Il fait bon.
Pas trop chaud, pas trop froid. Juste bon.
Le sable est presque brûlant sous mes pieds alors que le douceur des flocons tombant sur ma tête et mes épaules me ferait presque frissonner.
C'est un spectacle magnifique, un arc-en-ciel apparaissant pour surplomber la mer.
Une odeur. Des roses, tout près de moi.
Elles sont bleues. J'ai de la chance. Je crois que c'est très rare. Peut être qu'il n'en pousse qu'ici.

Ici ?

J'ai faim. Du chocolat. Depuis quand je n'en ai pas mangé ? Je ne sais pas. Longtemps. Combien de temps ? Je ne sais plus.
C'est comme si le temps s'était arrêté.

Un rock se fait entendre. Ou une ballade.
J'ai envie de danser. Est ce que je peux danser ? Je ne sais pas danser. Et chanter ? Je ne peux pas chanter. Pourquoi ? Je n'y arrive pas.

Je ne veux pas quitter cet endroit. C'est beau. Il fait bon.

Je tourne la tête. Il y a quelqu'un. Je ne suis plus seul.

Plus seul ?

Il n'est pas seul non plus.
Non. On n'est pas seulement deux. Ils sont trois.
Je ne vois pas leur visages. Mais je sais que je ne les aime pas. Je ne sais pas pourquoi.
Ils me font peur. Ils viennent vers moi.
Des manches brillent à leur main. Des bouts pointus. J'en ai déjà vu.

Ils courent maintenant, sur le sable devenu froid. Il n'y a plus de soleil, plus de neige, plus d'arc-en-ciel. Seulement un gros nuage noir qui crache de la foudre et grogne.

J'ai envie de crier. Je ne peux pas.
J'ai envie à m'enfuir. Je ne peux pas.
Je pleure. Ça ne sert à rien.
Mais je pleure.

Ils sont tout près. Trop près. Si près.

- Tu es plus fort qu'eux.

La voix est sorti de nulle part.

- Ne les laisses pas gagner.

Encore.

- S'il te plait.

Mes larmes disparaissent. Séchées.
Les hommes sont à deux pas.

- On a besoin de toi.

Le premier tend le bras vers moi. Vers ma poitrine.

- Reste.

Je distingue enfin son visage. Méchant.
Et ses yeux. Terrifiants.
Qui me paralysent.
Je les connais. Trop.
Mais je ne les laisserais pas une deuxième chance.

- Reviens !

J'aspire une énorme goulée d'air et je me redresse en sursaut.

Tout à disparu.

Plus qu'un bip bip incessant, un petit écran, une lumière aveuglante. Une présence rassurante à mes côtés.
Sur l'écran, quelques mots.

13h30. Patient A520. Sorti du coma.