Pov Clary :

C'était le cœur lourd que j'observai l'atmosphère morose qui se déclinait dans la pièce. Pourtant, je me devais de sourire : Halsey me contemplait d'un œil inquiet, n'ignorant pas mon état.

- S'il y avait un problème, tu me le dirais, n'est-ce pas ? -me demanda-t-elle d'une voix douce et préoccupée.

- Il n'y en a aucun, Hal. -me forçai-je à dire en tentant une grimace faussement heureuse. Allez, parle-moi de toi.

Elle me regarda, incertaine.

- Que veux-tu que je te dise ?

- Tout ce qu'il te passe par la tête. N'importe quoi. Ce qui te fait rire, ce qui te fait pleurer, ce que tu ne supportes pas... N'importe quoi.

- Je ne supporte pas te voir triste. –chuchota-t-elle finalement. Je pense que tu ne le mérites pas. Elle ne te mérite pas.

Comme tu as tort...! C'est moi qui ne l'ai jamais méritée.

Touchant avec nervosité sa cuillère, Halsey semblait momentanément perdue dans ses pensées.

- Je n'aime pas te voir comme ça non plus. -fis-je en interceptant son regard. Qu'y a-t-il ?

Secouant négativement la tête, Hal courba la nuque.

- Hal ?

Elle ouvrit la bouche plusieurs fois, avant de se raviser, comme à chaque fois.

- Dis-moi.

- Ma mère m'a appelée, il y a deux jours. Elle aimerait reprendre contact avec moi. Me revoir.

Les parents d'Halsey étaient un sujet extrêmement sensible. Je n'en savais que des bribes, suffisantes pour témoigner la souffrance et l'incompréhension de mon amie qui ne s'en était toujours pas remise.

- Que veux-tu, toi ? -lui demandai-je avec douceur.

- Je ne sais pas. -me répondit-elle en soupirant. Sa présence a toujours été nocive pour moi... mais j'avais toujours besoin d'elle. Même si elle m'a abandonnée.

"-Puis, tu es partie. Tu m'as trahie. Tu as disparu de ma vie en emportant tout avec toi."

- Clary ? Tout va bien ?

Je clignai rapidement des yeux, me forçant à sourire.

- Je comprends.

- J'ai tellement espéré ce moment, je priai pour qu'elle ouvre les yeux, qu'elle me remarque enfin. Mais le mal a été fait : des années sont passées et mes espoirs se sont envolés. J'ai cessé d'y croire, je me suis mise à la haïr autant que je me haïssais. Je voulais me sentir bien, être normale. Mais j'ai sombré et je me suis détestée d'autant plus en voyant ce que je devenais. Un soir, lors d'un bref moment de lucidité, je suis partie : j'ai fait ma valise, sans un regard en arrière, sans jamais me retourner et sans jamais revenir. Qu'est-ce qui a changé pour elle? -s'écria-t-elle, les yeux brillant de larmes.

- Je ne sais pas, Hal. Elle a peut-être ouvert les yeux ? Peut-être que ton départ lui a fait réaliser à quel point elle t'avait négligée, à quel point elle le regrettait.

Si tu savais à quel point je regrette, Shay.

- Peut-être, peut-être pas. Je ne le saurai jamais. Que ferais-tu à ma place, Clary?

"-Je suis désolée."

"- Tu m'as trahie."

- Laisse-lui une chance de s'amender, une chance de comprendre ses raisons.

Elle me dévisagea pendant plusieurs secondes avant d'acquiescer.

- Je l'appellerai tout à l'heure... J'espère juste ne pas le regretter.

Les épaules raides, j'opinai à mon tour, sentant qu'un rejet de plus risquait de briser le cœur d'Halsey.

Nous finîmes notre dessert et je me levai, laissant Halsey en faire de même.

Nous marchâmes silencieusement dans les rues d'un Chicago éveillé avant de déambuler dans une rue marchande.

Les passants, essentiellement des touristes, étaient regroupés en masse, grouillant comme un ruche d'abeilles fébriles et toujours plus voraces. Des dizaines de stands nous faisaient face, tous plus spacieux et originaux les uns que les autres.

Halsey s'arrêta devant l'un deux, tendant les mains vers deux bracelets en fils brodés : l'un était argenté, avec des reflets bleutés, l'autre or aux scintillements verdâtres.

Elle me tendit le premier, l'enroulant autour de mon poignet avec des gestes délicats avant d'en faire de même avec le sien et de payer le vendeur.

Je touchai les fils brodés, haussant un sourcil.

- Je me suis dit que c'était une bonne occasion de te témoigner ma gratitude... et mon amitié.

Mon expression s'adoucit.

- Tu n'as pas besoin de me procurer quoi que ce soit, Hal. Ça me fait plaisir de t'aider, et sache que je t'apprécie aussi.

De petites teintes rosées apparurent sur ses pommettes hautes.

- Il te plait ? –murmura-t-elle en désignant le bracelet d'un léger mouvement du menton.

La fébrilité poignante dans sa voix me toucha.

- Il est magnifique, merci.

Je fus récompensée par un sourire éblouissant, étincelant de gaité.

Nous continuâmes ensuite notre route, portées par le rire de la foule et la musique d'un rap trop fort.

Une vitrine à ma droite attira mon attention : des objets, délicats et vintages, étaient disposés par ordre de taille, tous plus magnifiques les uns que les autres.

Echangeant un regard entendu avec Hal, nous nous engouffrâmes à l'intérieur.

Nous nous séparâmes rapidement et je me perdis dans ma contemplation.

Attrapant un vase aux dorures entremêlées, je me retournai... fonçant dans un corps.

La personne en question lâcha un petit cri de surprise et l'objet qu'elle tenait entre ses mains tomba à terre.

Je me confondis aussitôt en excuses.

- Excusez-moi, je ne savais pas où je regardais. Je suis vraiment désolée ! J'aurais dû faire plus attention !

Souriant, la jeune femme qui me faisait fasse, eut un haussement d'épaules nonchalant et remit sa chevelure blonde en place tandis que je ramassai ce que j'avais fait tomber.

- Ce n'est rien, vraiment. Je suis tout aussi fautive : ce n'est pourtant pas dans mes habitudes de me laisser distraire. Vous n'êtes pas une habituée, n'est-ce pas?

- Comment...?

Elle eut un sourire éblouissant et me tendit sa main.

- Je suis la gérante de ce magasin : Amy, enchantée.

- Oh !

- J'ai toujours fait en sorte de connaitre chaque acheteur. C'est un devoir que je me fais depuis l'ouverture, il y a peu de temps.

- Vous avez l'air de connaître un franc succès. -observai-je en regardant les gens déambulés, visiblement ravis de leurs achats.

La gérante se mit à rougir, gardant son sourire sincère.

- Je ne m'y attendais pas : ça a été une vraie surprise !

- Vos produits sont magnifiques !

Et c'était un véritable compliment : les inspirations semblaient exotiques, rien n'était semblable.

- Merci. Je puise mes sources de mes voyages : votre vase, par exemple, a été imaginé en France. Les courbures presque épurées et leurs lignes simples et novatrices sont exemplaires.

Intéressée, je buvais ses paroles lorsqu'une voix familière me héla :

- Clary ? Où es-tu ?

- Ici, Hal !

L'expression de la gérante se mua alors en un masque glacial : ses yeux s'assombrirent et sa voix devint sèche.

- D'où venez-vous déjà ?

Je fus aussitôt soupçonneuse.

- D'ici. Je viens de revenir.

La gérante écarquilla ses yeux comme si une prise de conscience soudaine eut lieu.

- Tout va bien ? -s'enquit Halsey derrière mon dos en fusillant la femme du regard.

- Oui. -lâcha la gérante d'un ton froid avant de partir, me laissant stupéfaite.

- Tu la connais ? -me demanda Halsey.

- Non. Je ne l'ai jamais vue. 

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Désolée pour ce looong moment d'absence !

Comment trouvées vous ce chapitre ? Pourquoi le comportement de la gérante est-il aussi étrange ?

A vos commentaires :) !

XOXO