1er décembre - Jungkook
Séoul, FRIENDZONE 51
Le 1er décembre 2020
19h37
Un jour, Seokjin-hyung m'a dit : « Si tu ne peux pas parler, écris », mais à cette époque déjà, je ne comprenais pas ce que je pouvais bien écrire que je ne savais pas dire. Quelle différence cela pouvait bien faire si je n'avais pas envie de parler ?
Dire, c'est dur, vous savez ? Parce que c'est souvent trop, pas comme il faut, ou pas assez. Surtout quand c'est moi qui essaie. Je n'ignore pas qu'il y a des choses que l'on attend de moi et que je ne peux pas donner, parce que je ne comprends pas. Je ne comprends jamais.
Plus jeune, je ne me rendais même pas compte que je ne comprenais pas. C'est Hoseok-hyung qui comprenait pour moi, et ça me suffisait. Parce qu'il répondait aux autres ce que moi-même je ne répondrais jamais et la plupart du temps, ça leur allait. Quelqu'un le disait, c'est ce qui importait. Et toutes ces données qui m'échappaient n'avaient plus d'importance, car Hyung, lui, les maîtrisait.
Et mon père répétait : « Fais attention Jungkook, un jour Hoseok ne pourra plus rien pour toi. » Je ne vais pas mentir, je n'ai pas vu ce jour arriver. Puis j'ai rencontré Noona et sans m'en rendre compte, j'ai lâché la main de Hyung, quitté mon périmètre de sécurité, et à cause de ça, ce soir je suis seul. Ce que je ne comprends pas, Hyung ne pourrait pas le comprendre mieux que moi. Et même s'il le pouvait, il ne pourrait pas m'aider, car Minha n'aimerait pas que ce soit Hoseok qui lui réponde. Je suis seul face à Noona. Ou plutôt, je suis seul face à plus rien, car elle m'a quitté, vous savez ? Ça fait des semaines déjà. Mais non, non vous ne savez pas, moi-même, j'ai mis longtemps à le réaliser. Je suis toujours en retard quand il s'agit de comprendre, n'est-ce pas ? Putain, ça me rend taré !
À moins que taré, je ne le sois depuis toujours ? Parce que, clairement, quelque chose ne va pas chez moi, tout le monde le sait, même si personne ne dit rien. Alors peut-être que ce soir si j'écris, c'est parce que même si je trouve que dire c'est dur, je le fais. Je le dis.
Je suis taré les gars.
Et si à vous, ça vous va, moi ça ne me va pas. Et ça ne va pas à Jimin-hyung non plus. Sinon, peut-être qu'il serait encore là.
It's far from over. Lequel d'entre vous répète toujours ça ? Qui a cette phrase idiote en description sur Twitter, déjà ? Parce qu'elle me tourne depuis deux heures dans la tête comme si mes fonctions cognitives avaient été conditionnées dans ce but. J'ignore à quoi elle fait référence au final, j'aurais peut-être dû demander il y a longtemps, mais là, en regardant la neige faire tomber ce silence que Yoongi-hyung déteste tant sur la ville, elle a vraiment l'air d'un gigantesque mensonge. Je déteste le mensonge. C'est sale et moche. C'est dire sans dire. C'est parler mal. Et si parler, comme Jimin-hyung et Hoseok-hyung le prétendent sans arrêt, est à la base de cette communication humaine à laquelle je ne saisis rien, alors mentir n'est pas parler. Ça n'a pas de sens, ça ne communique rien, c'est faire du bruit quand il faudrait se taire. Les animaux ne mentent pas, eux, ils ont mieux à faire. Et au moins, tout est clair comme ça. Alors, j'ai beau vous aimer comme ma famille, je jure que je ferais volontiers bouffer cette phrase écrite sur un papier à celui d'entre vous qui se la trimballe en devise depuis tout ce temps. Parce que putain, elle craint.
Parfois si, les gars, c'est terminé. Et vous le savez sans doute mieux que moi, d'ailleurs. Tout est fini. Mort. Éteint. C'est la fin et on ne peut rien y changer, malgré toute l'énergie qu'on investit à se persuader, à espérer, à essayer de repousser d'un jour encore le moment où il faudra se rendre à l'évidence. Et le pire, c'est quand ça se termine avant d'avoir commencé, parce que j'allais l'épouser, qu'on allait enfin vivre ensemble après cinq années et que tout entre nous restait à faire. L'ennui, c'est que quand elle demande : « Tout, c'est quoi ? », je ne sais pas expliquer.
Alors j'en suis là, à ce moment précis, juste avant de devoir écrire pour de bon que c'est fini, puis de me vider de toutes mes larmes ridicules, comme ce gosse paumé que je croyais ne plus jamais être depuis que l'enfance et moi, on s'était salués l'air de rien avant de se quitter à la fin du lycée.
Hoseok pense que j'ai grandi, mais visiblement, je ne sais pas faire ça sans lui.
Je déteste pleurer, vous le savez, c'est pour ça que je ne vous ai rien dit. S'ils trouvaient cette lettre, certains d'entre vous me gronderaient sûrement, je les entends déjà. Mais comprenez bien que ce que j'exècre plus encore que mes propres larmes, ce sont celles des autres. Jimin-hyung répète sans arrêt qu'on ne devrait pas laisser pleurer les gens qu'on aime. Et tout autant de fois, je pense : « D'accord, mais je ne peux rien faire pour eux », sinon je n'aurais pas laissé pleurer Noona sans rien faire. Ce n'est pas faute d'essayer, pourtant. J'ai beaucoup de défauts, c'est un fait qui ne se discute pas, mais je ne suis pas insensible ou point de ne pas voir les dégâts que je crée quand je tente de réconforter quelqu'un. Depuis que je suis jeune, c'est un phénomène que j'observe chez mes parents. Quand mon père pleure, ce que dit maman n'arrange presque jamais rien. Parfois même, c'est à cause d'elle que mon père pleure. J'ai ça en commun avec ma mère, c'est peut-être bien la seule chose sur laquelle je lui ressemble, malheureusement. J'aurais pu être aussi fort, aussi talentueux, mais non. Je suis le fragile qui ne sait pas parler l'humain. C'est pourquoi je ne me vois pas vous imposer mes larmes, quand je suis incapable de gérer les vôtres.
Les larmes, c'est effroyable, vous ne trouvez pas ? Et ça l'est d'autant plus quand, comme moi, on n'a pas les armes pour lutter contre. Je suis pareil que ma mère, ce que je dis ne corrige pas le chagrin, je crois que peu importe ce que je fais, ça l'encourage simplement. Ou en tout cas, ça n'aide ni papa, ni Jiminie-hyung. Taehyung dirait que j'ajoute simplement du pourpre à un tableau déjà entièrement recouvert de cette couleur...
Pourpre, c'est la couleur du chagrin entre l'Ourson et moi. C'est lui qui a décidé ça quand on ne se comprenait pas. Il me disait quelque chose, me posait une question et ajoutait une ou plusieurs couleurs à la fin de son intervention, comme s'il me dressait une liste de pigments d'aquarelle : « T'es bizarre Kookie », il disait. « Turquoise, indigo, vert forêt », il ajoutait. Et comme d'habitude, je ne comprenais pas, alors il précisait : « Affection, admiration, joie. » Au bout d'un moment, les connexions se sont faites dans mon cerveau défectueux, j'ai capté qu'il mettait des couleurs sur chacune des émotions qu'il m'adressait. Bon, je ne vois toujours pas comment on peut dire à quelqu'un « Tu es bizarre » en ressentant de l'affection, mais j'ai fini par lui faire confiance. S'il dit indigo, alors c'est indigo. Si je dis jaune, alors c'est jaune. À ses yeux d'artiste, j'imagine que les couleurs sont comme les animaux aux miens : elles ne mentent pas. C'est pourquoi, lorsque Minha-noona a soupiré en me soufflant : « C'est fini Jungkook, si tu n'as rien à dire, je préfère m'en aller », tout ce que j'ai réussi à murmurer a été : « Pourpre, pourpre et gris. »
Chagrin, chagrin et peur.
Papa et Jimin-hyung sont si pourpres parfois... Tant que s'il s'agissait réellement de couleur, la plus grande toile de Tae ne suffirait pas à contenir tout ce que leurs larmes ont de pourpre. Il y a cette chose en eux qui, quand elle se réveille, me donne envie de m'enfouir dans le sable ou de me cacher sous une pierre, comme si à tout moment, ça pouvait m'écraser. Et si j'étais une chauve-souris, à leur contact mon sonnar risquerait de se brouiller. Moi qui me perds si souvent déjà, je n'ai pas le luxe de me laisser désorienter, pas vrai ?
Je n'essaie pas de me justifier, j'ai conscience que, comme tout le monde, il y a forcément des trucs que j'ai mal faits. J'aimerais juste m'expliquer, au moins pour une fois, ne pas choisir la facilité du silence. J'imagine que personne n'a conservé le réflexe de vérifier la boîte aux lettres du QG, et que par conséquent vous ne lirez pas ce que j'écris, sans doute même que c'est ce qui me rassure, pourtant je me dis qu'écrire, même dans le vide, ça reste un premier pas. Vers quoi ? Vers vous, car si on se connait depuis longtemps, c'est toujours vous qui avancez vers moi. Chacune de nos amitiés, je les dois à vos persévérances, patiences, intérêts, et je suis fatigué de ne jamais rien vous retourner comme il faut. Minie-hyung et Noona sont déjà partis, je ne veux plus perdre personne, je n'y arriverai pas.
Alors Yoongi-hyung, s'il te plait, arrête de t'en aller. Je ne sais pas pourquoi tu fais ça, pour quelle raison tu es là un instant et la seconde d'après tu t'en vas, laissant l'odeur de tes clopes au caramel derrière toi.
Je viens de penser à quelque chose : il existe des chiroptères qui migrent quand vient l'hiver, et par bien des aspects, tu es un peu comme ça. Quand c'est l'été tu es là, puis arrive un drôle de froid que je ne comprends pas, et tout à coup, ça t'emporte. Je me demande où tu vas, s'il fait plus chaud là-bas, si tu y vis mieux, ou encore si tu fais des rencontres intéressantes qui te retiennent mieux que nous. Je me demande aussi, à chaque fois, si j'arriverai à ne pas être en colère quand tu reviendras.
La colère est jaune d'or pour Taehyung et moi, elle est d'une lumière estivale te diraient certains, mais quand il peint, je sais que ce n'est pas l'été qui se cache dans ces nuances, puisque finalement, c'est plutôt cet hiver détestable qui n'existe qu'en toi. Cette saison arrive une seule fois par an normalement, pourtant, tu pars et reviens tous les deux mois et, plus on vieillit, plus le temps de tes absences s'agrandit. Hyung, est-ce qu'il fait de plus en plus froid à l'intérieur de toi ?
Je ne saurais pas quoi faire contre ça, c'est évident, mais au moins, si pour grandir et apprendre à te ressembler, je peux t'accompagner dans ces lieux bondés et bruyants qui m'angoissent tant, ne peux-tu pas apprendre à rester ? Me laisserais-tu t'aider ? Parce que s'il y a bien quelque chose que je comprends, ce sont ces petits mammifères nocturnes et effrayés auxquels, tout comme moi, tu ressembles vraiment. Je ne sais pas pourquoi je ne l'avais jamais réalisé avant.
Juste une fois, j'aimerais ne pas choisir la facilité du silence, encore, même si l'écriture est silencieuse. Peut-être que c'est pour ça que ça marche si bien sur moi. Écrire c'est la moitié du chemin entre dire et se taire. C'est parler fort, mais sans bruit. Et c'est terriblement humain, cette façon de faire.
Elle est incroyable ton idée Seokjin-hyung, elle te ressemble si bien. En écrivant, je prends conscience de toutes ces choses qu'il aurait fallu dire il y a longtemps à propos desquelles je ne comprenais rien. Je me demande parfois ce que nous aurions tous été aujourd'hui, si douze ans plus tôt, tu ne m'avais pas harcelé de tes avions en papier. Que saurions nous de Namjoon par exemple, si tu n'avais pas imaginé cette façon de communiquer au lycée ? Lui qui ne parle jamais est si bavard à l'écrit...
Je ne me souviens même plus comment ça a commencé. D'où t'est venue l'idée, Hyung ? Est-ce que ça t'a aussi apporté quelque chose à toi qui semble toujours à l'aise avec l'humain ? Je crois bien que tu ne te tais jamais, mais est-ce que tu dis vraiment des choses dans tout ce bruit que tu fais ?
En ce moment, je suis posé sur le sofa en face du vieux métier à tisser, le mieux conservé, celui que Jimin a recouvert de jasmin (l'un de vous pense-t-il à l'arroser d'ailleurs ?) et je peux voir le mur sur lequel nous dessinions autrefois pour annoncer le courrier. Ça faisait des années que je n'avais plus regardé. Je vous reconnais dans chacun de vos dessins. Les tiens, Hyung, prennent tellement de place que Jimin a dû tracer le contour de ses fleurs par-dessus. Et je suis forcé de constater que tu dessines très mal. Ceux de Namjoon-ah sont très sobres, à peine visibles si on ne sait pas où regarder. Tae-hyung, déjà à l'époque, n'utilisait jamais qu'une seule couleur, qu'importe ce qu'il cherchait à représenter. Sans doute que c'est vous les plus gros consommateurs de craies du groupe, d'ailleurs. Yoongi-hyung, au contraire, n'utilisait que du blanc. On dirait que ses dessins affrontent ceux de Taehyung sur le champ de bataille du spectre lumineux. Les uns se composent savamment, quand, en face, les autres se décomposent en explosant. Et puis il y a Hoseok-hyung... Je le vois partout, dans chacun de vos dessins. Des détails en plus, des ajouts rigolos qui rendent le tout plus beau, mais rien ne lui appartient vraiment cependant. Il est partout et nulle part sur ce mur, et je me demande si j'ai le droit de trouver ça réconfortant...
Oh, Hyung ! Quelqu'un a fait un pénis à ton Bob l'éponge géant, d'ailleurs, tu le savais ?
Moi, il semble que je n'aie jamais rien dessiné d'autre que des roses des vents. Je ne suis pas du genre à faire dans l'original, c'est connu, ce que je maîtrise me va bien en général, mais là, à voir ce principe illustré sur un mur, je me parais affreusement triste. Et bizarre. Comme une scène de film en boucle. C'est vrai, ce motif qui se répète encore et encore, sans changer de couleur, a des airs de bug dans la matrice au milieu de tous les vôtres. Je ne suis pas comme vous, on ne peut pas trouver de la beauté dans ce que mes dessins disent de moi. Ça parait juste fade au départ, et puis ensuite, à force de le voir revenir de façon identique, je crois que ça fait peur. Je me déteste, mais le bon point, c'est qu'on ne peut pas ignorer où se trouve le nord, au moins.
Oui, cette idée est géniale, Hyung : écrire ce qu'on ne sait pas dire et laisser le courrier dans la boîte aux lettres du QG, puis ajouter un dessin sur le mur comme une énorme notification, c'est un truc qui te ressemble bien. Je me demande pourquoi ça fait tant d'années qu'on ne s'est plus servis de ça... Peut-être que j'aurais dû le faire avec Jimin. Ou peut-être qu'écrire n'aurait rien changé, que ça faisait trop longtemps qu'on était cassés.
Tu as des nouvelles de lui ? Ça ne m'étonnerait pas, tout le monde t'aime toujours, toi.
Mais tu sais Hyung, tu plais à tout le monde, pourtant Minha ne t'aime pas. Je ne t'en ai jamais parlé parce que Hoseok et Jimin m'ont dit que ça ne servirait à rien, que ça compliquerait tout, peut-être qu'ils pensaient que ça changerait un jour. Après tout, c'est de toi qu'il s'agit... Ils ne connaissent pas Noona comme moi, cela dit. Mais bon, sans doute qu'ils la comprennent mieux. Moi je ne comprends toujours pas. Je ne comprends jamais rien.
Tu lui as fait quelque chose ?
Elle changeait de sujet chaque fois que je parlais de toi. Elle ne riait jamais quand je lui racontais tes blagues idiotes, même celles qui nous faisaient tous rire, même celles qui faisaient un peu sourire Namjoon. C'était comme si tout ce qui te concernait ne l'intéressait pas. Elle me demandait des nouvelles de chacun d'entre vous, sauf toi. Et maintenant que j'y pense, tout a commencé à foutre le camp entre nous le jour où tu es venu visiter mon labo. Elle n'a pas vraiment cité ton nom, ni même évoqué la journée qu'on venait de passer, mais c'est ce soir-là parmi tous les autres qu'elle m'a posé ces questions terribles auxquelles je suis toujours incapable de répondre : « Es-tu heureux Jungkook ? », « Qu'est-ce que tu fais avec moi? » et la plus étrange : « Comment vois-tu notre avenir ? »
Que quelqu'un me dise quel être humain peut véritablement répondre à tout cela sans mentir. Des fois je suis heureux et des fois je ne le suis pas, comme tout le monde, non ? Et je ne suis pas médium, je ne crois même pas à ces trucs-là, alors comment voir l'avenir exactement ? Est-ce qu'elle attend que j'en invente un ? Je ne vois pas l'avenir, personne ne le peut, je prendrai donc celui qui viendra, s' il vient. On peut tous mourir demain. Pourquoi l'avenir est si important pour les êtres humains ? Parfois je me dis que si le don de voyance existait, qu'on pouvait deviner la suite, peut-être qu'on ne voudrait pas d'elle. Si je voyais l'avenir avec Noona, il est possible qu'il ne m'intéresse pas. C'est mieux de ne pas y penser, car savoir c'est définitif, on ne peut pas désapprendre, même quand ça ne nous plait pas. Et imaginer c'est risqué puisque parfois, ça déçoit. Namjoon m'a dit un jour que de la déception naissent les remords et la douleur, et qu'à trop anticiper quelque chose, on finit par oublier que ça pourrait ne jamais arriver. Donc oui, c'est parce que je ne sais rien de notre avenir que j'essaie. L'expérience, me suffit. Expérimenter et conclure à la fin, c'est ce qui me définit, c'est comme ça que tourne ma mécanique intérieure. Yoongi-hyung m'encourage à m'accrocher à ça pour atténuer l'anxiété quand elle me cloue sur place : « Ne pense pas Kookie, essaye et tu verras. Tu es un scientifique qui ne fait pas d'hypothèse. »
C'est sans doute la chose la plus sage et la plus dure qu'il m'ait enseignée. Car, il y a une vérité que je ne dis jamais : j'ai toujours peur de tout, de tout le monde, de ce qui pourrait arriver et même de ce qui est déjà passé. J'ai la sensation constante que tout m'échappe, que je pourrais mourir à tout moment seul dans un coin et que ça soulagerait la plupart des gens auxquels je tiens. Exister comme un humain est une épreuve à laquelle je ne comprends rien. Je veux essayer néanmoins, je le veux vraiment et je le fais, j'essaie encore et encore depuis que j'ai pris conscience de mon dysfonctionnement, mais parfois, essayer c'est épuisant. Plus encore si on me demande d'envisager l'étendue du temps qu'il reste peut-être devant. Noona veut savoir comment je vois l'avenir et je sais que c'est important pour elle que je réponde à cette question, sans doute qu'imaginer la rassurerait, mais moi, ça me terrifie. Qu'importe de quoi sera faite ma vie, ou qui sera à mes côtés, personne ne pourra jamais vraiment m'apprendre à exister. Et je suis déjà si fatigué que j'ai peur d'échouer.
Peur. J'ai peur. Et je me sens si seul, les gars... La peur c'est gris, la solitude c'est blanc, je suis une image passée, un peu bizarre, venue d'un autre temps. Parfois, moi aussi j'aimerais me décomposer en explosant.
« It's far from over », tu dis ? Pour une fois, juste pour ce soir, je vais faire semblant que si.
Jeon Jungkook.
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