18. Gabriel
Merci beaucoup à @Bullereveuse pour ce superbe "Keep Calm" xD! Il m'a beaucoup fait rire, je pensais pas en avoir un pour mon livre!
***
Neuf ans plus tôt.
-Ça va mieux?
Le garçon hocha de la tête alors qu'elle lui collait un pansement dans le dos. Deux jambes fines entouraient ses reins. Il était trop maigre, c'était le dame de l'école qui lui avait dit. Elle lui avait demandé s'il mangeait bien à sa maison et Gabriel avait répondu que oui, que sa maman cuisinait des pancakes le dimanche matin et que son papa cuisait des frites le samedi soir.
-Beaucoup mieux, la rassura-t-il avec un regard espiègle parce qu'il savait qu'elle en avait marre d'entendre cette phrase.
-Menteur, asséna-t-elle, tel un juge au tribunal.
Le garçon voulut relever la tête de l'oreiller mais elle la garda enfoncer contre le coussin. Sa petite Evy grandissait. Elle restait plus petite que les petites filles qu'il croisait à l'école, mais Gabriel ne comprenait pas pourquoi.
En tout cas, ses pensées grandissaient. Cela ne l'arrangeait pas. Il avait de plus en plus de mal à détourner son attention lorsqu'elle avait envie de pleurer. A lui faire croire ses mensonges lorsqu'il lui disait que tout irait bien.
Assis sur son dos, Evangeline inspectait une à une les brûlures au bord des larmes. Elle voyait la peau de son grand frère formait des petites bulle, aussi ronde que celles qu'elle faisait lorsqu'elle se savonnait dans sa douche. Les plus anciennes avaient éclaté. Gabriel lui avait un jour expliquer que les bulles explosait à cause de l'air.
Evangeline se demandait si c'était pareil pour celles-là.
-Je veux plus qu'on te fasse du mal, Gaby.... Laisse-moi...»,commença-t-elle d'une petite voix.
-Non.
-Mais Gaby!
-Non, j'ai dit! Ta place est dans cette armoire. Tais-toi maintenant, on va nous entendre, lacha Gabriel d'un ton froid et détaché.
Le garçon s'en voulu en sentant deux grosse perles salées tomber dans son dos. Il était lâche, c'était son papa qui lui avait dit. Il avait juste oublié de lui répéter qu'il était aussi égoïste et méchant.
-Evangeline. Je suis désolé, d'accord? Je ne veux juste pas que tu sois comme moi, tu comprends?
Il pouvait presque la voir hocher de la tête, alors qu'elle s'abaissait pour entourer son dos de ses bras si fins.
Le garçon enfonça un peu plus la tête dans l'oreiller pour qu'elle ne remarque pas ses larmes.
-Je ne veux pas que tu m'abandonnes, expliqua-t-elle dans un petit hoquet.
-Je ne t'abandonnerais jamais, Evy. C'est une promesse.
Il se retourna, la faisant rouler sur le côté du lit. Pendant un instant, ils redevinrent ces deux enfants joyeux qui rigolaient même dans le plus grand des silences. Puis, le dos de Gabriel rencontra le matelas et l'illusion fut brisée.
-Un jour, Evangeline, je serai grand, aussi grand qu'un géant, et je t'emmènerai loin d'ici.
Il fut presque surpris de voir la détermination dans les yeux verts de la fillette de sept ans.
-J'ai peur que tu sois grand trop tard, rétorqua-t-elle avec une mine sérieuse qui lui était rare.
-Mais non, tu vas voir, la défit-il avec un regard de chenapan.
-Il faut que tu apprennes à te battre.
Il la regarda en souriant alors qu'elle se levait précipitamment du lit pour fouiller sa chambre. Elle retourna près de lui une dizaine de minutes plus tard alors qu'il s'était assis.
-Tu n'as qu'à t'entrainer, déclara-t-elle en lui tendant son trésor du bout des doigts.
-Evy.... Carla est ta poupée préféré.
Et la seule....
-Tu es mon ange gardien préféré, Gaby. C'est toi, mon doudou, lâcha-t-elle innocemment.
Elle tint la poupée droit devant elle, feignant l'enthousiasme. Evy était petite, mais elle savait que Gabriel ne supportait pas de la voir angoissée ou inquiète. Or, elle l'était plus que jamais.
-Frappe-la, exigea-t-elle d'une voix un peu trop forte au goût de son frère.
-Non,Evangeline, je refuse, chuchota-t-il.
Gabriel se leva du lit en grimaçant et s'éloigna dans sa chambre sans se retourner. Evangeline le regarda traverser le couloir, le dos raide et les jambes tremblantes.
La fillette contempla la poupée de malheur.
Elle savait que Gabriel ne voudrait jamais l'abîmer, parce qu'il savait bien trop que Carla avait été son doudou et le seul jouet qui leur restait de leur mère.
Mais elle ne voulait plus que Gaby soit blessé. Et le seul moyen pour cela, c'était que son Superman dépasse les méchants. Gaby devait craindre de blesser sa poupée....
Alors elle prit Carla et la frappa avec force contre le mur.
Une fois, deux fois, trois fois. Quatre fois.
Retour au présent
Je regardais l'entraîneur dans les yeux pour lui prouver que je n'avais rien fumé d'illicite. Il secoua sa tête et frotta son crâne dégarni. Je savais qu'il était déçu, que la saison commencerait dans une petite semaine et que je laissais tout le monde dans un bordel monstre.
-Tu ne veux même pas prendre le temps d'y réfléchir un peu?
-Ça ne sert à rien, Coach, j'ai déjà pris ma décision, affirmais-je en rejetant mon sac à dos sur mon épaule.
Dans le fond de la pièce, Brian me lança un regard de braise. Il était le capitaine, et je l'avais mis au pied du mur devant notre supérieur. C'était con de faire ça à un ami mais, même si on arrivait a l'oublier parfois, nous n'étions rien pour l'autre. Brian ne traînerait pas avec le véritable Gabriel, il l'aurait fui.
En sortant, son épaule frappa la mienne lorsqu'il me dépassa et je le laissais faire, juste pour cette fois. Je venais de quitter l'équipe de basket et il avait le droit de m'en vouloir pour ça.
En réalité, cette décision me travaillait depuis la rentrée. Avec mon petit job, le club de boxe et les soirées au SkatePark, je n'avais plus une seule minute à la maison. Or, j'avais l'impression que JackyChan filait du mauvais coton en ce moment et je devais rectifier ça avant qu'il ne devienne comme moi. S'il avait le sang aussi chaud que le mien, on était mal barré!
***
Mes yeux captaient le moindre mouvement de Brittany, comme un radar traquerait les excès de vitesse. Je la regardais mâchouiller son petit stylo en écoutant le professeur de géographie baratinait son discours. J'étais assis à côté Pamela, exceptionnellement. J'aimais bien Pamela. Surtout de loin, en fait. La déléguée m'avait désigné la chaise voisine d'une rapide coup de tête à mon entrée dans la classe. L'équipe avait donc déjà passé le message.
Vanessa était absente aujourd'hui. Ce n'était pas très étonnant, les soldes d'hiver avait débuté la veille.
Brittany se retrouvait donc seule, installée au bureau juste devant le mien. J'avais une vue d'enfer sur sa nuque et c'était rare, les fois où elle s'attachait les cheveux assez haut pour dévoiler son cou. J'avais l'impression qu'une éternité s'était écoulé depuis ce fameux soir et pourtant, cela ne faisait qu'une courte semaine. Aucun de nous n'avait reparlé des révélations de l'autre. Cette fois-là, nous avions été trop loin pour évoquer quoique ce soit, de toute façon.
J'avais compris ce qui clochait avec Brittany. Si je n'en connaissais pas l'origine, je pouvais apercevoir les dizaines de conséquences qui en découlait. Mais comment une jolie fille comme Fricht, sûre d'elle et séductrice, pouvait douter de son charme? Ça, ça me dépassait. Je ne parvenais pas à saisir le besoin des filles à être plus maigre que des brindilles. Ce que je savais, c'était que Brittany semblait si soucieuse du regard des autres qu'elle en devenait malade. Elle voulait que sa perfection se reflète comme un miroir aux yeux des autres, pour cacher toutes les bizarreries tordues qu'elle cachait en-dessous.
C'était ça, ma petite Fricht. Tellement de paradoxe dans un petit corps que vous vous perdez en essayant de la comprendre.
Elle était forte au yeux des autres et faible face à son miroir.
Indépendante et fragile.
Intelligente et tellement, tellement idiote parfois.
Pamela me donna un coup de coude dans les côtes et je lui rendais la pareille, juste un peu plus fort. Elle me lança un regard noir mais n'insista pas. Ce n'était pas le jour pour m'emmerder aujourd'hui. Et elle n'était pas Brittany, je n'avais pas besoin d'être gentil avec elle.
Ma partenaire de jeu me jeta un rapide coup d'œil et, lorsque je sortis de la salle à la fin du cours, elle m'attendait contre le mur du couloir. Pamela nous dépassa en me lançant un clin d'œil, cherchant à exaspérer la tigresse à côté de moi. Ça ne marcha pas, car Fricht se contenta de lui tourner le dos pour me faire face. Je comptais machinalement ses bracelets, discrètement. C'était un petit geste que je commençais à avoir de plus en plus régulièrement.
Sept? C'était trois à quatre de plus que d'habitude. Or, Brittany n'enfilait autant de bijoux uniquement si elle était mal-à-l'aise. Ou perturbée. Ou perdue.
-Quelle heure, le SkatePark?», me déclara-t-elle d'une voix traînante, comme à son habitude.
-Après les cours. Mais on doit passer chez toi avant, lançais-je naturellement avec un petit sourire arrogant, rien que pour l'énerver.
-Quoi? Même pas en rêve Gossom, tu vas salir ma moquette, ricanna-t-elle en s'éloignant déjà.
Et j'aurais presque pu croire, oui, qu'elle fuyait.
-Alors prends des baskets ce soir, lui répondis-je un peu plus fort pour qu'elle m'entende parmi les autres lycéens.
-On se voit à la cafétéria, Gossom, se contenta-t-elle de lâcher.
J'avais vraiment, vraiment hâte de la voir sans ses escarpins. Elle avait déjà une bonne demi-tête de moins que moi, dressée sur ces échasses. Je pourrais certainement poser mon menton contre sa tête sans aucun problème si jamais je la serrais dans mes bras.
Mais c'était un exemple comme un autre parce que jamais, jamais, je ne ferais ça. Je n'en avais pas envie, d'ailleurs.
Je fouillais dans mon sac après mon prochain livre de cours lorsque mes mains rencontrèrent du papier, petit, rectangulaire.
Je sortir le montant de ma paye de mon sac à dos, ébahi. Comment avait-elle atterri ici? Je cherchais dans mes souvenirs sans parvenir à m'en rapeller. J'étais rentré tard, après le SkatePark, je me voyais encore posé ces fichus dollars sur la petite table du salon, bloquant les billets sous la télécommande de la télévision.
Soit mon argent commençait à se téléportait, soit j'avais loupé un épisode.
Je fourrais les quelques papiers dans ma poche arrière et attrapait mon livre de math. j'aurais aimé croiser Fricht à ce cours mais j'étais en math forte, contrairement à elle.
Elle avait un esprit plus littéraire, apparement. Ça se voyait en cours. Si on la regardait suffisamment longtemps, on pouvait apercevoir ses grands yeux verts briller. Et si quelqu'un était plus attentif encore, il remarquerait la façon dont ses coudes se pose sur la table, la façon dont elle se penche en avant pour saisir la moindre parole du professeur de littérature. J'avais compris, à ce moment-là, qu'il fallait avoir écrire Les Misérables pour êtres le crush de Brittany. C'en était désespérant.
~*~*~*~*~*BRITTANY*~*~*~*~*~
Je me dirigeais vers le self en traînant Brian par la main. Je savais que Gabriel venait de quitter l'équipe de basket et, soudainement, son nombre d'ami venait d'être considérablement réduit.
Le basketteur me suivait, les mains dans les poches et le dos courbé. C'était le seul qui avait bien accepté de me suivre et j'avais su, à cet instant, que nous ne mangerions pas à notre table habituelle aujourd'hui.
Ça me faisait presque bizarre.
Gabriel ne repéra de loin, il afficha un sourire espiègle alors que j'avançais. Lorsqu'il vit que Brian me suivait, son visage s'assombrit.
-Qu'est-ce que tu veux?», attaqua-t-il directement.
-Mec, t'es plus dans l'équipe mais t'es toujours mon pote quand même, lança le géant en lui donnant une tape dans le dos.
Gabriel m'avait un jour dit que, peu importe ce qu'on lui en disait, Brian n'était qu'une distraction. J'avais compris, ce soir-là, que Gossom m'avait fait rentré dans un cercle fermé. Un cercle où j'étais peut-être la seule, avec Vanessa, à en avoir le droit d'entrée -avec un pass VIP, qui plus est.
Gabriel hocha de la tête, comme pour approuver les paroles de Brian et lui désigna la chaise à côté de lui. Je m'installais en face d'eux tandis que le basketteur se relever déjà pour aller chercher son repas. Je voulus l'imiter mais il posa ses mains sur mes épaules pour me forcer à me rasseoir.
-Je m'en occupe, mademoiselle, dit-il en s'éloignant déjà dans la file.
-Tu vois, Gossom? Tu devrais en prendre de la graine, lâchais-je d'une voix joueuse en me tournant vers lui.
Gabriel leva les yeux au ciel et avala une frite.
-Pourquoi est-ce que je porterais un plateau que tu ne mangerais, de toute façon, même pas?
Sa tête se pencha légèrement sur le côté, attendant ma réponse. Il s'attendait à ce que je nie, que je contrattaque. Mais il m'avait soufflé.
Lorsque Brian revint me déposer une petite assiette de frite et un steak haché. À peine l'assiette était déjà posé que Gabriel sortit son sourire conspirateur, spécialement réservé aux coups foireux.
-Tu vas manger ton steak, Fricht?
-Euh.... Non, tu peux le prendre, balbutiais-je en essayant de comprendre.
D'habitude, il me faisait la gueule si je n'avalais pas quelque chose et là, il allait carrément me voler mon repas? Je n'arrivais plus à suivre ses pensées. En même temps, c'était ça, le petit Gossom.
Un primate avec tellement de paradoxe qu'il vous filez la migraine.
J'observais son visage qui devenait pensif au fur et à mesure que la table des petits populaires se remplissaient. Je ne parvenais pas à comprendre pourquoi, moi, je ne m'y trouvais pas. Pourquoi l'avais-je délaissée? Pour lui? C'était trop con pour être réel.
-T'inquiète pas mec, c'est que le début de ta gloire, lâcha Brian en lui donnant un petit coup de coude dans les côtes. Je vis Gabriel porter une main instinctive sur son côté et mon esprit fit le lien entre ses côtes mal soudées et ses cicatrices.
Je me sentis coupable, sur le coup, de l'avoir traité de douillet alors qu'il en avait toujours été le contraire.
-Tu es populaire parce que tu as un beau cul, Gabriel, mais viendra un jour où il sera tout fripé par la vieillesse, et il ne te restera plus rien. Et alors, tu ne seras plus qu'un connard d'une curiosité maladive, lançais-je nonchalamment pour chasser les sentiments qui commençaient à s'abattre sur moi.
Brian éclata de rire à la fin de ma phrase mais Gabriel se contenta de me renvoyait un sourire énigmatique et, comme à chaque fois, j'eus envie de lui arracher les lèvres pour le faire disparaître. C'était le sourire qu'il faisait lorsque j'avait tort, et qu'il le savait.
Et ce sourire s'affichait bien trop sur son visage à mon goût.
-Tu sais ce que tu es, Fricht?
-Impressionne-moi, me moquais-je.
-Tu es une garce vindicative et obsédée par le contrôle. Mais c'est pas grave, on t'aime quand même, soupira-t-il théâtralement en gardant son sourire mesquin plaqué sur son visage.
Je clignais des yeux et croisai les bras sur ma poitrine, m'enfonçant au fond de ma chaise. Brian s'était redressé et suivait notre échange comme un arbitre le ferait pendant un match de foot.
-Tu es juste jaloux de moi, contrattaquais-je en relevant le menton.
-C'est vrai que j'ai toujours rêvé de mettre des talons hauts, ricana-t-il en saisissant une frite.
Je souris malgré moi et piquai le petit bâtonnet avant qu'il n'atteigne sa bouche. C'était un simple jeu, un petit geste anodin qui me permettait de me frotter au grand Gossom.
-Parce qu'en plus, tu me voles ma nourriture? T'es la petite amie de Satan ou juste la fille la plus chiante de l'univers?
-J'ai bien peur que ce ne soit les deux, rigolais-je en essayant de lui en voler une deuxième, rien que pour lui montrer que j'en était capable.
Mais il retira son assiette et les deux garçons durent voir mes yeux s'écarquillaient. Si Brian ne devait pas y comprendre grand chose, le regard pétillant d'espièglerie de Gabriel était très expressif.
-Je suis sympa, moi, et j'offre de quoi nourrir la demoiselle, le nargua Brian en me tendant sa barquette.
Gabriel leva les yeux au ciel et attrapa une nouvelle frite. Je picorais une ou deux frites dans la petite poignée de Brian et attaquais ensuite mon assiette. J'avais faim, tout compte fait. Peut-être aurais-je dû garder mon steak, à la place de le donner à ce goujat de Gossom.
Et je ne remarquais qu'après que, grâce à eux, je n'avais pas hésité à manger. Je n'avais même pas essayer de calculer les calories de chaque aliments.
Et le regard de Gabriel me fit remarquer que, lui aussi, il s'en était aperçu.
~*~*~*~*~*GABRIEL*~*~*~*~*~
Je me levais pour applaudir Brittany lorsqu'elle arriva au SkatePark avec des bakets. Je ne m'étais pas trompée, elle avait une bonne tête de moins que moi, maintenant. Pour l'embêter, je fais semblant de m'accouder sur sa tête.
-Achète-toi du déo avant de me faire ce genre de chose, GossyPrimate.
-La ferme, ScaryBritty, contrais-je aussitôt en chantonnant.
Il eut quelques secondes de flottements, pendant lesquels j'eus peur d'avoir été trop loin. Puis, elle renversa sa tête vers l'arrière et éclata de rire. C'était beau. Et si rare que je tentais de mémoriser ce son pour le repasser en boucle plus tard, comme une cassette.
-Bon, tu es prête?
-Tu me proposes un footing?», rigola-t-elle en donnant un coup dans mon épaule.
Mon sourire s'agrandit lorsque je désignais le skate et qu'elle pâlit.
-Hors de question, répliqua-t-elle fermement.
-Fricht.
-Gossom. Non.
***
-Je vais tomber, je vais tomber, je vais tomber, geignit-elle en remettant correctement ses protections aux coudes.
-Mais nan Fricht, lâchais-je d'une voix traînante en la tenant par la taille.
-Fais-moi glisser et je te tue, tu m'entends? Je te découpe chaque partie de ton corps et je les donne aux tigres du zoo puis je m'occuperais...», commença-t-elle avant de pousser un cri aigu lorsque je la poussais dans le vide.
Cela faisait deux petites heures que mademoiselle apprenait le skateboard, je n'avais pas été fou au point de lui faire essayer notre rampe habituelle. Elle avait eu droit à la petite, des débutants.
Son cri fut mémorable et je rigolais encore lorsqu'elle arriva de l'autre côté. Son arrivée fut maladroite et, si elle atterrit sa sa trop de dommages, le skate se perdit en cours de route.
-Arrête de te bidonner, Gossom, ou je t'éclate, marmonna-t-elle en se laissant glisser jusqu'en bas pour partir sur notre rampe habituelle.
Je la suivis en rigolant toujours et, arrivé à son hauteur, elle me donna une petite tape derrière la tête.
-Tu m'aides à monter?», s'impatienta-t-elle en tendant sa main.
Je me hissais au sommet du bloc en métal et la monter à mon tour. Une fois assis, je sortis de mon sac un paquet de MM'S.
-T'en veux?
-Non merci, lâcha-t-elle en fuyant mon regard.
-Comme tu veux. De toute façon, c'est un truc de mec, déclarais-je en appuyant volontairement sur la fin de ma phrase.
Je venais de comprendre le fonctionnement de la petite Fricht, elle ne croyait quand même pas que j'allais la lâcher aussi facilement?
Pour une fois que son orgueil nous servait à quelque chose...
Elle me lança un regard interrogateur et, pour toute réponse, je fis voler une petite cacahuète en l'air pour l'avaler au vol. Elle leva les yeux au ciel en soupirant et je lui lançais une deuxième petite boule sur elle.
-Mais t'es nulle, Fricht, la narguais-je lorsque la boule retomba sur la rampe.
-C'est toi qui ne sait pas viser, piqua-t-elle en croisant les bras.
-Dis plutôt que tu n'as même pas essayer de la gober!
-Je n'en avais pas envie, c'est tout, s'énerva-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
Je chantonnais un petit air et avalais quelques bonbons supplémentaire. Brittany fixait un point face à elle, perdue dans le vague. Je la trais de ses rêveries par une autre cacahuète.
-Gossom, si j'en reçois encore une....
-Tu quoi?
-Je te tue à coup de talon bien placé, asséna-t-elle en me renvoyant le petit MM'S.
-Et la lignée Gossom?!», m'indignais-je faussement.
-Mon Dieu, je sauverais la planète en même temps, se moqua-t-elle en roulant des yeux.
Le silence plana sur nous pendant plusieurs minutes. Je me contentais de lancer des bonbons et de les rattraper entre mes lèvres. Les cacahuètes commençaient à me couper l'appétit et elle n'avait toujours pas réagi. Est-ce que je m'étais trompée?
N'étant plus vraiment concentré sur mes lancées, je ratais le bonbon qui roula sur le métal.
-Ah, Gossom! Tu es trop nul,fanfaronna-t-elle en pointant un doigt accusateur sur moi.
-T'as qu'à faire mieux, si t'es capable!
-Bien sûr que oui, j'en suis capable. Tu m'as pris pour toi ou quoi?
M'essayant face à elle, je jetai un premier bonbon. Elle se pencha en avant et le goba entre ses lèvres. Je la regardais, amusé, manger les trois suivants.
-Pas mal, Fricht, pas mal, m'inclinais-je en me tournant légèrement.
Je fixais le skatePark désert et enfonçais mon bonnet un peu plus profondément sur mon crâne. Il commençait à vachement geler. Je levais les yeux au ciel et observais les petits flocon de neige flotter dans l'air.
-Le SkatePark sera bientôt recouvert de neige, lâchais-je pour combler un silence presque devenu inhabituel.
On se disait tellement de chose, ici.
-On n'aura plus à voir ses graffitis d'amour stupides, au moins, ricanna-t-elle en effleurant les initiales J.K S.H.
Je me demandais qui était devenu ces deux personnes. Probablement des ratés qui s'étaient séparés dès la fin du lycée. Je ne comprenais pas à quoi cela leur servait, de graver une illusion sur le métal. Peut-être cherchait-il à la rendre réel.
-T'as un indélébile, Gossom?
-Pourquoi? Tu veux marquer ma beauté pour toujours sur cette rampe, blaguais-je en fouillant dans ma trousse.
Elle saisit le feutre épais et s'allonger sur le ventre, repoussant son écharpe. La tirette de son manteau crissa légèrement sur le métal mais elle ne s'en préoccupa pas. Je m'allongeais à mon tour et regardais sa main s'activer.
"Fricht et Gossom"
-Eh! Pourquoi c'est pas mon prénom en premier?!
-Parce que, c'est pas ordre d'intelligence, Débile, marmonna-t-elle machinalement.
Mais elle me calculait à peine. Sa main restait immobile contre le sol, elle réfléchissait.
-On est quoi?», demanda-t-elle enfin en plongeant son regard dans le mien.
-Des amants, la taquinais-je en bousculant son épaule, des amis?
-On est ami?
Je haïssais des épaules. Non, nous étions autre chose. Elle reporta son attention sur le début de notre inscription.
"Fricht et Gossom. La jolie princesse et le primate"
-Fricht, tu peux pas noter ça! Les prochains occupants rigoleront de notre gueule, m'exclamais-je en tentant d'effacer le petit gribouillage.
C'était trop tard. Brittany se levait déjà. Me saisissant l'index de sa petite main, elle me tira en bas de la rampe.
Je la laissais m'entraîner jusqu'à sa voiture en me rendant bien compte qu'elle prenait une nouvelle habitude.
Je n'arrivais juste pas à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose.
-Tu veux que tu reconduises?
-Non, rentre directement chez toi, lui ordonnais-je gentiment et elle leva les yeux au ciel.
-Tu deviens trop sérieux, Gaby.
-Gaby?», relevais-je en essayant de cacher mon trouble.
Elle se tourna vers moi et ses yeux se fracassèrent sur les miens. Je me sentais prisonnier, étouffé. Je me rendais compte que cette fille pourrait me réduire au silence d'un simple regard brillant, d'un vert comparable à du verre brisé et des émeraudes. Brittany battit des paupières plusieurs fois d'affilé et se pencha un peu plus vers moi.
Je rêve, où était-elle en train de me draguer?
Ses lèvres effleurèrent ma mâchoire, trop lentement pour paraître innocent, et je serrais les dents dans un réflexe idiot. A quoi jouait-elle? Je fermais les yeux un court instant, j'avais l'impression que mes sensations étaient décuplés. Sa bouche me paraissait brûlante, sa main autour de mon doigts semblait me couper la circulation.
J'avais de l'acide brûlant dans la cœur et la moindre respiration le propageait dans mes veines. Je mourrai d'une combustion instantanée.
-Game Over, Gossom, me murmura-t-elle au creux de l'oreille.
Puis, elle s'enfuit au volant de sa voiture, me laissant ébahi.
Elle avait cru être elle-même ma faiblesse. Et plus l'année avançait, plus je peinais à la contredire.
Et ce fut à cet instant que Gabriel attrapa peur. Il se rendit compte que, peut-être, il sombrait. Que, peut-être, la maladie commençait à lui bouffer les os.
Lorsqu'on est habitué aux Enfers, on ne reconnaît plus le Paradis.
Et Gabriel chuterait, encore.
*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*
Coucou! Voici le chapitre, un peu plus tard que d'habitude, je suis désolée!
Ce sera donc une interview des personnages et, bon, un petit dessin de ma part. Mais alors, pas de moquerie d'accord?!
Donnez-moi toutes les questions que vous aimerez poser à Gabriel, Brittany, Vanessa, Jake, les tuteurs de Gaby, Brian.
Même Pamela, qui sait xD?
Gros bisous mes anges ❤️❤️❤️!
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