Mia

-Alors, tu comptes me dire où tu m'emmène? demandais-je curieusement à Harry. 

Il détourne rapidement ses yeux de la route pour les poser sur moi. Un sourire enfantin illumine son visage puis il secoue la tête de gauche à droite pour me faire comprendre que je ne saurais rien avant d'être arrivée à destination. Je laisse échapper un soupire d'exaspération, provoquant un léger rire à Harry. 

-Tu le sauras bien assez tôt, Mia, dit-il toujours le sourire aux lèvres . 

Je m'enfonce dans mon siège et croise mes bras sur ma poitrine. Je tourne la tête vers la vitre de la voiture et décide d'observer la rue bondée pour m'occuper. Les personnes qui marchent sur les trottoirs semblent joyeuses. Leurs bras sont chargés de cadeaux emballés soigneusement dans du paquet cadeau rouge et doré et leurs lèvres sont étirés en de magnifiques sourires. L'ambiance de ce soir est magique. Des guirlandes lumineuses sont accrochées sur les façades des magasins, la neige recouvre les bords des routes, les chants joyeux et les rires des enfants emplissent la rue. Oui, l'ambiance est des plus festive à l'approche de la fête la plus convoité de l'année. Noël. 

Moi, je n'ai jamais vraiment apprécié Noël. A la maison, l'ambiance est toujours très froide. Tout est minutieusement programmé de l'heure où nous passons à table pour déguster le repas que ma mère à préparé, au moment où nous allons nous coucher. Tout est programmé et rien n'est magique dans ces soirées organisées. 

-Nous arrivons, dit soudainement Harry, me sortant de mes pensées. 

Je détourne immédiatement les yeux pour essayer de trouver l'endroit où nous allons. La voiture d'Harry entre dans un grand parking et nous nous garons à une place près de l'entrée. Je sors de la voiture et claque la portière derrière moi. A peine sortie, le vent froid balaye mes cheveux vers l'arrière et me glace le visage. Il fait moins de zéro degré aujourd'hui, c'est une certitude. Harry contourne son véhicule et arrive à mon niveau. Il passe sa main derrière mon dos et la pose sur ma hanche avant de me tirer vers lui, me mettant au chaud. Je scrute l'endroit où nous venons d'arrivés mais aucune pancarte ou écriteau ne m'indique où nous sommes. Nous marchons sans un mot l'un contre l'autre, profitant de la chaleur de l'autre jusqu'à arriver devant une longue queue. 

-Il y a beaucoup de queue aujourd'hui visiblement, heureusement que j'ai déjà acheter les places, dit Harry. 

Il me traine vers le guichet numéro deux, celui où une étiquette indique "Billet pré-reservés". Nous marchons jusqu'à là-bas. 

-Bonjour madame, dit Harry à la femme en tendant les billets vers elle. 

-Bonjour les jeunes, dit-elle avec un grand sourire avant de consulter les billets. 

Elle déchira un morceau des tickets avant de les redonner à Harry.

-Passez-un agréable moment sur notre patinoire, dit la femme, me révélant l'endroit où nous sommes. 

Je regarde étrangement Harry, le questionnant du regard. Mes sourcils se froncent légèrement ne réalisant pas que je vais refaire du patin pour la première fois depuis 3 ans. Il me prend la main et m'incite à entrer dans la patinoire. Nous arrivons dans une salle avec plusieurs bancs, où plusieurs personnes sont assises dessus pour enfiler leurs patins à glace. En revoyant tous ces patins, je me demande si les miens me vont encore. Harry me conduit à un banc et me pousse légèrement pour me faire asseoir. 

-Je vais chercher nos patins, tu as besoin de quelle pointure?  demanda-Harry. 

-Hum, trente-sept je pense, dis-je.

-D'accord, je reviens, dit-il en me souriant. 

Il s'éloigne me laissant seule. Je sors les gants de mes poches et enfouis mes mains dedans pour les garder au chaud. Je n'aurais jamais pensé qu'il se souviendrait que j'aimais le patinage. J'aurais plutôt cru qu'il aurait oublier ou simplement négliger cette information. Mais non, et il m'a emmené ici. 

Malgré la joie que je ressens je ne peux cacher ma légère appréhension. Avant, pour moi le patinage était un refuge pour échapper à mes problèmes et je ne sais pas si un jour j'arriverais à l'assimiler à autre chose. Je ne sais pas si un jour le patinage pourra seulement être une passion et non un échappatoire. 

La silhouette imposante d'Harry ressort du lot. Il tient des paires de patin à glace. La mienne paraît minuscule par rapport à la sienne. Il arrive à mon niveau et s'accroupit devant moi pour poser mes patins. 

-Voilà, souffla-t-il. 

-Merci beaucoup. 

Je me courbe vers l'avant pour retirer mes chaussures à lacets. Je les pose à coté de moi et attrape mes lames des patins à glaces. Je passe facilement mes pieds à l'intérieur avant de les nouer. Quand j'ai terminé, je jette un coup d'oeil vers le garçon à coté de moi et je me rends compte qu'il a du mal à mettre ses patins. 

-Laisse moi faire, dis-je timidement. 

Je n'attends pas sa réponse pour prendre doucement le patin de ses mains. Je défais les lacets avant de tirer fermement la languette vers l'avant. Je lui rends et lui dit:

-Il faut tirer la languette fermement, même si tu as l'impression que tu vas la casser. C'est plus résistant que ça en a l'air.

-Ha d'accord, merci, sourit-il. 

Il enfile ses patins rapidement après ça et nous nous levons et marchons maladroitement jusqu'à la patinoire. Il y a pleins de personnes qui patinent mais la patinoire extérieure est bien plus grande que la norme. Je m'agrippe au bord avant d'entrer sur la glace. Quelques secondes après, je relâche mon appuis et m'éloigne du rebord pour prendre plus d'indépendance. Je jette un coup d'oeil vers Harry qui n'est toujours pas entrer dans la patinoire. Je m'approche de lui en deux mouvements, plutôt contrôlés, même si je sens une certaine peur en moi à cause de toutes ces années que j'ai passé sans patiner. J'arrive à l'entrée et tends la main à Harry. 

-Tiens-toi à moi, je ne te laisserai pas tomber. 

Il attrape ma main fermement et met un à un ses pieds sur la glace. Il reste figé, droit comme un piquet, sur la glace alors que je lui assure son équilibre. 

-C'est la première fois que j'en fait, dit-il doucement. 

-Je vois ça, répondis-je pour le taquiner. 

Il fronce les sourcils avant de donner une impulsion sur la glace pour se faire glisser. Il s'arrête juste devant moi. Sa haute taille domine amplement la mienne, même si sur la glace je me sens en position de force. Il me regarde fixement et il passe sa main gantée sur ma joue. 

-Ne te moque pas de moi, dans deux semaines je patine mieux que toi, lança-t-il.

Un rire s'échappe de mes lèvres à l'entente de son défis. 

-C'est ce qu'on verra mon petit, dis-je. 

-Petits? Tu fais du trente-sept en pointure et du fait une tête de moins que moi. Si je suis petit, je ne sais pas ce que tu es. 

-Ce n'est pas totalement faux, dis-je en souriant. 

Il essaye de s'éloigner de moi mais je le retiens.

-Tu sais que si tu lâche ma main, tu risque de tomber? questionnais-je. 

-Je peux toujours essayer. 

Il dessert doucement ses doigts de ma paume et il s'éloigne prudemment de moi. Il patine quelques mètres mais rapidement il se plie légèrement pour essayer de retrouver son équilibre. Je m'approche de lui et l'aide à se redresser.

-Je te l'avais dit, ce n'est pas une bonne idée. Moi, pour réussir à tenir debout la dessus j'ai pris plus d'un mois. 

-Je comprends, c'est tellement… Instable. 

Je souris et nous commençons à patiner doucement, main dans la main entre les couples, les enfants, les amateurs et les patineurs expérimentés. 

-J'avais l'habitude de patiner seule sur la patinoire, dis-je soudainement. Je ne prenais pas de cours. Je payais à chaque fois avec de l'argent que je gagnais en vendant mes vieilles affaires sur internet. J'allais patiner une à deux fois par semaine, même si j'aurais désiré y aller plus, l'argent me manquait. Mais un jour, alors que je m'entrainais, un homme est venu m'observer. Il devait avoir une quarantaine d'année. Je n'y ai pas prêter attention car beaucoup de personnes venaient me regarder patiner et me féliciter. Mais celui-là, lorsqu'il est venu à ma rencontre à la fin de mon entrainement il ne m'a pas féliciter. Il m'a demandé si je voulais devenir une de ces concourantes. J'ai accepté. Et j'ai commencé à faire des concours, grâce à lui. Si j'avais continuer de concourir après mon problème, il m'aurait offert une bourse pour intégrer une école spécialisée dans le patinage… 

-Et tu n'as jamais essayé de le re-contacter? 

-Non, je ne pense pas reprendre le patinage de tout manière.

*

Nous avons patiner une bonne heure, en nous racontant des choses sur nos vies respectives. Nous avons rigolé et blagué sur la manière qu'avait Harry de patiner. Je n'aurais jamais penser que de retourner sur une patinoire pourrait me faire tant de bien. J'avais remercié, intérieurement, Harry un milliard de fois. 

Sa voiture s'arrête devant ma maison me remplissant d'une tristesse incompréhensible. 

-Viens avec moi, dis-je à Harry. Je n'ai pas envie que tu parte. 

-Tes parents ne sont pas là? demande-t-il.

-Non, personne n'est chez moi, ils travaillent encore. 

-D'accord, je viens alors. 

Nous sortons de la voiture et entrons dans la cour de ma maison. La neige parfaite, a été creusée partiellement d'empruntes de pas. Nous suivons le chemin de pierre dissimulé presque entièrement par la neige, laissant à notre tour nos empruntes. Nous arrivons devant la porte d'entrée et je l'ouvre rapidement à l'aide de ma clé. Je pousse la porte et nous entrons dans la maison. Je fronce les sourcils lorsque je vois que toutes les lumières sont allumées. Je sens à nouveau mon coeur s'échauffer. 

-Je vous attendez justement! dit une voix devant nous. C'est celle de Zayn. 

Je n'essaye même pas de le visualiser, totalement paniquée. Je jette un coup d'oeil à Harry cherchant du réconfort en lui. Mais il y'en a aucun. Son visage est fermé et sa mâchoire est contractée. 

-Tu ne nous présente pas Mia? La voix de Zayn résonne à nouveau. 

Je ne réponds pas et attrape fermement la main d'Harry. Il fixe Zayn d'un regard haineux. 

-Qui es-tu? demande froidement Harry. 

-Je m'appelle Zayn. Je suis un vieil ami de Mia.

Je sens mes yeux se remplirent de larmes. A l'instant même, je n'ai qu'une envie. M'enfouir dans les bras d'Harry. 

-Et l'ex de sa pauvre soeur… finit Zayn. 

"Ses mots déchirèrent mon coeur. Avant ce jour, je ne savais pas qu'il était possible de briser un coeur qui l'est déjà…"

***

En attendant la suite allez faire un tour sur ma nouvelle fiction Dark --> https://www.facebook.com/media/set/?set=a.622333811197526.1073741828.622330534531187&type=3