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16. Gabriel

Merci beaucoup à @licorne_panda pour ce dessin! Il est trop beau ma belle! Je kiffe ses cheveux!

***

Onze ans plus tôt.

Gabriel s'écorcha le genou à la récré. Ce n'était pas très dur, il n'avait qu'à jouer au foot pour se blesser un peu. En fait, il avait demandé d'être gardien de but pour être sûr qu'il n'en sortirait pas sans un petit bobo.
A la télévision, les joueurs étaient toujours amené sur des civières en dehors du terrain. Il se demandait parfois si lui aussi, il aurait le droit d'en avoir une. Pourquoi devait-il monter des escaliers alors qu'eux n'avaient même pas à se lever?
Enfin... C'est vrai, il était grand maintenant. Les petites blessures comme ça, c'était rien du tout. Il n'avait même plus mal, en fin de compte. Enfin si, ça piquait. Mais ça piquait à tellement d'endroit différent qu'il ne s'en souciait même plus.
En réalité, il n'aurait même pas soigner un petit bobo dans ce genre chez lui. Au bout d'une petite semaine, il aurait simplement enlevé la croûte. Mais la maîtresse était stricte sur ça. Elle prenait toujours soin de désinfecter la moindre blessure. Au point que Gabriel avait élaboré une nouvelle tactique. C'était ingénieux et horrible en même temps, qu'un enfant en arrive à ce genre de stratagème.
Comme il l'avait prévu, Madame Martine lui prit la main et l'amena à l'intérieur de la classe. En passant dans le couloir, elle prit une petite boîte blanche et installa le garçon une table. Gabriel remonta son jean juste un peu plus haut que son genou. Il savait qu'elle ne devait pas voir au-dessus. Cela aurait fait trop de bleus à expliquer, même pour lui.
-Tu restes sage, Gabriel? Je vais aller chercher le produit, lui glissa-t-elle en s'éloignant rapidement.
Le petit garçon attendit qu'elle soit au bout de couloir et ouvrit brutalement la petite boîte. A la hâte, il saisit une poignée de petits pansements et les fourra dans sa poche. Son regard parcourut la pièce, comme pour s'assurer que personne n'avait été témoin de son horrible vol.
Evangeline n'aimait pas manquer de collant. Elle pensait que ses blessures guérissaient moins vite. En fait, c'était les petites lignes blanches sur ses côtes qui lui avait fait penser ça.
Gabriel aurait fait n'importe quoi pour elle, même voler sa maîtresse préférée.

***

Décembre 2015

On m'avait toujours traité d'énigmes ambulante. Peu de gens arrivait à me comprendre et, bien souvent, s'il s'approchait trop près, je faisais en sorte de les aiguiller vers une autre facette. Un autre masque.
Je m'amusais à perdre les gens, à les détraquer. Je passais d'un Gabriel à l'autre et, au fond, j'adorais ça.
Le problème avec les psychologues, c'était que la plupart de vos armures blindées devenaient translucides. Ils savaient tout de vous, résumé en quelques lignes sur des feuilles cartonnées. Et j'avais vraiment horreur de ça.

-Je sais comment tu te sens, Gabriel. J'ai été adopté moi aussi, tu sais, essaya-t-elle de m'amadouer avec un sourire rassurant.
-Oh, taisez-vous! Je ne suis pas payé, moi, la coupais-je grossièrement parce que je n'avais pas besoin de jouer au petit gars gentil. Il était noté noir sur blanc que ce n'était pas le cas, de toute façon.
-Tu crois être le seul à souffrir mais regarde autour de toi, s'exclama-t-elle en remontant une fois de plus ses lunettes.

Mes pensées se dirigèrent un bref instant vers Fricht à cette phrase. Au fond, j'avais décidé de l'aider mais je n'avais toujours pas trouvé de moyen pour y arriver. Je la regardais sauter chaque repas au self avec une pointe d'amertume. Comme secourir une princesse qui s'indignait à la moindre preuve que vous vous intéressiez à elle? Elle m'aurait arraché les yeux avec ses ongles en résine si j'avais osé la traiter comme une petite gamine fragile. La seule chose que j'avais trouvé, c'était de remplacer la bouteille de Coca Light par un Coca Cola bourré de sucre, le soir. Ce n'était pas grand chose, mais ça lui laissait déjà plus d'énergie dans le bide.

-Tu pourrais peut-être t'investir, dans un projet. Comme tes parents, proposa-t-elle d'une voix motivée.
-Bah voyons! J'ai une tête à aller nourrir les chiens d'aveugles?

Storme releva ses lunettes, prouvant son agacement. J'avais presque envie de compter le nombre de fois qu'elle faisait ce simple geste en une petite heure.

-On n'y arrivera jamais si tu n'y mets pas un peu du tien, Gabriel. Tu pourrais soutenir une association qui te touche plus. Comme celle des enfants maltraités, par exemple, continua-t-elle alors que la colère commença à monter en moi, comme des vagues qui venaient s'échouer de plus en plus près des digues lors des marées hautes. Elle n'avait pas le droit de parler de ça.
-Peut-être qu'ils n'ont pas envie d'être sauvé, ces gosses, marmonnais-je plein de mauvaises foi.
-Arrête d'être aussi mauvais jouer, Gabriel. C'est toi qui nous a appelé ce soir-là, refuta-t-elle en pointant son doigt accusateur sur moi.

«S'il vous plait... Il faut que vous veniez à ma maison. Il va la tuer. S'il vous plait!»

Je fermais les paupières un court instant pour chasser ce souvenir. Je ne VOULAIS pas me rapeller. Pourquoi? Pourquoi c'était si crucial? On m'avait raconté ce que j'avais fait, et c'était assez horrible pour m'enlever l'envie d'en découvrir tout les détails. De revivre cet instant en sachant que cet horrible gamin, c'était moi. Si mon cerveau avait posé ce barrage, c'était pour une bonne raison. Et je lui faisais confiance, sur ce coup-là. Je ne voulais plus jamais revoir ce couteau. Ni les yeux d'Evangeline à cet instant. Ce genre de flash me donnaient envie de vomir lorsqu'ils se glissaient sournoisement dans mes rêves.

-Tu penses qu'un petit garçon, quelque part, n'a pas besoin qu'on le sorte de sa famille violente?
-Je...», commençais-je, sans parvenir à finir ma phrase.

Non, évidemment. Je me rappelais à l'orphelinat, comment j'avais été heureux, sans aucune blessure. Ça commençait à drôlement se mélanger dans ma tête. Cette psychologue m'embrouillait. Fricht m'embrouillait.
J'avais la sale impression que je disparaissais petit à petit pour laisser place à quelqu'un d'autre.

-Je ne sais pas, finis-je par avouer, légèrement déboussolé.

J'étais vulnérable face à elle, et c'était stupide. Seulement, elle était l'une des seuls à avoir entraperçu une part du vrai moi. Et ça me faisait flipper. Je pouvais voir dans ses yeux qu'elle connaissait mon plus sombre secret. Ça me propulsait des années en arrière, lorsque les gens me fixaient comme le monstre que j'étais.
A l'époque où je ne jouais jamais de rôle.

***

Je soupirais en essuyant les verres. De la porte entrouverte, je regardais Brittany se débrouillait au bar. Depuis son arrivé, elle s'était pas mal amélioré dans ses cocktails et même Fredy la félicitait. Or, c'était assez rare qu'il complimente qui que ce soit.
Elle était venue travailler hier, comme prévu. Je savais que ce n'était pas une simple question de shopping, parce que Vanessa s'était déjà plaint de ne plus faire les magasins avec elle depuis un bon bout de temps. Mais, comme toujours, Fricht était remplie de secrets, plus cachés les uns que les autres. Et j'avais envie de les découvrir, un à un.

Ses yeux verts accrochèrent les miens pendant un court instant et elle m'adressa un clin d'œil avant de se tourner vers le client suivant. J'avais l'impression qu'on s'était rapproché ces trois derniers jours, mine de rien. Au début de l'année, je m'étais juré de me venger d'elle et désormais, je la retrouvais tout les soirs. Cela commençait à devenir une habitude, malgré nous. Je ne m'étais pas rendu compte. Du jour au lendemain, elle s'était glissé dans mon quotidien et s'y accroché chaque fois un peu plus. Et j'aimais un peu trop ça.
Lorsque le mec en question s'avança un peu trop près à mon goût pour passer sa commande, je lui fis un regard noir qui le dissuada de s'approcher plus d'elle encore. Non mais, il n'avait plus qu'à enjamber le comptoir, pendant qu'il y était!

Je rangeais rageusement le verre que j'avais entre les mains et passais au suivant, machinalement.

«Je voudrais... Je voudrais aimer à m'en tordre les tripes»

Les phrases de Brittany tournaient dans ma tête, plus encore que cette pub pour le dentifrice. On s'était retrouvé tout les soirs au SkatePark. J'aimais bien ces moments. Enfin, non. J'adorais ça, en fait. J'adorais cette petite bulle qui se créait. Ce n'était quasiment rien, juste un vieux SkatePark rempli de graffitis. Mais c'était devenu notre refuge, à nous. Peut-être parce qu'au fond, on était comme lui. Abandonné et dissimulé derrière des marques.
Brittany m'avait surpris, là-bas. D'abord, elle avait rangé elle-même sa fierté pour me parler sans plus aucune barrière.
Ensuite, par ses révélations.J'avais toujours cru qu'elle n'aurait jamais tombé dans ce genre de pièges romantiques et niais.
Je la pensais réfléchi, moi. Comment pouvait-elle envisager que l'amour existe?

Et, s'il existait, il était bien trop cruel pour être appelé comme ça.

Je jetais un coup d'œil vers le bar, pour m'assurer de la sécurité de la princesse de glace, presque naturellement. C'était un réflexe que j'avais attrapé ces dernières semaines et qui faisait bien marrer Freddy.
Je la vis se diriger vers la table du fond, un grand sourire faux sur les lèvres. Aie. Qu'est-ce qu'on lui avait fait encore? Je vis alors le petit brun de tout à l'heure qui la suivait discrètement. Je lâchais ma vaisselle et me ressuais les doigts, appuyé contre l'évier. Mes yeux suivirent mécaniquement le gars des yeux.
Elle prit la commande de la table et lorsqu'elle se retourna, elle tomba sur Pot-De-Colle. Je vis clairement son visage changer alors qu'elle était agacée. Son petit nez se retroussa, ses sourcils se froncèrent et elle plissa des lèvres.
Je souris en la voyant remballer le mec plus vite encore que moi je ne m'énervais. C'était drôle, de la voir enrager ainsi sur ce gars.
Et même temps, ça me tapait sur le système. J'avais l'envie -complètement stupide- d'être unique. Surtout à des yeux, en fait. Je voulais être le seul à voir ses joues rougir, ses yeux pétiller de colère. Je connaissais par cœur la façon dont elle croisait les bras devant sa poitrine, la mettant en valeur.
Et ce mec.... N'avait pas le droit de prendre ma place.

J'avais peur de mes propres pensées.

***

Je souriais toujours en finissant la vaisselle. Freddy apparut à la porte et m'indiqua, d'un petit signe de tête, que notre Fricht nationale venait de décamper.
J'enfilais rapidement mon blouson et un bonnet noir avant de traverser le bar pour retrouver le froid glaçant de la rue. La silhouette de Brittany marchait au loin, presque invisible dans la nuit noire. Et un peu plus loin, la suivant discrètement, le même gars de toute à l'heure. Je ne pouvais pas en être totalement sûre, puisqu'il faisait sombre.
J'accélérais le pas pour me retrouver proche du mec.

Fais une erreur, un seule erreur. Et je te démonte le portrait.

Je me demandais si elle avait remarqué mon absence, à ses côtés. Ou alors, elle s'en foutait royalement.
Le mec s'approcha un peu plus d'elle et au moment où sa main se posa sur la peau nu de son épaule, pile entre sa grosse écharpe et son petit pull. Et ça me rendit fou.

Je m'énervais souvent. Mes colères était explosives. J'étais rancunier, plus que la plupart des gens.
Mais là, cette main sur Fricht.... Je l'aurais brisé en tellement de morceaux différents qu'il n'aurait plus jamais réussi à écrire son prénom.
Elle se tourna vers lui, un sourire aux lèvres. Mais je ne vis pas plus, parce que le garçon fut brutalement tiré en arrière. Je saisit le col de son manteau et observais calmement ses yeux. Je voulais qu'il ait peur de moi.
J'aimais ça. Cette sensation d'avoir le contrôle sur tout. Ça me donnait l'impression d'être le roi du monde.

-Qu'est-ce que tu espérais lui faire, connard?vociférais-je en le repoussant.

Pot-De-Colle trébucha avant de se rattraper et je compris qu'il avait peut-être pris un peu trop de cocktail. Mais je m'en fichais. L'alcool n'excusait pas tout, et mon poing vira dans sa figure avant qu'il n'est le temps de dire quoique ce soit.
Il chancela plus fortement encore et je profitais de son hésitation pour lui filer un petit coup dans ses parties. Bah oui, c'était un coup réservé aux filles, mais je m'en fichais d'être fair-play. Je voulais juste qu'il regrette de s'être attaqué à cette fille-là.
J'allais lui donner un deuxième petit uppercut, pour qu'il n'embête plus jamais les demoiselles, lorsqu'un profond soupir se fit entendre. Je tournais la tête vers Fricht, un peu ébahi. Cette dernière affichait une mine blasée, en serrant ses bras autour d'elle. Je pouvais facilement deviner que c'était un masque, sa respiration était un peu trop rapide et sa poitrine se soulevait dans des mouvements sacadés.

-T'as fini, Gossom? Je caille, moi alors si tu pouvais accélérer un peu, marmonna-t-elle en imitant brillamment un bâillement.

Je portais à nouveau mon regard sur le garçon et le laissais tomber au sol.

-On touche pas à Fricht, le menaçais-je un dernière fois.
-C'était obligatoire?demanda-t-elle avec un brin de sarcasme dans la voix.

Pour toute réponse, je vissais mon bonnet sur son crâne.

-Tu connais les vestes, petite Cinglée?
-Je t'en ai mis une l'année passée, si je me souviens bien, me charria-t-elle en relevant un peu le chapeau.

Je roulais des yeux et enfouis mes mains dans les poches. Un court instant passa et on resta là, sans bouger. Mais ensuite, le mec commença à se relever et j'entraînais ma garce un peu plus loin.

-Pourquoi tu n'es pas venu me chercher au bar, quand tu as vu qu'on te suivait?!
-Tu vas me gronder comme un gosse, quand même, s'exclama-t-elle avec une mine ahurie.

J'avais une furieuse envie d'écraser son corps minuscule entre mes doigts. Elle était tellement gorgée de fierté, d'orgueil. Elle pensait pouvoir tout résoudre par elle-même et plus encore, elle se mettait consciemment en danger. Elle aimait flirter avec les limites, et je craignais qu'un jour, elle ne dépasse la ligne rouge.

-J'ai simplement cru que c'était toi, avoua-t-elle face à mon silence, mal à l'aise.
-Une fille normale aurait vérifié. Enfin, une fille normalement constituée aurait déjà flippé de rentrer seule chez elle et aurait été assez intelligente pour prendre sa voiture, grognais-je en avançant à côté d'elle.
-Tu te contentes de me suivre de loin chaque semaine, avant de rentrer chez toi à l'autre bout du quartier! Tu crois que j'ai pas remarqué ton manège?», attaqua-t-il surnoisement.
-Ne change pas de sujet, Fricht, m'exclamais-je en essayant de dissimuler la pique de honte de m'être fait pincé.

Elle souffla bruyamment et accéléra le pas. Je restais à la regarder, comprenant qu'elle voulait sûrement continuer seule.

-Bon, tu me suis, Nigaud? Maintenant que je sais que tu viens uniquement pour ma merveilleuse compagnie, tu peux marcher à côté de moi, non?

Je souris en la rattrapant. Ces petites piques rythmaient nos conversations, nous faisant passer du sérieux à l'ironie en quelques secondes. J'aimais pouvoir rire des sujets les plus cruels avec elle. J'aimais le ton léger sur lequel on flottait la plupart du temps. 

-Pourquoi tu me protèges?demanda-t-elle d'une petite voix.

Je cherchais une trace de moquerie ou de sarcasme mais non, elle était sincère. Elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi je m'occupais d'elle. Comment pourrais-je lui expliquer?

-Je ne sais pas, marmonnais-je et mes paroles provoquèrent un souffle blanc dans l'air froid.
-Menteur, asséna-t-elle sans aucune hésitation.

Elle commençait à me connaître un peu trop bien, et au fond, c'était pire qu'avec mes psys. Parce que, si elle ne connaissait pas mes secrets, j'avais envie de les lui confier. Si elle me voyait rarement tel que j'étais, j'avais envie d'effacer mes masques avec elle. C'était horrible. Beaucoup trop horrible et pourtant, je n'avais pas envie de m'éloigner. J'aimais peut-être flirter avec les limites, moi aussi. Un peu trop pour cela me soit bénéfique, malheureusement.

-J'ai juste besoin, je crois, hésitais-je en refusant de croiser son regard curieux.
-Tu as besoin de t'occuper de moi?demanda-t-elle comme pour s'assurer qu'elle avait bien entendu.
-J'ai besoin de croire que tout n'est pas perdu, essayais-je d'expliquer.

C'était bête, on était pas au SkatePark, je n'étais pas obligé de lui confier ça. J'aurais pu détourner la conversation avec une ou deux vannes stupides, comme on le faisait souvent. En croisant son regard, je surpris ses grands yeux inquisiteurs sur moi. Son regard fouillait mon âme, à la recherche de réponses que j'étais incapable de lui livrer.

-J'ai pensé, pendant longtemps, que je te dégoûterais, avoua-t-elle en chancelant légèrement.

Je n'avais plus envie d'avancer. Je n'aurais pas réussi à marcher deux pas de plus et je me serais vautré lamentablement sur le sol.

-Alors là, Fricht, c'était à mourir de rire, dis-je avec un sourire au coin des lèvres.
-Tu as vue mes cicatrices, continua-t-elle, comme si c'était la réponse à toutes les questions que le monde se posait.
-Et alors? J'en ai aussi, tu sais, soufflais-je en tentant d'ignorer la pointe d'angoisse qui me tordait l'estomac.
-Je ne te parle pas de petites cicatrices qu'on se fait en jouant au foot, Gossom, rala-t-elle en pensant que je ne la prenais pas au sérieux -et c'était tellement souvent le cas que je pouvais la comprendre.
-Mais merde, tu vas pas faire ta chiante en exigeant que je te les montre, quand même, m'exclamais-je avec une pointe d'appréhension.

Elle sembla hésiter quelques instants, comme si elle prenait réellement ma proposition au sérieux.
Et je commençais à regretter de l'avoir faite. J'avais voulus la rassurer, pas dévoiler une si grande partie de moi.

-C'est dommage, il caille. Je vais choper la crève, contrais-je en essayant de la dissuader discrètement.
-Dis plutôt que t'es un gros mytho, ouais, s'énerva-t-elle en pensant que je l'avais prise pour une idiote.

Je soufflais bruyamment et enlevait mon manteau. Le froid mordit mes abdos alors que je soulevais mon t-shirt. On ne pouvait pas voir grand chose, dans la nuit. Mais l'unique lampadaire de la rue en révéler déjà assez pour que je me sente vulnérable. Brittany fixait mes yeux, sans comprendre et j'essayais de l'empêcher de descendre plus bas. Personne n'avait jamais vu sciemment mes cicatrices à part Jake. Ni Patrick, ni Claire. Lorsque des conquêtes s'étaient mises à me regarder de trop près, je les avais jeter sans aucun scrupule. Et elle... Elle me faisait faire n'importe quoi.

-Bon, tu te grouilles Fricht?! Je me les gèle, me plaignais-je, en espérant qu'elle abandonne.

Mais elle s'approcha et observa les minuscules traces qui parsemaient mon buste. Sur mes coudes aussi, mes omoplates, mes reins. Je levais mon bras pour qu'elle voit mes biceps, la multitude de petites cicatrices qui les parcouraient. Elles étaient d'un rond parfois, à peu près de la taille d'une cigarette. Je savais qu'elle allait comprendre, et ça me tétanisait.
Mais pour une raison obscure, j'avais eu besoin de me justifier. Je refusais qu'elle se voit comme quelqu'un d'horrible. J'étais bien plus affreux qu'elle, dans tout les sens du terme.
Elle se tut pendant que je refilais mes vêtements. Je prenais un peu plus de temps que d'habitude, cherchant à retarder le moment où je croiserais ses yeux. Je savais que mon geste de ce soir avait à nouveau changé la donne. J'espérais juste qu'elle ne me le ferait pas regretter.

-Alors, qui dégoûte l'autre maintenant?demandais-je avec un rire faux.
-C'était des brûlures de cigarettes, souffla-t-elle d'une voix blanche.
-Oh, tu sais, il y a un peu de tout. Enfin, excepté des mutilations, ajoutais-je en espérant qu'elle arrêterait de s'intéresser à mon cas pour répondre à ma pique dissimulée. Mais cela échoua, évidemment.
-Comment?
-J'ai été adopté, lâchais-je comme simple réponse.

Nous avions arrêté de marcher. Mes yeux s'accrochaient au sien, comme je l'aurais fait à une bouée. Un cataclysme ravageait mon cerveau, m'empêchant de comprendre la portée de mon geste. J'entendais presque une alarme retentir dans mes oreilles, au rythme de mes battements de cœur. J'avais envie de m'énerver contre, de lui faire payer cette drôle d'emprise qu'elle avait sur moi. J'aurais voulu m'enflammer mais c'était impossible. Pas avec elle.

-A quel âge?demanda-t-elle et je me rappelais qu'elle avait déjà posé cette question au gala.
-Douze ans, peut-être treize, répondais-je en haussant des épaules.
-Pas l'âge que tu as été adopté. L'âge où l'on t'a fait flamber comme une torche, cracha-t-elle mais, pour une fois, j'étais quasiment sûr que ce n'était pas contre moi.
-Six ans. Les coups ont commencé à cinq, confiais-je en essayant de prendre un ton détaché, le ton de rassembler les morceaux de titane brisés qui semblaient s'éparpiller dans ma tête. J'avais besoin d'une nouvelle armure.

Elle hocha de la tête, comme pour elle-même. J'aurais donné beaucoup, à cet instant, pour connaître la moindre de ses pensées.

-Tu vois, Brittany? Tu n'es pas la seule à porter des marques. Et tu es loin d'être dégueulasse, murmurais-je en reprenant la route.
-C'est un compliment, Gossom?
-Pas de ma part, mais de celle du petit con qui t'as suivi en début de soirée, rétorquais-je en essayant de détendre l'atmosphère.

Un silence plana quelques instants et j'entendais seulement le bruit de ses talons sur les pavées. Même les voitures ne passaient plus dans les petites rues peinardes à cette heure.

-Tu penses vraiment que je suis jolie?

Sa question semblait si innocente, remplie d'une naïveté que je ne lui avais jamais vu. Et là, je sus que j'avais touché sa faiblesse. Je sus que j'avais gagné lorsque sa voix trembla, comme si elle redoutait ma réponse. La plus grande faiblesse de Brittany était le regard des gens. Je l'avais au creux de ma pomme à cet instant. J'aurais pu jouer avec elle comme avec une marionnette. J'aurais pu la détruire, aussi.
Et je n'en éprouvais aucune joie.
J'avais bien envie de la charrier mais j'avais l'impression qu'elle aurait pris cela trop au sérieux.

-Raaah merde, Fricht! Tu vas pas me forcer à jouer au poète romantique, quand même?
-Laisse tomber, marmonna-t-elle en fuyant mon regard.

Je soupirais d'agacement et passais une main derrière ma nuque. Cette fille était la pire représentante de la gente féminine présente sur cette planète.

~*~*~*~* Brittany *~*~*~*~*~

Je fixais Gabriel, il semblait mal-à-l'aise. Au fond, j'avais l'impression que son avis comptait pour moi. J'avais besoin d'être belle aux yeux des autres.
J'avais besoin de plaire à tout le monde, même à lui. Surtout à lui, peut-être.

-Bon, Fricht, ouvre tes oreilles car c'est la première et la dernière fois, d'accord?

Je hochais de la tête sans comprendre, attendant qu'il développe. Trop de chose se passaient en même temps et mon cerveau était sur off. Il enregistrait les infos pour les analyser plus tard, tranquillement.

-En tant qu'ami, hein? Va pas te faire d'idées tordues sur ce que je vais dire, d'accord?
-En tant qu'amis, promis-je en ramenant maladroitement une mèche derrière mon oreille.

Je ne savais même que nous étions amis avant ça. Et au vu de son ton hésitant, il en doutait aussi. Mais après tout, ça expliquait beaucoup de chose. Oui, je pouvais compter cet idiot de primate dans mes amis.

-T'es une rose, Fricht. Sublime, séductrice et aux épines plus tranchantes qu'un poignard, termina-t-il en rigolant légèrement.

Mais ses joues rougirent et je faillis m'étouffer avec ma propre salive en comprenant que Gossom était gêné.

-Elle est fanée, bouffée par les limaces et rongée par les pesticides alors, rigolais-je à mon tour, pour essayer de chasser le sérieux de la discussion.

Gabriel leva les yeux vers moi et fit son sourire en coin qui m'énervait tant. Ma main frôla la sienne et j'attrapais son index, pour ne pas me perdre dans mes pensées. 

-Peut-être. Mais c'est plus beau les fleurs fanées. Tu sais pourquoi? Elles repoussent encore plus belles, sourit-il un brin attendri.

Mes yeux accrochèrent son regard bruns et je fus soulagée qu'il ne dégage pas son doigt. J'aurais pu lui tenir la main, mais ça faisait trop couple, ou trop ami. Alors qu'un m'accrochant à un seul de ses doigts... C'était simplement nous. À peine ami, partenaire de jeux stupides et confidents de l'autre à nos heures perdues.
On arriva devant ma porte et je tournais la tête vers lui.

-Et tu es quoi, toi?

Son visage se ferma brutalement et il retira sa main. J'avais l'impression de me retrouver de nouveau seule dans le noir, comme si ce connard de Gabriel était une putain de veilleuse.

-Moi, je suis un petit bout bois pourri. Désolé Fricht, mais on est pas tous destiné à briller comme toi, lâcha-t-il d'une voix rauque.

Et il se retourna mais avant de s'éloigner totalement, il me héla à nouveau. Et son sourire en coin n'augurait rien de bon.

-Au fait, Fricht. Game over.

Heureusement pour Gabriel, il existait de très bon menuisiers. Et une partie n'est jamais perdu tant que des pions sont encore debout.

~*~*~*~*~*~*~*~*~*~*~
Coucou!
Ne me tuez pas pour ces petites informations distillées au compte goutte. Il reste encore pas mal de secret, mais ce chapitre cache un énooooooorme indice sur celui de Gabriel.
Quel est ce fameux souvenir refoulé?
Je voulais aussi vous remerciez pour la vie que vous donnez à cette histoire. Vos dessins, montages font vivre les personnages. Vos vues et vos ajouts dans les listes la font connaître.
Je vous dois tout ❤️
Gros bisous mes anges gardiens ❤️

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