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Chapitre 8 - Glass Half Empty, Jonatha Brooke

— Bonjour, je m'appelle Joni et je suis là pour un entretien, annoncé-je timidement au videur campé à l'entrée.

Celui-ci m'adresse un sourire cordial.

— Salut ! Tu es l'amie de Leeloo, c'est bien ça ?

— Exactement.

L'homme, d'une trentaine d'années et tout en muscles me tend la main et je la serre dans la mienne, lui rendant son sourire. Il m'a l'air gentil et me met rapidement en confiance après avoir échangé quelques banalités.

— Robin sera à toi dans une dizaine de minutes. Tu peux t'asseoir au bar et demander à Milo si tu veux quelque chose, finit-il par me conseiller.

Je le remercie avant de lui obéir et de me diriger vers le fameux Milo, un beau brun aux yeux en amande. Dans son costume de serveur, on pourrait le croire tout droit sorti d'un drama coréen. Cette pensée m'arrache un nouveau sourire.

— Bonjour beauté, que puis-je faire pour toi ? s'enquit-il, achevant d'ordonner son plan de travail.

— Bonjour, est-ce que je pourrais avoir de l'eau, s'il te plaît ?

— Je dois avoir ça en réserve, en effet, répond-il en s'emparant d'un verre.

Je m'installe sur le tabouret en face de lui et pose mon sac à côté, tapant nerveusement du pied sur le sol. Les gens ont beau se montrer sympathiques, j'appréhende tout de même l'entretien. J'avoue trouver cela angoissant, je n'arrive pas à m'en empêcher.

— Et voilà pour toi ! s'écrie Milo après un minute.

Il me tend ma boisson et je lui prends, trempant mes lèvres dans le liquide glacé.

— Merci beaucoup.

— Alors comme ça, tu veux travailler ici ? interroge le barman, s'accoudant au comptoir.

— Il faut croire que oui, répliqué-je en reposant mon verre.

— Tu viens d'où ?

— De Paris, et toi ?

— De Boston, mais par pitié, ne me prends pas pour un américain stupide, comme tous les européens !

Il me décoche un clin d'œil et j'éclate de rire.

— Très bien, très bien. Tu es étudiant ? m'enquis-je.

— En année sabbatique pour le moment, je voyage un peu avant de me lancer dans le travail. Et toi...

Milo laisse flotter la fin de sa phrase, me demandant implicitement mon prénom, que je lui donne sans hésiter :

— Joni ! Je suis étudiante en lettres à UCL, en Erasmus pour l'année.

— Enchanté Joni, je sens qu'on va bien s'amuser, s'exclame-t-il en me tendant la main.

Je souris et répète le geste que je viens d'échanger avec le videur à l'entrée. Sa peau est douce et chaude, je ne sais pas pourquoi, mais cela me rassure un peu et dissipe mon stress.

— Ne parle pas trop vite, tu vas me porter la poisse ! rétorqué-je.

Il s'apprête à répliquer mais la femme qui ouvre la porte juste derrière le bar ne lui en laisse pas l'occasion : grande, très fine et les cheveux roux frisés, elle a une allure particulière qu'on ne peut oublier une fois qu'on l'a vue. Ses yeux embrassent la salle du regard avant de se visser sur moi.

— Joni ?

Mon cœur manque un battement : ce doit être la gérante. Je me relève maladroitement de la chaise haute, manque de faire tomber mon verre – qui trône sur le comptoir – mais fort heureusement, Milo le rattrape in extremis. Je lui adresse un sourire plein de reconnaissance auquel il répond par un énième clin d'œil.

— Allez, file ! Elle ne va pas te mordre, chuchote-t-il.

Je retiens un gloussement disgracieux qui tente de se glisser entre mes lèvres avant de pleinement faire face à la femme à la chevelure hirsute.

­— Oui, c'est moi ! finis-je articuler en m'emparant de mon sac pour m'avancer vers elle.

Lorsque j'arrive à sa hauteur, un immense sourire vient étirer ses lèvres et elle me tend une main avenante que je n'hésite pas à serrer.

— Enchantée, petite ! Moi c'est Robin, la patronne. On va passer dans mon bureau juste derrière pour l'entretien. Ça te va ?

— Bien-sûr !

Sans attendre, nous contournons le comptoir pour rejoindre la pièce qu'elle vient de quitter et nous y enfermer. C'est petit mais cosy, avec un grand bureau en acajou, des fauteuils en velours émeraude et une lampe de bibliothèque verre bouteille. Elle s'installe avant de me faire signe de l'imiter. Les coussins sont si moelleux que je m'y enfonce à moitié, mes cuisses disparaissant dans la mousse.

— Alors Joni, Leeloo m'a dit que tu étais étudiante à UCL et que tu cherchais un job à temps partiel pour l'année. Je vais commencer par te faire un bref récapitulatif de ce que j'attends de mes serveurs puis tu te présenteras et on passera à quelques questions. D'accord ?

Je hoche vigoureusement la tête. S'en suit un entretien assez long mais agréable. Robin est bienveillante et prend le temps de me mettre en confiance, ne rechignant pas à esquisser quelques blagues de-ci de-là pour me faire rire. Et ça marche. Bien que je ne sois pas expérimentée dans le domaine de la restauration, elle ne semble pas s'en inquiéter et, chose merveilleuse, elle me confirme que j'ai le poste à la fin de l'entrevue, sans exprimer la moindre réserve.

— Écoute, Joni, tu m'as l'air d'une fille compétente. Peut-être que ce sera un peu compliqué au début mais je te fais confiance pour t'adapter, lance-t-elle finalement.

Je me mords la lèvre pour ne pas crier de joie.

— Oh, vraiment, merci beaucoup ! C'est génial ! ne puis-je m'empêcher de m'écrier.

Elle pouffe.

— Ravie de voir que cela te fait autant plaisir ! J'aimerais bien que tu commences le plus tôt possible pour que tu puisses être prête à la rentrée, lorsque la nuée d'étudiants viendra s'échouer dans le pub. Ça t'irait de venir dès demain ?

Mes cours ne reprenant que la semaine prochaine, je n'y songe pas à deux fois avant de répondre :

— Avec plaisir !

Robin se relève en tapotant son jean pour se séparer de poussières imaginaires.

— Eh bien, c'est parfait ! Je te donne donc rendez-vous demain soir à dix-huit heures trente. Ne sois pas en retard !

— Vous pouvez compter sur moi.

Elle m'escorte ensuite jusqu'à la sortie. J'en profite pour adresser un dernier signe de la main à Milo qui me lance un baiser après avoir articulé silencieusement « je te l'avais bien dit ». Je me couvre la bouche pour cacher mon éclat de rire puis sors du restaurant en sautillant de joie.

Je flotte sur un nuage d'excitation : moi qui croyais devoir me battre pour me faire embaucher, me voilà avec le job de rêve, dans une équipe chaleureuse et engagée pour l'année. Je vais devoir offrir un très bon restaurant à Leeloo pour la remercier !

* * *

— Madame, hé, madame !

Une main s'agite dans mon champ de vision et je dois me faire violence pour ne pas lui cracher dessus.

— Oui ? pesté-je.

— Tout compte fait, je veux de la sauce barbecue dans mon burger.

Je passe ma langue sur mes lèvres qui s'assèchent de frustration avant de répliquer aimablement :

— Monsieur, c'est la quatrième fois que vous changez d'avis. Nous vous avons déjà amené le burger à la sauce au poivre, celui à la mayonnaise, celui au ketchup et maintenant c'est de la sauce barbecue...

L'homme, d'une soixantaine d'années et le regard vicieux, hausse un sourcil, me mettant au défi de terminer ma phrase.

— Et alors ? C'est un problème ? C'est moi qui consomme, ici, jeune fille, pas l'inverse !

Je vais le frapper. Je le sais. Dans deux secondes, mon poing va brandir mon bloc-notes comme une arme et le lui balancer dans la figure. Luttant contre mes pulsions meurtrières, j'avale une grande goulée d'air.

— Je suis sincèrement désolée si je vous ai mis mal à l'aise, mais la cuisine va bientôt fermer pour laisser place à l'espace dansant. Pourriez-vous vous décider rapidement, mon petit gars ?

La dernière remarque part toute seule, je ne parviens pas à la rattraper à temps. Et le grand-père réagit au quart de tour : se levant d'un bond – et me prouvant qu'il est tout de même très en forme pour son âge – il s'approche tout près de mon visage en s'exclamant :

— Comment osez-vous m'appeler « petit gars » ?

Je lui adresse un sourire cordial.

— Oh, je n'avais pas le droit ? J'avais cru comprendre que nous étions devenus plus intimes quand vous m'avez appelée « jeune fille ».

Ses yeux s'étrécissent et ses joues virent au cramoisi. J'en retire une immense satisfaction. Hélas, Milo brise la magie du moment.

— Joni ! Marco t'attend au bar pour ta formation ! Je me charge de cette commande.

Un intense sentiment de déception emplit mes veines. Moi qui commençais à m'amuser... Cependant, lorsque je croise le regard sérieux de mon collègue, je préfère lui obéir. Lançant un coup d'œil dépité au vieux bonhomme aigri, je finis par me détourner pour foncer au comptoir où déjà, une nuée de clients s'amasse.

Marco, un espagnol à la peau mate et à la chevelure d'ébène, m'adresse un demi-sourire. Bien qu'il semble débordé par le travail, il prend le temps de me demander :

— Ça allait avec Monsieur Robettesen ?

Sa question me laisse pantoise. Voyant mon air ahuri, il éclate de rire tout en secouant son shaker.

— C'est un habitué et une vraie crapule, finit-il par me confier. Il nous fait le même coup tous les soirs. Je suis impressionné par ta patience, si tu veux tout savoir. La première fois que je me suis occupé de lui, je l'ai insulté.

Cette fois, j'ouvre la bouche si grand que j'ai peur que mon menton cogne le sol.

— Et Robin ne t'a pas viré ?

Un adorable sourire en coin vient étirer sa bouche.

— Non. Robin connaît Monsieur Robettesen mieux que quiconque...

Voilà qui me rassure beaucoup ! Retroussant mes manches, je repousse la mauvaise humeur qui s'est amassée dans mon organisme et me prépare à la suite.

— Que veux-tu que je fasse ? demandé-je avec entrain.

Marco tend quatre mojitos à un groupe de garçons avant de revenir vers moi.

— On va commencer par le plus simple. Tu vas t'occuper des pintes de bière. D'accord ?

Je hoche vigoureusement la tête. Le bel espagnol m'apprend les quelques manœuvres à savoir puis retourne s'occuper de la clientèle. L'enchaînement n'est pas très difficile, pourtant, la rapidité avec laquelle je dois m'exécuter rend la tâche bien plus ardue.

Trop de personnes qui me hèlent, trop de voix qui parlent, trop d'informations à retenir, trop d'aller-retour dans un espace restreint. Au bout d'une heure et demie, je perds le fil et, sans le vouloir, laisse échapper une chope qui explose à mes pieds dans un fracas assourdissant.

— Merde Joni... Pas encore !

Je ne sais même pas d'où vient la remarque. Mes épaules s'affaissent sous le poids de la culpabilité. Je me sens nulle. Quelle journée pourrie ! J'ai l'impression d'enchaîner les erreurs depuis que j'ai commencé, c'est-à-dire depuis quatre heures. Rien ne se passe comme prévu. J'ai beau faire de mon mieux, je ne parviens pas à conserver le moindre contrôle sur la situation.

— Je vais tout nettoyer, me sauve Marco en s'agenouillant à mes pieds avec une balayette. Occupe-toi de la prochaine commande.

J'acquiesce frénétiquement avant de me tourner vers le comptoir, le regard éteint et les nerfs en pelote. Je suis tellement fatiguée que je vois trouble et je ne prends plus le temps de regarder mes clients. Ils défilent les uns après les autres, leur visage se muant en une sorte de figure floue dont les traits s'estompent en même temps que les minutes s'égrènent.

Et cela ne me pose aucun problème. Après tout, je ne les reverrai sûrement jamais... À quoi bon essayer ?

Je regrette bien vite mon impertinence lorsque, au milieu de la cohue ambiante, une voix de velours me lance :

— Cinq Camden Hells, Tinky Winky.

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