Ça y est, je les sens...ces papillons dans le ventre. Les mêmes que je sens chaque fois que cet homme ose entrouvrir les lèvres. Voilà pourquoi je dois m'assurer qu'il comprenne bien le message, cette fois. Je veux qu'il sache à quel point il a raison. Je lui appartient. Parce qu'il a beau plaquer fort ma main contre sa poitrine, je sais qu'il doute toujours. Heureusement, il y a bien quelques mots que je connais en italien.

Alors je me penche un peu, malgré le regard curieux de Chacha et me rapproche de l'oreille de ma cible.

-Tuo! (Tienne!) je lui murmure

Mais dès que mon souffre chaud caresse son oreille, Angel lâche le volant. Cela ne dur qu'une seconde mais la voiture manque de rentrer dans celle de devant. Un geste de panique que sa mère ne tarde pas de remarquer.

Elle se tourne vers nous et me prend la main dans le sac. J'ai beau être à moitié caché par le visage d'Angel, je peux sentir son regard sur moi. Quant à son fils, il essaye de reprendre le contrôle du véhicule. Comme quoi ce Dom n'est pas si intouchable qu'il le laisse croire.

Il a beau fixer la route et éviter mon regard, il n'arrive pas à tout contrôler. Dont ce petit sourire qui se dessine sur ses lèvres. Et qui s'élargit encore plus. Heureusement pour lui, nous arrivons enfin devant une pharmacie. Il n'hésite pas une seconde et s'arrête.

-Je reviens, il prévient en sortant.

Il y reste une bonne dizaine de minutes mais revient juste avant que sa mère ne me pose des questions sur notre relations. Comme s'il lisait dans ses pensées. Pourtant, elle avait déjà commencé. « Alors, toi et Angel... » Mais il est arrivé à temps. C'est bien son truc ça: me sauver.

Je garde ma main sur son cœur tout le long du trajet, même quand mes paupières comment à être très lourde. La fatigue finit évidemment par avoir raison de moi et je m'endors. J'ai poussé les limites de mon corps ce soir. Avec tout ce qui c'est passé et toutes les margaritas que j'ai bu, je m'étonne même qu'il n'ai pas craqué plus tôt.

Quand je réouvre les yeux, mes pieds ne touchent plus le sol et je panique un peu. Mais j'arrive à peine à prononcer une phrase correcte.

-Que...

-Chut. Ne t'inquiète, je suis là, princesse.

Angel me porte à l'intérieur de ce qui doit être une immense villa. Forcément! Sinon il n'y aurait pas autant de gardes devant. Je n'arrive qu'à voir les marges qu'il enjambe mais leur couleur doré confirme ma théorie.

Je m'agrippe à sa chemise de toutes mes forces mais je me sens partir. Je n'ai plus de force dans mes bras. Je suis vidée comme je ne l'ai jamais été au paravent. J'étais tellement occupé à tout faire pour me changer les idées, pour oublier ces douces lèvres se baladant sur mon corps, que j'ai faillit me tuer en chemin.

Parce que je déteste cet emprise que cet homme a sur mon esprit. Il contrôle chaque parcelle de mon corps qui obéit à chacun de ses ordre et, à présent, je n'arrive même pas à me passer de lui un week-end. Normal, il est parfait! Tu as raison conscience. Il l'est.

-Angel...

-Oui?

-Je vais lâcher, je le préviens.

Il pose un doux baiser sur mon front et je pose ma tête contre son cou.

-Tu peux lâcher, princesse. Je te rattraperais.

Je me laisse porter et referme les yeux. Finalement cette soirée n'a pas été si mauvaise que ça. J'ai récupéré mon Dom, même si j'ai dû être en garde-à-vue. Il me manquais. J'avais besoin de ressentir ses mains sur ma peau et son doux parfum. Ce parfum...si envoûtant. Si bon qu'il me fait sourire, quand je plonge dans les bras de Morphée.

La minute d'après, je me sens posée sur un lit bien douillet.

*

Je suis réveillée par quelqu'un qui frappe à la porte.

-Entrez! je crie les yeux clos.

La porte s'ouvre lentement et Madame Saint apparaît, un plateau à la main. Elle a un mouvement de recule.

-Désolé, je pensais que tu étais réveillée.

-Oh, ce n'est rien, je la rassure.

Puis je m'empresse de me redresser. C'est déjà si gentil de sa part de m'en apporter une. Je ne suis qu'une invitée, après tout. Elle n'a pas à faire autant d'effort. Le geste me touche. Même si, sans rien cacher, j'aurais préféré voir quelqu'un d'autre.

-Où est Angel?

C'est ma première question. Elle sourit en se rapprochant. Je regrette ma question mais c'est déjà trop tard. Elle a déjà ce regard amusé.

-Ton Dom boude.

Elle s'assoit au bord du grand lit et pose le plateau sur mes jambes.

-Pourtant, il m'a fait promettre de veiller à ce que tu mange quelque chose.

-S'il s'inquiète tant, pourquoi il n'est pas là?

Mais elle détourne la question.

-J'ai essayé de varier les options. On m'a dit que tu aimais les pizzas. Je t'ai fais ma version. Plus italienne et beaucoup plus healthy ! Et un jus d'orange pour faire passer la migraine.

Mais je suis trop têtu pour abdiquer.

-Où est Angel?

-Ouvre la bouche!

Je reçois déjà assez d'ordre du fils pour m'en prendre aussi de la mère. Pourtant, j'obéis et avale le comprimé qu'elle me donne. Puis j'avale le jus d'orange en cul-sec. Elle est satisfaite.

-Maintenant on peut parler.

-Où est Angel?

-Comme je te l'ai déjà dis, il boude.

-C'est-à-dire ?

-Il a prit le canapé du salon, malgré qu'il y ai une bonne dizaine de chambre ici.

-Pourquoi ?

-Il voulait « s'éclairer les idées ».

-Oh.

-Oh, comme tu dis!

Nous savons toutes les deux que ce sont des conneries.

-Il m'évite, n'est-ce pas ?

Elle ne dit rien mais l'expression de son visage en dit long.

-Il fut un temps, ce gamin était facile à comprendre. Maintenant, il me donne mal à la tête. Tu ne lui réussi pas!

-Désolé...

Je baisse la tête, peiné mais elle me la relève.

-Je plaisante.

Mais mon sens de l'humour est mis à rude épreuve ces temps-ci. Je veux vraiment arranger les choses avec Angel. Sa mère doit bien savoir quoi faire. C'est sa mère après tout!

-Dites Madame Saint...

-Tu peux m'appeler Sophia, elle me coupe.

-Oh. Sophia, dans ce cas! Vous vous y connaissez en...BDSM?

Son fous-rire en dit long.

-Je suis dominatrice, alors un peu....

J'ai droit à un petit client d'œil qui me redonne le sourire.

-C'est un truc de famille?

-Hum...de base, non mais il semble qu'Angel aime bien imiter sa mère.

-Donc c'est vous qui l'avait...comment on dit...initier?

-Biensur que non! elle bondit presque. Il a bien dû croiser l'un de mes fouet une fois ou deux...mais rien de plus. C'est peut-être dans les gênes...

Nous rions. Je vois d'où il a eu sa bonne humeur. Sa mère n'a clairement rien à voir avec la mienne. Je n'oserais jamais lui parler de chose pareille. Elle est toujours sur la défensive et très fermée d'esprit.

-Si vous aviez mis en colère votre Dom, je débute, qu'est-ce que...

Mais je m'arrête.

-Attendez, ça ne peut pas fonctionner! Vous êtes le Dom!

-En effet!

-Dans ce cas, si l'un de vos soumis vous avait mis en colère, qu'est-ce qu'il pourrait faire pour se faire pardonner? Accepter de se faire punir?

Elle prend un temps pour réfléchir et quand son regard se pose sur moi, je crains le pire. Ce petit sourire n'annonce rien de bon.

-Il y a bien une chose...

-Laquelle?

-Tu ne sais pas à quoi ça ressemble, vu que tu a hérité du Dom le plus fendant sur Terre mais...la chambre rouge est le lieu parfait pour se rabibocher.

-La chambre rouge, ça me dit quelque chose...

-On a lu les classiques ?

Je souris.

-La mienne à une particularité, vois-tu. Elle est divisée en deux. Une partie plaisir et une partie souffrance, pour les punitions. Cette deuxième partie est elle-même divisée en quatre pièces avec des thèmes différents.

-WoW.

-Je pars du principe que si mon soumis arrive à passer ces quatre pièces, sans utiliser son mot d'urgence et sans se faire mal, alors il est pardonné de sa faute, aussi grave qu'elle soit. Évidemment, si je vois qu'il arrive à ses limites, j'arrête tout.

-Et...ça fait mal?

Elle hoche lentement la tête.

-C'est...un challenge.

-Vous nous prêteriez votre chambre rouge?

Ma question la surprend.

-Juste pour une nuit, évidemment.

-Je ne suis pas sûr que ce genre de chose se prête, Jess...

-Oh, désolé.

Mes connaissances sur la pratique sont assez limitées. J'essaye juste de me réconcilier avec Angel. Heureusement, sa mère le sait. C'est peut-être pour ça qu'elle finit par céder.

-Juste une nuit, alors. Après j'ai un député à y fouetter.

-Merci!

J'oublie la deuxième partie de sa phrase et lui saute au cou. Enfin quelqu'un qui veut bien m'aider avec ce dominant au caractère de feu.

Vous savez quoi? Je vous laisse Angel! Je veux Sophia, moi😳