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Chapitre 19.2: Daw

Le lendemain matin c'est la folie. Entre les interviews, signatures convention, j'enchaîne les événements sans m'en rendre compte. Je me sens dépassée. J'enchaîne les mains comme des petits pains et, des fois, je ne réalise même pas qui est en face de moi. Des célébrités ? Mes fans ? A la limite, je pourrais rencontrer un membre de ma famille sans m'en rendre compte. J'ai tellement de choses à faire pour ma carrière : photos, autographes. Sans parler des journalistes qui me pose des questions sur ma vie intime. Au début, je ne répondais pas, parce que ça ne concerne personne et parce que je veux garder Lek pour moi. Mais, à force de passer encore et encore les mêmes interviews, j'ai fini par lâcher le morceau.

-Donc vous êtes en couple.

-Oui, depuis peu. Quelqu'un a réussi à voler mon cœur.

Je réponds sans quitter Lek du regard et un petit sourire apparaît sur ses lèvres. Il me suit partout où je pars et je pense toujours, d'abord, à son bien-être. Il faut que ce soit accessible pour son fauteuil. Je sais à quel point ça l'énerve d'arriver dans un lieu et de ne pas pouvoir se mettre à l'aise. Ou pire quand il faut que je le soulève, devant tout le monde. Il rougit et je ne sais pas si c'est parce qu'il est énervé, ou très timide.

Des fois, c'est un peu dur de le décrypter mais ce n'est pas grave. Le plus important, c'est que tout le monde a retenu la leçon et fait en sorte qu'il se sente bien. Enfin...sauf mes fans qui n'hésitent pas à me faire des déclarations d'amour, même si je ne suis plus libre. J'ai eus droit à tout. On m'a même offert une bague que j'ai décidée de garder parce qu'elle est très jolie. Même si Lek voulait que je la balance dans le vide. Il a fini par le faire lui-même et elle est malheureusement tombée sur la tête de quelqu'un, par accident.

J'ai dû m'excuser en disant que j'avais un petit-ami très possessif. Mais il n'y a pas eus d'autres accidents. Evidemment ! On a à peine le temps de manger qu'il faut déjà remonter sur scène. Mais je prends quand même un peu de temps pour que Lek puisse manger quelque chose. Je ne veut pas lui imposer ce rythme. Surtout, je veux qu'il continue à prendre soin de lui. Si ça veut dire que je vais arriver en retard au concert et que mes fans vont être un petit peu en colère contre moi... Je suis sûr qu'ils comprendront.

Et quand, enfin, nous arrivons, je réalise qu'ils ne m'en veulent pas. Ils sont chauds et prêts à recevoir de la bonne musique. Ils sont prêts à m'entendre chanter et à faire trembler la terre.

- Vous êtes prêts à mettre le feu ?

La réponse est claire même si je n'entends que des hurlements. Ils s'excitent comme jamais. C'est le plus important parce que leur énergie incroyablement est contagieuse. Donc je débute la prestation et je crois que c'est la première fois que je n'ai pas besoin de play-back. Je ferme les yeux et me concentre sur les paroles. Surtout sur la voix suave de Lek. Comme c'est ma dernière date je me suis permis une petite folie. J'ai ajouté un morceau qui n'était pas prévu dans mon album et, en fond, on peut entendre les gémissements de Lek. Ceux que j'ai enregistré dans mon studio. Quand je me tourne vers lui, ses joues sont rouges tomate. Mais ça m'amuse.

Je jubile tellement que, pour la première fois depuis des mois, j'arrive à chanter. Je ne sais même pas comment c'est possible. Au fond, c'est assez simple. Je le quitte pas des yeux, je chante pour lui. Parce que cette chanson je l'ai écrite en me rappelant tous les bons moments qu'on a eu ensemble, comme les mauvais. Elle est pour lui, pour nous. C'est notre petit moment secret que l'on partagea ensemble. Et même si les gens comprennent les paroles, ils ne pourront jamais savoir ce qu'elles représentent pour nous. Son sens est notre combat pour être ensemble et il a été long.

Je ne suis même pas sûre qu'il soit terminé. Mais je ne veux pas penser à ça tout de suite. Je veux penser au fait que je suis entouré de personnes qui m'aime et que je vais bien. Pour la première fois, depuis des mois, je vais bien. Je me sens épanouie et si, ce moment pouvait durer toute ma vie, ce serait encore mieux. Si seulement je n'étais pas forcé de mettre fin à ce concert, ce serait fantastique. Donc j'enchaîne les chansons sans m'arrêter et, à mon plus grand plaisir, la foule me suit. Elle non plus n'a pas envie que ça s'arrête parce qu'au fond mes fans et moi nous avons quelque chose en commun. Eux aussi ne doivent pas avoir une vie facile. Ils passent par des choses compliquées, comme moi. Et si, quelque part, ma musique les apaise alors ça me fait plaisir. C'est le but après tout : leur apporter un peu de joie dans ce monde beaucoup trop sombre.

Ils n'ont pas tous la chance d'avoir un petit ange pour leur remonter le moral. Ils sont seuls alors je vais être cette personne pour eux. Je vais leur redonner le sourire et leur rendre la joie qu'ils m'apportent. Quand je pense à l'amour qu'ils m'apportent et à leur soutien, ça m'aide à supporter encore un peu plus la vie. J'espère qu'ils ont en conscience. Si ce n'est pas le cas ,alors je vais le leur dire.

-Je vous aime ! je crie de toutes mes forces.

Dans leurs regards, je vois qu'ils me croient et j'en suis ravie. Ils profitent autant que moi. Et quand le concert se termine enfin, la fête continue. Mais, cette fois, c'est plus intime. C'est l'after. On se retrouve avec d'autres artistes dans une boîte de nuit huppée. A déhancher nos corps au rythme de la musique et enchaîner les bouteilles de champagne. Un pur plaisir. Je me demande pourquoi je n'ai pas participé à ce festival plutôt. Pourtant mon agent avait tout fait pour que j'accepte, les années. Mais j'ai refusé de faire un effort.

Là je m'éclate ! Les danseuses, les lumières et le dj qui s'acharne aux platines. Nos corps encore humides se frottent les uns aux autres. Je ne sais pas si c'est l'alcool ou l'ambiance fantastique qui me fait sourire. Quoiqu'il en soit, quand je mets le pied sur le dancefloor, je me sens transportée dans un autre monde...dans une dimension...dans un autre corps. Comme si j'arrêtais d'être moi pendant quelques minutes. La sensation est additive et, quand nous rentrons à l'hôtel, je réalise que je ne suis pas le seul à bien .

Lek et Tae se poursuivent avec des têtes d'oreiller, dans les couloirs et crient tellement fort que j'ai peur qu'on nous renvoie. Un moment, un garde vient nous trouver, Kitty et moi, alors que nous sommes tranquillement assis dans le canapé, pour nous dire que certains clients se plaignent du bruit.

-Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? je lui réponds. Je ne sais même pas où ils sont.

- Monsieur je pense qu'ils sont aux alentours de la fontaine de chocolat...ou plutôt dans la fontaine de chocolat.

Je dois me retenir de rire. Mais bon on est un peu là pour ça, pour s'éclater...s'amuser. C'est ce qu'ils font, à leur manière. Un peu bruyant mais, au moins, ils s'amusent et moi aussi. Je profite de ma soirée, au calme.

-Je vais aller les rejoindre, lance Kitty.

-OK. Ce n'est pas une mauvaise idée. Moi je vais rester là. Je n'ai pas fini de vider ma bouteille de champagne et ce serait un peu dommage de faire du gachi.

Donc je reste seule à profiter du calme. Je n'allume pas la télé parce que j'aime bien ce silence. Il me permet de me concentrer sur mes pensées. Mais, au moment où je commence à me relaxer, j'entends quelqu'un taper à la porte. Je me lève pour aller ouvrir. Je me dis que c'est Kitty qui a oublié quelque chose. Imaginez donc ma surprise quand Madame Chua apparaît en face de moi. Je manque de m'étouffer avec ma propre salive. Je dois carrément me donner une claque pour être sûre que je ne rêve pas.

-Qu'est-ce que tu fous là ?

Elle ne répond pas tout de suite, un peu amusé par la situation.

-C'est comme ça que tu m'accueilles ? Un peu décevant pour un Yang.

Mais qu'est-ce qu'elle me veut celle-là ? Et puis comment elle a fait pour me trouver ? Qui l'a laissé rentrer ?

-Va-t'en ! Je n'ai rien à te dire.

-Moi je pense que si.

Et, sans prévenir, elle m'embrasse. C'est la deuxième fois, en moins d'un moi, qu'on me vole un baiser. Je commence à en avoir marre. Je la repousse immédiatement. Il ne manquerait plus que Lek revienne et m'accuse de me taper tout ce qui bouche. Déjà que ça a été très dur de calmer sa jalousie. Et puis il n'y a pas que ça...

-Je sais ce que tu m'as fait. Je peux t'assurer que tu vas me le payer !

Mais elle nie les faits.

-Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. Mais, si j'étais toi, j'irais m'asseoir avant de tomber.

Je ne comprends pas de quoi elle parle. Jusqu'à ce que le monde se mette à tourner autour de moi. J'ai soudainement du mal à garder les paupières ouvertes ou à rester debout.

-Qu'est-ce que tu m'as fait ?

J'ai à peine le temps de faire un pas, avant de tomber au sol. Puis je l'observe avancer calmement et, derrière elle, apparaît une deuxième silhouette : Angie.

-Qu'est-ce que...

Mais j'ai déjà du mal à parler et à respirer.

-Tu te rappelles, Daw, comment on s'amusait quand tu étais petit ? Comment c'était bien de te donner des cours de piano ? Comment on s'amusait tous les deux, dans cette petite pièce ?

-Je...je ne comprends pas.

-Tu as déjà oublié ? Où je te touchais, quand tu jouais ?

-Que...

Mon souffle se coupe.

-J'adorais comment tu m'appelais « Madame Chua ». Ça sonnait tellement mieux entre tes lèvres innocentes.

-Je...j'avais sept ans !

Son regard est si vide. Elle ne regrette rien. Alors que moi, j'ai la nausée rien qu'en l'imaginant me toucher. Comment j'ai pu oublier ça ? Comment ? Et comment Angie peut l'écouter, sans réagir ? Elle n'a donc pas de cœur ?

-Mais ça n'a plus d'importance, Daw. Tu m'as permis d'avoir une place dans le clan, et je t'en remercie.

-De quoi...tu...

-A présent, je n'ai plus besoin de toi. Alors j'aide ma fille à obtenir ce qui lui revient de droit.

De quoi elle parle ?

-Tu as vraiment cru...non enfaite, ta famille et toi avez vraiment cru que vous pouvez l'utiliser à votre guise sens, lui faire des promesses sans qu'elle n'attende rien en retour ? Elle était sensé être ta fiancée, t'épouser, alors que tu n'es même pas capable de la traiter avec descence.

-Que...

-Mais, au fond, ça n'a pas d'importance. Tu n'as pas besoin de l'aimer. Elle a juste besoin de garanties. Que vous allez vous occuper d'elle. Et qu'elle est la meilleure garantie au monde ? Un enfant.

-Quoi ?! Elle ne peut pas être enceinte. Je n'ai jamais couché avec elle !

Elle explose de rire mais pas le genre de rire marrant. Non . Un rire beaucoup plus cynique qui me donne des frissons dans le dos.

-C'est vrai, tu ne l'as jamais fait. Du moins, consciemment.

-Quoi ?!

-Ca fait des mois qu'on te drogue et qu'elle se glissent dans ton lit pour espérer tomber enceinte. Mais cette idiote n'y est toujours pas arrivé. Pourtant je sens que, cette fois, c'est la bonne. Tu ne penses pas, Angie ?

Mais elle reste là, debout, les yeux baissés. Ça se voit que ce n'est pas ce qu'elle veut. Alors pourquoi elle ne proteste pas ? Elle ne va quand même pas abuser de moi, à nouveau ? Non. Ce n'est pas possible. Elle ne ferait pas ça ! Et pourtant, le doute monte. Donc je regroupe toutes les forces qui me restent pour me retourner et ramper vers le téléphone. Mais sa mère est plus rapide que moi et le débranche totalement.

J'arrive à peine à rester éveillé, comment je faire pour me sortir de cette situation ?

-Tu ne peux pas fuir Daw. Et personne ne viendra te sauver. Alors soit un gentil garçon et reste tranquille.

Ce sont les derniers mots que j'entends, avant de perdre conscience. Lorsque mes yeux se ferment et que je la sens déboutonner ma chemise, une petite larme coule sur ma joue. Parce que je sais ce qu'elle va me faire.

Cette partie était déjà triste à écrire. Je ne voulais pas ajouter une scène détaillée. Voilà! Sinon, j'espère que vous avez quand-même apprécier votre lecture!

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