Nous marchons dans la nuit, épaisse, totale, sans phare pour nous guider, juste des lumières ténues qui tremblotent et s'évanouissent à notre approche. Nous marchons, de leurre en leurre ; peu importe que sous nos pieds la terre soit dure ou qu'elle nous enlise ou qu'elle nous avale. Nous marchons.

Nous marchons, d'illusion en illusion, de rêve en rêve, tout en sachant que jamais nous ne les attraperons. C'est trop sérieux pour être vraiment un jeu, mais trop irréel pour être vraiment sérieux. 

Nous marchons, même si nous ne les voyons plus, car nous n'avons d'autre choix que suivre l'impitoyable courbe du temps qui nous entraîne sans nous laisser souffler.

Nous marchons. Parfois, au loin, nous voyons quelqu’un capturer la lumière, qui l’illumine assez longtemps pour le faire briller, avant que les ténèbres ne l'engouffrent à nouveau. 

Nous marchons et quelquefois, c’est nous que nous voyons saisir une lueur, mais nous savons que ce n’est qu’un mirage, une étincelle perdue dans nos yeux…

Car la lumière ne sera jamais pour nous.

Et nous marchons…