Chapitre 47
-Allez...ouvre.
Il n'est pas en colère. Juste très amusé. Il ne peut pas prononcer la moindre phrase sans ricaner. Il a l'air...heureux. Comme moi. Malgré la douleur, je me sens bien. Je veux dire, à l'intérieur. Je souris plus et j'ai même le temps de me faire fesser.
-Princesse...
Je dois arrêter de me voiler la face: je n'ai pas peur d'Angel. C'est pour ça que je le laisse me faire toutes ces choses. Je sais qu'il ne me blessera jamais, volontairement. Il a beau s'acharner sur ma peau, il est doux comme un agneau. Il m'apporte plus de réconfort que n'importe qui. Et, surtout, il est patient avec moi. Très patient...Il mérite bien que j'ouvre la porte.
Donc je tourne lentement la poignée. Quand ses pupilles croisent les miennes, son regard est doux et bien veillant. Et je remarque enfin qu'il a les mains pleines.
-Qu'est-ce que c'est?
-Des vêtements.
-Oh...ce n'est pas la peine. Je peux garder ceux-là.
-Tu parles du haut mouillé et du short court?
Il marque un point. Mais, ça me gêne. J'ai l'impression de le faire tout le temps courir. Il doit toujours tout prévoir. Comme si j'étais une gamine! C'est à la fois reposant d'avoir quelqu'un sur qui compter, et stressant. Je n'ai pas l'habitude mais, pire, je ne suis pas sûr de le mériter. Je n'ai rien de spécial! Juste un cœur brisé, l'âme peine de peurs, et l'âme de larmes.
-Pourquoi tu prendrais autant de temps à réparer une chose aussi détruite que moi, alors que tu pourrais avoir toutes ces femmes à tes pieds?
Ma question l'étonne. Mais je ne vois pas pourquoi. C'est vrai!
-Tu ne m'a pas brisé, Angel. Tu n'es pas obligé de rester près de moi.
-Je sais.
-Tu vas te blesser à vouloir toucher ces morceaux tranchants et...
-Je sais.
Il se rapproche.
-Mais j'en ramasserais jusqu'au dernier, si ça fait rebattre ton coeur.
Je n'arrive pas à prononcer le moindre mot. Je sens mes larmes perler. Mais je ne veux pas qu'il me voit ainsi. Donc je fais demi-tour.
-Princesse...
-Non, arrête...
Je l'ignore et vais sous la douche. Je ne veux pas qu'il me voit comme ça. Pas comme...ça! Je sais qu'il veut être cette épaule sur laquelle je pleurerai mais je ne sais pas faire ça moi. Je ne sais pas pleurer devant les autres. Et pourquoi je le ferais? Pourquoi tout le monde veut m'aider d'un coup? Pourquoi maintenant que je suis passée à autre chose?
Je sens ses mains l'enlacer par derrière et je fond en larmes. Il n'a pas besoin de prononcer le moindre mot. Le contact est bien trop doux...
-S'il te plaît, vas t-en, Angel...
-Non. Pas quand tu es comme ça.
Il tend la main et tourne le robinet. L'eau se met à couler sur nos corps et nos vêtements finissent trempés. Comme mes joues.
-Comme ça, je ne verrais pas tes larmes, princesse... Tu me les montrera quand tu seras prête.
-Je ne le serais jamais, Angel. Tu...tu ne sais pas ce qu'il m'a fait...
Je fonds en larmes, malgré moi. Mais il me serre si fort que, même quand mes jambes flanchent, j'atteri doucement au sol et l'entraîne dans ma chute. A quoi bon? Ces images reviennent me hanter et alourdissent ma poitrine. Et m'empêchent de respirer.
-Reprend-toi...reprend-toi..., je me répète comme un mantra.
-Princesse...
-Reprend-toi! Reprend-toi!
Il finit par prendre mon visage entre ses mains, pour que lui fasse face. Mais je ferme les yeux. Il ne sait pas ce que ça m'a demandé comme effort de me relever après ça. Il n'était pas là! Personne ne l'était! C'est la seule manière que j'ai trouvé pour garder les pieds sur terre et je refuse de couler de nouveau.
J'ai besoin de rester forte. Personne ne peut m'aider. J'ai été la seule là pour me soutenir dans cet enfer. Et je continuerais! Il ne peut pas venir et tout chambouler. Sous prétexte que ma méthode le déranger. J'ai fais au mieux pour survivre. Au mieux!!!
J'essaye de me calmer et de respirer mais je sens la crise pointer. Je sens cette vague intense s'emparer de le corps. Plus j'essaye de la repousser, plus elle s'intensifie. Plus j'entends sa voix résonner en moi.
« Tu n'es rien sans moi! »
« Je disparaît et ton monde s'effondre. Personne d'autre ne perdra son temps sur une conasse pareil! »
Stop.
« Tu as cuisiné ? Super. Peut-être qu'un jour tu abrégera mes peines, en sautant d'un pont! »
-Jess!
Angel crie mon nom mais je n'ouvre pas les yeux. Je suis rongé par la culpabilité qu'il m'ai vu ainsi. Je plaque mes mains contre mes oreilles et me balance doucement. Pour me calmer. Ça marchait si bien avant. Pourquoi ça ne fonctionne plus?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
-Jess!
Il crie si fort que mes yeux s'ouvrent seuls.
-Je...
-Regarde-moi! Ne quitte pas mon regard des yeux, ok?
J'essaye de parler mais rien ne sort.
-Je suis là.
Mon sourire est rassurant mais quand il tend la main, je recule légèrement. Je panique!
-Attend...je...
-Jess...
-Je ne voulais pas te repousser, je te jure! Je...je...
Je ne veux pas qu'il s'en aille, lui aussi. Non, j'ai besoin qu'il reste. Mais je n'arrive pas à le dire. Je n'arrive même pas à garder les paupières ouvertes...J'essaye de respirer calmement, sans succès. J'hyperventile. Et même si j'ignore mes larmes, mes pleurs n'aident pas les choses.
Je dois penser à autre chose. Détourner mon esprit sur autre chose! Mais quoi? Et je...je n'arrive pas à...me concentrer sur quoi que ce soit. Ce torrent d'émotions me submerge et je m'y noie, sans arriver à en sortir. Mais je n'ai pas la force de l'affronter seule. Et je pose instinctivement ma main sur celle d'Angel. Je ne sais pas comment j'ai réussi à la trouver, les yeux fermés. Je l'ai juste sentie.
Et quand je l'entends chantonner, j'ouvre brusquement les yeux. La douce mélodie que je percevais était sa voix. Je croyais que j'hallucinais mais non! Il chante Dangerous Woman d'Ariana Grande. En serrant ma main aussi fort que possible. Je suis captivée par sa voix et en oubli presque ma crise.
-Something about u, makes me think you're a Dangerous Womannnn...
Est-ce qu'il a une chose que cet homme ne sait pas faire? Non. Sa voix est grave et suave mais va incroyablement bien avec la mélodie. Ça me réchauffe le coeur. Et, en quelques minutes, j'arrive à me reprendre. Quand la chanson se termine, mon cœur bat toujours la chamade...mais pour une toute autre raison.
-Ça va mieux?
Un homme aussi parfait ne peut pas exister ! Et pourtant...
-Ça a fait mal? je demande
-Quoi donc?
-De tomber du paradis...
Ma disquette toute pourrie l'amuse. Et nous rions de bon cœur. Jusqu'à ce qu'il me tire vers lui. Ça ne va pas aider mon rythme cardiaque ça...
-Le paradis?! Je viens tout droit des enfers, princesse!
J'ai des papillons dans le ventre. Comme chaque fois que cet homme daigne ouvrir la bouche. Un petit clin d'œil et je baisse le regard. Mais lui plonge ses doigts dans mes cheveux et les caresse. Je ne lutte pas. J'ai besoin de ce contact. J'ai besoin de le sentir près de moi.
-Tu veux bien chanter encore?
Il sourit et s'y remet.
-Tu vois ce que tu me fais, princesse?
-Quoi donc?
-Tu me rends dingue.
Ces pupilles bleues m'avalent toute entière. Je suis captivé par chacune de leurs nuances. Comme si elles portaient le paradis sur Terre. Et pourtant, elles abritent un feu si intense et une âme si trouble. Mais je pourrais m'y perdre jusqu'à la folie. Je pourrais me glisser entre ses bras et y rester pour l'éternité. Que mon corps devienne si dur que la pierre et mon regard plus vide que le néant...je ne bougerais pas.
Comment lui faire comprendre ça? Comment lui faire comprendre que je manque d'air quand il s'éloigne? Que le monde se fige quand il n'a pas son regard posé sur moi? Et comment lui dire, sans paraître ridicule?
-Ang...
-On devrait s'occuper de cette tignasse, il lance en souriant.
-Tu as raison!
Il se relève sans la moindre difficulté. Puis m'aide. Mais j'évite son regard. Heureusement qu'il a changé de sujet. J'aurais été ridicule de lui parler de choses pareilles! Je ne suis peut-être même pas prête à ressentir ce genre de sentiments pour qui que ce soit. On a bien vu ce qui s'est passé, la dernière fois!
Mon cœur n'est pas en état d'être à lui.
-Oh j'allais oublier, il ajoute.
Puis il pose ses lèvres contre les miennes. Il m'embrasse si passionnément que j'en perds le souffle mais c'est si bon de le sentir si près.
-Princesse...,il susurre contre les lèvres.
-Hum.
-Ti amo...Ti amo principessa, il répète.
Il l'a dit.
Je vous laisse, je vais allé déprimé parce que ce mec n'existe pas!🥹
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