Siège et ciel bleus,
dehors, l'horizon défile.
Couleurs décousues, paysage perd ses fils.
Verrai-je tes yeux ?

Le voyage paraît bien banal
On ne se parle pas, regarde pas, normal.

Soudain, véhicule connaît arrêt,
et les arbres cessent de bouger.

Voici alors venue l'occasion,
de la normalité, fin de cession.
Et si, je basculais l'habitude ?
Et si, je vaincais la désuétude ?
Et si, je voyais tes yeux ?
Et si, il se peut...

Je pense, j'espère... je tente.
J'engage la conversation.
Dès lors, plus de train, plus d'avion,
plus de Paris, Metz, Nantes.
Plus que toi,
inconnue dont je vois les yeux colorés,
plus que moi,
découvrant un monde de possibilités.

Je joue à m'inventer,
une toute nouvelle identité :
autre classe, autre prénom.
Je défis la raison.

Vite, trop vite,
le train repart,
et arrivera bientôt à la gare.
Mais encore, de la normalité, on brise les limites.

Tu ne sais pas qui je suis,
je ne sais pas qui tu es.
Peut-être bien que toi aussi,
tu as joué à t'inventer une identité.

Paris est loin, Metz est déjà là,
la fin approche à grands pas.
Mais peu m'importe, car ce matin,
j'ai rencontré l'inconnue du train.