Elle s'assoit sur le sol froid et pose sa tête sur mes cuisses. Elle a beau me faire dos...j'ai beau ne pas voir ses belles pupilles brunes, je sens, rien qu'en caressant ses cheveux, cette peine lui peser sur le coeur. Je ne me trompe jamais quand il s'agit d'elle. Je sais tout d'elle. Le moindre changement dans sa gestuelle, son timbre de voix m'alerte.

Rien qu'à la forme de son sourire ou à la façon dont elle se tient, je sais si une situation la met mal à l'aise.

-La vérité c'est que tu ne peux rien me cacher, princesse. Même si tu essaye...

-Qui a dit que j'essayais?

Elle se tourne lentement vers moi, sans cacher les grosses larmes inondant son visage. Et malgré elles, elle m'offre tout de même un petit sourire. Bordel, qu'est-ce qu'ils ont bien pu te faire pendant ces mois? Cela devrait être ma première question, vu à quel point elle me brûle les lèvres. À moins que ce soit la colère d'imaginer la réponse.

J'arrive à peine à y penser. À quel point sa vie a dû être un enfer à vivre, coincé avec ces deux folles. Entre son égoïste de mère et sa sœur intenable...Jess veut tellement bien faire, tout le temps, qu'elle s'efface vite. Il n'y a qu'avec moi qu'elle peut se lâcher et même être légèrement capricieuse.

C'est pour ça que je laisse pas mal de choses passer. Je devine bien qu'elle a dû retenir sa voix et se taire un bon nombre de fois. Je ne veux pas de ça, quand elle m'appartient. Je veux savoir ce qu'elle pense...ce qu'elle veut...à quoi elle pense constamment. Ce n'est parce que je suis son Dom qu'elle devient un beau visage et une bouche bien fermée. Son bien-être est primordial à mes yeux. Et je prends soin d'elle, tant qu'elle reste près de moi....

Voilà pourquoi je vais devoir la jouer plus subtile. C'est la première fois qu'elle se dévoile, aussi vulnerablement devant moi, depuis bien qu'on s'est revu. Elle est encore fragile et doute constamment. A la jouer trop frontal, je ne risque que de la faire fuir. Même si j'ai besoin de réponses à mes questions, je vais devoir bien y réfléchir et bien poser chaque question...

-Et si on parlait de tes cheveux, princesse?

Quelque chose se brise en elle. Elle ne dit pas le moindre mot. Mais l'air devient d'un coup si...lourd, irrespirable. Mais je ne lâche pas ma prise.

-Pourquoi ils sont si courts?

Toujours pas de réponse.

-Tu n'aimais plus leur longueur ?

-Tu connais déjà la réponse...

Biensur que je la connais déjà.

-Dis-le! Je veux l'entendre venir de toi.

Mais elle se tait. Jess avance et enfouis sa tête contre mon bas ventre. Elle hume mon parfum, s'y frotte. Elle se cache presque, là, contre mon torse, comme si c'était le seul endroit où elle se sentait bien...en sécurité. Naturellement, j'enroule mes bras autour d'elle pour renforcer ce sentiment. Puis elle relève le regard et le plonge droit dans mes pupilles bleues. Elle n'a pas besoin de prononcer le moindre mot que je comprend déjà.

Elle a besoin de se confier mais ça va prendre du temps. Il va falloir y aller en douceur.

-C'est à cause de moi?

De nouvelles larmes inondent ses yeux et me donnent ma réponse.

-Tu peux me dire pourquoi ?

-Je...je n'arrêtais pas de pleurer alors...elle m'a demandé ce que je pouvais bien te trouver.

Je vois bien que c'est déjà assez dur pour elle d'en parler, donc je ne laisse transparaître aucune émotion. Même si, au fond, mon sang monte déjà.

-Et donc?

-J'ai répondu que j'aimais que tu prennes soin de moi. Et surtout...

Elle s'arrête mais je peux bien deviner la suite.

-...que je te caresse les cheveux, je la complète.

Jess hoche lentement la tête alors que les larmes coulent sur sa joue. Mon cœur se brise. Je déteste la voir ainsi. Je déteste savoir que je n'y peux rien. Comme je déteste savoir que la raison de sa peine est tranquillement allongée sur un lit d'hôpital et pas six pieds sous terre. Quand,elle, ressent autant de peine dans son cœur.

-Viens là!

Je lui tends mes bras et elle y saute sans hésiter. Et je la serre fort. Si fort que j'ai peur de la briser telle une poupée en cristal. Mais je n'arrive pas à m'en empêcher et à relâcher ma prise. Comme si mes doigts s'étaient collé à sa peau et refusaient de la lâcher. A juste titre! Chaque fois que je la laisse s'éloigner, elle me revient...brisée en morceaux, dans des habits bien trop larges pour elle et de grosses larmes. Mais elle n'a pas à s'inquiéter, j'ai bien retenu ma leçon.

-Ce qui c'était passé là-bas n'a pas la moindre importance,princesse. Je suis là, à présent. Je ne te laisserais plus jamais seul.

Je n'ai jamais autant pensé mes mots.

-Compris?

Elle hoche la tête.

-Bien.

Je glisse ma main dans ma poche et en sort  son collier. Celui que j'ai mis tant de temps à réparer. Puis je replace le système d'alarme.

-Regarde-moi, princesse.

Elle s'écarte légèrement de mon torse et me fixe. Je me doute bien qu'il est un peu tôt pour crier victoire et se réjouir. Pourtant, j'ai bien l'impression de, petit à petit, la retrouver. Et, pour l'instant, ce petit espoir me suffit amplement.

-Approche.

Elle se place entre les jambes et je lui met son collier.

-C'est beaucoup mieux,ainsi...

-Ça m'avait manqué.

-De porter ce collier?

-De t'appartenir.

Oh.

-J'aime quand ces belles lèvres disent des mots aussi plaisants...

Elle sourit. Je la prends au dépourvu en passant mes bras autour d'elle. Puis je saisi ses hanches et la soulève, d'un coup.

-Angel...

-Chut.

Je m'allonge sur le canapé et la couche sur moi. Et je pose sa tête là, tout près de mon cœur. Pour qu'elle puisse l'entendre battre pour elle. Entendre à quel point il m'est impossible d'être insensible à son charme. Il suffit qu'elle se trouve dans la même pièce que moi pour que je perde la raison. J'ai juste envie de la serrer. Qu'elle s'endorme dans mes bras, comme je l'ai imaginé tant de fois.

-Tu es à l'aise?

-Non.

Quoi? Je m'inquiète mais,elle se contente de sourire, malgré ses larmes qui perlent de nouveau.

-Serre-moi plus fort...

Elle le murmure presque alors que je pense la blesser intentionnellement.

-Et ton bandage? Je ne veux pas que tu...

Mais elle répète la même phrase...encore et...encore.

-Serre-moi plus fort...

-Je vais te faire mal.

-Vraiment ?!

Un petit sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'elle plonge son doux regard dans le mien.

-Je croyais que tu aimais ça...me faire mal...

Ça lui vaut une légère claque sur les fesses.

-Quoi? Qu'est-ce que j'ai dis de faux?

-Rien. J'en avais juste envie, je confesse.

Ça l'amuse et nous en rions un moment. Mais la fatigue commence vite à se sentir. Je la sens épuisée, vidée. C'est vrai qu'entre l'accident et...le sexe, elle n'a pas vraiment eu le temps de se reposer.

-Tu dois dormir,princesse.

Dès que je me mets à caresser, d'une main, ses cheveux et à tapoter légèrement son dos, de l'autre, ses yeux se ferment. Mais pas son cœur qui cesse de libérer ces lourds secrets qui le pèse. Et je l'écoute, attentif.

-C'était dur de dormir là-bas...J'étais constamment surveillée. Ma mère m'hurlait tellement dessus que mes crises d'angoisse ont ressurgi.

-Tu le lui a dit ?

-Elle s'en fichait bien. Et, à vrai dire, je n'osait pas trop l'affronter. Je me sentais bien trop stupide et idiote pour ça. Je ne sais pas...peut-être que je n'arrivais pas à dormir parce que je culpabilisais, que je me sentais coupable d'avoir céder à tes avances...d'être tombée amoureuse de toi...et de m'être retrouvé dans le pétrin.

J'ai une toute autre explication.

-Peut-être que tu avais juste besoin de ton Dom, princesse.

-Peut-être...

Les derniers mots qu'elle prononce avant de s'endormir. Ce n'était qu'une question de minutes avant qu'elle ne tombe dans les bras de Morphée. Mais ces derniers mots suffisent à réveiller quelque chose en moi: une once de joie que je n'avais pas senti depuis bien longtemps.

-Bonne nuit, princesse.

Je pose un doux baiser sur son front, avant de me laisser bercer la douce brise de vent.

Y'a que moi pour publier un chapitre à minuit😂💕