Je laisse le froid m'envahir. Allongée sur mon matelas, les yeux fixés sur les lattes du plafond seulement visible grâce à la luminosité jaunâtre que mon radio-réveil diffuse dans la pièce, j'attends.

J'attends qu'un frisson me prenne, qu'il me secoue le corps, qu'il me secoue l'esprit, qu'il soit le coup de fouet qui me relève enfin. J'attends longtemps, dix minutes, peut-être. Je sens mes poils se hérisser, mes pores se refermer et le froid m'envelopper. Le frisson ne me prend toujours pas, alors je rabats la couette sur mes jambes nues.

Mes yeux se remplissent d'eau. Je sais que je ne saurai me retenir, cette fois. Bientôt, une première larme brûlante court du coin de mon oeil gauche vers mon oreille. La goutte se perd dans ma chevelure, et d'autres larmes dévalent désormais mon visage. Mes tempes pulsent comme les basses dans un festival de musique, et un mal de tête incroyablement violent me prend. Je me mouche. Je me rends compte que c'est la première fois depuis plusieurs heures que je fais un bruit.

Je me tortille sous la couette, je me mets en position foetale. Je ferme les yeux et j'attends que les larmes forcent le passage, ce qui ne tarde pas. Je les sens glisser en travers de mon nez, vers mon autre face. Je pleure longtemps, recroquevillée sur mon matelas.

Je pleure jusqu'à ce plus rien ne s'écoule. Je pleure jusqu'à ce que mon corps soit soulevé par des hoquets, jusqu'à ce que mon visage soit inondé, que ma tête implose, et que mes yeux se ferment. Je pleure jusqu'à me sentir apaisée, pour la première fois depuis longtemps.

Je ferme les yeux.