

C'est sur cette certitude qu'elle claqua la fenêtre et enclencha la serrure. Elle glissa la cape et le bouquet sous le lit.

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