Je m'assieds sur le bord de mon lit, la tête entre les mains. Les poumons sont bien là, coincés dans la cage thoracique, et pourtant je suis incapable de les utiliser. Comme tous les jours depuis bien trois mois, je ressens ce poids sur ma poitrine, un poids qui ne s'amenuise jamais tout à fait et qui, parfois, prend même une place si grande qu'un iota d'oxygène ne pourrait me parvenir.

Il est tard, la chambre est noire et mes yeux sont fermés. Je tente de réguler à la fois mes battements de coeur et ma respiration, la forçant bien qu'elle réveille des douleurs incendiaires dans tout mon tronc.

Je ne supporte plus le monde extérieur, les émotions des autres qui s'ajoutent au fardeau des miennes, mes yeux clignent maintenant régulièrement pour chasser les larmes ; le noeud dans ma gorge, le poids sur ma poitrine ne semblent pas réduire le moins du monde.

emma, tu oublies encore de respirer.

Peu à peu, je reprends un semblant de contrôle sur moi-même, inspirant et expulsant l'air jusqu'à ce que mon corps soit sur le point d'imploser.

Mes narines s'ouvrent, je sens le nectar de vie réoxygéner mon coeur, je pousse si fort que ma colonne vertébrale en craque, mais il faut, il faut que je respire.

Souffle. Voilà ce que je me répète. Souffle, pousse les nuages et éloigne l'orage. Chasse la pluie et chasse les larmes.