Un homme était tranquillement assis dans son fauteuil.
Il attendait, serein.
Un léger vombrissement se laissait entendre, coupé par la musique préférée tapant dans les oreilles de l'homme.
Inspiré, il se rapprocha de la fenêtre, et se permit un instant de comtempler le paysage de cette ville, presque immobile.
On aurait dit un tableau, selon l'homme, avec toutes ces couleurs vives et tous ces gens qui grouillaient dans les rues, formant un amas indescriptible.

L'homme était écrivain. Il aimait donner un sens aux mots, les voir prendre forme dans les yeux de ceux qui les lisaient.
Il travaillait d'ailleurs depuis quelques temps sur son prochain roman, qui pourrait, il l'espérait, donner un peu d'espoir autour de ceux qui le lirait.
L'homme rêvait de changer le monde. Beaucoup de choses le révoltaient, d'autres le touchaient profondément.
Ses écrits étaient fait pour apporter optimisme et chaleur aux personnes qui n'y croyaient plus.
Lui se disait chanceux, car ses parents l'avaient toujours aimé, avaient toujours répondu à ses besoins et avaient toujours cru en lui. Alors, il avait décidé d'offrir une vie de travail à défendre les causes qui lui étaient chères.
Il était encore jeune, mais il avait la sagesse d'un veillard.

Au bout d'un moment, l'homme abandonna sa fenêtre, lassé.
Lorsqu'il se retourna, il aperçu des hommes, des femmes, aux traits déformés en drôles de grimaces.
Il enleva la musique de ses oreilles, interloqué.
Le bruit que sa musique couvrait jusqu'à présent lui arracha les tympans.
Certaines personnes hurlaient, d'autres frappaient très forts leur poings contre les fenêtres et d'autres encore pleuraient à chaudes larmes.
L'homme se leva, inquiet, cherchant à comprendre quel drame pouvait bien affoler toutes ces personnes.
Il marcha, tibuta jusqu'à la porte, voulant demander des renseignements.
Il ne pût ouvrir ladite porte.
Il colla son oreille contre le métal froid et entendu des cris graves provenant de derrière, si fort qu'il ne les percevait pas.
Et puis, il comprit. Son sang ne fit qu'un tour.
En une fraction de seconde, l'homme vit défiler tous ses rêves d'un monde meilleur devant ses yeux.
En un fraction de seconde, l'homme perdit toute foi en l'humanité.
Il tenta de garder tout de même son calme et retrouna à sa place, en essayant de ne pas laisser la peur des autres prendre sur lui.
Il prit son téléphone portable et composa le numéro de ses parents.
Grâce au ciel, ils décrochèrent aussitôt.
Il prit son ton le plus posé, le plus rassurant pour leur dire :
- Papa, maman, je voulais juste vous dire merci. Merci pour tout. Et... Et que je vous aimes.
Et au moment où il prononça son dernier mot, l'irréparable éclata.
Le choc fut irréel, comme hors du temps.
Tellement rapide et pourtant, si précis.
L'homme lâcha son téléphone et tomba sur le sol.
L'explosion le rendit instantanément en cendre, comme toutes les autres personnes présentes autour de lui.
Avec eux, 2 977 sont mortes sur le coup.

Le 11 septembre 2001 avait frappé le monde et sa mémoire comme l'avion piégé avait frappé le World Trad Center.