Chapitre 8
-Oh et, ton téléphone n'arrête pas de vibrer. Je pense que c'est ta mère, Jess.
-Je vais l'appeler plus tard.
Il me lance un regard que je connais bien. Celui que je reçois quand je remet trop de choses à plus tard. Mais je n'ai pas la force d'affronter ma mère ce soir. Je veux dîner et m'endormir sans faire de cauchemars, ce qui ne risque pas d'arriver si j'amagasine trop de stress. Et ma mère est la championne pour m'en procurer. Quand ce n'est pas à propos de mon implication dans mes études qu'elle remet toujours en question, c'est au sujet de ma soeur.
Je ne sais pas qui m'énerve le plus entre elle et Jena. L'adulte qui se comporte comme une adolescente ou une adolescente qui pense être une adulte? Je vais régler ça une fois pour toute et leur dire de chercher un autre soufre douleur. Je prends mon téléphone. Elle répond dès la première sonnerie.
-Allo maman, commen...
-Tu étais où? J'a appelé plusieurs fois.
-Oui, désol...
-Ta soeur ne a pas bien. Et moi non plus je ne vais pas bien.
Et c'est reparti pour un tour.
-Tu sais qu'on a des huissiers à nos trousses?
-Des quoi?! Mais j'ai payés les dettes de Jena pas plus tôt qu'hier.
-Et le loyer? Hum?
-Mais je...je ne peux pas gérer deux loyers maman. On ne me paye pas assez.
-Et qui va le faire alors? Je ne travaille pas, ta sœur non plus. Si ton boulot ne te paye pas assez alors démissionne! Même faire le trottoir paye mieux.
Je fais signe à Chacha de me laisser seul et il s'exécute à contre coeur. Je préfère qu'il ne témoigne pas de ce qu va se passer. Je sais très bien comment ça va se finir. En temps normal, j'envoi un virement à ma mère et tout est réglé. Sauf que là, je n'ai plus rien. J'ai même demandé une avance sur salaire à Dani et je pris pour qu'il accepte. Si Chacha n'avait pas rempli le frigo, je mourrais peut-être même de faim. Mais, bien sûr, tout ça ma mère s'en fiche.
-Ça te tuerait de demander comment je vais?
-Répète!
-Ça te dérangerais de demander comment je vais? Moi aussi j'ai des problèmes maman. Pourtant e ne te mets pas tout sur le dos.
-Ah, quel genre de problèmes?
-Tout ! La fac, le boulot...
-Si tu galère à la fac, c'est que tu ne travaille pas assez.
-Pardon?!
-Passe un peu moins de temps sur tes réseaux sociaux à la con et tu verra.
-Je fais ce que je peux.
-Ce n'est pas assez. Fais mieux! Tu sais ce que j'ai sacrifier pour ta réussite.
-Je sais.
-Donc ne me fais pas regretter mon choix, Jess.
Je sens mes joues devenir humides. Mais je garde la face. Je ne veux pas qu'elle le sente dans ma voix. Pourquoi elle a toujours besoin de se répéter? De me le rappeler? Je n'ai pas oublié d'où je viens ni ce qu'elle a fait pour moi. Même si je le voulais, je ne pourrais pas.
-Ecoute Jessi, je n'aime pas te mettre la pression et tu sais à quel point je t'aime.
-...oui.
-C'est juste que je suis à bout avec ta soeur qui n'arrête pas de m'harceler pour que je t'appelles et te demande de régler ses dettes. Et, de mon côté, tu sais que je ne travaille pas. Je ne peux plus assurer mes charges.
-Je sais, maman.
-Tu es la seule qui ai un revenu.
-Jena peut toujours chercher un petit job...
-Non. Elle n'a pas fini le lycée. Et puis elle ne tiendrait pas une heure. Ta soeur n'est pas aussi disciplinée que toi.
Ma mère marque un point.
-Je vais voir ce qu'il me reste maman, je te tiendrais au courant.
-Bien mais j'ai besoin du loyer pour la semaine prochaine.
-Ok. Je...je dois te laisser.
-Merci, je savais que je pouvais compter sur toi.
-Bye.
Je préfère couper court à la conversation. Au fond, elle n'a rien dit de mal ou de faux. Je n'ai aucune raison de me sentir mal ou de culpabiliser. Mais alors pourquoi je pleure? Peut-être parce que je me voile la face. Bordel, je me sens tellement seule. J'ai beau être entouré de ma famille, de mes amis, je me sens seule. Personne ne fait attention à moi et ceux qui le font ne me comprennent pas. Charly fait de son mieux pour me soutenir émotionnellement mais ce n'est pas son boulot. C'est celui de ma mère!
Mais elle est nulle pour remonter le moral. Non, elle préfère être la source de stress. Alors qu'elle pourrait me parler calmement. Me rassurer, me demander comment je vais, comme...Angel. Pourquoi je pense à lui, d'un coup? Je ne devrais pas! J'ai l'impression que chaque fois que je pense à lui, je l'invoque comme un démon . Hors il est tout ce que je ne veux pas voir aujourd'hui. J'ai besoin d'une dernière soirée de calme, avant de retrouver la folie de la fac. Pourtant, mes doigts glissent vers mon téléphone . Et dès que j'ouvre Messenger, sa photo apparaît.
Seth
Salut, comment tu vas?
Seth
Je m'en veux de t'avoir demander ça, sans préparation.
Seth
Tu es là?
Seth
Répond-moi, je m'inquiète.
Seth
S'il te plait...
Seth
Bon, je n"insiste pas.
Seth
Si tu veux parler, je suis là.
Jess
Ok.
Merde, j'ai répondu. Pourtant, c'est un mot si anodin « ok » mais je ne sais pas...ça fait plaisir de voir quelqu'un se soucier de moi. Ne serait-ce qu'une seconde. Que ce soit sincère ou pas. Même si, avec Seth j'ai l'impression que ça l'est. Il est si prévenant et parle avec une telle douceur dans sa voix.
Je m'égare. Il n'est pas fait pour moi. Nous voulons des choses différentes et il a quand-même neuf ans de plus que moi. Cinq ans, ça pourrait passer mais neuf..et comme si ça ne suffisait pas, il fallait qu'il aime jouer avec les fouets. Au final, c'est LUI la source de tous mes problèmes. S'il ne me prenait pas autant la tête, je pourrais mieux me concentrer sur mon boulot et mes études. Depuis que je le connais, rien ne va plus dans ma vie. Je dois m'en éloigner, avant qu'il ne me fasse perdre la tête.
-Jess!
Charly crie depuis le couloir. Je me décide enfin à le rejoindre. Je ferais mieux d'aller l'aider, sinon il risque encore de dire qu'il fait tout dans cette appartement. Le pire c'est que ce n'est pas tellement faux. Même si je ne l'avouerais pas. Je le rejoins dans le salon et j'ai déjà droit à une super surprise.
-Bordel, qu'est-ce que tu as fais à tes cheveux?
Il râle mais y'a de quoi être étonné. Il aurait pu choisir une couleur plus discrète, qui lui irait mieux au teint. Mais du bleu?! Quel moustique l'a piqué? Ou, plutôt quel mec super sexy l'a piqué?
-Laisse-moi deviner...nouveau plan-cul?
-Enfaite....
-Oh mon dieu, c'est plus que ça?
Il hôche la tête et mon coeur se rempli de joie.
-Il doit être un sacré bon coup pour que tu te transforme en schtroumpf.
-Ahah, très marrant. Il est dans un groupe de rock. J'essaye de m'adapter.
-Oh...
Il tente de se retenir mais finit quand même par rire de bon coeur avec moi. Je veux tout savoir de ce bel apollon qui le fait rêver. Charly me dit toujours tout, même certains détails que je n'aimerais pas savoir. Je suis son journal intime et il est le mien. Ça nous permet de nous défouler sans risquer que nos petits secrets n'éclatent au grand jour.
-Il a une queue gigantesque!
-Chacha! Les voisins...
-Et son appart...bordel. Si j'avais un truc pareil, je baiserais tout le quartier sur le paquet.
-Voilà pourquoi tu finira pauvre et seul. Pour éviter cette catastrophe.
-Il n'y a aucune chance, Jess. Tu seras toujours là toi!
-Evidemment. Il faut bien quelqu'un pour dépenser l'argent de ton futur SuggarDaddy.
Second éclat de rire. Puis nous nous mettons sérieusement à organiser ce diner. Charly veut vraiment que tout soit parfait et je ne comprends pas pourquoi. Pourtant je m'exécute. Notre petit studio n'a pas de table à manger, donc il met une nappe, ridicule, sur la table basse. J'ai précisé qu'elle était ridicule? J'y dépose du popcorn et un vase pour cacher le motif à fleurs. Un vrai échec, mas je ne peux pas faire mieux. Parcontre, je panique quand Charly allume mille bougies parfumés dans l'appart.
-Si tu veux déclencher un incendie, tu es en bonne voix Chacha!
-Et ben...heureusement que tu ne m'a pas vu faire le ménage...
-Le quoi?! Qui êtes-vous et qu'avez-vous ait de mon meilleur ami?
-C'est vexant!Je sais me débrouiller!
-Dit celui ne touche rien après sa manicure...
Soudain, on sonne à la porte.
-Tu attend quelqu'un?
-Va ouvrir! Dépêche!
Il évite la question. Ce n'est pas bon signe. Je me dirige vers la porte, malgré appréhension. Qui il a bien pu inviter? Au fond de moi, j'ai la réponse mais je préfère rester dans le déni. Peut-être que j'imagine le pire. Oui, biensûr...Je tourne la poignée. Finit le déni.
-Bonsoir princesse.
Je referme la porte.
Mon dieu que j'aime ce surnom, Princesse... Ecrire cette histoire est un vrai supplice quand on est célibataire.😭😭😭
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro