Certaines fois, il vaut mieux suivre son instinct. J'ai beau le savoir, je dois constamment me le rappeler.

-Vas te changer!

Il n'a pose son regard qu'une seconde sur ma tenue. Et en déduit qu'il ne l'aime pas. Qu'il ne l'aime pas?! Qu'ils ne l'aimeront pas. Ils? La bande de journalistes posés sur le canapé. Mon canapé. Celui que j'ai passé des heures à construire à ma mère. Parce qu'avant,quand on n'avait pas les moyens de s'offrir toutes nos folies et que ma mère devait quand-même se sacrifier,il lui arrivait de rêver.

Rêver d'avoir un beau canapé en cuir vu,en passant, dans un magazine mondain. On m'a pris pour un fou quand j'ai acheté des mètres de cuir,un après-midi d'été chaud. Puis,sous les seul olivier du jardin, j'ai martelé les planches de bois comme si ma vie en dépendait. Je me rappelerais toujours de cette journée. Et des grosses gouttes de sueur qui coulaient sur mon front. Je me rappelle aussi de la réaction de ma mère. Je ne l'avais jamais vu aussi souriante.

Elle aimait passé chaque matin et l'observer. Puis,elle souriait toute la journée. Contente. Car nous vivions dans une maison miteuse mais avec un beau canapé en cuir rouge. Évidemment,elle l'a gardé. Comme tout ce que je lui ai offert dans ma vie. Ça va du collier de nouilles de la maternelle, au bracelet incrusté de diamants qu'elle porte toujours au poignet.

Elle sait que je prends ce temps pour lui faire plaisir. À elle! Et clairement pas pour qu'une bande d'hommes,à la calvitie douteuse, salisse mon dur travail.

-Non mi hai sentito, Angel? Cambiati! (Tu ne m'as pas entendu,Angel? Vas te changer!)

La réponse est simple.

-No.

Je n'en ai pas envie. Comme je n'avais pas envie de venir déjeuner avec eux. Mais j'ai fais l'effort de sortir. C'est tout ce qu'il aura.

-Ne sois pas aussi têtu, Angel...Tu aurais pu mettre ton beau cos...

-Non.

Net et précis. J'ai juste envie de leur dire tous de dégager de chez moi. La dernière chose dont j'ai besoin c'est une visite indésirable. Je ne les ai pas inviter. Quant à mon père,il n'a pas besoin d'un publique pour avaler quelques bouchée de steak. Surtout que,nous le savons tous,il va encore prétexter être au régime et « faire attention à sa taille », devant la caméra. Puis il se resservira cinq fois...

Je le lui aurais bien rappeler mais,heureusement pour lui, mamma arrive derrière moi et me caresse le dos.

-On va faire quelques photos, puis ils s'en iront,Bambino...

Je cède. Même si je ne compte pas faire le moindre effort. Et encore moins me changer! Donc je m'assois, à table et me sert. Sans attendre personne. Même si mamma,Andras et mon père finissent par me rejoindre. Mais,même là, papa trouve le moyen de m'irriter. Ils fait signe aux journalistes de s'approcher et,en instant,je me retrouve encercler de caméras et de micro. Il l'a fait exprès! Il sourit bien trop,en posant avec Andras.

-Une photo de famille serait superbe, Monsieur...

-Évidemment !

Tous se rapproche de mon père. Tous, sauf moi. Ça me vaut un regard noir. Mais je m'en fiche bien.

-Angel...

-Sans moi!

J'attaque enfin mon plat et je devrais tout arrêter pour prendre une photo de famille?!

-Dites « Cheese »!

C'est d'un ridicule! Et je ne suis pas d'humeur. Ma mère le sait. Donc elle n'insiste pas et revient s'assoir près de moi,dès que possible. Pour me réconforter. Et ça marche! J'en oubli même nos « invités » indésirables et me concentré sur mon plat. Je n'ai rien mangé de consistant ces temps-ci. Je pense que même mamma est contente de voir mon appétit revenir.

-Ça te plaît?

-Hum.

-J'ai cuisiné spécialement pour toi,Bambino.

-Merci mamma.

Un petit bisou sur la joue et elle sourit.

-Je me disais qu'on pourrait essayer de sortir, cet après-midi...

-Oh...oui...je ne sais pas...

Je ne suis pas trop d'humeur pour ça. Je n'ai pas le cœur à me balader.

-C'est un peu dommage de venir en Italie pour s'enfermer dans sa chambre...

-Je suis sorti, je fais remarquer.

Je vide mon verre,un petit sourire aux lèvres. Même si elle est contente de me voir plus détendu, je ne pense pas que ça la rassure. Alors elle tente une autre approche.

-On pourrait aller voir une exposition d'art, ça te changerait les idées.

-Oui...

-Ou aller se balader. Tu adorais voir les orangers fleurir quand tu étais petit.

C'est vrai.

-Tu pourra prendre un bol d'air frais...

Oui.

-...pour me faire plaisir!

-Pourquoi tu insistes, Sofia? Ton fils est borné aujourd'hui !

Je cédais presque. Mais il a fallut que quelqu'un fasse le malin.

-« Borné »?! Précise! je m'énerve.

Ma mère me fait signe de ne pas faire attention mais il a déjà titillé mon attention.

-On en parlera plus tard...,il ajoute avec un sourire aussi faux que lui.

-Pourquoi ? Tu ne veux pas en parler...devant les caméras ? Tu ne veux pas salir ton image?

-Angel!

-Quoi? Tu me trouves borné, j'ai bien le droit de savoir pourquoi.

-Arrêtes...tu sais très bien ce que je veux dire...

-Justement,non.

-Tu es de mauvaise humeur.

-Vraiment ?

-Oui! Et tu la passe sur moi...

-Oh.

-...sur nos invités aussi.

Il fallait le dire plus tôt. C'est facile à régler ça!

-Vous...,je débute en les pointant du doigt, dehors!

Ils s'étonnent et mon père panique. Évidemment.

-Tu rigoles j'espère !

-Pas du tout!

Puis je leur refait face.

-Vous ne m'avez pas entendu? Preferisce l'italiano? Esci da casa mia! (Vous préférez en italien? Dégagez de chez moi!)

Cette fois,le message est clair. Ils se figent,confus et fixent mon père un moment. Mais quand je donne un grand coup sur la table,ils fuient à toute allure. Ils n'étaient pas si déterminé que je le pensais.

-Tu es fou?

-Je ne sais pas papa. Dis le moi! Tu as l'air d'en savoir une tonne sur mes sauts d'humeur.

A son tour de frapper la table.

-Sofia parle à ton fils!

Mamma ne daigne même pas lui répondre. Moi non plus. Je préfère continuer à manger,comme si de rien n'était et reprendre des forces. J'ai enfin arrêté de penser à Jess et j'arrive à refaire quelque chose de ma vie. Petit à petit. Peu à peu. Mais ça ne semble pas réjouir tout le monde.

-Personne ne vas lui en parler?

-Quoi,papa?

Je le trouve trop agité.

-C'est à cause d'elle? C'est à cause de cette fille que tu es...insupportable ?

-De qui tu parles?

-Ne fais pas l'idiot. Tu crois que je ne sais pas ce que tu fabriques, en mon absence?

Je ne réponds pas.

-Tu sais...des filles...il y en a pleins.

J'en ai assez entendu. J'attrape mon assiette et me lève.

-Tu fuis?

-Alonzo!

-Quoi? Gronde plutôt ton fils. Il fuit comme un lâche.

-Non. Je m'en vais, avant de faire un massacre...

Mais il refuse de le prendre comme une victoire et s'acharne.

-Super! Tu nous fais une crise a cause d'une femme maintenant ?

-Arrête!

-Tu sais, je t'aurais même trouvé une nouvelle soumise. Si tu n'avais pas bousillé mon interview!

Je me retourne pour lui faire face, tellement ça m'amuse.

-Tu n'as pas les compétences pour ca. Il faut plus que de se pavaner et de lancer des billets dans tous les coins.

-Oh, vraiment ? Et toi tu es si doué pour les choisir, qu'elles te quittent à la moindre occasion...

La goutte de trop. J'ignore à quel moment j'envoie l'assiette dans sa direction. Elle le manque de peu et se fracasse contre le mur. Mais ça suffit largement pour le faire taire. Enfin. Mon sang bouillonne tellement que je pourrais le frapper avec les poings. Je ne lui demande pas de comprendre ce que je ressens. Il ne pourrait pas, même s'il essayait de toutes ses forces. Mais qu'il n'empire pas la situation.

-Je te refais une autre assiette,Bambino...

Mamma est bien doué pour changer de sujet mais j'ai plutôt l'impression qu'elle veut se débarrasser de moi et rester seule avec mon père. Donc je prends l'assiette qu'elle me tend,sans discuter. Puis je m'en vais,sans me retourner. Mais je peux l'entendre confirmer mes doutes.

-Andras tu n'as pas une répétition de musique, avec tes amis?

-Euh...oui...

-Vas-y! Je veux parler seule avec ton père.

Ça va barder pour lui! Mais ce n'est plus mon problème. Moi, je me dirige nonchalance vers mon atelier. J'ai un truc à terminer.

On se concentre un peu plus sur la famille de notre Dom pour le moment. Mis les choses intéressantes vont bientôt commencer❤️