Prologue - This Thing Called Living, Eloise
Hello les amis !
Je suis de retour avec une romance dans mes valises ! Ça fait pas mal de temps que j'ai cette histoire en tête (pour tout vous avouer, j'ai commencé à écrire le plan de la fiction il y a plus d'un an) et j'ai décidé de me lancer, ça y est.
Le concept est un peu différent de mes autres fictions puisque je m'inspire de certains événements qui me sont moi-mêmes arrivés lors de mon Erasmus à Londres et que l'intrigue se déroule dans des lieux que j'ai réellement fréquentés.
Je voulais aussi ajouter à cette fiction ma passion pour la musique, aussi, je vous ai concocté une petite playlist sur Spotify, dans laquelle je posterai une chanson pour chaque chapitre ainsi que quelques surprises, hehe
Pour la trouver, il n'y a qu'à aller sur ce lien :
https://open.spotify.com/playlist/1y8hgUSSRL2TmeVZjI9PHG?si=EUIWEuyeT92MIZDGp5n5IQ&utm_source=copy-link
En gros, la playlist porte le nom du livre : Free Woman in London.
Voilà, voilà, j'espère que vous allez aimer ! Oh là là, ça fait longtemps que je n'ai pas commencé une histoire, j'ai la pression :')
Bonne lecture les amis !
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Encore une fermeture éclair à remonter et c'est terminé. Mes valises sont bouclées, ma chambre apparaît étrangement vide et la quiétude qui règne autour de moi m'oppresse. Je me redresse difficilement, massant mon dos endolori par mon agitation récente due au déménagement.
Après un bref état des lieux – qui me serre terriblement le cœur – j'attrape mes derniers bagages et ferme la porte, laissant derrière moi mes posters de Billie Eilish, une bonne partie de mes photos de famille et mon synthétiseur, que je ne peux malheureusement pas emporter.
— Joni, attends ! Tu ne vas pas descendre ça toute seule, panique ma mère en m'observant depuis le rez-de-chaussée.
Je m'apprête à la contredire lorsque Marc, mon beau-père, la dépasse pour s'élancer dans ma direction bras tendus, prêt à se charger de mes sacs. Je souris et mes yeux me piquent : demain, ce sera fini. Plus de maman pour s'inquiéter, plus de Marc pour m'aider. Je serai loin d'eux, et même si je l'ai voulu, une part de moi s'emplit de terreur.
— Allez, donne-moi tout ça, ordonne mon beau-père de son ton bourru.
— Très bien, très bien, si tu insistes...
Je prends un air las et lui tends les valises comme si elles ne pesaient pas une tonne. Il s'en saisit en me décochant un clin d'œil et dévale les marches quatre à quatre. Je le suis, tête baissée, épaules voûtées. J'ai l'impression de baigner dans un silence étouffant. Ma mère, cette grande pipelette professionnelle, garde les lèvres désespérément closes et Marc semble partager son mutisme.
Ils sont tristes. Je suis la petite dernière, la seule qui restait encore dans leur grande maison perdue au fin fond des Yvelines. Ils vont se sentir isolés du reste du monde après mon départ, tout du moins, c'est que je m'imagine alors qu'ils me dévisagent avec leurs grands yeux brillants.
— Nina et Janis ne devraient pas tarder, soufflé-je, tentant de percer ce nuage d'appréhension qui plane au-dessus de nos têtes.
Je saute les trois dernières marches et fais mine de me concentrer sur mes affaires afin d'éviter leur regard, qui, je le sais, va me faire pleurer dans peu de temps. Le chagrin s'accumule dans ma gorge, enflant au point de me couper la respiration. Qu'est-ce que je vais faire sans eux ? Qu'est-ce qui m'a pris de partir si loin, si vite ?
— Elles m'ont appelée juste avant que tu sortes de ta chambre, elles seront là dans cinq minutes.
Cinq minutes.
C'est le temps qu'il nous reste avant de nous quitter.
J'ai tout fait pour retarder cet instant fatidique, mais il n'est plus question de me défiler à présent. Je relève la tête et sens les larmes perler à l'orée de mes cils.
— Super, parviens-je à articuler alors que mon cœur bat la chamade.
Ma mère me scrute avec tendresse et, sans même avoir aperçu le barrage qui vient de céder en moi, elle lance d'un ton doux :
— Oh, Joni, non.
Puis elle gomme les quelques pas qui nous séparent et m'empoigne dans ses bras douillets, capturant mon corps frêle tout contre elle. Pendant une seconde, j'oublie que j'ai dix-neuf ans, j'oublie que je pars, j'oublie que je suis censée être une étudiante en mal d'aventure qui se lance dans un périple palpitant.
Je redeviens une petite fille effrayée par l'inconnu qui ne veut pas être séparée de sa maman. Je l'enlace de toute mes forces, la presse comme si ma vie dépendait de cette étreinte.
— Je t'aime, maman.
Je l'entends retenir un sanglot.
— Moi aussi, ma puce.
Je sens qu'on a atteint un point de non-retour. Je vais pleurer. Elle va pleurer. C'est impossible autrement, c'est trop dur, trop lourd, c'est juste... trop ! Mon menton commence à trembler, mes poings se serrent et alors que je vais craquer, la voix de Nina emplit le salon :
— Non mais c'est quoi ces têtes d'enterrement ? On joue pas un remake de The Last Song, les gars ! Joni part à Londres, pas à la morgue.
À peine a-t-elle terminé sa tirade que Janis déboule à sa suite et nous saute dessus. Je pousse un cri de stupeur, ma mère trébuche et on s'effondre toutes les trois sur le canapé qui, fort heureusement, se trouve juste à côté.
Au loin, j'entends Nina éclater de rire, suivie de près par Marc, qui se tient dans l'embrasure de la porte – certainement caché depuis les dernières minutes pour ne pas pleurer avec maman et moi.
— Allez, on arrête les tragédies. Je veux des sourires, de la joie et de l'impatience, c'est compris ? continue Nina, mains sur les hanches et sourcils froncés.
Je me dépêtre du nœud humain dans lequel mon autre sœur nous a emprisonnées et me relève tant bien que mal, les cheveux en bataille et les vêtements froissés. Voyant que je peine à retrouver mon équilibre entre les jambes emmêlées de maman et Janis et la propension surréaliste de sacs qui s'est accumulée au milieu de la salle, Nina me tend la main et me tire vers elle.
— S'il te plaît Joni, ne leur rend pas la tâche plus difficile qu'elle ne l'est déjà, murmure-t-elle à mon oreille lorsque j'arrive à ses côtés.
Ses paroles me blessent : moi aussi je suis triste, pour moi aussi, c'est difficile ! Mais je comprends ce qu'elle veut dire : une fois que je serai partie, je rencontrerai de nouvelles personnes, créerai une nouvelle routine et l'absence de ma famille s'effacera peu à peu car mes repères se construiront sans eux. Mes parents, eux, vont rester là où nous vivions tous ensemble jusqu'à hier, ils devront s'habituer à mon absence et l'accepter.
Secouant la tête dans tous les sens pour repousser mes idées noires, je décide de prendre les choses en mains.
— Bon, c'est pas tout ça, mais il serait peut-être temps de se dire au revoir. Avec Janis et Nina, on a décidé de se prendre quelques shoots d'héroïne avant mon départ et j'en peux plus d'attendre.
Marc entre directement dans mon jeu :
— C'est vrai que ça donne l'eau à la bouche, tout ça. Tu as besoin d'une paille ou tu as tout ce qu'il te faut ?
Il ne saura jamais à quel point je lui en suis reconnaissante. Mon sourire s'étire et réussi à dévoiler quelques dents.
— Non ça va, on va juste rouler des billets, ce sera parfait.
— C'est sûr qu'avec tout l'argent que vous avez, un billet ça ne compte pas, renchérit ma mère, daignant enfin lâcher ma sœur.
Janis nous rejoint, les joues rouges et sa queue de cheval décoiffée. Je ris sous cape face à sa silhouette débraillée.
— Si tu te voyais, là, tout de suite, tu ferais moins la maligne, rétorque-t-elle en m'attrapant par les épaules pour m'administrer un shampouinage en règle.
— Arrête !
Je me débats dans tous les sens, parviens, par des étirements habiles, à me libérer et m'apprête à me venger quand ma mère se place entre nous.
— Bon, j'ai compris, vous voulez y aller. Je peux quand même avoir un câlin de mon petit bébé.
Je ris.
— Bien-sûr, où irait le monde si tu ne le pouvais pas ?
Je me détache de Janis et la prends dans mes bras tout en faisant un geste à Marc pour qu'il nous rejoigne. Mes sœurs se mêlent évidement à la cohue et en quelques secondes, on se retrouve à former une boule informe de bras et de jambes, de rires et de pleurs, de souvenirs et d'espoirs. Je ferme les yeux et profite, enregistre chacune des émotions qui me traversent, chaque son que je réussis à capter, chaque odeur qui se faufile dans mes narines.
Et lorsqu'enfin, nous nous écartons les uns des autres, je suis prête. J'empoigne le reste de mes affaires, Nina et Janis m'aidant pour beaucoup, et nous chargeons le tout dans leur Twingo. Marc et maman nous adressent de grands signes de la main depuis le porche et bientôt, le moteur ronronne et la rue s'allonge, laissant la maison derrière nous.
Étrangement, cela me fait du bien : c'est plus facile de regarder vers l'avant quand l'arrière s'est effacé. Il n'y a que des coups de crayon à esquisser et la gomme s'est chargée du reste.
— Bon, maintenant, parlons de choses sérieuses, déclare Nina au bout d'un quart d'heure, qu'est-ce que tu veux boire ?
Toutes mes idées noires s'évaporent instantanément. Je me frotte les mains et lance d'un air complice :
— Surprends-moi.
Le regard que mes deux sœurs s'échangent me confirme une chose : la soirée qui s'annonce va être mémorable.
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