Chapitre 44: Jess
Il s'arrête soudain, lorsque son regard se pose sur moi. Surtout, il baisse d'un ton.
-Principessa...
Mais il est loin d'être seul. L'homme sur les photos le suit. Grand, légèrement barbue...mais ce qui m'attire le plus sont ces pupilles d'un bleu profond. Ainsi qu'une impression de déjà vu.
-C'est juste mon oncle, Angel me chuchote à l'oreille.
Cela devrait me rassurer, pourtant...je ne sais pas. Quelque chose m'inquiète chez lui. Quand je le regarde, mon instinct me crie de fuir et de m'en aller. Mais je ne peux pas: Angel serre ma main et je me sens comme prise au piège. Je ne sais pas ce que l'on fabrique ici mais je n'ai aucune envie de le savoir, à présent.
Mais je ne dis rien et les laisse approcher. Deimos vient s'assoir près de moi et cela me rassure, étrangement. Il a une arme après tout et sait sûrement s'en servir. Si les choses dégénèrent, il la sortira. Il ne le fera peut-être pas pour moi, mais il pourrait le faire pour Angel.
-Principessa...Ravi d'enfin te rencontrer.
Je me contente de sourire nerveusement au commissaire. Mais Angel me fait signe de lui répondre. Donc je fais un effort.
-Plaisir partagé, monsieur...
-Alfredo Fell.
Jamais entendu parlé !
Il sent bien le malaise qui plane dans la pièce, pourtant cela semble lui plaire. Il doit bien aimer être intimidant. J'aimerais bien lui retirer ce petit sourire au bord des lèvres mais, entre son regard perçant et cette longue cicatrice autour du cou, j'ai moyennement envie de jouer avec ses nerfs.
-Je vois que ma cicatrice t'intrigue.
Je baisse les yeux mais c'est trop tard.
-Je l'ai eu après une bagarre qui a mal tourné. Tu sais...être policier est un métier dangereux.
-Je comprends, monsieur.
Je ne comptais pas répondrede nouveau mais Angel me l'ordonne. Je ne sais pas pourquoi il le fait, quand il voit à quel point je suis déjà mal à l'aise. Heureusement, l'homme me laisse enfin tranquille. Il se concentre sur une pile de dossiers et en sort un. Puis il le pose sur le bureau, devant moi.
Je ne sais pas pourquoi mais je ne me sens pas bien. Et cette fois, même la présence d'Angel ne suffit pas à me calmer. Ce dossier mon m'inquiète.
Et, lorsqu'il l'ouvre, mon sang se glace.
-Ça te rappelles quelque chose?
On croirait entendre mon ex.
-Oui.
Pas de "Monsieur", cette fois. Je veux savoir ce qui se passe. Qu'est-ce que l'on fait là ? Et pourquoi je dois affronter de nouveau ce passe si douloureux ? Pourquoi je dois revoir ces photos de mon corps meurtris et blessé?
J'en saisi à peine une des doigts qu'une larme menace de tomber...
-Je sais que c'est dur princesse mais tu dois le faire.
Je me tourne vers lui, perplexe, et il répond à ma question silencieuse.
-Tu dois porter plainte.
-Il est temps que cette ordure paye!
Je ne m'attendais pas à autant de compassion de la part de Deimos. Lui qui semble toujours aussi détaché. Je dois sacrément lui faire pitié. C'est gentil de sa part mais il faut se rendre à l'évidence.
-Je ne peux pas, je lance en déposant la photo.
-Princesse...
-Je ne peux pas!
Je me répète.
-Pas parce que je ne le veux pas, ou que j'ai trop peur de lui. Mais parce que je ne gagnerais jamais.
-Tu n'en sais rien!
-Si, justement...
Malheureusement, ils oublient tous un élément important.
-Ma mère a accepté les chèques de sa famille.
-Ça ne signifie pas que...
-Elle a signé un contrat de confidentialité.
Le silence. Ils se figent en même temps. Mais j'ai pire!
-Je l'ai aussi signé.
Angel n'a pas besoin de prononcer le moindre mot. La force avec laquelle il tient ma main parle pour lui. Je devine bien qu'il se retient. Quant à Deimos, il est à bout et donne un grand coup sûr la table. De quoi me faire sursauter. Mais cela ne change pas les faits!
C'est pour cela que je voulais tant oublier toute cette histoire et passer à autre chose.
-J'ai été bête et stupide mais, pour ma défense, je faisais juste ce que ma mère m'ordonnait.
À l'époque, je n'aurai jamais pensé que cette erreur aurait une telle incidence sur ma vie. Aussi, je n'aurais jamais pensé que quelqu'un me croirait et prendrait ma défense. Jeter l'éponge semblait être la solution la plus raisonnable. Du moins, c'est ce qu'elle me disait...
-Comment tu as pu la croire, princesse ?
-Elle n'arrêtait pas de dire que tout irait mieux, après. Et...j'étais bien contente quand lui et toute sa famille ont déménagé...
-Et le voilà de retour! Malin...
La remarque de Deim' lui vaut un regard noir d'Angel. Il doit la trouver déplacée. Mais je ne lui en veux pas. Deim' a raison! J'ai bien été conne et, au final, ça n'a servi à rien. Mais je n'avais pas le choix. Entre la mère qui criait dans les oreilles et mon ex qui m'harcelait, j'avais besoin de paix.
J'étais prête à faire n'importe quoi pour qu'ils se taisent et m'oublient, rien qu'une seconde. Était-ce si mal?
Je n'étais qu'une ado de seize ans pétrifiée et seule. Je n'arrivais même plus à dormir. Je voulais juste aller mieux. Et ça a fonctionné, pendant un temps. Si c'était à refaire, je le referais, juste pour vivre ces quelques années de paix que j'ai eu. Je les ai mérité, après avoir été sa victime pendant des années. Et je ne veux pas revivre ça, une fois de plus!
-Quelles sont nos options?
Angel se tourne vers son oncle, dépité.
-Bon, elle peut toujours porter plainte pour l'harcelement qu'elle subit. Rien ne justifie de suivre son ex.
-On peut le faire?
-Oui. Ses crises de paniques montrent bien le stress que cela lui procure. Ça devrait passé.
Puis il pose sa main sur la mienne, le regard plein de compassion.
-Mais pour cela...il va nous falloir un nom, miss.
S'il y a bien une chose que je ne peux oublier, après son visage, c'est bien son nom. A l'époque, je n'avais pas osé le dénoncer, c'est pour quoi ce dossier ne contient pas de nom. Mais rien ne m'empêche aujourd'hui de me rattraper.
-Shane Bellitti.
-Tu en es sur?
-Certaine. Ce nom a hanté mes rêves.
Je ne pourrais pas l'oublier, même si je le voulais. Il prend un moment pour écrire sur une feuille de papier. Puis il récupère le dossier pour le ranger, sauf que Deim' le lui arrache des mains, avant.
-Je vais m'en occuper.
-Tu sais où l'apporter?
Un regard noir.
-Je vais m'en occuper, il répète. C'est sur mon chemin.
Son regard se pose sur moi, un long moment, pendant lequel je ne sais quoi faire. Soudain, il saisit ma main. Puis il fouille sa poche, en sort une arme et la pose dans ma main. Je me fige.
-Ça ne va pas de lui donner une arme?
-Ben, quoi? Faut bien qu'elle se protège non?
Si le commissaire prend le temps de le gronder, Angel lui s'empresse de me l'arracher des mains.
-Elle ne sait pas s'en servir et...elle n'a pas le droit d'en posséder une. Imagine si elle tire sur quelqu'un!
-Sur qui? Son ordure d'ex?
Il ricane et la reprend des mains d'Angel. Puis il me la remet dans les mains et se place derrière moi. Je sens son souffle sur ma nuque.
-C'est simple à utiliser. Il suffit de bien viser.
Ici, en l'occurrence, le commissaire sur lequel il braque le canon de l'arme, sans hésiter.
-Hey, tu n'a pas...
Il appuie avant même qu'il ai le temps de finir sa phrase et je me fige. Le coup part tout seul et je lâche l'arme. Le commissaire crie de douleur, en tenant son épaule. Je viens vraiment de lui tirer dessus?
-Bordel, Deim'!
-Oups.
Je ne sais pas quoi faire. M'excuser? Après lui avoir tiré dessus? Je regarde Angel, pétrifiée, mais lui n'a pas l'air si inquiet. Puis je comprends pourquoi, quand Deim' daigne enfin s'expliquer.
-Des balles à blanc. Ça ne risque pas de le tuer...malheureusement...mais c'est assez pour le maîtriser.
Il recharge l'arme.
-Ensuite, tu pourras toujours l'étouffer avec ton sac...
-Deim'!
-...ou le battre à mort avec le canon.
-Deim'!
Le commissaire se lève carrément de sa chaise.
-Quoi? J'essaye d'aider.
-Aide autrement !
-Elle n'aura pas d'arme. Reprend-la.
Angel lui répond calmement.
-Tu es qui pour decider? Son père?
-Pas d'arme!
Angel se répète, d'un ton plus dur et il cède. Il la range et je respire enfin. Cette fois, il sort un badge de policier. Puis il griffonne quelque chose au dos et me le met dans la main.
-Qu'est-ce que tu lui donne encore?
Il ne lui répond pas et se tourne vers moi. Il me regarde dans le blanc des yeux.
-Il y a toujours une patrouille qui fait des rondes autour de ta fac. Ils sont là pour une autre mission, mais, ils sont toujours disponibles.
Puis il se penche et me prend ma main.
-Si tu as besoin d'aide, n'appelle pas la police, ils t'enverront deux idiots qui mettront trop de temps. Appelle ce numéro et montre leur mon badge. C'est compris?
J'hoche la tête, touchée par le geste.
-Tu lui donne le numéro de flics infiltrés? Tu es malade?
-C'est ça ou l'arme. Qu'est-ce que vous choisissez?
Je choisi le badge et le range dans ma poche. Deim sourit et Angel le remercie silencieusement. Le seul mécontent de la situation est l'homme derrière le bureau.
-C'est officiel...vous avez tous perdu la tête!
C'est moi ou Deimos s'adoucit? Wow! 🧐🧐🧐
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