Chapitre 7 - Twistin' The Night Away, Sam Cooke
Hello les amis !
Vous allez bien ?
Moi, je suis un peu en train de me noyer sous le travail... et du coup, je ne trouve plus le temps d'écrire cette petite histoire, alors qu'elle me tient tellement à cœur...
HONTE À MOI !
Je ne l'ai certainement pas oubliée, et en plus, c'est mon projet le plus abouti parce que - je garde encore le secret mais les révélations ne sauraient tarder - j'ai élaboré tout un travail musical derrière ce livre !
Donc ne vous inquiétez pas, même si je suis aussi lente qu'une tortue, vous aurez la suite, je vous le promets !
En attendant, je vous souhaite une bonne lecture et, PLEAAASE, prenez le temps de me laisser un petit mot ! Vous ne savez pas combien cela m'aide...
Gros bisous
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Une sonnerie atroce martèle les parois de mon crâne. Je gémis, attrapant mon oreiller pour couvrir ma tête. Hélas, la protection n'est pas suffisante et ne parvient que très partiellement à étouffer les hurlements électroniques de mon portable. Après un gémissement désespéré, je me libère de mon coussin pour me saisir de l'appareil.
Un numéro inconnu s'affiche sur l'écran. Je fronce les sourcils en décrochant.
— Allô ?
— Joni ! Ravie de t'entendre, comment ça va aujourd'hui ?
Je mets quelques secondes à poser un visage sur cette voix cristalline. Mais je finis, à grand renforts de massages crâniens, par m'en souvenir.
— Leeloo ! Je suis crevée, comment fais-tu pour te lever si tôt ?
Un rire amusé résonne dans le combiné.
— Je considère qu'après midi, on ne peut pas qualifier un horaire de « tôt », ma belle.
Je cligne des yeux.
— « Après midi » ? répété-je bêtement.
Je m'écarte de mon smartphone et découvre, non sans surprise, qu'il est déjà treize heures passées. Je me redresse brusquement dans mon lit, ignorant la migraine qui pointe le bout de son nez.
— Eh oui ! Bon, j'imagine que tu es en train d'émerger donc je ne vais pas te déranger trop longtemps. C'était juste pour te dire que j'ai bien parlé à mon boss et qu'il est d'accord pour te faire passer un entretien à dix-sept heures au Blues Kitchen, si ça te va.
À ces mots, les événements de la veille me reviennent progressivement en mémoire : après avoir quitté le pub, nous sommes toutes parties à Max Rayne, suivant le groupe du caramel d'Adèle, qui, j'ai fini par l'apprendre, s'appelle Asher – tout du moins, c'est ce qu'il me semble. Je ne me rappelle que partiellement des détails et je sais seulement que Leeloo et moi sommes restées collées toute la soirée, à nous marrer ensemble pour un rien. Lorsqu'est arrivé le moment de rentrer, nous avons passé une partie du chemin ensemble et, la conversation s'intensifiant, elle m'a proposé de parler à son chef afin de savoir s'il avait de la place pour une serveuse en plus.
Il faut croire qu'elle a tenu parole, et cela me touche en plein cœur : nous nous connaissons à peine, pourtant elle se montre déjà très prévenante. Un grand sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je lui réponds :
— Oh là là, mais c'est parfait ! Merci Leeloo, t'es vraiment la meilleure !
— Tout le plaisir est pour moi, ce serait sympa d'avoir une amie qui bosse à mes côtés.
Sa réplique me fait glousser. Nous parlons encore quelques minutes puis Leeloo me laisse reprendre des forces et me préparer à mon entretien. Je mets quelques temps à sortir de mon lit – épuisée par les deux soirées que j'ai enchaînées en l'espace de quelques jours. J'observe un long moment le matelas vide de l'autre côté de la pièce, m'interrogeant sur la date de l'arrivée de ma colocataire.
Personne n'a semblé pouvoir me renseigner à l'accueil et je me retrouve plongée dans l'attente, incapable de prédire l'instant où elle passera cette porte. Cela m'agace : j'aimerais beaucoup être là pour la rencontrer, histoire que nous commencions sur de bonnes bases. Toutefois, comme je ne peux rien y changer, je décide d'aller me doucher et de reporter ce problème à plus tard.
Après m'être lavée, habillée et maquillée, je m'escrime à arranger mes cheveux violets, les rassemblant en une natte collée afin de vainement tenter de paraître plus professionnelle avec cette horreur qui trône tout en haut de mon crâne. Le résultat est honorable : les diverses nuances qui maculent ma chevelure se fondent en une seule teinte, plus foncée et mon trait d'eyeliner parvient à agrandir mes yeux étrécis de fatigue.
Je quitte la chambre sous les coups de quinze heures trente – je préfère me montrer prudente au vu de ma connaissance particulièrement peu développée de la ville – et je dévale les escaliers pour m'engouffrer vers la sortie où, miracle, un soleil illumine le ciel. Je décide d'y voir un bon augure et avance toute guillerette vers Camden, suivant le chemin le plus long, qui me permet de passer par Regent's Park.
L'air est dégagé, une douce brise de fin d'été vient chatouiller ma nuque et j'avance lentement, prenant le temps d'apprécier l'instant. Le parc est vivant : vaste étendue d'émeraude luxuriante qui appelle à s'y poser. Çà et là, des familles et des amis piquent-niquent, leurs rires flottant dans l'atmosphère comme une multitude de bulles dorées. Je les éclate chacune, m'emparant de leur joie rayonnante.
Je m'engage dans un petit sentier, encadré d'arbres majestueux et c'est la tête dans le ciel et les pieds dans la mousse que je progresse, un sourire plaqué sur les lèvres. J'avoue ne pas chercher à me presser plus que de raison : j'ai plus d'une heure devant moi et j'ai envie de profiter de cette météo exceptionnelle. Bientôt, j'entends des cris retentir et je baisse le nez, cherchant l'endroit d'où ils proviennent.
Je m'arrête net, toute couleur s'évaporant de mon visage. Face à moi, se tient un groupe de garçons qui jouent au football sur l'une des nombreuses pelouses du parc. Mon allée débouche sur eux et je ne peux que leur passer devant. Une boule se forme dans ma gorge, car je reconnais celui du milieu, en pleine action : ses cheveux blonds virevoltent autour de sa tête et ses yeux verts fixent le ballon avec une intensité redoublée.
Hayden.
Je ne l'ai pas revu depuis notre rencontre. Si j'étais détendue au début, le fait d'avoir repoussé à plus tard nos retrouvailles a fini par augmenter mon appréhension et aujourd'hui, je ne sais plus vraiment comment réagir face à lui. Se souvient-il seulement de moi ? Peut-être que j'exagère... Mais si c'est le cas, je ne suis pas sûre que ce soit pour les bonnes raisons. Aussi, je sors mon téléphone de ma poche et me penche sur mon écran, regrettant subitement mon effort capillaire, qui m'empêche de me dissimuler sous un rideau de cheveux – aussi violets puissent-ils être.
J'avance à grands pas, priant pour que personne ne me remarque. Cependant, la tâche s'avère particulièrement difficile étant donné que je suis en plein milieu du terrain et que je dois le contourner pour m'en éloigner. Je fais mine de ne pas voir les joueurs et me concentre discrètement sur mes pieds, comptant les mètres qui me séparent de la sortie. Quinze, quatorze, treize... J'y suis presque. J'accélère la cadence, mon cœur battant à toute allure. Je serre mon portable entre mes doigts devenus raides sous l'angoisse et je voûte encore un peu le dos, refusant de m'avouer vaincue.
Je vois se dessiner les contours de la grille, annonçant la fin de cette partie du parc. Dans quelques instants, je pourrai me sauver, ni vu ni connu, et remettre à plus tard ma deuxième rencontre avec Hayden, alias l'homme qui m'a serré la main au milieu d'une montagne de capotes... Je ne suis plus qu'à deux mètres du portail lorsque, sans prévenir, un projectile me percute de plein fouet dans le dos.
Je pousse un cri strident et m'effondre par terre, mon équilibre déjà précaire à cause de ma démarche rythmée. Mon smartphone gicle devant moi, mes mains s'écorchent sur la terre et mon ventre cogne violemment le sol.
J'entends des pas accourir vers moi, puis :
— Merde ! Ça va ?
Je ferme les yeux sous le coup du désespoir. Non, cela ne peut pas être vrai, pas maintenant. Pourtant, c'est bel et bien le doux timbre de mon voisin que je discerne juste à côté. Et je ne peux hélas plus vraiment l'éviter. Mortifiée, j'ose me redresser lentement, frottant mon pantalon qui, fort heureusement, ne présente aucune tâche indélébile.
— Ça va, ça va, réponds-je d'une petite voix.
Je finis par me relever entièrement, récupérant mon portable au passage, qui semble intact. Une fois sur pieds, je constate avec horreur qu'Hayden n'est pas le seul à m'avoir rejointe : tout son groupe se tient derrière lui et louche sur moi avec curiosité. Ils doivent se demander s'ils m'ont éborgnée ou quelque chose dans le genre. Je décide de me concentrer sur un des inconnus – surtout pas l'australien – et je lance gentiment :
— Ne vous inquiétez pas, il y a eu plus de peur que de mal. Retournez jouer et ne faites plus attention à moi.
Pitié que cela suffise, pitié que cela suffise, pitié que cela suff...
— Tu es sûre ? Tu t'es pris un sacré coup ! On a vraiment fait n'importe quoi. Si tu veux, j'ai des pansements et du gel hydro alcoolique dans mon sac à dos, donc...
— Non, c'est adorable mais je n'ai besoin de rien, répliqué-je, coupant effrontément la parole du beau blond.
Je ne l'ai toujours pas regardé dans les yeux. Je suis concentrée sur mes pieds à présent et je fais mine d'aplatir une motte de terre invisible.
— Si tu le dis... Dans ce cas, je...
Hayden se tait d'un coup. Étonnée, je relève la tête et nos regards se croisent immédiatement. Alors je sais. Je sais qu'il m'a reconnue. Je vois la lueur amusée briller dans ses iris vert de jade. Des vagues de souvenirs écument ses pupilles et je rentre la tête dans les épaules lorsqu'il reprend :
— Mais je te connais, Condom Girl !
C'est une catastrophe, un cauchemar, pire encore que ce à quoi je m'étais attendue. Tous ses amis ouvrent grand la bouche et m'observent avec des yeux ébahis tandis que moi, je pique un fard, ne sachant plus quoi faire pour m'extraire de cette situation humiliante. Je me frotte machinalement la nuque et me mets à bégayer maladroitement, les mots me faisant défaut.
Hayden éclate de rire. Étonnée, je lève le menton et le découvre au bord des larmes, se tenant les côtes tant l'hilarité le secoue. Bientôt, je ne suis plus capable de lui résister et je le rejoins, oubliant ma gêne et me laissant porter par cette douce énergie. Nos gloussements contaminent le reste de l'équipe qui, bien que désorientée par notre échange, nous imite de bon cœur.
Et nous voilà en train de rire au milieu du parc, un groupe d'au moins dix personnes empli de vitalité. Je ne sais pas combien de temps cela dure. Une seconde, un jour, une année ? Je n'en ai aucune idée. Mais c'est agréable. Hayden efface ma honte par le rire. Quand nous reprenons enfin nos respirations, il s'exclame :
— Je suis trop content de te revoir ! Ça commence à faire longtemps qu'on ne s'est pas reparlé.
J'y réfléchis un court instant.
— Tu exagères, deux jours, à peine ! le taquiné-je.
Il me décoche un clin d'œil irrésistible.
— Mais deux jours sans te voir, cela sonne comme une douce torture à mes oreilles, ma chère.
Je me mords la lèvre pour ne pas sourire.
— Quel charmeur !
Deux adorables fossettes viennent creuser les joues de mon voisin, ne faisant qu'augmenter sa beauté. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine.
— Je sais, je sais, c'est dans ma nature. D'ailleurs, serais-tu libre la semaine prochaine ?
Je hausse un sourcil, intriguée.
— Pourquoi, tu as des plans à me proposer ?
— UCL* organise une soirée musicale au Finneas tous les samedis, c'est à cinq minutes de Ramsay Hall et c'est réservé aux étudiants de l'université. Ça te dirait de m'y accompagner ?
Je retiens mon souffle. Lucie avait raison : je crois bien avoir mis la main sur une perle rare. Je n'en reviens pas de la chance que j'ai : Hayden est magnifique, adorable et drôle. Que demander de plus ? Qu'il s'intéresse à moi ? Cela semble déjà être le cas. Après quelques secondes de fausse réflexion, je réponds :
— Ça me semble être une super idée. On se tient au courant ?
Le jeune australien opine vivement du chef et brandit son téléphone à la manière d'un trophée.
— Tu me donnes ton numéro ? Ce sera plus facile que de venir toquer à ta chambre – surtout si tu es trop occupée à consommer le cadeau de tes sœurs.
Mes joues s'embrasent et je maudis mentalement les jumelles, ces deux démons.
— Très drôle. Allez, donne-moi ça.
Je lui prends l'appareil des mains, inscris mes coordonnées puis le lui rends.
— Merci beaucoup ! s'enchante Hayden.
— Tout le plaisir est pour moi, soufflé-je avec un sourire malicieux.
Cette remarque le fait rire. Je pourrais me baigner dans ce son velouté. Cependant, du coin de l'œil, je vois ses amis s'impatienter et cela me ramène à la réalité. Je regarde ma montre : 16h03. Il est temps d'y aller.
— Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai un rendez-vous important dans peu de temps... Tu m'appelles plus tard, d'accord ?
— Promis !
Je lui adresse un dernier signe de la main, à lui ainsi qu'à ses amis, que je ne connais absolument pas, puis je leur tourne le dos pour quitter Regent's Park une bonne fois pour toutes. Il me faut encore trente bonnes minutes pour arriver au Blues Kitchen mais la balade n'est pas désagréable. Au contraire : je rêvasse, slalomant entre les londoniens sortis profiter du soleil.
Lorsque l'enseigne du pub apparaît devant moi, je suis plus que prête. La journée a bien commencé, et je vais tout faire pour que cela continue.
*University College of London
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