Chapitre 16.a : Le passé
TOUT commença par une histoire d'amour.
Quand Nature fût prête, elle donna la vie.
Son plus beau geste fut le Big Bang. Créée sans biens matériels, juste à partir de ce puissant sentiment, la Terre donna naissance aux cinq éléments divins.
Cinq dieux. Ou plutôt, six.
La première anomalie de ce monde fut la naissance d'un deuxième dieu du feu, né de la lave la plus brûlante, située au plus profond de cette masse flottante dans la Galaxie.
A cette époque, son nom était simplement Hashimara, le dieu du feu. Frère jumeaux de Tobirama, le dieu du feu, né des flammes à la surface. Tout était simple.
Les dieux s'occupaient de façonner les étendus de roches que Nature leur avait offert. Une fois leur chef d'œuvre terminé, ils descendirent sur Terre pour l'habiter et profiter du résultat de leur dur labeur.
Ils goûtaient à tout, touchaient tout, sentaient tout et s'offraient des compliments.
Dès qu'ils avaient soif, ils applaudissaient le dieu de l'eau, nommé Byakuren. Dès qu'ils avaient chaud, ils félicitaient le dieu du vent, nommé Reto. Dès qu'ils avaient besoin d'un endroit pour dormir, ils appelaient le dieu de la terre, nommé Mû. Dès qu'ils avaient besoin de lumière, ils se tournèrent vers le dieu de la foudre nommé A. Et dès qu'ils avaient froid, ils se rassemblaient autour des dieux du feu, Hashimara et Tobirama.
A cette époque, ils s'entendaient tous très bien et Nature était si fière d'eux qu'elle décida de leur créer de la compagnie. Virent alors les animaux et les Hommes.
Au début, ils s'entraidaient tous. Mais, au fur et à mesure, grâce à leurs connaissances du monde qu'ils avaient crée, les dieux furent vu comme des être supérieurs. D'abord étonnés, ils se montrèrent modestes envers la dévotion des humains.
Malheureusement, la jalousie s'installa rapidement entre eux. Surtout envers les frères jumeaux du feu qui recevaient bien plus d'éloges et de présents de la part des habitants que les quatre autres dieux.
C'est comme ça qu'une dispute entre les dieux éclata et ravagea tout ce qu'ils avaient mis si longtemps à construire. Leur puissance était telle qu'elle créa des tremblements de terre, des raz-de-marée, des cyclones, des tempêtes d'éclairs, des feux de forêt et des explosions de volcan.
Voyant ce désastre, Nature les banni, leur créant un monde à eux, et les punit en leur ordonnant de recréer ce qu'ils avaient détruit sur Terre même s'ils n'y remettraient plus jamais les pieds.
Les dieux ne protestèrent pas. D'ailleurs, ils se réconcilièrent et promirent de ne plus jamais mal agir envers chacun. Les excuses acceptées, ils se mirent au travail et finirent bien plus rapidement que la première fois.
Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que la Nature attendit qu'ils finissent leur tâche de reconstruction pour ensuite retirer leurs pouvoirs, jugés trop destructeurs. Réduits au rang d'humain et se sentant trahit, les dieux ne savaient plus quoi faire. Ils décidèrent de se séparer afin de profiter de leur vie devenu courte.
Mais, une deuxième anomalie avait pris forme lors de la reconstruction du monde. Les premières créatures de la nuit apparurent.
A cette époque, elles n'étaient composées que des enfants de la forêt, des créatures mi-animal mi-humaine qui souffraient du changement de saisons.
Affolée que son nouveau monde soit à nouveau détruit, Nature alla trouver les jumeaux du feu, seuls dieux qui avaient gardé sa confiance. Elle leur redonna leurs pouvoirs et en échange ils devaient trouver quatre autres dieux afin de les aider à se débarrasser de ces enfants de la forêt qui ravageaient les humains.
C'est ainsi qu'Hashirama eut l'idée de la fontaine de Jouvence. Grâce aux tests qu'elle demandait, seuls les humains aux cœurs pur pouvaient être choisi comme dieu.
Le premier humain a être choisi fut un jeune paysan du nom de Darui, désigné comme dieu de la foudre. Le deuxième dieu fut celui du vent désormais connu sous le nom de Rasa. Gengestu fut baptisé pour être le dieu l'eau. Et à la surprise générale, une femme, nommée Kurotshuchi, fut élue pour être le dieu de la terre.
Après des années d'attente, ces nouveaux dieux pouvaient enfin défendre ce qu'ils chérissaient plus que tout.
Avoir choisi des humains et leur donner des pouvoirs pour défendre d'autres humains était une très bonne idée et Nature en fut surprise. Mais ce qui la soulagea le plus fut que les frères jumeaux du feu, leaders des nouveaux dieux, remportèrent la guerre après seulement quelques combats.
Ils avaient proposé une offre aux enfants de la forêt qui les intéressa beaucoup plus que de se faire massacrer. En échange de pouvoirs qui les protégeaient des saisons, ils seraient capables de travailler pour les dieux.
Voilà l'origine de la dévotion que les elfes avaient à présent pour les dieux.
Bien entendu, plusieurs refusèrent de se soumettre aux dieux. C'est ainsi que les premiers loup-garous apparurent. Toutefois, l'alpha promit de ne tuer aucun humain en échange de la liberté de son clan.
Une nouvelle fois les jumeaux acceptèrent. L'expérience d'avoir tout perdu une première fois et d'avoir dû tout reconstruire était gravée dans leur esprit. Ils voulaient à tout pris que ça se reproduise.
Et ce fut réussi.
Un nouveau monde de paix apparut et évolua aux fils des années.
Pour les récompenser de leurs efforts et de leur succès, Nature accepta qu'ils gardent leurs pouvoirs et leva leur punition.
Leur monde autrefois froid était maintenant plein de merveilles. Tous les dieux furent joyeux d'enfin pouvoir appeler cet endroit leur maison après des siècles à avoir voyagé sur Terre pour tout arranger.
Heureux d'avoir été protégés, les humains décidèrent de créer un temple pour chaque dieu. Il serait habité par un prêtre qui devra dédier sa vie au culte et devra élever un successeur qui, à son tour, vénéra le dieu de son temple et ainsi de suite.
Hélas, seul cinq dieux sur six eurent droit à leur temple. Les jumeaux du feu durent partager le leur. Cependant, les Hommes le savaient et ils recommencèrent à offrir deux fois plus d'offrandes.
C'est comme ça que la première vague de guerres de religion éclata sur Terre.
Des centaines d'humains s'entre-tuèrent pour défendre leur dieu ou leurs idées. Beaucoup s'enrichirent sur le dos des autres, créant l'inégalité.
D'autres tournèrent le dos à cette religion polygame, pour en créer d'autres. Soit avec plus de dieux. Soit avec un seul dieu tout puissant.
Effrayés que Nature les tienne à nouveau responsables, les dieux décidèrent de séparer les jumeaux du feu. Un parmi eux deux devait se clamer seul et unique dieu du feu afin de calmer les humains.
Le choix départagea les dieux. Certains pensèrent à Hashirama car il était l'aîné. D'autres pensèrent à Tobirama car il était celui né de la flamme de l'extérieur donc le plus apte à rassembler les hommes autour de lui.
Un combat fut organisé mais Hashirama se retira avant même qu'il puisse commencer. Il affirma vouloir retourner là où il était né. Au premier abord, Tobirama refusa la décision de son frère. Il faisait parti de ceux qui pensaient que l'aîné devait avoir le privilège d'être appelé dieu du feu.
Seulement Hashirama lui expliqua que contrairement à lui qui avait un autre endroit où aller vivre, Tobirama n'avait que ce monde des dieux puisqu'il était né de la flamme de la surface.
Une fois la décision acceptée à l'unanimité, les deux frères rendirent visite à Nature afin de lui demander un passage entre leur monde et les profondeurs de la Terre. Hashirama dut jurer qu'il renonçait à son statut de dieu du feu.
Alors, Nature les laissa faire chemin vers les profondeurs de la Terre en passant dans le monde des hommes. Profitant de leur dernière balade en tête-à-tête, les deux frères prirent leur temps.
C'est comme ça que le destin décida de créer bien plus de problèmes qu'il n'y en avait déjà.
Main dans la main, une servante et une fillette à la chevelure rousse comme le feu courraient dans la forêt. Elles savaient qu'elles étaient suivies par l'homme aux cheveux aussi sombres que la nuit
Alors qu'elle courrait sans regarder devant elle, la rousse percuta un des deux dieux qui passaient par là. Elle fut tellement soulagée d'enfin rencontrer quelqu'un qu'elle se mit à débiter son histoire à toute vitesse.
-Vous devez m'aider ! Il arrive ! S'il vous plaît ! Je ne veux pas vivre avec lui !
Hashirama fut frappé par la détresse qui déformait le joli visage de cette fille. Mais il n'eut le temps de rien faire. Elle le secouait tant qu'il perdit l'équilibre alors qu'elle était encore agrippée à lui.
-Hashirama ! s'exclama Tobirama.
-Mademoiselle ! s'écria la servante.
Le dieu et la petite fille tombèrent tous les deux violemment dans l'herbe grasse de la prairie avant de rouler le long de la pente de la colline.
Une fois la violence du coup passée, Hashirama ouvrit les yeux. Il ne vit rien d'autre d'une touffe de cheveux roux et soyeux.
Affolé de ne plus la sentir bouger, il la fit rouler prudemment sur le côté pour s'assurer qu'elle n'était pas blessée. Elle semblait juste évanouie à cause d'un coup à la tête. Il entendit son frère accourir vers lui pendant qu'il dégageait prudemment les brindilles de ses vêtements colorés.
Cette fillette devait sûrement appartenir à une famille aisée.
-On ne doit pas rester ici. On est hors du chemin que Dame Nature nous a créé...
Mais il voyait bien que son frère ne l'écoutait pas. Hashirama était complètement hypnotisé par le jeune fille. Elle était si petite contre lui. Elle n'était qu'une enfant. Il n'avait pas l'habitude d'en croiser qui avait encore leur air innocent. Malheureusement, personne ne restait jamais très longtemps pur dans un monde comme le leur.
-Hashirama !
Levant la tête, il vit son frère tenir la servante dans ses bras.
-Elle s'est évanouie, expliqua-t-il rapidement pour effacer tous soupçons.
-On peut pas les laisser ici. N'as-tu pas vu à quel point la petite était affolée tout à l'heure ?
-Mais qu'est-ce que tu racontes, mon frère. As-tu pris un coup sur la tête ?
-Nous n'avons pas le choix, Tobirama.
Avant même que le jeune dieu puisse dire quelque chose, Hashirama prit la petite humaine dans ses bras.
Durant tout le trajet, il continua de lui dire que ce n'était pas une bonne idée de faire ça. Qu'ils risquaient la colère de Dame Nature. Seulement Hashirama le fit taire en disant qu'il ne faisait rien de mal et que le seul tort qu'elle pouvait lui reprocher, c'était d'être sorti du chemin.
-Mais qu'est-ce que tu vas faire d'elles ? On ne peut pas mettre pied autre part que sur le chemin.
-On trouvera sûrement un village quelque part. Je veillerai sur elles et dès qu'elles seront sur pieds et qu'elles m'auront expliqué la situation, j'aviserai. D'autres questions ?
Tobirama comprit que ça ne servait à rien de discuter avec son frère. Il fit la moue tout en gardant son air agacé et suivit Hashirama.
Comme il avait prévu, le chemin traversait un village.
Un drôle de village occupé uniquement par des villageois au teint aussi blanc que la neige et aux yeux aussi nacrés que l'intérieur des huîtres. Ils se faisaient appeler les Otsutsuki.
Non autorisé à parler aux humains, Tobirama installa la servante sur les épaules de son frère et dut attendre son retour à l'extérieur du village. Pendant ce temps, Hashirama expliquait comme il pouvait ce qui s'était passé. Les femmes prirent rapidement la fillette et la servante en charge pendant que le chef du village accepta qu'ils reçoivent un toit le temps qu'ils aillent mieux.
-Je vais rester quelque temps dans ce village mais dès qu'elles iront mieux, je te promets de reprendre tout de suite le voyage, dit l'aîné à son cadet. Tu devrais rentrer avant que quelqu'un remarqua ta présence sur Terre.
-Tu fais attention à toi, hein ?
-Tu me connais...
-Justement, je te connais trop bien mon frère.
Hashirama sourit, gêné avant de se gratter la joue du doigt. Il fit promettre à son frère de sauver les humains de la guerre et celui-ci ajouta que c'était sa priorité. Les jumeaux se prirent dans les bras, affirmant que ce n'était pas un adieu.
Lorsque la petite rousse se réveilla, Hashirama était encore à son chevet.
Elle le distingua de dos dans la pénombre grâce à la lumière d'une bougie qu'il allumait avec ses doigts. Ne voyant que ses longs cheveux foncés, elle se redressa, jetant des coups d'oeil apeurés.
-Vous êtes en sécurité ici. Ne vous inquiétez pas.
Elle tourna la tête vers cette voix grave et fut surprise de reconnaître l'homme qu'elle avait renversé et non son poursuivant.
-Par tous les dieux ! Je suis tellement désolée de vous avoir renversé tout à l'heure. Veuillez acceptez mes plus plates excuses.
-Ce n'est rien, voyons, assura-t-il. C'est plutôt pour vous que je me suis inquiété...
-Je vous en pris ne me ramener pas là-bas ! s'exclama-t-elle en l'attrapant pas le col de sa chemise en toile d'une poigne impressionnante.
-Excusez mon indiscrétion mais pourquoi toute cette agitation ?
Il la vit cligner plusieurs fois de ses yeux bleus foncés. Ils étaient vraiment singuliers accompagnés de ses cheveux roux.
-Vous ne savez pas qui je suis ? réalisa-t-elle en chuchotant.
Elle desserra sa prise et Hashirama se recula pour l'observer. En effet, il ne la connaissait pas.
-Si cela vous offense, je m'en excuse... commença-t-il avant d'être arrêté une nouvelle fois.
-Où sommes-nous ?
-Euh, le village de Konoha. Il me semble que...
Elle le relâcha complètement avant de poser ses mains sur ses cuisses. Elle se mit à trembler et Hashirama sentit la panique prendre possession de son corps.
Avait-il fait quelque chose de mal ? Regrettait-elle d'avoir fugué de chez elle ? Était-ce pour ça qu'elle pleurait ?
-Votre servante est aussi ici, dit-il pour la rassurer.
Soudain, un rire résonna dans la pièce, le coupant dans sa lancée. La fillette rigolait, les mains posées sur son visage comme pour se cacher.
Surpris, Hashirama cligna plusieurs fois des yeux. Il s'apprêtait à ouvrir la bouche mais elle tourna la tête vers lui, affichant un magnifique sourire.
Un sourire unique, enfantin, innocent.
-Je vais faire les présentation. Ma servant est Samui Namikaze et moi, je suis la fille du roi de Uzushio, Mito Uzumaki.
Elle lui tendit la main pour qu'il puisse lui faire un baise-main mais Hashirama se contenta de la serrer en souriant.
-Enchanté Mito, je suis Hashirama. Mais dites-moi, vous êtes bien loin de chez vous et même si vous avez votre servante, ce n'est pas très sûr d'être dans la forêt.
-Mon père veut me marier à un homme que je n'aime pas. Je me suis donc enfuie. Malheureusement, mon fiancé m'a suivit et a essayé de me rattraper avant que je vous percute.
-Je vois. Mais...
-Je vous en supplie ! Il ne faut pas qu'ils me retrouvent !
-Malheureusement, je n'ai pas le temps de vous aider. Je... Je suis attendu quelque part et...
-Je vous en pris, laissez-moi venir avec vous !
-Je ne pense pas que ce soit une bonne idée...
-Et pourquoi donc ? Je vous jure que Samui et moi, on sait se faire toutes petites. Vous oublierez que nous sommes avec vous.
-Il vaut mieux que vous vous reposiez. On en reparlera demain.
Mito fit la moue. Pourquoi cet homme refusait tout ce qu'elle lui proposait ? Cachait-il quelque chose ?
Le lendemain, elle fut réveillée par les bruits d'exclamations de la part des villageois. Lorsqu'elle sortit de la maison, elle repéra Samui et Hashirama puis s'approcha d'eux.
-Bonjour mademoiselle.
-Bonjour. Que se passe-t-il ?
-Personne ne sait. Quelque chose a ravagé les récoltes.
Hashirama se baissa pour mieux examiner la terre.
-Une chose est sûre, ce n'est pas l'œuvre des enfants de la forêt ou des loup-garous.
-Comment savez-vous cela ? demanda la petite qui s'était accroupis à côté de lui.
-Vous voyez ses marques sur le sol ? Ça ressemble presque à des traces de tissu. Comme si quelqu'un laissait traîner sa longue robe derrière lui.
Malgré ce constat, les Otsutsuki étaient paniqués. L'hiver arrivait et ils risquaient de ne pas pouvoir récupérer assez de nourriture pour en mettre dans leur réserve.
Hashirama aurait voulu les aider mais comment expliquer que du jour au lendemain, les pousses ravagées avaient repoussé et avaient produit des fruits et des légumes ? Il préférait rester prudent.
Les jours d'après, tout le village se mit au travail pour construire une barrière afin de protéger les futures récoltes. Même Mito s'était mise au travail. C'était elle qui avait imaginé les plans et tout le monde devait avouer que c'était un travail remarquable.
Ayant l'habitude de diriger les opérations, Hashirama donnait les tâches pendant que, secrètement, il laissait traîner quelques gouttes de son pouvoir de feu pour aider la terre à regagner en fertilité rapidement.
-Je crois que nous allons rester ici, lui avoua Mito alors qu'ils dînaient après une dure journée de travail.
Ils venaient de finir les barrière et ce soir était le premier essai.
-Vraiment ?
-Oui. Samui et moi serons peut-être deux bouches en plus à nourrir mais cela fera aussi deux autres paires de mains pour les aider avec leurs récoltes. De plus, personne ne me trouvera ici.
Elle vit l'hésitation passer sur le visage du jeune homme.
-Je vous jure que je peux prendre soin de moi. Je peux aussi vous jurer que je ne sortirai pas d'ici et...
-Mais et vos parents ?
Elle haussa les épaules.
Il eut un silence alors que Mito posait ses coudes sur la table. On lui avait toujours interdit de faire ça mais ici, elle était libre. Elle n'avait pas à épouser un homme deux fois âgé qu'elle pour se faire une place dans la société. De plus, les villageois s'étaient attachés à elle.
-Dans ce cas, je vais pouvoir reprendre ma route.
Mito le regarda surprise par ses mots. Il acceptait de la laisser ici. Sans savoir pourquoi, elle avait besoin de cette approbation. Elle fut touchée par son inquiétude à son égard qu'elle pouvait lire dans ses yeux. C'était sincère, ce qui changeait de l'hypocrisie de la cour.
-Je comptais rester jusqu'à ce que vous saviez ce que vous voulez faire. Et je vois que vous avez l'air décidé à vouloir aider ces villageois.
-En effet. Vous pouvez partir tranquille.
-De plus, je sais que Samui prendra bien soin de vous.
Hashirama lui sourit avant de lui ébouriffer les cheveux. Mito dégagea sa main et lui tira la langue. Ils continuèrent de se taquiner et de parler jusqu'au couché.
Tôt le lendemain, Mito accourut jusqu'aux portes du village pour voir Hashirama remercier le chef du village pendant que les habitants lui souhaitèrent bon voyage. Comptait-il partir sans l'attendre ? Cela l'attrista plus que nécessaire. Elle le vit se retourner et elle souleva sa robe pour accélérer.
-Hashirama ! cria-t-elle.
Il se retourna et, une nouvelle fois, prit la fillette de plein fouet.
-Merci, s'exclama-t-elle pendant que ses bras s'enroulaient autour de son cou. Merci de nous avoir aidé. Merci de t'être occupé de nous. Merci de m'avoir laissé ma liberté. Merci.
Hashirama fut plus que surpris par son comportement et par l'impact puissant que ses simples mots avaient sur lui. Il la reposa au sol et se pencha vers elle, sa large main coloré posée sur ses cheveux couleur feu.
-Prends bien soin de toi, Mito.
-Allons, je suis sûr qu'on se reverra ! s'exclama-t-elle avant de dégager sa main et de se surélever pour poser ses lèvres sur sa joue.
Hashirama sourit, cachant la vérité. Ils ne se reverraient jamais.
Il secoua la main en regardant par-dessus son épaule. C'est elle qui détourna les yeux avant tout le monde pour cacher ses larmes. Voilà qu'elle perdait son premier véritable ami.
Une fois seul, il pressa ses doigts sur sa joue, là où elle l'avait embrassé. Il avait aimé être en contacte avec eux. Cela lui avait rappelé la bonne époque. Il pensait aussi avoir découvert un nouveau type d'humain. Ceux comme Mito qui, malgré leur rang, étaient prêts à aider les autres. Il sourit. La petite allait lui manquer, aucun doute la dessus. Elle était tellement pleine de vie.
Malgré son envie d'en voir plus, il accéléra son allure. Il avait perdu beaucoup de temps. Il devait continuer sa route sans se retourner.
Après plusieurs semaines de marche, il arriva au point le plus bas de la Terre par rapport à la mer. Une énorme grotte servait d'entrée à son nouveau monde. Un monde qu'il allait habiter seul. Il n'y avait aucune habitation autour de lui. Personne avec qui créer des liens.
Il secoua la tête. Il n'avait pas arrêter de penser à Mito. Il avait beau se dire qu'elle et Samui allaient s'en sortir. Qu'il n'avait pas à s'inquiéter, elles restaient une enfant et une servante. Il aurait voulu pouvoir les protéger, comme tous ces pauvres villageois.
Il pensait encore à elles alors qu'il se sentait descendre vers les profondeurs de la planète Terre. Contrairement à ce que les hommes pensaient, ce lieu n'était pas sombre et effrayant. Pour Hashirama, il était lumineux et accueillant.
Après tout, il était né ici.
Après plusieurs années à aménager son nouveau lieu de vie, il eut la visite non-annoncée de Nature. Elle était venue le chercher car un nouveau problème était apparu après la fin de les guerres de religion. Hashirama fut heureux d'apprendre que son départ avait aidé son frère et les autres dieux à calmer les Hommes.
Malheureusement, ces guerres avaient fait beaucoup de morts qui erraient maintenant sans but sur Terre. Ces âmes avaient besoin d'un endroit où se rendre, d'un endroit prêt à les accueillir.
Hashirama n'avait jamais vu d'âmes mais il ne pouvait plus continuer à vivre seul. Il avait peur de devenir fou. Il avait toujours eu le plaisir d'être en compagnie de quelqu'un. Soit avec les dieux. Soit avec son frère. Soit avec Mito. Il était sûr que c'était grâce à eux qu'il n'avait pas perdu la tête. Il s'était posés des tas de questions à leur sujet.
Comment son frère s'en sortait seul ? Est-ce que son statut d'unique dieu du feu lui plaisait ? Et Samui. Avait-elle réussi à gérer cette intrépide de Mito ? Était-elle toujours avec elle au village ? Et Mito. Quel âge avait-elle maintenant ? A quoi ressemblait-elle ? Avait-elle trouvé un mari convenable ? Avait-elle des enfants ? Était-elle toujours en vie ?
Il accepta cette nouvelle responsabilité et fut baptisé Satan, un nom qui effraiera plus d'un dans les années futures. Il fut autorisé à voyager à travers le monde pour récupérer les âmes qui détruisaient tout sur leurs passages car elles étaient à la recherche d'attention. Afin de l'aider dans son travail, Nature créa le premier démon, Jûbi, l'écureuil à dix queues.
C'est ainsi qu'Hashirama remonta à la surface. Aidé de son nouveau compagnon, il traversa à nouveau mers, océans et terres pour convaincre les âmes d'aller en Enfer où elles ne seront plus jamais seules.
Un jour, son voyage le ramena aux portes de Konoha.
Le jour allait bientôt se lever. Hashirama devait se dépêcher mais le village avaient changé. Il s'était agrandi et la barrière qu'il avait aidé à construire était à présent gardée par des hommes avec leur chiens.
A ses pieds, le petit démon avait vite sauté sur son épaule pour lui signaler la présence des morts dans ce village. Hashirama frissonna. Il espérait que Mito ou Samui ne soit pas parmi eux.
Pendant qu'il s'avançait prudemment entre les maisons à la recherche de fantôme, Jûbi s'agita. Hashirama eut à peine le temps de se retourner qu'une lame fut pressée sur sa gorge. Le puissant dieu ferma les yeux et leva les mains en l'air.
-Je ne vous veux aucun mal !
Il ouvrit enfin les yeux et rencontra ceux de son adversaire. Des yeux bleu nuit singulier accompagnés d'une chevelure de feu. Exactement comme elle.
-Mito ?
La jeune femme recula. Ses cheveux roux étaient retenus en deux choux sur sa tête. Elle était bien plus grande, bien plus fine, bien plus féminine. Sa peau était sale de terre et ses vêtements étaient ceux d'un paysan mais elle avait l'air en bonne santé.
-Hashirama, murmura-t-elle.
Il reconnut le doute dans sa voix et il savait pourquoi. Comment expliquer que le temps des années l'avait fait grandir alors que lui, il ressemblait au même Hashirama qui l'avait quitté des années auparavant.
-Je...
-Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-elle avec les sourcils froncés.
-Je...
-Je veux la vérité.
Elle avait toujours cette mauvaise habitude de le couper.
-C'est assez long à expliquer, ricana-t-il.
Un coup de vent glacé les enveloppa. Jûbi recommença à s'agiter sur son épaule avant de sauter de sa capuche et de courir vers les champs.
-Jûbi, reviens ici.
Il courut après sa bête pendant que Mito le suivait, bien décidée à comprendre ce qui se passait ici. Jûbi conduit les deux jeunes adultes vers les champs. Sous ses yeux ébahis, Hashirama reconnut Samui parmi les fantômes qui arrachaient les cultures pour essayer de les manger.
-Mademoiselle, s'exclama Samui. Elles sont revenues.
-Tu peux les voir ? réalisa Hashirama.
-Les traces, chuchota Mito prête à tirer la sonnette d'alarme.
-Attends, l'arrêta-t-il. Si tu appelles des renforts, elles vont s'échapper.
-C'est ce que je veux, dit Mito en se dégageant.
-Mais elles reviendront. Si tu me laisses faire, elles disparaîtront d'ici pour toujours.
Mito détailla le bel homme devant elle. Son cœur n'avait pas arrêté de cogner dans sa poitrine depuis qu'elle l'avait reconnu de dos tout à l'heure. Elle avait cru rêver. Seulement, il l'avait aussi reconnu, confirment son identité. Il était bien le Hashirama qui l'avait sauvé.
-Bien, décida-t-elle.
-Est-ce que je peux vous demander de...
Sa voix s'affaiblissait au fur à mesure que Mito le regardait avec un regard noir.
-Ok, c'est pas grave vous pouvez rester.
Quel caractère.
-Samui, s'il te plait. Viens derrière moi et ne bougez pas, ajouta-t-il en regardant Mito qui souleva un sourcil.
Les deux femmes obéirent puis il claqua des doigts. Mito ne vit que de puissantes rafales de vents mais, devant les yeux écarquillés de Samui, Jûbi se transforma en un énorme insecte à sept queues qui se mit à voler au-dessus des âmes pour qu'elles ne puissent pas s'échapper.
-Je me présente. Je suis Satan, se présenta Hashirama en avançant vers les pauvres âmes affolées. Vous avez entendu parler de moi, n'est-ce pas ?
Sa question attira l'attention des âmes qui n'en croyaient pas leurs oreilles. Quelqu'un leur adressait la parole. C'était tout ce qu'elles voulaient, que quelqu'un les remarque.
Mito ne comprenait pas ce que Hashirama faisait. Il parlait seul. Il parlait de solitude puis d'un endroit qui existait sous terre pour que les âmes puissent se retrouver et vivre en paix malgré qu'elles soient déjà mortes.
-Mais qu'est-ce qu'il fabrique ? demanda-t-elle.
-Il parle aux morts, chuchota Samui avec la larme à l'œil.
Cela faisait des années qu'elle essayait de communiquer avec ces êtres ayant basculé de l'autre côté. Malheureusement, elles ne semblaient pas pouvoir l'entendre. Cela voulait dire qu'Hashirama était spécial.
-Acceptez-vous ? demanda-t-il enfin après son discours de persuasion.
Il vit les âmes en pleurs accepter ce compromis plus qu'avantageux pour elles. Soulagé, Hashirama sourit. Il n'aimait pas utiliser la force même avec les morts.
Il claqua une nouvelle fois des doigts et cette fois-ci, Jûbi se transforma en un magnifique cheval blanc à cinq queues avant de cracher une boule de feu pour consumer les âmes et les envoyer directement en Enfer.
Hashirama se tourna vers les deux femmes et, de sa cape, les protégea des flammes. Mais Samui eut le temps de voir les âmes délivrées par le feu après toutes ses années à errer.
Lorsque le calme revint, le trio regarda l'endroit où se tenaient les âmes quelques secondes plutôt.
-Impressionnant, murmura Samui.
Hashirama se retourna pour leur sourire et leur expliquer mais Mito n'attendit pas. Comme d'habitude. Elle l'attrapa et le plaqua contre la barrière.
-C'était quoi ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu veux ?
-Mademoiselle, calmez-vous.
-Quoi ? T'es de son côté ? Tu savais ? demanda Mito en tourna la tête vers sa servante et désormais amie.
-Non. Je ne savais pas. Mais, si je peux me permettre, je pense que l'on ne le saura jamais si vous continuez de l'étrangler ainsi.
Mito regarda à nouveau Hashirama qui en effet semblait manquer d'air. Elle le relâcha et il put masser sa gorge. Cette fille allait le tuer un jour ou l'autre. Ou devrait-il dire cette femme ?
-C'est assez long à expliquer, dit-il alors que Jûbi ayant retrouvé sa forme d'écureuil sauta sur son épaule.
-On a tout notre temps, annonça Mito.
-Peut-être que vous voulez prendre un tasse de thé, monsieur Hashirama.
-Avec plaisir.
Face à leur comportement si formel, Mito leva les yeux au ciel avant de les suivre vers la maison qu'elle partageait avec Samui.
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