4.Brittany
Merci à @Vaninha77 pour ce fabuleux dessins de Brittany! ❤️❤️❤️ It's wonderful!
*******
J'aimais prendre des risques. C'était ma manière pour me sentir en vie.
Gabriel et moi n'avions jamais vraiment pris le temps de se connaître, et je n'avais aucune idée des mystères qu'il pouvait avoir.
Alors, même si ce jeu pouvait bien me perdre moi aussi, je lui tendis ma main qu'il serra.
-Que le meilleur gagne, Gossom.
-Tu viens de t'enlever toute les chances de remporter la partie.
Je souris et finis mon verre, m'éloignant de lui sans un autre regard. Ses yeux brûlaient ma peau à l'endroit où ils se posaient.
J'aurais aimé qu'il me suive durant la soirée, comme tout ces garçons collants auxquels je m'étais intéressés quelques secondes. Seulement Gabriel était un cas spécial.
Et il se contenta de me suivre des yeux, appuyé sur un mur, une autre coupe de champagne à la main.
***
Plus tard dans la soirée, je regardais les lattes en bois de mon plafond. J'essayais de comprendre comment j'avais brusquement changé de quotidien.
Gabriel n'avait jamais été très présent dans ma vie auparavant. On avait déjeuné deux ans à la même table, partager les mêmes amis, sans jamais se rapprocher de l'autre.
Puis j'avais accepté de rendre service à Jason, un gars bien mais un brin manipulateur et séducteur sur les bords.
On avait alors formé un couple détonnant, si étrange que même Vanessa s'était moqué de moi aux pauses.
On traînait ensemble, on se tenait la main, on s'embrassait.... Et pourtant, on avait jamais pris la peine d'avoir des discussions, d'apprendre de l'autre. En vérité, on voulait entrer dans la vie de l'autre sans le laisser interférer dans nos vies.
Cela avait été un fiasco.
Je l'avais manipulé, certes, j'assumais mon choix. J'avais voulu faire payer Gabriel d'avoir briser le cœurs de ces pauvres idiotes naïves.
Gabriel m'en voulait de l'avoir humilié, il voulait probablement utiliser ce jeu pour se venger, c'était évident.
Toutefois, j'aimais bien nos guerres incessantes. C'était un jeu plaisant qu'aucun de nous de gagner jamais, la partie se terminerait au moment où l'un écrasera l'autre.
Cela pouvait vite devenir destructeur si je ne faisais pas attention. Et peut-être était-ce ça, le meilleur. Savoir qu'on se trouvait sur la lame d'un rasoir aiguisé et décidait de danser dessus. J'avais choisi de me frotter au danger plutôt que de le fuir en repoussant Gabriel.
Et je me sentais tellement vivante. Pour une fois, je n'avais pas calculé pour conserver ma carapace, je n'avais pas essayé d'être parfaite, n'avait enfilé aucun masque.
Machinalement, je passai mes doigts sur mon poignée. C'était un tic que j'avais attrapé au fil du temps et lorsque je ne sentis pas le doux relief rassurant de mes bracelets, mon cœur fit un raté.
Ma main se retrouva précipitamment sur la couverture.
Lorsque Gabriel m'avait parlé de faiblesse, j'avais laissé entrapercevoir quelqu'un que peu de personne connaissait, une Brittany hors de contrôle et peu confiante.
J'étais presque totalement sûre que même mes parents ne me voyait pas vraiment telle que j'étais.
On était pourtant proche quelques années auparavant, j'avais dû mal à savoir ce qui s'était passé. Notre famille avait juste volé en éclat, un jour. Ils avaient commencé à se disputer, chaque jour un peu plus fréquemment, puis ils avaient commencé à m'utiliser comme arbitre dans leurs disputes avant de se servir de moi comme d'une arme pour blesser l'autre.
Peut-être était-ce moi qui avais changé. Peut-être était-ce de ma faute. Je n'étais plus du tout la même que trois ans auparavant. J'étais une autre fille, dans un autre corps, avec d'autres qualités et beaucoup plus de défauts. Ils n'aimaient probablement pas la nouvelle Brittany. Mais aurais-je changé si je n'avais pas découvert le secret qu'ils m'avaient caché?
Pourquoi certaines personnes n'acceptaient-elles pas le changement? Pourquoi s'entêtaient-elles à préserver quelque chose de perdu?
Il y avait définitivement quelque chose de détraqué chez moi si mes propres parents n'arrivaient pas à me voir telle que j'étais.
Peut-être n'étais-je pas si parfaite aux regards des autres que je ne le croyais.
Cette idée chemina dans mon esprit et je pris le temps de me lever pour m'observer dans le miroir. C'était presque un rituel que de vérifier continuellement quelle imperfection je pouvais discerner. Vanessa aurait été surprise en me voyant ma nuit, sans aucun artifice. Peut-être ne m'aurait-elle même pas reconnu, avec cette multitude de défauts qui venaient s'accumuler. Mes hanches trop épaisses, ma légère cicatrice sur le visage, mes cernes....
Puis, papa rentra du gala de charité. J'étais arrivé longtemps auparavant, je ne voulais pas traîner alors que je devais aller au lycée demain, j'aurais les yeux bouffis dans le cas contraire.
J'entendis les premiers cris dix minutes plus tard et mon front se posa contre la glace du miroir, en rouvrant les yeux, je pouvais voir les larmes se montrer lentement sous mes cils.
Je reniflais doucement et papillonnais plusieurs fois des paupières pour les chasser.
J'avais cette sensation que rien n'allait. Ma vie partait dans tout les sens depuis un an et je n'arrivais pas à la remettre dans le droit chemin. Je faisais des efforts pourtant mais je finissais toujours pas décevoir les gens.
C'était certainement ça, ma plus grande peur. C'était même plus qu'une phobie. J'avais tellement peur de décevoir les autres que je devais être sûre de surpasser leur attente.
C'était impossible, j'en étais consciente. L'imagination humaine est tellement grande que je pouvais difficilement la concurrencer.
Mais je me devais d'être la meilleure. Je me le devais.
Je me glissais lentement dans mon lit en entendant les pas dans l'escalier. Lorsque la porte s'ouvrit doucement, je fis semblant de dormir paisiblement. Si jamais on découvrait que j'étais éveillée, on voudrait me convaincre que cette énième dispute n'était rien, que tout allait bien, qu'ils s'aimaient encore.
On m'aurait déballé un tissu de mensonge et, devant leurs yeux lasses, j'aurais fait semblant d'y croire. J'aurais fait semblant de faire toujours partie de cette famille.
L'ombre resta plusieurs instants à me contempler dormir, silencieuse, puis elle referma la porte sans aucun mot.
Et j'aurais aimé, oh oui, j'aurais temps aimé qu'elle m'en prononce trois.
Je repliai mes genoux contre moi pour essayer de faire disparaître cette boule qui me pesait sur l'estomac constamment.
Gabriel voulait découvrir mes faiblesses?
La mienne était ma vie. Je n'aurais jamais dû naître.
Et le savoir était probablement la souffrance la plus terrible, bien plus terrible qu'une douleur physique.
Je jetai un coup d'œil à mon tiroir et déviais le regard, effarée moi-même par mes pensées.
Ne pas flancher.
Je n'en avais pas le droit.
Ne pas flancher.
Plus jamais.
***
Je tenais fermement le papier entre mes mains, hésitant à entrer.
Je voulais partir de cette ville à la fin de l'année, me casser loin de tout avec ma Volvo et mon diplôme dans la poche.
Même si mes parents m'auraient probablement aidé, je voulais réaliser quelque chose par moi-même. Pouvoir un jour regarder les photos de mes voyages et me dire que je ne le devais rien qu'à moi.
Je poussais la porte du bar et m'installais au comptoir. Un barman me tournait le dos, les bras musclés emprisonnés dans une chemise noir qui soulignait sa musculature. Mes ongles rencontraient machinalement le marbre alors que j'attendais qu'il finisse de ressuyer ses verre.
-Excusez-moi, dis-je en me raclant la gorge, bien trop impatiente pour attendre plus longtemps.
Le garçon se retourna et je croisais ses yeux bleus.
-Oui?
-Je viens pour le poste de serveuse.
Il détailla ma silhouette, s'arrêtant sur mes doigts manucurés puis sur mes talons aiguilles.
-Vous ne me croyez pas capable de tenir debout sur ces échasses et de faire la vaisselle à cause de ma manucure?
-Sans vouloir vous vexez, je ne pense pas que ce soit fait pour vous, effectivement.
Je levai un sourcil et repliai mes jambes lorsqu'un fracas se fit entendre et que la porte de la réserve bascula brutalement.
-Fredy? Tu nous as trouvé une serveuse?
Mon regard s'attarda sur la main qui avait saisi la porte et lorsque je vis le reste du personnage, j'eus presque envie de me pendre au lustre de bar.
-C'est toi, Fricht?
-Gossom, soufflais-je en me redressant sur le tabouret.
-Vous vous connaissez?
-Voici Brittany Fricht, Fredy. Princesse, je te présente le boss. Tu es vraiment venue pour le poste?
-Nan, je venais simplement admirer les bouteilles. Tu le fais exprès, Gossom?», lâchais-je sèchement.
Le barman nous regardait, un sourire sur les lèvres alors que je croisais des bras et levai le menton un peu plus haut pour afficher un air hautain et que Gabriel m'observait, ni croyant qu'à moitié.
Après tout, pourquoi la grande Brittany se serait-elle rabaissée à travailler?
-Tu tombes bien, Gabriel, je me demandais si la demoiselle avait le caractère pour un emploie de serveuse.
-Tu me demandes si elle se salira les mains ou si elle remettra les lourdauds à leur place?
-Les deux, je crois.
Gabriel me jeta un regard joueur et je ne pus que lui jeter un autre regard noir. On avait tout les deux conscience qu'il pouvait faire basculer la décision du patron et il tenait là un merveilleux moyen de se venger de ma petite humiliation à la cafétéria de l'an passé.
-Pour les gars un peu chiants, je suis presque sûre qu'elle leur casserait les doigts. Pour le reste, je t'avoue que c'est mitigé. Elle est tellement.... Soucieuse de son apparence.
Je pouvais voir ses prunelles brunes à l'éclat d'or faire des allées retour entre ce cher Fredy et moi. Il s'amusait comme un fou à gâcher mon entretien.
Il ne m'avait pas parlé une seule fois de la journée et m'avait simplement surpris en s'installant à côté de moi pour le cours de physique sans jamais me décrocher deux phrases. Et là, Môsieur se permettait de jouer avec mon rêve d'évasion?!
Je me vengerais.
-Allons Gossom, je me suis bien sali les mains avec toi, non?
Je vis que ma pique avait atteint sa cible lorsqu'il se tourna vers moi en fronçant les sourcils.
-Qu'est-ce que tu entends pas là, exactement?
-Tout ce que tu peux comprendre, ce qui doit être assez limité au vue de ton QI.
J'entendis le patron rire et me tendre une feuille.
-Je peux toujours t'embaucher à l'essaie si tu me promets de ménager notre bon vieux Gab'. Il est un peu brute sur les bords et, depuis qu'il se prend pour mon videur, je cherche quelqu'un pour le bar.
-Je suis donc embauchée?
-A l'essaie. Ne rêves pas trop petite, ce n'est pas un CDI.
-Je commence quand?
-Ça te va le week-end prochain? Cela me laisse du temps de m'organiser et de te préparer un contrat digne de ce nom.
Il me tapota la tête comme ma grand-mère le faisait avec son caniche avant de partir dans une autre pièce et je me tournais vers Gabriel qui souriait en s'appuyant contre le marbre du bar.
-Avoue que tu t'es régalé, hein?
-Te savoir dépendante de mon avis a quelque chose de drôle, je trouve.
-Tu me le payeras.
-C'est bon, Fricht, tu l'as ta place. Je t'avoue que je ne comprends pas vraiment pourquoi tu t'emmerdes à travailler alors que tu pourrais simplement tendre la main devant tes chers parents pour recevoir le double du salaire qu'on te payera mais si c'est ton choix, je n'allais pas non plus te faire jeter.
-Je te laisse jouer au plongeuse, Gossom, je rentre chez moi.
-Miss Fricht se casse déjà?
Je ne répliquais pas et tournais les talons pour m'éloigner vers la sortie.
-Au fait, Fricht!
-Oui?», dis-je en me retournant légèrement pour voir le sourire éclatant sur ses lèvres.
-C'est moi qui tient le bar les week-ends.
-Tant mieux, nous pourrons poursuivre notre..... Petit jeu.
Je détalais juste après avoir répliqué cette courte phrase.
Gabriel n'avait pas fait son sourire habituel, espiègle, un brin moqueur, séducteur et arrogant. Pendant un instant, j'avais vu une facette de lui que je ne connaissais pas encore. Il avait semblé si enfantile, presque comme un gamin qui pourrait être heureux pour un simple papillon volant dans les airs.
Et cela avait été magnifique, cette candeur.
Je voulais la revoir. Et pour cela, j'étais à m'approcher près, bien trop près.
Il aurait été débile de parler d'amour ou d'amitié, ce n'était pas pour moi. Toutefois, nos quotidiens s'étaient fracassés l'un contre l'autre. Cela donnait un drôle de mélange, comme si la pire cuisinière du monde avait essayé de monter monter des œufs en neige mais qu'elle s'était royalement planté.
J'aimais cataloguer mes relations. Savoir que Vanessa était digne de confiance ou, au contraire, me méfiait de Pamela. J'aimais connaître les cartes de mes adversaires pour sortir ma quinté flunch au meilleur moment.
Malheureusement pour moi, Gabriel était plus hermétique qu'un Tuperwear et je ne savais pas s'il me baladait car il avait un atout, ou si cette histoire n'était qu'un bluff malicieux.
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Coucou! Voilà la suite!
Gros bisous à tous ❤️❤️❤️
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