J'entrai dans notre loge un grand sourire aux lèvres, ne pouvant pas lâcher ce trophée des mains. C'était notre premier daesang. Le premier, mais certainement pas le dernier. J'étais extrêmement fier de ce que nous étions devenus. En quelques années, nous avions gagné en popularité, gagnant de plus en plus de fans, surtout à l'international. Le monde s'offrait à nous et nous n'allions pas nous priver pour le saisir. Je m'assis dans un des canapés aux côtés de mes camarades, euphoriques.

Le trophée passa dans d'autres mains sans que je ne me rende compte et tout le monde le toucha, l'embrassa. C'était comme si on venait de gagner une coupe du monde. Non, c'était mieux que ça. Nous n'étions pas les premiers à gagner un daesang, sûrement pas les derniers non plus. Mais c'était notre premier. C'était important. Pour nous tous.

C'était important pour Jungkook, qui avait décidé d'aller dans une petite agence alors que les plus grosses couraient après lui.

C'était important pour Taehyung, fils de fermier, qui avait dû attendre un moment dans l'ombre alors nous étions déjà présentés aux fans.

C'était important pour Jimin, qui avait dû redoubler d'effort en danse, lui qui ne faisait que dans le contemporain.

C'était important pour Hoseok, dont la mère avait fait tous les sacrifices pour lui permettre d'entrer dans une agence et de commencer dans un groupe.

C'était important pour Yoongi, qui avait bravé son père et travaillé d'arrache pied pour survivre pendant notre période en tant que trainee.

C'était important pour Seokjin, qui avait toujours l'impression que personne n'était fier de lui et qu'il était juste là pour son visage sans avoir aucun talent.

Et c'était important pour moi, qui portais ces petits gars sur mes épaules depuis le début sans jamais broncher.

La fête dura toute la nuit, à vrai dire. Je bus un peu trop, mais je ne fus pas le seul. Tous les autres avaient un peu abusé de l'alcool, même Jungkook qui était encore un peu jeune. Et le lendemain, il y eut deux constats : nous avions la tête dans le cul; et nous n'arrivions toujours pas à y croire.

Nous étions enfin devenus les artistes que nous rêvions d'être, et c'était loin d'être fini. Nous qui, au départ, n'étions rien.