J'avais prévu de rester sage. Tranquillement dans cette cuisine,focalisé sur mon plat. J'avais beau ne plus voir très clair,après avoir vidée, à moitié, la bouteille de vin...je résistais. Je me changeais les idées en cuisinant des pâtes. Je me suis dis que c'était parfait. Ou,du moins assez consistant pour Jess. Je ne voulais pas l'embêter, donc je comptais lui déposer une assiette devant la porte,cogner et m'en aller. C'était simple. Ça m'évitais de la voir dans une tenue legerte. Sinon, j'aurais sûrement passé des heures à la fixer comme un cretin!

J'avais tout prévu,comme d'habitude. Tout...sauf de la voir me rejoindre. J'ai à peine entendu ses pas. Ou,peut-être, que je les ai ignorés,exprès. Peut-être qu'au fond, je voulais la laisser s'approcher le plus près possible,avant de me retourner et de lui faire face. Peut-être que je voulais être surpris en voyant son beau visage et ses bouclettes brunes apparaître.

-Finalement...j'ai faim.

Elle le dit si nonchalamment,comme si ce n'était rien. Mais c'est bien la preuve qu'elle ne cherche plus à m'éviter. Ça me rassure.

-Vraiment?!

Elle hoche la tête.

-Bien.

Les pulsations de mon cœur s'accélèrent et j'ai soudain très chaud. Je ne sais pas si c'est la bouteille de vin...ou sa tenue. Elle remarque enfin que je la fixe depuis bien trop longtemps.

-J'ai trouvé une chemise et...un short, donc...

-C'est un boxeur,je la corrige.

-Oh.

-Mon boxeur.

Elle se fige. Mais ça m'amuse bien de la savoir gênée.

-Je t'ai donné ma chambre.

Il lui faut un moment pour se reprendre donc j'en profite pour retourner sur le plan de travail et nous servir.

-Ça explique la centaine de livres...

En effet...Ma mère n'aime pas lire. Ça la frustre! Elle trouve que l'histoire ne se termine jamais comme elle le souhaite. Soit le héro n'obtient pas sa vengeance, soit il l'obtient à un prix...bien trop élevé. « Pourquoi obtenir ce que l'on veut est aussi compliqué dans les livres...ça l'est déjà assez dans la vie! ». Je n'avais pas la réponse,ce jour-là. Donc je me suis contenté de lui dire que c'était pour garder une once de réalisme. Elle m'a presque rit au nez.

« Réalisme?! J'ouvre un livre pour rêver et m'échapper de la réalité,Bambino. Si mon livre est bien trop proche de la vie réelle...c'est qu'il fait mal son job! ». Quelque part,elle avait raison. J'aimerais tant pouvoir me glisser dans l'un d'eux pour rêver, à mon tour. Un livre où ces six mois ne seraient qu'un mauvais cauchemar et où...Jess m'appartiendrai encore. Mais,pour l'instant, je dois me contenter de ces petits moments et regarder l'objet de mes désirs me taquiner.

-Donc...,Jess continu, j'ai aussi utilisé ta brosse à dent...

Je bondis presque en me tournant vers elle. Puis je remarque le large sourire qui borde ses lèvres. Elle me cherche? Elle flirte? Non...c'est sûrement le vin !

-J'ai aussi vidé tout ton gel de douche.

-Je vois...

-Et, accidentellement, mouillé tes draps.

-Vraiment ?!

J'essuie mes mains et m'approche lentement d'elle. A ma surprise, elle ne bouge pas d'un pouce et me laisse la rejoindre.

-Comment c'est arrivé?

-J'ai lavé mes cheveux. Maintenant qu'ils sont un peu plus longs...je veux dire, ils m'arrivent a peine aux épaules, mais c'est déjà ça...

-Hum.

A vrai dire, je ne fais pas trop attention à ce qu'elle dit. Je passe une main derrière elle et agrippe doucement ses cheveux bouclés.

-Passe-moi la serviette!

Je pensais qu'elle en tenais une mais je me trompe.

-Laisse tom...

Je m'arrête en la voyant retirer sa chemise. Je veux dire, elle ne cachait déjà pas grand chose en étant transparente et mouillé mais là...Mes pupilles glissent directement sur son soutif noir et son regard captivant.

-Tient!

Elle me la tend,toujours avec ce petit sourire. Elle sait très bien ce qu'elle fait! Mais ça pourrait tout aussi être un piège. J'ai déjà donné,dans l'ascenseur et,surtout, je n'ai pas envie de me redonner de faux espoirs. Elle pourrait toujours être en colère et juste bien le cacher. Ou je suis juste bourré, sans le savoir! Ma mère en serrait attristé. Je pourrais presque l'entendre d'ici: State perdendo i vostri geni italiani? Il vino è la vita! (Tu perds tes gènes italiens? Le vin c'est la vie!)

Pourquoi il a fallut que j'ouvre cette maudite bouteille ? Super, je me fais des reproches pour deux verres de vins,maintenant ? Je dois vraiment perdre l'esprit, c'est sûr ! Donc je me dépêche de sécher ses cheveux et m'écarte d'elle. Puis je retourne vers la plaque électrique.

-Va t'asseoir sur le canapé, je m'occupe du reste.

-Ok...,elle lance avec une petite mine.

Mais elle n'obéit pas du tout. J'ai beau lui faire dos, je peux la sentir derrière moi. Et je dois avouer que c'est très agréable. Je n'avais pas senti cette présence depuis si longtemps. Je peux aussi constaté que sa discipline est toujours aussi...bancale.

-Obéis, princesse!

Ma voix est plus dur que je le pensais. Je m'attendais à ce qu'elle me corrige mais sa réponse est bien plus surprenante.

-Sinon quoi?

Je m'arrête.

-Qu'est-ce que je risque?

-Ça t'amuse de me taquiner, maintenant que tu n'est plus ma soumise?  Maintenant que tu ne m'appartiens plus? Moi, ça ne m'amuse pas. Ça me frustre au plus au point.

Je me retourne enfin et remarque qu'elle est bien plus proche que je le pensais.

-Désolé...

-Tu as une idée de ce que ça fait de te savoir si proche, sans pouvoir te toucher, princesse? C'est une pure torture..., j'ajoute en caressant sa peau.

-Je ne serais jamais partie si je n'avais pas cru que tu m'avais abandonné.

-Je n'en doute pas un instant. Pourtant...

...pourquoi c'est toujours aussi douloureux alors? Pourquoi mon cœur saigne toujours? Peut-être parce que six mois, c'est sacrément long...peut-être parce que j'ai tant relu cette maudite lettre que son encre s'est imprégné sur ma peau. Ces mots m'ont tranché l'âme et donné envie de lui trancher la sienne...

-Quelqu'un va devoir payer pour ce malentendu, princesse. Et quelqu'un d'autre va devoir me calmer...

Mon doigt atteint enfin ses lèvres.

-Qu'est-ce que tu préfères?

Elle répond sans hésiter.

-Je préfère t'apaiser.

Bordel! J'avais presque oublié à quel point elle pouvait être sexy avec ses grands yeux suppliants. Elle est beaucoup plus docile quand sa mère n'est pas dans les parages. Ce serait tellement facile d'en profiter. Il y a tant de choses que j'aimerais lui faire, là tout de suite...mais je ne suis peut-être pas en état. Surtout, je ne veux pas la brusquer.

-Je pense que tes cheveux ont encore besoin d'un rinçage, je change de sujet.

-Vraiment ?

Je passe ma main sur ses cheveux et peux clairement sentir qu'il reste du shampooing. Aucun doute!

-Je peux retourner sous la douche pour...

Je ne la laisse pas finir et saisi son bras. Je ne sais pas si ce sont les deux verres de vins ou mon impatience qui me guide. J'ai juste envie de régler ça au plus vite. Donc je la tire par le bras jusqu'à l'évier.

-Obéis, pour une fois, princesse.

Ça l'amuse. A se demander qui de nous deux a réellement descendu la bouteille de vin. Mais j'arrive tout de même à la tirer jusqu'au rebord métallique, malgré qu'elle ne me facilite pas la tâche. Puis je la fait s'incliner en arrière, jusqu'à ce que sa nuque se pose sur le rebord. La position semble assez inconfortable donc je lui apporte un tabouret pour qu'elle s'y asseye.

-C'est mieux?

Petit hochement de tête positif.

-Bien.

Je l'enjambe et elle se fige. Mais je n'ai pas tellement le choix si je veux m'occuper correctement de ses cheveux. Surtout depuis qu'ils sont aussi courts. Mais je me demande si c'est toujours une bonne idée quand je la sens bouger, entre mes jambes.

-Stop.

-Je ne le fais pas exprès...

Évidemment...

-Tu es bien assise et je fais tout le boulot, princesse. Alors pose ton cul sur cette chaise et garde ta belle bouche bien fermée!

Ou je risque de craquer et de te sauter dessus.

-Ok...ok...,elle cède enfin.

-Merci!

-Je croyais juste que...tu la préférais bien ouverte.

Quelques gouttes d'eau sur le visage la font taire. Un moment. Puis elle explose de rire. Je dois avouer que c'était bien trouvé.

-Chut..., je me retiens de rire à mon tour. Reste tranquille, au moins pour ce soir. Tu veux bien?

Elle sourit. Mais fini par hocher la tête.

-Bien.

-J'essayerais...

Mais je sens déjà ses mains froides se poser sur mon torse. La soirée va être longue...je le sens!

La suite va être bien intéressante 😎😎😎