Je sens un sourire apparaître sur mes lèvres. Mais je ne veux pas qu'il le vois donc je sors de la voiture, à la vitesse de la lumière. Mais la raison me rattrape vite. C'est peine perdu. Il l'a déjà vu! Je le sais. Et puis merde, à quoi bon fuir comme une voleuse. On a vécu trop de choses pour faire les amoureux timides. Et puis j'en ai marre de faire semblant. La vérité c'est que j'ai besoin d'un baiser pour m'endormir. Et me donner du courage pour réviser.

Donc je fais demi tour et réouvre la portière. Puis j'entre, saisi son visage et l'embrasse tendrement. Je lis la surprise sur son visage.

-Bonne nuit, Angel. Sois sage.

Mon culot me vaut un regard noir. Très vite adouci par un léger sourire.

-C'est pas moi qui suis sensé dire ça?

-Peut-être...

Mon petit clin d'œil le fait sourire.

-Je te trouve audacieuse ce soir, princesse.

-Oui. On va dire que...j'ai pris des libertés aujourd'hui. Beaucoup de libertés. Un peu trop...

J'ai beau sourire, il sent bien cette petite tristesse dans ma voix. Et il caresse mes cheveux.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Rien de grave. Je t'assure.

Mais ça n'a pas l'air de le rassurer. Son regard est bien trop insistant pour ça. Mais j'ai envie de lui en parler. Je ne veux plus rien lui cacher. Parce que lui, au moins, ne me juge pas. Lui parler est si naturel. Je n'ai pas besoin de retenir mes mots ou de garder des sujets trop...sensible. Pas comme avec ma mère. Le moindre sujet la contrarie et la met dans une colère inexplicable. Ça ne me manque pas. Je ne compte pas céder et m'excuser. Non. Je vais être plus téméraire qu'elle cette fois.

-J'ai parlé avec ma mère, je débute.

-Oh...et comment ça a fini?

-Euh...je lui ai raccroché au nez?

Il est surpris. Mais dans le bon sens du terme. Je m'attends à avoir des mots doux de sa part. Mais le résultat est encore plus beau.

-Je suis fière de toi, princesse.

Une chaude larme glisse sur ma peau. Je ne peux pas la retenir. Ses mots m'ont touché.

-Quoi? Qu'est-ce qu'il y a ? il s'inquiète

-Redis-le...

Il rapproche son visage et plonge son regard dans le mien.

-Je suis fière de toi, princesse.

Je souris tristement.

-On ne me l'avait jamais dit.

-Vraiment?

-Vraiment.

Il pose un baiser sur mes lèvres. Un court moment. Il est doux, comme toujours. Bordel que j'aime cet homme. Pas sa voix, pas son corps, pas son visage. Juste son beau sourire qui me réchauffe le coeur. J'ai juste besoin qu'il soit près de moi pour perdre la raison. Juste un instant près de lui. Un instant qui ne s'arrête jamais. Mais c'est impossible, comme toujours.

-Mange un vrai repas et dort bien. Je vérifierais demain.

Puis il pose un baiser sur mon front. Mais je ne suis pas encore prête à le laisser.

-Et si tu restais?

Je me surprend moi-même à faire cette demande.

-Pourquoi ?

-J'en ai envie. Je veux que tu restes...avec moi.

-Cette nuit?

-Oui.

-Juste cette nuit?

Je souris malgré moi. Pourtant, je trouve quand même assez de courage pour affronter son regard intimidant. Mais il ne me regarde pas. Il fixe mes lèvres et semble captivé. Puis il le plonge, soudainement, dans le mien et je pâli.

-Redis-le, princesse.

Son regard s'assombrit.

-Qu'est-ce que tu veux?

-Que tu restes cette nuit.

-Tu réponds sans hésiter.

-C'est bien ce que je dois faire non?

Je me rapproche.

-Je dois être honnête avec toi, non?

-Toujours.

Je souris.

-Mais je ne peux pas rester ce soir.

-Quoi? Mais tu...

A quoi ça sert que je me confie à lui si c'est pour qu'il dise non sans broncher? Il doit bien avoir une raison pour me dire non. Je veux dire, en dehors de vouloir me torturer. Mais il répond avant même que je ne pose la question.

-J'ai envie de rester, princesse. Mais tu dois réviser. Et moi j'ai des cours à préparer. On risque d'être...distrait l'un par l'autre.

-Mais il y aura Charly entre nous.

-Oh...

Il continu de caresser mes cheveux en souriant.

-Crois-moi princesse, Charly ne m'empêchera pas de te sauter dessus, si l'envie m'en prends. Ton Dom est bien trop têtu pour ça.

Je ris parce que nous savons tous les deux que c'est vrai. Mais je ne veux pas changer de sujet.

-Reste...s'il te plaît.

-Princesse...

-Je ne veux pas être raisonnable. Même si j'imagine que je suis sensé l'être. Je veux juste que tu restes. J'en ai besoin. S'il te plaît...

Il va céder. Je le sens à son long soupir. Mais j'ai bien envie de le faire rire donc j'en rajoute une couche.

-Et puis...si tu t'en vas, comment tu vas vérifier que je mange bien?

-Hum.

-Que je dors bien?

-Hum.

-Je peux être très indiscipliné quand tu n'es pas là, Angel. Tu devrais le savoir.

-Oh, crois-moi, j'en sais quelque chose...

Charly doit sûrement lui faire un compte rendu détaillé de mes périples. J'en suis sûr! Mais je sais que, quelque part, Angel préfère le vérifier par lui-même.

-Et puis, si tu n'es pas là, qui je vais taquiner entre mes révisions?

-Tu veux me taquiner ? Plus que d'habitude ?

-Pourquoi pas...

Il sourit. Mais je le vois ouvrir sa portière et je jubile déjà.

-Tu vas rester?

-Hum...peut-être...

Je le prends pour un oui. Puis nous sortons de la voiture. Je ne manque pas de lui prendre la main tout le long du trajet et de sautiller, toute joyeuse. Lui, se contente de m'observer, en souriant. Mais il doit avoir l'habitude et puis il m'a bien choisi. Surtout, ça n'a pas l'air de le déranger plus que ça. Il m'ouvre même les portes et me laisse passer devant. Sauf la dernière. Charly ouvre la porte de l'appartement avant même qu'il ne touche la poignée.

-Monsieur le Dom...

Il a l'air ravi de nous voir. Et c'est presque inquiétant.

-Charly.

-Je vous attendais!

-Vraiment?

Il nous tire à l'intérieur, en un claquement de doigts. Puis nous tire vers le canapé. Enfaite il tire Angel. Moi je ne fais que suivre. Jusqu'à me retrouver assise.

-Chacha je dois réviser et Angel doit...

-Vous allez adoré! Faites-moi confiance.

Je ne sais pas ce qu'il a prévu mais, plus il en parle, plus j'ai peur. Pas mon Dom, qui récupère la bouteille de vin blanc sur la table et en prend une gorgée. Puis il s'enfonce dans le canapé et se met à l'aise. J'essaye d'interpeler Chacha mais il est déjà parti. Je ne sais pas si je dois l'attendre ou le poursuivre. Qu'est-ce qu'il fabrique? J'obtiens vite ma réponse en le voyant apparaître dans un costume sublime.

-Tada! il jubile.

-Tada-quoi?

Je lui efface son sourire. Désolé de ne pas jouer le jeu mais j'ai un exam demain. Chose que mon Dom, lui, semble oublier.

-Très joli, il le complimente.

-Merci, Angel. Enfin un qui a du goût.

-Tu l'as acheté où ?

-J'ai fais les boutiques avec ta mère.

-Oh...évidemment.

-Ça va? Je ne vous dérange pas? j'interviens. On doit bosser Chacha. On a pas le temps d'admirer tes nouveaux achats.

-Je comprends...

-Merci.

-Donc je vais vous faire un défilé!

-Pardon?!

-Ce sera rapide.

-Mais...

Il est déjà repartie. Mais c'est une blague? Je me tourne incrédule, vers Angel. Mais il a l'air préoccupé par autre chose.

-Chacha je peux avoir un verre et un truc à grignoter?

-Ça marche!

Aussitôt dit, aussitôt fait. Chacha reviens dans une deuxième tenue, les bras remplis, avec un large sourire. Puis il avance vers Angel et les vide sur lui.

-J'ai trouvé que des chips et les pistaches de Jess.

Pistaches que je m'empresse de récupérer.

-Il ne faut pas exagérer. C'est tout ce que j'ai dans cette maison!

-Tu ne partage pas avec moi, princesse?

Je réfléchis.

-Juste un peu alors...

Il sourit. Puis je lui tend le paquet. Pendant ce temps, notre mannequin débutant se remets en place.

-Alors, vous en pensez quoi? Chemiser rose Dior, 100% en soie. Boutons en nacre, poignets boutonnés, sans doublure. Fabriqué en Italie.

-Bordel, ce chemisier doit coûter plus cher que mon loyer...

-Tu exagère Jess...

-Non. Elle a raison, confirme Angel. Crois-moi ce chemisier coûte vachement plus cher!

Puis il se ressert un autre verre et le déguste.

-D'ailleurs, il t'a coûté combien?

-A vrai dire...

-C'est ma mère qui a payé.

-Oui. Elle a insisté.

-L'un de ses plus gros défauts.

-Il y a pire comme défaut, non?

-Je suis d'accord.

Ils rient ensemble. Et je dois avouer que c'est contagieux.

-Combien? Angel insiste.

-Euh...deux-milles ?

-Merde!

-J'avoue que c'est...

-Je croyais que c'était de la qualité.

-Hein?

-La vrai qualité italienne commence à six mille Chacha....

Il reprend une gorgée de vin. Et affiche un large sourire devant nos visages ébahis.

La répartie italienne...😌 J'aime cet homme❤️