Je n'ai jamais fait quelque chose comme ça. J'ai toutes les raisons du monde d'avoir un peu peur. Et pourtant je ne regrette rien parce que, pendant qu'Angel conduit sereinement, et que je le regarde du coin de l'œil, je souris. Je n'aimerais pas imaginer une seconde quelqu'un d'autre à ma place, en train de le regarder, en train de le toucher. Je pense qu'à ce stade, j'en mourrais parce que tout ce qui me fait garder un peu d'espoir pour le moment, c'est de savoir que quoi que je dise, quoi que je fasse, il y aura toujours quelqu'un pour croire en moi. Mon ange sera toujours là pour veiller sur moi. Il me l'a promis.

Alors je ne m'inquiète pas plus que ça et commence à réellement profiter du trajet. Pour une fois que j'ai un conducteur digne de ce nom et pas Charly qui passe son temps à faire l'historique de mes conquêtes amoureuses catastrophiques.

–Tu n'as pas trop froid ? Si tu veux je peux mettre le chauffage.

–Non, je vais bien.

Mais il a toujours besoin de vérifier donc il plonge son regard dans le mien. J'en ai presque des frissons mais je tiens bon parce que si je flanche, il pensera que je ment.

–Tout va bien... quand tu es là.

Il glisse ses doigts entre les miens et je sers sa main comme si ma vie en dépendait. Et ce n'est pas tellement faux. Maintenant que je me suis ouverte et offerte à lui, je suis vulnérable. Même si ça me terrifie, je tiens bon parce que j'ai besoin de cet homme. C'est pesant de sentir son parfum m'enivrer, ses lèvres m'embrasser et son petit sourire...Je suis envoûtée, tout simplement. Et le pire dans tout ça, c'est que je ne lutte même pas. Non. À la place, je préfère jouer à tous les jeux inimaginables sur son téléphone, vider son paquet de chewing-gum et lui voler des baisers.

–Tu joues à un jeu dangereux, il me menace.

Mais ça m'amuse. J'ai attendu longtemps d'être avec un homme qui sait s'occuper de moi. Et même si l'envie de m'auto saboter est très tentante, je ne le fais pas parce que je n'ai pas envie que ça s'arrête. Et puis, je n'ai pas l'impression que ce serait assez pour le faire fuir. Non, mon Angel est beaucoup trop têtue pour ça.

–J'aime te voir sourire, il lance en caressant ma joue.

Et c'est assez pour me faire rougir. Mais il a raison. Moi aussi j'aime me voir sourire.

Quand nous arrivons à la fac, je dois presque le menacer pour qu'il se gare dans le parking.

-Tu as honte de moi,princesse?

-Arrête de dire n'importe quoi!

Son regard noir me fait baisser de ton.

-C'est juste que...on n'a pas besoin que toute la fac nous voit ensemble. Tu pourrais perdre ton boulot et moi ma place.

Je le pense vraiment. C'est le pire qui pourrait nous arriver.

-Tu as raison,il cède en sortons de la voiture.

-Bien.

Mais une fois que je sors à mon tour, il prend mon bras et me tire contre lui.

-Tu pars déjà? Même pas un petit bisou?

Je me noie de nouveau dans son regard. Il fait bien chaud,d'un coup.

-Je...

Ça doit sacrément l'amuser de me taquiner. Il fera moins le malin quand les rôles seront inversés. Vive le déni! Ok,les rôles ne seront jamais inversés. Il aura toujours cet effet sur moi et je continuerais toujours à être aussi faible quand il est dans les parages. Alors,je me contente de fuir. Vive la lâcheté! Arrête d'être aussi rabat-joie,conscience!

-Fais attention Jess, me menace de loin Angel.

Il brandit le contrat que je viens à peine de signer comme un trophée olympique. Mais je trouve son petit sourire au coin très sexy.

-J'ai changé d'avis, je crie.

-C'est trop tard,princesse!

-Parce que j'ai signé un bout de papier?

-Parce que tu m'appartiens !

Je cache mon sourire et détale comme un lapin. On se sait jamais. Si l'envie lui prend de me suivre, je suis fini. Même si,en tant que dominant, je pense qu'il peut m'ordonner de revenir. Alors pourquoi il ne le fait pas? Parce qu'il est doux comme un agneau.

-Madame Smith!

La dame de la scolarité me fait bondir. Mais ça ne va pas d'arriver comme ça? Mon cœur a faillit lâcher.

-Je vous ai fait peur?

À ton avis?

-Non,ne vous inquiétez pas.

Leche-cul!

-Bon,dans ce cas...

Elle me tend un lourd classeur qui me fait presque vaciller.

-C'est quoi?

-Vos factures.

-Pardon?!

Je l'ouvre et commence à le lire.

-Des livres?

Comment ça peut coûter si cher?!

-Vous avez emprunté des livres de collection mais sans les ramener donc...la facture est monté.

-Je veux bien mais il n'y a pas moyen que j'emprunte un livre intitulé... "L'injustice perfide de la justice mondaine".

-Votre carte a été passé lors de l'emprunt.

Puis la vérité me frappe comme la foudre. Charly! Je vais le buter. Mais ça attendra. D'abord,j'ai cours. Donc je lui promet de passer plus tard et disparaît.  Je menacerais Charly plus tard ou jamais. Après tout,il devait sacrément être à sec pour prendre ma carte.  Je suis même étonné qu'elle soit passé. Il doit y avoir cinq euros dans ma carte de bibliothèque et je ne savais pas qu'on pouvait être en découvert dessus....de trois cent euros! C'est plus que mon découvert bancaire! La fac est sacrément généreuse...

En parlant de fac,je dois courir pour rejoindre mon cours. Il ne reste plus qu'Angel me foudroie du regard et ma journée sera complète. Quand j'ouvre la porte,tous se tournent vers moi. Angel,le premier. Même s'il n'a étrangement pas l'air énervé. Il commence à avoir l'habitude de tes conneries! Merci beaucoup conscience. Vraiment! Mais de rien...

-Désolé du retard, monsieur.

-Hum...prenez place!

C'était facile. Un peu trop facile,même. Au final,c'est tant mieux. Je n'ai pas besoin de plus de problèmes. Donc j'arrête de trop penser et m'assois comme les autres. Aujourd'hui,on est en petit comité. Une dizaine de têtes aussi perdue que moi.

-Une nature morte ça vous dis?

La proposition d'Angel semble réjouir tout le monde.

-Bien,faisons quelque chose d'utile de ces toiles!

Je lis de l'amusement dans son regard. Ça n'annonce rien de bon. Mais j'ai décidé d'arrêter d'essayer de le comprendre. Dans tous les cas, s'il prépare quelque chose, je ne pourrais pas y échapper: j'ai déjà signé. D'ailleurs ça m'étonne toujours autant. J'ai beau me sentir en sécurité avec lui, je ne me pensais pas prête à une nouvelle relation. Enfin,si on peut l'appeler ainsi...

-Vous êtes prêts? lance Angel enjoué.

Nous sommes tous gentillement assis en rond,devant nos toiles à attendre le départ. Et,surtout,notre modèle. Il commence par poser un tabouret au centre du cercle. Puis il ajoute un bol de fruits qu'il rempli au fur et à mesure. D'abord une plume blanche. Puis une tulipe que je reconnaît.

-La leçon du jour s'intitule « La punition d'une soumise. »

Lorsqu'il dépose le dernier objet, mon cœur rate un battement. Ce serait pas ta petite culotte d'hier? Si,conscience. Je cherche Angel du regard. Son sourire n'a jamais été aussi large. J'espère qu'il s'amuse parce que moi je ne rigole pas beaucoup.

-C'est une...culotte monsieur? demande un étudiant

Il hoche la tête.

-Je me suis dis que ça changerait un peu...

-En effet!

La bande de pervers se réjouis et je menace le « professeur » du regard.

-Content que vous appréciez mais l'exercice d'aujourd'hui va être...quelque peu différent.

Qu'est-ce qui peut-être pire que ça? Rien. Qu'il envoie ! Je suis prête. Je le vois retourner à son bureau et en sortir une grosse boîte en carton. Je crains le pire. Surtout quand il en sort des bandeaux.

-Vous allez peindre à l'aveugle!

Pardon?! Je décide d'intervenir.

-Mais nous avons besoin de voir le modèle...Monsieur.

-Faites appel à votre créativité !

Le pire c'est que je suis la seule à paniquer. Angel va mettre de la musique forte et les autres étudiants enfilent leurs bandeaux. Je suis la seule dépassée par les événements. Ils se réjouissent tous alors que cette idée me pétrifie. Je n'ose pas me lever. Je suis beaucoup trop apeuré pour ça.

-Tu veux un bandeau, Jess? on me propose

Mes mains tremblent. Au point où il m'échappe presque des doigts. Bordel,je n'ai vraiment pas envie de faire ça. Mais en regardant autour de moi,je vois bien que tout le monde est déjà prêt. Donc je prend une grande respiration pour me calmer. Ce n'est qu'un bandeau, bon sang! Allez,c'est décidé! Je me lance.

-Qu'est-ce que tu fais? Angel me murmure dans le cou.

Je bondit presque. Encore!

-Je...je fais ce que as demandé.

Il tend son bras et me prend le bandeau des mains.

-Pas toi,princesse.

-Pourquoi ? j'ose demander

-Le contrat est clair: pas de bandeau pour toi. C'est ta limite et je la respecte.

Il se redresse et me fait face. Il ne sourit pas. Sa mine est serrée et pourtant, j'y lis une certaine tendresse. Je crois que je commence à le cerner. Il ne parle pas beaucoup mais son silence suffit à me calmer. Il passe sa main dans mes cheveux et les caresse tendrement. Puis je ferme les yeux et essaye de contrôler ma respiration. Quand je réouvre les yeux et croise son regard , j'ai juste envie qu'il me sert contre lui. Qu'il me dise que tout va bien, que tout ira bien.

-Stai calma, principessa...Tutto bene.

Il parle italien !!!!😍😍😍 À votre avis, qu'est-ce que prépare notre ange démoniaque ?