Je ne me suis jamais sentie aussi excité de toute ma vie. Mais mon plaisir est vite stoppé par un léger souci. Mon fauteuil bloque. Il y a de petites marches à passer pour accéder au jardin et mon fauteuil n'a pas été pris en compte lors de leur fabrication. À juste titre ! Daw remarque que je suis un peu gêné par la situation. Et bizarrement lui a l'air de s'en ficher. Je ne sais pas comment il fait. Moi aussi, je ne prends pas toujours en considération mon handicape mais c'est parce que je n'ai pas le choix. Avant, je passais mon temps à m'en plaindre et je ne faisais jamais rien. Mon handicape ne risque pas de disparaître mais Daw,lui, n'a pas à le supporté. Et pourtant il a l'air de presque l'oublier. Comme si dans son esprit, je pouvais marcher et quelque part je trouve ça très beau.

-Comment on va faire ? Tu as une idée ?

-Évidemment ! J'en ai toujours une.

Je lui fais confiance mais je n'aurais pas dû ! Sa brillante idée rends mes joues toutes rouges. Il me soulève sans la moindre difficulté et me pose sur son épaule.

-Daw...

Mais n'écoute pas mes protestations. Puis il donne un coup sec dans mon fauteuil qui se plie automatiquement. Il soutient mon dos avec sa main gauche et prend mon fauteuil de sa main droite. Puis il se met à marcher nonchalamment comme si de rien n'était et surtout comme si je ne criais pas à pleins poumons.

-Et si quelqu'un nous voyait ?

-Comme ça je pourrais leur expliquer à quel point je te trouve sexy dans cette position.

Puis il me donne une légère tape sur les fesses. Je pensais ne pas pouvoir être plus gêné mais mes joues deviennent plus rouge. Je me suis trompée. Elle tournent à l'écarlate.

-Daw, accélère !

Il me donne une deuxième tape.

-Mais non, je parlais de ta marche. Marche plus vite !

-Je ferais au mieux.

Il dit ça mais garde la même vitesse et moi je me cache le visage avec mes mains, au cas où quelqu'un passerait par là. Mais heureusement, nous rejoignons vite la maison.

- Ne t'inquiète pas, il me rassure, tout le monde est dans la salle de réunion.

Ouf ça me rassure. Surtout que la première chose qu'une personne lambda venant à contresens verra serait mon fessier. Et ça, ça serait pire que tout. Surtout que je ne pourrais même pas paniquer et m'enfuir. Je ne peux pas marcher seul et je vois bien que Daw continu à marcher nonchalamment, comme si de rien n'était.

Putain, ils doivent être sacrément riches pour avoir un ascenseur dans leur maison. Rien à voir avec la mienne. Mais j'aurais pu faire le même constat depuis le jardin. Elle est vraiment belle cette maison. En vrai, on pourrait la confondre avec un château. Qu'est-ce qu'on peut faire dans une maison si gigantesque ? En tout cas si c'était la mienne j'en parlerai plus que le fait Daw. Cette maison méritait d'être admirée. Mais Daw est bien sûr beaucoup trop réservé pour étaler sa vie privée. Et c'est quelque chose que j'aime chez lui.

Il n'est pas comme moi mais calme et réservé. Il est la brise qui calme la tempête en moi. Et le plus impressionnant, c'est qu'il le fait sans que je ne m'en rende compte. Parce qu'il est fait pour moi et je ne compte pas le laisser me glisser entre les doigts. Surtout pas à cause de cette petite peste. Il est à moi et elle va bientôt s'en rendre compte.

-A quoi tu penses ? il demande en entrant dans l'ascenseur.

-Je m'amuse de la situation. J'étais venue voir comment tu allais. J'étais très inquiet après ta crise. Je pensais venir, me rassurer et rentrer me coucher. Finalement, je me retrouve là, sur ton épaule.

-Tu veux changer de plan ?

-Dans tous les cas je n'ai jamais aimé dormir seul.

-Moi non plus ,il confesse. Mais ne t'inquiète pas. Ce ne sera plus un problème ! Je n'ai pas l'intention de te lâcher d'aussitôt.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et il m'emmène dans un long couloir. Il ouvre une porte sur la droite et nous entrons dans ce qui semble être son studio d'enregistrement. C'est très imposant mais je lui trouve un petit côté mignon avec ses leds bleutées et tous ces boutons. Comment il est fait pour se rappeler de l'utilité de chacun d'entre eux? Mais je sais qu'il est assez méticuleux et qu'il a une très bonne mémoire donc il ne doit pas beaucoup souffrir.

D'ailleurs c'est très bien rangé. Tous ces casques sont alignés sur un présentoir. De même pour ses guitares, ses claviers et même ses micros. Mais ce qui attire particulièrement mon regard ce sont ces violons. Je ne savais pas qu'il pouvait en jouer c'est impressionnant.

-Il y a un instrument que tu ne sais pas jouer ? Je demande curieux.

Il ricane.

-Arrête de me faire rougir !

Mais je suis sérieux. Il a même une batterie.

-Est-ce que j'aurais droit une chanson ?

-Non je ne pense pas.

-Pourquoi ?

-Je ne chante plus, tu t'en rappelle ?

-Mince j'avais oublié.

J'aimerais bien lui demander pourquoi. Parce que je sais qu'il y a de vraies raisons à cela. On ne décide pas d'arrêter de chanter du jour au lendemmain. Il cache quelque chose de plus profond, de plus secret. Parce que s'il y a un défaut que je dois bien le reconnaître c'est son côté très secret. Je sais à quel point c'est dur pour lui de s'ouvrir et de se confier. C'est pour ça que, même si je ne le dis pas forcément chaque fois, je suis très reconnaissant des efforts qu'il fait pour moi.

Il se confesse, partage ses sentiments, pour me rassurer. Et à mes yeux, c'est beaucoup plus fort qu'un je t'aime. Parce qu'à sa manière, il montre à quel point il a besoin de moi. Et c'est tout ce que je demande : qu'on tienne à moi. Je n'ai pas besoin de grandes déclarations d'amour. Je n'ai pas besoin de mots superficiels qu'on oublie avoir dits ou dont on ignore la signification. Non, moi j'ai besoin d'action. Parce que toutes les personnes qui m'ont fait des promesses dans cette vie ne les ont jamais tenu. Alors que Daw, dans son beau silence, a gagné peu à peu mon cœur.

Au point où, sans même que je le sache, chaque fois qu'il est dans les parages, mon cœur avance doucement vers le sien et bat au même rythme. Et quand il me parle j'avale chacun de ces mots. J'ai confiance en lui et je ne me sens sécurité que près de lui. C'est comme ça que je sais que je l'aime. Même si lui le nie. Mais je ne lui dis pas. Je ne veux pas lui mettre la pression. Il a déjà du mal à parler de ses sentiments, je ne vais pas en rajouter. On aura tout le temps de discuter de ça plus tard. Pour l'instant, je préfère profiter du moment et me concentrer sur son beau sourire.

Il entre dans la cabine d'enregistrement, dépli mon fauteuil et me pose dessus.

-Je reviens.

Puis il ressort. Je ne sais pas très bien quoi faire en attendant et je panique. Je le vois à travers la vitre triturer des boutons dont, évidemment, j'ignore l'utilité. Lorsqu'il revient, il affiche un large sourire et son regard s'intensifie en s'approchant de moi. Il pose ses mains fermement sur mon fauteuil et se penche vers moi. Et pendant une seconde, mon cœur s'affole. Il est si beau, ses cheveux sont si soyeux que j'ai tout le temps envie d'y plonger les doigts. Donc je n'y résiste pas.

Il ne m'arrête pas et sourit de plus belle.

- Tu as fini de t'amuser avec tes boutons ? je le taquine.

Il hoche la tête et je remarque l'amusement dans son regard.

-Qu'est-ce que tu vas me faire, Daw ?

- Moi ? Te faire l'amour, il murmure au creux de mon oreille.

Et je me sens déjà pâlir. Il se penche encore un peu plus jusqu'à ce que je sente son souffle chaud au creux de mon oreille. Le sentir respirer réveille des parties de mon corps dont j'ignorais l'existence. Bordel, cet homme me rend plus fou de jour en jour.

-Je vais te prendre ici et quand tu jouiras, j'enregistrais pour pouvoir l'écouter de nouveau. Encore...Encore...Et encore... Enfin si ça ne te dérange pas.

Je rougis et tout ce que j'arrive à faire c'est hocher la tête pour lui donner mon accord.

-Bien. Mais éteint les lumières.

-Pourquoi ?

-Je préfère le faire dans le noir, au cas où...

-Au cas où quoi ?

-Au cas où tu n'aimes pas ce que tu vois.

C'est le seul cas où je ne suis pas tout à l'aise avec mon corps. Et honnêtement, comment je pourrais ? Depuis mon accident, je ne suis jamais arrivée à être aussi intime avec qui que ce soit. Je ne veux pas faire fuir le seul qui m'est remarqué.

-Daw, tu as déjà été très patient avec moi et ne m'a pas jugé comme tous les autres. Mais faire l'amour avec un handicapé n'est pas forcément la chose la plus excitante sur terre.

Son sourire s'efface et pour la toute première fois depuis qu'on se connaît, il est furieux. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Il me fait presque peur et quand je baisse les yeux vers ses mains, il serre mon fauteuil si fort que ses veines ressortent.

- Écoute-moi bien parce que je ne ne le dirai qu'une seule fois. Je m'en fiche ton handicap. Comme je m'en fichais la première fois que je t'ai rencontré. Tu sais, on est pas si différent l'un de l'autre. Les gens s'arrêtent souvent à mon physique. Soit ils me prennent pour un coureur de jupon. Soit ils me craignent à cause de ma famille. Ou ils ont peur de ma froideur. Mais ils ne savent pas que je suis juste à un grand timide qui déteste parler de ses sentiments ou de ses émotions. Sauf si c'est sur une partition de musique.

Il me comprend mieux que ce que je pensais.

-C'est pour ça que je ne me suis pas arrêtée à ton handicape. Ce n'est pas parce que j'ai eu pitié de toi mais parce que je te comprends. Quand je pose mes yeux sur toi ce ne sont pas nos cœurs qui raisonnent, Lek mais nos peines. Parce que personne ne nous comprend. Et au final, je m'en fiche tant que toi tu continues de me comprendre. Je t'aime Lek et je trouve ton fauteuil très sexy.

Et là c'est moi qui n'ai plus de mots. Je n'espérais plus que ce jour arrive. Il baisse ses barrières et me laisse avoir accès à son cœur. Je me demande si je le mérite. Est-ce que j'ai le droit de le prendre ? Est-ce que j'en ai envie ? Oui. Je le veux en entier.

-Je t'aime Daw, tu le sais n'est-ce pas ?

-Je le sais.

Je l'embrasse. Passionnément, lentement. J'attrape sa nuque et intensifie notre baiser. Je le tiens si fort qu'il doit prendre appui sur mon fauteuil pour ne pas me tomber dessus. Mais j'ai envie qu'il me tombe dessus. Je ne veux pas le lâcher pas avant de le sentir en moi.

-Je n'arrive plus à me retenir Lek.

-Pourquoi tu devrais ? On est seul. Tu peux me faire tout ce que tu veux. Ce n'est pas comme si je pouvais m'enfuir, je glisse entre ses lèvres.

Puis je pose mes mains sur son torse et retire délicatement sa cravate. Je continu de l'embrasser et envoi sa veste au sol. Il est beaucoup trop habillé pour l'occasion. Moi aussi. Mais ses mains s'en occupent déjà. Elles sont froides et quand elles se glissent sous mon t-shirt, je sursaute un peu. Il m'a pris par surprise.

-On est sensible à ce que je vois..,il se moque.

-C'est toi qui parle?

Je touche la bosse de son pantalon et il bondit presque.

-Il va falloir assumer Daw,si tu veux me baiser.

-Tu n'a peur de rien.

-Tu m'as pris pour un débutant? J'aime les badboys parce que je sais les dompter.

-Oh...ça explique beaucoup de choses.

-Comme quoi?

-Ça explique pourquoi tu hante mes pensées.

Je lève les yeux au ciel.

-Tu as d'autres phrases pareilles à me sortir?

-N'ai pas peur. Je ne vais pas te dire que ton père a volé les étoiles du ciel pour les mettre dans tes yeux...

-Tu m'as fais peur.

-...parce que j'y vois l'univers entier.

Je l'embrasse pour le faire taire. Tout simplement parce que mon cœur est rempli de trop de joie pour que je réponde. Il ne saura pas à quel point ses mots me touchent. Je sens des papillons dans mon ventre. Mon père est médecin, je sais que ça n'a rien de normal. Non. C'est l'effet qu'a Daw sur moi. Lui seul ! Il me contrôle et mon corps lui obéis au doigt et a l'œil comme un vulgaire pantin. Parce que, quand il est près de moi, mon être entier pâli.

Ses lèvres posent une série de baisers sur mon cou et je me cambre pour profiter de la sensation. Puis je ferme carrément les yeux. Plus il descend, plus je me sens partir. C'est comme si un feu d'artifice débutait dans mon cœur chaque fois qu'il me touche et je ne sais pas comment l'arrêter. Quand il arrive près de mon intimité, il relève la tête et plonge son regard dans le mien. On va vraiment le faire cette fois. Je lis une promesse dans ses yeux.

La suite arrive tout de suite avec une scène très...intense😏🌶🤭❤️