Ça l'excite d'un coup.

-On va buter quelqu'un?

Peut être même un peu trop. Je n'ai pas besoin qu'il le soit autant donc je le refroidis d'un coup.

-Non.

-T'as cassé le mood...

La déception se lit sur son visage.

-Demarre, maintenant !

Il s'execute enfin, sans manquer de montrer son mécontentement. Mais ça ne change rien.

-Je veux retrouver cet homme, pas lui mettre une balle entre les deux yeux, Deim'

Du moins, pas encore...D'abord je dois vérifier que c'était bien lui. Jess ne m'a vraiment dit grand chose, vu l'état dans lequel elle était. Et même si je le retrouve, ce sera dur de prouver quoique ce soit. Surtout que pour l'instant je ne sais même pas ce qu'il s'est passé.

-Où est-ce qu'on va, Bambino?

-Bonne question.

Bonjour

-Tu as une idéee, Deim'?

Je pose la question d'une voix plutôt douce, sans m'attendre à une telle réaction de sa part. Il freine violement puis se tourne vers moi, le regard noir.

-Moi? Tu me force à conduire et tu ne sais même pas où tu vas?

-Je...

-Tu joue avec le feu, Bambino!

Il sait que je déteste ce surnom. Pourtant j'abdique pour un fois. Je ne pense pas que ce soit le moment de l'énerver encore plus.

-Non mais quelle idée j'ai eu de te suivre dans ce coup foireux aussi!!!

Et il se lance dans un monologue interminable dans lequel, évidemment, tout est de ma faute.

-J'aurais dû m'en douter! Tu n'as jamais été doué pour régler efficacement les problèmes, toi!

-Vraiment?

-Oui!

Deim' a beau s'acharner sur moi, je me rejouis. Au moins, il continu de conduire.

-Tu ne retiens jamais la leçon!

-Oh...laquelle?

Il freine de nouveau. Mais cette fois je manque de traverser le pare-brise.

-Tu veux nous tuer?

C'est rare que je m'énerve mais il me pousse vraiment à bout, certaines fois.

-Deim...

-Chut!

Il bloque mes lèvres de sa main et m'empêche presque de respirer. Puis il se rapproche, ses yeux si grands qu'ils pourraient presque avaler mon âme.

-Je te l'ai déjà dis, Angel...ça ne sert à rien de discuter avec les cons. Une balle dans la tête et le tour est réglé. C'est pas compliqué à comprendre pourtant!!!

Il insiste, bordel...

-J'avais compris la première fois, merci.

-Moi, je ne crois pas. Sinon, tu me laisserais faire.

-Te laisser faire?

-Biensur...regarde...

Il défait sa ceinture et sors quelque chose de sa poche: son arme. Puis il sort autre chose de tout aussi dangereux.

-Regarde, j'ai même acheté en nouvelle balles pour l'occasion.

-L'occasion?!

-Oui...

Il se rapproche encore plus et me lance un regard doux.

-Dès que tu m'a appelé, j'ai sû que quelque chose c'était passé. Je te connais si bien...

-Et, tu es allé acheter des balles?

-Rien que pour toi!

Un vrai malade...

-Merci mais on n'en aura pas besoin, je lance en retirant son bras. J'ai la situation sous contrôle.

Et encore toute ma tête.

-Arghhhh!!!

Il se lamente.

-Bien. Descendons, alors!

D'un coup, il semble beaucoup moins investi par la mission. Il sort de la voiture, avec une petite mine et je le suis, en me demandant où il nous a amené. La réponse: à la fac.

-On a vu que les caméras de surveillance fonctionnaient bien ici...

Un petit sourire borde ses lèvres. J'ai bien compris qu'il me visait. Mais il ressent le besoin d'être plus clair.

-J'espère qu'elles savent filmer autre chose que les ébats del Professor...

Tiens, serais-ce un nouveau surnom?

-Tu te moques de moi parce que je baise, Deim'?

-Oui.

Ses yeux pétillent. Bien, s'il veut s'amuser...amusons-nous!

-Au moins "el Professor" a une petite-amie, je réplique. C'était quand la dernière fois que tu as vu une femme nue, toi?

-Je...

-À part derrière ton écran, évidemment...

Le silence, enfin. Je pourrais entendre les oiseaux chanter. Il ne daigne même pas me lancer un regard noir et tourne les talons.

-Je m'occuperais de ton cas plus tard...

Ses derniers mots avant de pénétrer dans le bâtiment. Et je le suis de nouveau, le sourire aux lèvres. C'est bien la premiere fois que j'arrive à le remettre à sa place...laissez-moi en profiter vite fait. C'est si satisfaisant de le voir aussi énervé mais surtout, si silencieux...La dernière fois qu'il l'a été, il avait une extinction de voix, au collège! Je m'en rappelle car, vu qu'il ne pouvait pas parler, il n'arrêtait pas de m'appeler et de me transmettre des bouts de papiers, pendant les cours. J'ai dû parler à sa place pendant des mois.

Il avait retrouvé sa voix quelques semaines plutôt, évidemment. Mais me faire souffrir pendant encore quelques jours lui plaisait bien.  C'est ce jour que j'ai appris la règle la plus importante de notre amitié : ne jamais avoir pitié de lui! Depuis, je profite de chaque occasion de le torturer un peu. Et puis, ce n'est pas comme si, lui, m'épargnait...

Mais malheureusement je n'ai pas le temps de lui asséner un dernier coup qu'il se faufile dans une pièce. J'ai beau être sur ses pas je mets un moment à réaliser où nous sommes. La bibliothèque. Je n'aime pas beaucoup cette pièce...

-Qu'est-ce qu'on fabrique là, Deim'?

-Quoi? Ça te rappelles des mauvais souvenirs ?

-Très drôle...

Mais il n'a pas totalement tord.

-On est là juste pour que tu me taquine ?

-Biensur que non.

Alors qu'il m'explique, au lieu de se pavaner, entre les étudiants.

-Qu'est-ce qu'on fait là ?

-On cherche la salle des caméras, idiot!

L"idiot" lui lancerait bien sa chaussure en pleine face. Mais je me rappelle qu'il est là pour m'aider. Après tout, je l'ai appelé.

-Et depuis quand tu sais où elle se trouve?

-Hum...

Il s'arrête un moment, me laissant revenir à son niveau.

-Tu te rappelles que je t'ai remplacé comme prof, un moment...

-Oui...

-Il me fallait un lieu calme pour faire la sieste.

-Et...tu as choisi la salle des caméras?!

-Épier les gens, ça m'apaise...

Évidemment...

-Tu devrais essayer, Bambino.

-Non merci.

Il lance un léger "comme tu voudras", avant de se remettre à avancer. Je ne sais pas comment il fait pour marcher aussi calmement, quand on s'apprête à entrer par effraction dans une salle de surveillance.

-Enfin! il se réjouit une fois arrivé devant la porte.

Mais, moi, j'ai toujours des doutes.

-Ce n'est pas une bonne idée...

-La ferme!!!

-Pas besoin d'être aussi désagréable, Deim'

Il soupire.

-C'est déjà assez compliqué de faire sauter le verrou, alors si tu en rajoute...

Pardon?! Effectivement, en me rapprochant, je constate son crime. Mais qu'est-ce que je peux bien y faire? Je n'ai pas de meilleur plan. Donc je le laisse faire, en vérifiant bien que personne ne remarque nos petites activités. Nous avons beau nous trouver dans un couloir, quelqu'un pourrait surgir de nulle part. Surtout ce Dani beaucoup trop curieux. Voilà pourquoi il faut se dépêcher.

-Tu as fini?

Au même moment, un petit bruit se fait entendre. Je crains le pire pendant quelques secondes. Mais heureusement, je m'inquiète pour rien. Deim' pousse la porte et elle s'ouvre.

-Merci, qui?

-Merci, Deimos.

Puisqu'il faut lui lancer des fleurs...

-Attend-moi ici. Je me dépêche.

Je préfère y aller seul et le laisser faire le guet. Dans tous les cas, je n'en ai pas pour longtemps. La salle est minuscule avec juste un bureau et une série d'écrans couvrant le mur principal. Et dès que je m'assois sur le grand fauteuil, je comprends que le système est simple à comprendre.

-Tu en mets du temps...

Évidemment, Deim'ne cesse de se plaindre. Mais je préfère me concentrer sur ma tâche, au lieu de lui répondre. La fac est bourré de caméras. Où que ce blondinet soit allé, il a été filmé. J'en suis sûr et certain!

Sauf qu'il faut encore trouvé la bonne vidéo, parmi la centaine de milliers de fichiers qui s'y trouve...

-Dépêche Bambino, j'entends des pas...

-J'ai presque fini.

J'ai besoin d'un bestie comme Deimos😚💕